Émouvant!
En 1998,
Rachel Hausfater-Douïeb publie
le Chemin de fumée. Ce titre désigne le chemin de la mort dans les camps d'extermination où pour certains la seule issue était la « cheminée » où
ils étaient réduits en fumée. L'auteure n'a pas vécu les camps d'extermination car elle est née en 1955 . C'est un roman de l'après-guerre 1940-1945 qui raconte comment les survivants des camps réapprennent à vivre traumatisés pour beaucoup.
Ce roman plutôt monotone parle d'une jeune fille qui s'appelle Shaïné et de son grand-père, Zeïdé dans un camp d'extermination. Zeïdé meurt et Shaïné se retrouve seule, sans lui, à travailler dans les camps en femme de ménage pour les Allemands. Elle vie dans des conditions horribles , forcée de nettoyer les saletés dues aux nombreuses exterminations (taches de sang, ...). Elle n'a pas revu ses parents depuis le jour où les Allemands sont venus les chercher chez eux. Par chance Zeïdé avait caché Shaïné. Cette dernière attend un enfant. Il naîtra après la mort de son grand père et elle s'appellera Zeïdé comme lui. Sa fille sera confiée à une nourrice car Shaïné est trop jeune pour l'élever correctement. Elle ne veut pas accepter de s'en séparer et essaye à plusieurs reprises de l'enlever. Depuis la libération des camps nazis elle vit au château, avec des gens qui eux aussi ont survécu comme elle aux camps, mais qui restent traumatisés et sont orphelins.
C'est un roman à ne pas rater pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, les personnages sont attachants, ce sont des jeunes qui n'ont rien demandé, à part la vie et ils sont punis, en devant accepter de vivre sans leurs proches, parfois tout seul. En effet,
Rachel Hausfater-Douïeb met en scène une jeune mère enceinte qui va perdre son seul parent : son grand père « j'avais vu mon Zeïdé s'éloigner trottinant entre leur gros dos verts idiots, et se retournant pour m'envoyer son sourire de fête, celui pleins de petites rides, et depuis, plus rien, plus de lui, plus de vie »(chapitre1, page12, lignes25-29). La jeune mère a perdu ses parents. Nous voulons connaître la suite du livre, pour voir si à cet âge elle arrivera à s'en sortir et si elle arrivera à récupérer sa fille Zeïdé qui lui a été enlevée dès la naissance.
Ensuite, la façon que l'auteure a écrit ce roman montre la naïveté et la jeunesse du personnage principal qui nous attendrit. Ainsi, Shaïné dit «Longtemps, j'ai cru que c'était quelqu' un, Laguerre, une sorcière.» (chapitre 1, page11, lignes12-13). Elle ignore beaucoup de choses car elle a très peu été à l'école: «On nous avait arrêtés, Zeïdé et moi, avant que j'ai pu aller au lycée». (chapitre1, page 11, lignes4-5 ). Les Nazis lui ont « volé » sa jeunesse.
Puis, nous voulons venir en aide aux personnages qui arrivent au château complètement perdus. En effet, de nombreux individus arrivent au château sans prononcer le moindre mot complètement traumatisés et orphelins. Ils sont déprimés et finissent la plupart par se suicider : « Pitchi-Poï s'est pendu! Il est là, pauvre, accroché comme un linge, parti. » (chapitre6, page78, lignes 20-21). Pitchi-Poï était un garçon qui a l'âge de deux ans a été déporté avec sa mère mais celle-ci est morte du typhus.
Pour conclure, je conseille ce livre même si le texte est difficile à comprendre parfois, il explique la dureté de la vie pour les rescapés à qui on ne pense pas toujours. On pense souvent plus à ceux qui y ont perdu la vie, mais on pense moins à ceux qui ont vu la mort de près et qui peinent à refaire surface après avoir été traumatisés et aussi après avoir vu mourir tous leurs proches, impuissants.