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Critique de LoupAlunettes


Gramps et Grégoire alternaient, selon les moments, les temps forts d'émotion et des conversations.
Madeleine n'était pas la Madeleine de son passé, juste celle qui hérita de son prénom et celle qui lui tenait à présent la main.
Madeleine ne savait si elle tenait la main de son grand-père ou celle du petit garçon qu'il fut, les attitudes, l'intonation, la sensibilité vive trahissaient la présence du petit normand qui appelait sans cesse sa sœur aînée dans les instants de confusion.
Madeleine avait fini par répondre à l'appel, devenant l'adulte responsable à sa grande gêne mais rassurant le Gramps quand les souvenirs le lui volaient de trop un instant.
Madeleine se sentait pleine de ressentiment envers son père qui la laissa là, dans cette maison, à veiller au lieu d'être gardé tranquillement, à revivre à deux des nostalgies redondantes, ancrées par une sorte d'élastique qui ne cessait d'aller et venir, mot pour mot parfois.
Et puis, un jour, Gramps donna l'impression de prendre l'avantage sur le petit garçon, invoquant de lui-même la Normandie de son enfance, la raison semblait contre toute attente tenir bon.
Qu'est-ce qu'il racontait formidablement bien, Gramps !
Pendue à ses lèvres, Madeleine se penchait pour la première fois avec grand intérêt sur la vie du petit Grégoire. La Normandie, le Débarquement des alliés vécu par ce petit garçon, sa vie de famille à la ferme... Tous les détails y étaient, le grand-père était aussi présent que possible, passionné.
Mais qu'était devenue la précieuse Madeleine qui n'avait disparu que dans la vraie vie de Gramps ?
« Madeleine, je voudrais de montrer ma maison, celle où j'ai grandi... ».
C'était bien Gramps qui avait eu cette idée, dans un temps franc de lucidité.
Dans l'espoir infini de retenir le grand-père, l'empêcher de partir loin, Madeleine prend la main de Gramps pour découvrir la Normandie avec lui.

: Rachel Hausfater l'auteure joue sur les jolis mots, « l’Été des pas perdus » évoque les pas perdus de la salle de gare, point de départ vers l'aventure avec une grande inconnue(c'est Gramps qui en donne la définition!), les pas perdus (ou non!) sont aussi ceux qui remontent vers la mémoire de Gramps, un fil de souvenir d'enfance que le duo saisissent comme une corde de rappel d'un côté, Madeleine ne sachant vraiment si elle ne va pas vers une grande galère et désillusion dans la maladie du grand-père, un fil d'Ariane qui, espère t-elle, pourrait le sortir du dédale complexe de sa mémoire.
Ce voyage improvisé est l'occasion pour que le grand-père et la petite fille partage un moment privilégié avant l'inéluctable, le temps essentiel de transmettre des souvenirs précieux pour Gramps, que Madeleine gardera et transmettra elle-même à sa jeune génération. Les échanges entre les deux personnages sont touchants, l'auteure apporte une vraie crédibilité dans le personnage de Madeleine, adolescente partagée entre l'amour de son aïeul et l'envie de vivre sa vie d'ado tout court, sans « prise de tête » comme ils disent.
Hormis le thème de la maladie d’Alzheimer, le récit est aussi l'excuse pour faire un tour dans le passé et rappeler à la mémoire les sites commémoratifs du célèbre Débarquement de Juin 45.
Deux thèmes sérieux qui ne sont pas forcement le centre de l'histoire mais non pas moins importants. Ces deux éléments forts vont en tout cas animer les conversations, renforcer la complicité des deux « fugueurs », et c'est là que l'auteure va nous toucher dans notre lecture en plein cœur.
Le roman pourrait susciter des discussions familiales, peut-être, faire sortir les albums photos, libérer la parole des anciens. En avant la mémoire !
Dans la veine des complicités intergénérationnelles, à ne pas manquer « Manon et Mamina » de Yaël Hassan et «  Mon grand-père est un rebelle » de Chantal Cahour.
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