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Yasmin Hoffmann (Traducteur)Maryvonne Litaize (Traducteur)
EAN : 9782742705078
80 pages
Actes Sud (16/05/1995)
3.92/5   50 notes
Résumé :
Quand une jeune fille de vingt ans passe sous les roues d'un camion, qui oserait mettre en doute la version officielle concluant à une mort accidentelle ? Qui, sinon celle qui avait tout prévu et, impuissante ou indifférente, assista jour après jour à l'émergence du drame ? Voici donc la confession de l'épouse trompée qui a épié sur le visage de l'étudiante éblouie par l'amour, après les émois du début, les troubles de la rupture, l'affolement, et pour finir le dése... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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La philosophie de la vie d'Anna la narratrice se résume à cette citation "Il m'est arrivé jadis de céder à la tentation et de descendre au jardin, mais je n'en ai retiré que de la déception. C'est d'ici, de la fenêtre, qu'il se trouve juste à la bonne distance."
Marié à Richard, un avocat de renom qui procure à sa famille une aisance matérielle, mère de deux enfants, Wolfgang et Annette, elle se tient à distance de sa vie, analysant en direct son propre comportement et celui de son entourage sans jamais influencer en rien son déroulement.
Alors que la narratrice du Mur Invisible se retrouvait isolée par un phénomène extérieur indépendant de sa volonté, Anna, elle, s'isole volontairement pour fuir sa vie, se retrouvant incapable d'agir lorsque celle-ci la rattrappe et la confronte à son déni permanent.
Lorsque Louise, sa supposée amie, lui demande d'héberger sa fille Stella durant les mois de sa scolarité, Anna accepte en redoutant ce grain de sable qui va gripper les mécanismes de sa vie de façade sans pourtant oser refuser. Elle va même accélérer le processus qui va faire de Stella une victime expiatoire sacrifiée sur l'autel de sa tranquillité.
Roman court, hallucinant par la force et le désespoir qui s'en dégage. Récit froid d'une vie refusée. Récit dont on s'interroge sur ce qui peut en être à l'origine. Marlen Haushofer née en 1920 a vécu adulte durant la seconde guerre mondiale dont Anna évoque brièvement ses conséquences sur sa relation avec son fils Wolfgang.
"Mon trop grand attachement à cet enfant vient peut-être de ce que pendant la guerre je l'ai traîné d'innombrables fois dans les caves, de nuit comme de jour, le serrant tout contre moi pour lui donner la chaleur nécessaire et ne songenant qu'à sauver ce germe de vie. (...) et dans mes rêves je continue à traîner ce petit ballot dans des caves obscures, à travers la poussière et l'odeur de brûlé des maisons incendiées qui s'effondrent."
Wolfgang apparaît comme le seul être doué de raison dans ce jeu de rôle permanent qu'est devenu la vie d'Anna après qu'elle se soit rendu compte de la vraie nature de son mariage et de sa relation avec Richard :
"Jeune mariée je lui demandai un jour "Pourquoi m'aimes-tu ?" Sa réponse vint, rapide, assurée : "Parce que tu m'appartiens.(...) Je suis une piètre comédienne, mais il est vrai que Richard joue pour nous deux.(...) La vie avec Richard m'a corrompue et rendue irrécupérable."
La peur d'Anna est toute dans sa crainte de voir un jour la vie submerger l'univers dans lequel elle se réfugie pour la fuir.
"Mais ce n'est pas tout, j'éprouve aussi une autre terreur, une autre épouvante, l'impression que, dans l'instant qui suit, quelque chose va m'assaillir, brisant le mur invisible."
A lire je vous dis.
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Stella est la fille de Louise, une amie de la narratrice de cette histoire dont on ne connaîtra pas le prénom. Louise va demander à cette «fausse» amie d'accueillir, temporairement, sa fille qui la gêne pour mener sa vie comme elle l'entend.
En fait on va vite s'apercevoir que Stella dérange tout le monde. La narratrice a organisé sa vie pour que rien ne puisse en changer l'ordonnancement. Elle sait que son mari la trompe régulièrement, elle est lucide sur son caractère mais s'en accommode, accepte. Stella va venir faire craquer tout ce bel édifice quand Richard va la séduire pour la délaisser ensuite. Mais est-ce Stella qui est responsable ? Qui a mis en valeur la féminité de Stella si ce n'est l'épouse, qui ensuite épie les indices qui révèlent la liaison de Stella et Richard et en suit la progression ?
S'ils ne sont en apparence pas coupables de l'accident qui va la tuer, tous sont soulagés et souhaitent que leur vie reprenne en apparence, le cours tranquille qu'elle avait avant la venue de Stella.
«Nous lui devons une grande reconnaissance. Que d'ennuis si elle avait pris des somnifères ou s'était jetée par la fenêtre. Son élégance, une élégance du coeur, s'est révélée à travers la mort qu'elle a choisie, nous offrant à tous la possibilité de croire à un accident absurde.»

Ce court texte est dense, noir et plein de cynisme et de cruauté et a une intensité à laquelle on ne s'attend pas en si peu de pages.
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Un roman très court mais percutant.

Anna est une bourgeoise mariée depuis longtemps avec un avocat très riche. Ils ont deux enfants : Wolfgang et Annette et mènent une vie en apparence aisée et harmonieuse. En fait, Anna sait pertinemment que son mari la trompe mais elle l'accepte. Elle semble assez éteinte, comme si plus rien ne la touchait vraiment. La seule chose qui l'anime encore c'est l'amour qu'elle porte à son fils.
C'est elle la narratrice de cette histoire tragique.
Anna accepte d'héberger Stella, la fille d'une de ses amies, pendant une année scolaire.
Stella a 19 ans, est assez naïve et pas très éveillée. Petit à petit, au contact de cette famille, elle va apprendre à mieux s'habiller, acquérir un peu d'assurance et se sociabiliser. Anna l'observe changer et s'aperçoit petit à petit que Stella s'est éprise de Richard. Elle pourrait la mettre en garde mais ne le fait pas, elle pourrait ensuite la consoler mais ne fait rien non plus. Elle l'observe, à distance, sans prendre part au drame qui se joue. La fin, inéluctable, est terrible.

Un texte fort, des sentiments qu'on ne dit pas habituellement. C'est le récit glaçant d'un meurtre impuni.

Je ne m'attendais pas à un tel texte de la part de l'auteur du "Mur invisible" mais j'ai appréciée d'être secouée !


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Après avoir lu et aimé le mur invisible,je suis abasourdie par le contenu et le style diamétralement opposés de celui-ci.
Une histoire à la base très simple: pour faire plaisir à son amie Louise,Anna ,son mari et leurs deux enfants:Annette et Wolfgang, va accueillir chez elle pendant quelques mois la fille de Louise :Stella, âgée de 20 ans.
Et c'est cette intrusion dans cette famille bourgeoise et "bien pensante "qui va nous être décrite.
J'ai eu l'impression tout au long de ma lecture qu Anna était derrière une glace sans tain et nous racontait le quotidien de cette famille où malgré tout si tout est orchestré, il y a quelques bémols qu'on tente de camoufler,il faut faire "bonne figure",car sous des aspects "bon chic -bon genre on va assister à la lente descente aux enfers de Stella.En effet ,le mal qui gangrène ce couplé, c'est un mari très volage,qui aime les femmes et l'argent et qui après avoir séduit la pauvre Stella,va lui faire comprendre qu'il s'est bien amusé avec elle mais il est passé à autre chose,c'est à dire qu'un autre parfum l'auréole et sa femme sait tout cela ,elle connaît son mari mais pour sauver les apparences au sein de leur société, elle se tait.Loin de mettre en garde la jeune Stella ,elle va voir se derouler le drame sous ses yeux,sans jamais intervenir.Tout cela va être décrit minutieusement, sans un regret ,de façon très laconique,et si la mort de Stella peut passer pour un accident,elle en est presque contente,la vie reprendra son cours et sa famille n'est pas détruite.
En lisant ce court roman,j'ai été confrontée à un sentiment de froideur, hypocrisie,cynisme allant presque jusqu'au morbide.Le style est bon,et je continuerai à lire les oeuvres de Marlen Haushofer, mais j'ai été très "déroutée " par ce petit roman,tant il est différent du "mur invisible".☆☆☆
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Quel livre ! Quel cynisme ! J'avais lu "Le mur invisible" de cette auteure que j'avais beaucoup aimé et me suis donc lancée dans celui-ci sans trop savoir à quoi m'attendre. Et quelle différence radicale entre les deux ! Mais c'est cela aussi le génie d'un auteur, de réussir à avoir des styles complètement différents.
Cette confession est glaçante. Nous découvrons une femme désabusée par la vie et par l'amour, qui reste dans un état statique. Elle ne quitte pas son mari qui la trompe et on ne sait si c'est par peur, par paresse, par lassitude, pour ne pas briser les habitudes ou si c'est un peu tout cela à la fois. La narratrice et son mari semblent pourtant former un couple modèle, avec leur deux enfants, mais voilà le problème, ce petit mot "sembler" qui s'insinue dans l'histoire. Et oui tout est dans les apparences qu'il faut absolument préserver.
Cet immobilisme flagrant de la narratrice, qui est tant physique (elle reste dans la pièce près de la fenêtre tout au long du récit), que psychologique, va mener au drame.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Puis Richard se mit à sortir avec elle.A mon instigation d'ailleurs.Je déteste certaines mondanités et j'étais contente de lui avoir trouvé une partenaire.Je crois même qu'au début ce fut à son corps défendant,mais il est très intelligent,je l'ai déjà dit.La couturière à domicile fit pour Stella une robe de taffetas blanc bon marché, et Stella eut l'air d'une princesse sortie tout droit d'un film en Technicolor. Richard en était visiblement fier et se comportait en oncle bienveillant.D'ailleurs il n'a pas à jouer les oncles bienveillants, c'est dans sa nature,à côté d'autres qualités tout à fait contraires,et il s'en sert très habilement.Richard est un diplomate doublé d'un violent,rien d'étonnant par conséquent à ce qu'il finisse presque toujours par triompher.Extrêmement patient et tenace, il cherche d'abord à atteindre son but en faisant l'aimable.C'est uniquement lorsque son charme échoue qu'il se montre brutal.Mais cela,peu de gens le savent,et ceux qui le savent ,il les tient si bien qu'ils n'osent se dresser contre lui.
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Je suis seule, Richard est allé chez sa mère avec les enfants pour le week-end et j' ai donné congé à la femme de journée. Bien sûr, Richard m'a demandé de les accompagner, mais uniquement parce qu'il savait que je dirais non. Ma présence n'aurait été qu'une gêne pour lui et pour Anne tête. Et puis je voulais enfin être seule.
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Il faut bien que quelque chose me soit arrivé il y a des années, depuis il me paraît impossible de supporter l'idée – inconcevable pour mon esprit et pour mon cœur – que le bien et le mal ne font qu'un. Pour supporter le poids de ce savoir, il faudrait avoir la vitalité d'un géant. Si ce n'est que les géants ne se mettent jamais dans une telle situation, un bon gourdin bien solide leur tient lieu de pensée. Ils optent pour la vie. Les gens qui pensent doivent toujours renoncer à vivre, et les vivants n'ont pas besoin de penser. Jamais l'acte rédempteur ne sera accompli : tel qui en aurait la force ignore que cela lui incombe, et tel qui sait est incapable d'agir.
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(…) je pus enfin m’asseoir pour prendre mon petit déjeuner et feuilleter les journaux. Puis j’établis les menus de la semaine et me mis à arroser les fleurs. Cela me prend toujours une bonne demi-heure, nous avons une foule de fleurs un peu partout et c’est une occupation qui me donne l’illusion de faire oeuvre utile et juste. Mais j’ai parfaitement conscience de prodiguer mes sentiments à des objets qui n’en ont aucunement besoin. A vrai dire, les sanglots de Stella dans la nuit ne m’avaient pas touchée, ils n’avaient suscité en moi qu’aversion et désarroi. Mais que le jeune cactus fût mort me faisait réellement de la peine.
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Il faudrait s'habituer à ne pas arrêter le regard sur les gens et les choses, jamais vos pensées ne devraient se refléter dans vos yeux. A vrai dire, si l'on cesser de penser, ce serait encore mieux, car nos pensées suffisent à tuer.
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Videos de Marlen Haushofer (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marlen Haushofer
C'est à la fin de l'année 1941 que les Américains, entraînés contre leur gré dans la Seconde Guerre mondiale, découvrent, mi-fascinés mi-inquiets, l'existence d'une science nouvelle dans l'exercice de laquelle les Allemands seraient passés maîtres et qui expliquerait leurs spectaculaires succès : la géopolitique.
Un vif débat s'engage alors : faut-il rejeter la géopolitique au motif qu'elle serait un savoir nazi par principe pernicieux ? Ou au contraire s'en rendre maître pour mieux la retourner contre ses concepteurs ?
Entre Seconde Guerre mondiale et guerre froide se joue ainsi un épisode crucial de l'histoire d'une discipline dont l'américanisation rend possible la normalisation et qui éclaire d'une lumière neuve la genèse des visions et des pratiques américaines du monde au XXe siècle. . . .
0:00 Comment les États-Unis se sont approprié une science venue d'Allemagne nazie 0:39 le tournant mackindérien 6:10 Haushofer à Nuremberg 8:19 Une science qui s'américanise

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