Balthazar Baker, directeur adjoint du FBI, et Donatien Chantôme, journaliste français, poursuivent des enquêtes sur des attentats perpétrés dans les grandes villes du monde via des bombes dites du « Jugement dernier ». Nous assistons impuissants à la destruction de Los Angeles, Tokyo, Sao Paulo... Ces explosions provoquent aussitôt une crise internationale majeure sans précédent. Tout le monde imagine immédiatement des attentats terroristes et s'apprête à riposter militairement face à de tels actes barbares. Mais, rapidement, Balthazar Baker, se trouve confronté à un problème important : aucune organisation ne revendique en être l'auteur.
Parallèlement, Donatien, lors de la rédaction de ses nombreux articles pour le quotidien Journ@l, découvre que l'origine de ces attentats serait à chercher dans l'Histoire. Malgré ses nombreuses responsabilités professionnelles et familiales, Donatien va partir voyager dans le passé, enquêtant au péril de sa vie sur des chevaliers du Moyen Age, l'histoire des Cathares, des anarchistes russes et une mystérieuse organisation à l'idéologie philosophique. Il partira au Japon, aux Etats-Unis, travaillera de son lieu de vacances avec une reporter partie dans un autre pays, jusqu'à ce qu'un jour, il croise pour la énième fois la route de Balthazar Baker. Entretemps, Balthazar aura été démi de ses fonctions de directeur général du FBI et Donatien ne sera plus soutien de famille. Tous deux vont s'allier et tout mettre en oeuvre pour remonter jusqu'aux terroristes. Ils seront alors capables de mesurer l'étendue du complot qui est à l'origine de ces attentats, jusqu'à en perdre leurs propres repères et en créer, peut être, d'autres….
Nous sommes dans un futur proche. le monde est très semblable à notre époque et s'appuie en grande partie sur des faits réels. Des noms de personnages, des évènements ou des dates sont clairement tirés de notre réalité.
Pete Doherty, par exemple, a travesti son costume de personnalité pour un clochard alcoolique. La thèse du complot qui entoure l'assassinat du président
John Fitzgerald Kennedy est ici reprise comme gage de vérité… On s'amuse de ces clins d'oeil faits à notre réalité, une minute. Cependant, on tombe trop souvent sur des domaines déjà traités. La théorie du complot n'est pas nouvelle. Au regard de l'intrigue, bien ficelée, il est dommage que l'auteur n'est pas fait preuve de plus d'originalité pour se démarquer des faits réels. Pourquoi avoir repris la théorie du complot entourant l'assassinat de Kennedy sans avoir apporté de nouveaux faits ou complètement retourné cet évènement? L'auteur nous laisse sur ce point un goût d'inachevé qui n'enlève toutefois rien à la qualité de l'intrigue.
Ces petits clins d'oeil au monde réel nous amènent cependant bon gré mal gré à pousser la lecture plus en avant. La curiosité est titillée, mais elle butte sur des réparties peu originales et cousues de fils blancs donnant ainsi des personnages peu subtils. le roman manque parfois de densité sous cet aspect. En outre, des mots « news room », « war room » jetés ici ou là dans le roman m'ont moyennement plu, tant ils semblent insérés artificiellement.
A cela s'ajoute parfois des scènes peu crédibles. Une personne violée qui dit « pour un baptême du feu, c'était un premier reportage… comment dire ?.. mouvementé…! » m'a surprise. J'ai relu à deux fois la phrase. Je ne prétends pas que toute victime doit hurler, pleurer et/ou raconter sa vie à tout bout de champs (faut déjà qu'elle arrive à en parler) mais je ne peux m'empêcher de relire cette phrase sans avoir un haut le coeur. Je suis peut être trop sensible…
J'ai souvent eu l'impression de lire un rapport fait de notes journalistiques, qui semblent un parti pris dans l'écriture. J'ai pensé ainsi à une excellente ébauche de scénario. J'ai alors comparé avec la série américaine 24H CHRONO en me disant que cela ferait une excellente série télévisuelle. Cependant j'accroche difficilement à ce style d'écriture, préférant une écriture plus riche, plus imaginée.
Sans pour autant user de termes techniques ou incompréhensibles, la littérature nous ravit aussi pour son style d'écriture. Quel plaisir nous gagnons en effet de lire une intrigue guidée par des mots « voyageurs », c'est-à-dire des mots qui appellent d'autres mots à faire travailler notre imaginaire, comme un feuilleton mais cette fois littéraire, défiant les langues, les disciplines ou les époques…
Ici les mots n'évoquent pas suffisamment d'atmosphère. le style de l'auteur n'apparait pas suffisamment pour être différencié d'un autre écrivain. Les mots en quel que sorte s'entassent.
Peut-être est-ce dû à ma méconnaissance des romans policiers ou plus largement des thrillers, genre que je découvre petit-à-petit… Cependant, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire des
George Simenon,
Anne Perry ou
Patrick Chamoiseau. Tous ont écrit des policiers/thrillers de manière fort différente. Néanmoins, leur style apporte à l'intrigue un plaisir supplémentaire. Il n'est pas facile d'écrire un roman et l'écriture est parfois le seul garant que l'écrivain a de sa réussite future.
Aussi, lorsque nous avons un roman qui contient un grand nombre de renseignements dont les liens ne sont pas toujours explicites, que l'enquête avance inégalement au cours du roman, on se rend compte en tant que lecteur que la qualité d'écriture rend la lecture plus motivante.
Ce roman est néanmoins un bon souvenir, la force du livre étant à mon sens nichée dans l'intrigue bien ficelée du roman. En effet, malgré les quelques points qui m'ont dérangée que je viens de mentionner, je me suis laisser guider par l'histoire passionnante que vivent Balthazar Baker et Donatien Chantôme. Bien malgré moi, je me suis surprise à compatir pour tel personnage, craindre pour d'autres. Lorsque j'ai tourné la dernière page, j'étais aussi épuisée qu'après un triathlon.
Par conséquent, je ne peux qu'applaudir face au tour de magie effectué par l'auteur qui a su me plaire sans que je comprenne la nature de l'artifice employé, recette bien connue de tous les écrivains il faut bien l'avouer.
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