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EAN : 9782213610030
1020 pages
Fayard (28/09/2001)
4.08/5   31 notes
Résumé :
La caricature longtemps imposée de Louis XI (1423- 1483) était celle d’un tyran laid, cruel et fourbe, un bigot lâche, inculte et obscurantiste. Jean Favier nous rappelle qu’avant toute chose, il fut l’un des grands hommes d’État français.

Il y a du Richelieu avant l’heure chez cet homme pour qui la fin justifie tous les moyens. Et s’il est passé à côté de la Renaissance, négligeant l’effervescence intellectuelle qui règne dans les autres cours d’Euro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Un fils de roi qui attend son heure en rongeant son frein peut-il aimer son père qui n'entend pas lâcher une parcelle de son pouvoir ? Ce qui est arrivé au futur Charles V, lieutenant du roi puis régent, en l'absence de son père Jean II le Bon captif des Anglais, un père empêché qui n'entendait pas néanmoins que son fils qui avait pourtant à faire face à la révolte d'une bourgeoisie en colère fît cavalier seul, le futur Louis XI l'a connu plus encore face à son père Charles VII, mais dans des circonstances qui ne furent pas les mêmes. D'abord, grâce à l'intelligence politique de Charles VII, les Anglais avaient été mis hors du royaume de France sauf à Calais (Jeanne d'Arc n'ayant fait elle que les stopper sur la Loire), et notre pays retrouvait la paix. Ce retour à la normale ne plaisait cependant pas à tout le monde et de grands seigneurs qui avaient tenté de se soulever contre le roi et avaient cherché à embrigader dans leur rébellion appelée Praguerie le jeune Dauphin Louis, qui ne savait pas prendre son mal en patience et espérait jouer un rôle par tous les moyens, fatigué qu'il était d'attendre que son père voulût bien lui céder la place.
Dans les sept premiers chapitres de son portrait de Louis XI, Jean Favier analyse dans le détail cette situation et revisite les rapports entre le père et le fils.
Après la Praguerie, Charles VII, comprenant qu'il n'avait aucun intérêt à laisser l'impatient Louis croupir dans l'inaction, l'investit de missions de confiance assez importantes - notamment sur l'échiquier alsacien et suisse où le Dauphin apprit beaucoup de choses, notamment à voir combien on pouvait gagner à laisser se battre les autres - mais en veillant toutefois à ne pas laisser cet ambitieux marcher sur ses plates-bandes.
Plus décidé que jamais à montrer de quoi il était capable, Louis finit par se replier dans son Dauphiné en affichant son intention d'y gouverner seul avec des hommes dévoués à sa cause (et normalement cela aurait dû se passer ainsi puisque le Dauphiné était la terre du Dauphin et n'appartenait pas au roi). Mais Charles VII ne supporta pas ce mouvement d'indépendance et voyant que son fils n'entendait lui rendre aucun compte, il fit intervenir son armée pour punir le récalcitrant et lui confisquer la terre qui lui revenait. Louis fut obligé de demander refuge au duc de Bourgogne, Philippe le Bon, dont il devint un obligé. Notons que l'opposition entre le fils et le père fit une victime importante : Jacques Coeur l'argentier du roi Charles qui, apportant secrètement son aide au Dauphin (il ne fallait pas insulter l'avenir), fut démasqué et obligé de s'exiler sur une île méditérannéenne en laissant derrière lui une partie de sa fortune qui était considérable.
Louis attendit que son père, qui eut un long règne, trépassât, et sitôt ce dernier mort, il rentra en France avec la ferme volonté de prendre sa revanche : il écarta sans aucun ménagement et sans aucune délicatesse beaucoup des collaborateurs de son père, qui étaient restés fidèles à ce dernier, ne garda que ceux qui pouvaient encore lui servir et plaça un peu partout aux commandes des gens qui le suivaient depuis longtemps.
Il montra là un esprit plutôt étroit et ne sut même pas reconnaître tout ce qu'il devait à son père : des finances rétablies, une unité territoriale reconstituée, une prospérité économique en train de revenir.
Cependant, après son sacre à Reims, il fit dans Paris une entrée qui lui montra que l'influence du duc de Bourgogne y était plus présente et comptait davantage que l'arrivée d'un roi dans la capitale de son royaume. Il continuait de faire son apprentissage et cela lui désignait, d'entrée de jeu, ceux avec qui il allait avoir par la suite à se mesurer, notamment le comte de Charolais, fils de Philippe le Bon, celui que l'Histoire connaît sous le nom de Charles le Téméraire.
Jean Favier a fait là un travail remarquable, qui se poursuit sur sept cents pages, où tout le règne de Louis XI nous est décrit par le menu.


François Sarindar, auteur de Charles V le Sage, Dauphin, duc et régent (2019)
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Exceptionnel ! Pourquoi ?
Parce qu'on a ici "l'âme humaine", comme dirait Stefan Zweig, de tout le XV è siècle français, du moins de ses hommes qui ont fait L Histoire.
.
Il s'agit surtout du combat de deux hommes. Louis XI, c'est pour moi Louis de Funès, et Charles le Téméraire pourrait être Gérard Depardieu avec une coupe au bol, comme à l'époque.
Mais voici...
Il était une fois un roi, timide au départ, qui a eu un fils vigoureux assez tôt. Ce roi, Charles VII avait un père, Charles VI, qui a dû laisser la régence à sa mère, Isabeau. Celle-ci n'était pas française, et ne saisissait pas l'enjeu de son rôle. Elle préféra faire la fête.Elle laissa les Armagnacs et les Bourguignons s'entre tuer : ce fut la maudite guerre civile. Henry V d'Angleterre en profita et s'associa aux Bourguignons pour reconquérir les territoires de Richard Coeur de Lion. Malgré des assassinats d'importance, Isabeau continua à laisser faire, déshérita même son fils Charles au profit du jeune roi Henry VI, qu'on s'empressa de mettre sur le trône à Paris.
Déshériter son propre fils ! C'est traumatisant, j'en sais quelque chose...
Charles VII, puisqu'il s'agit de lui, « le petit roi de Bourges », resta sans réaction jusqu'à environ 1435. La courageuse Jeanne D'Arc prit les choses en main, fit oindre Charles de la Sainte Ampoule à Reims : Charles était officiellement roi. Il y avait deux rois de France !
Après le sacrifice de Jeanne, Charles se transforma, prit conscience de son immense tâche...
La reconquête de la France !
Il devint un autre roi ; il devint « Charles le victorieux » ! Il repris Paris en 1436, et les victoires sur l'Anglais s'enchaînèrent.
Mais les Grands, toujours eux, reprirent leurs sales manies de conspirations, et entraînèrent le dauphin Louis avec eux ! Ce fut la Praguerie en 1445.
Les conspirations, complots, conjurations, Louis y prit goût, il avait 22 ans, il voulait être roi à la place du roi ! Et d'abord, il y avait cette Agnès Sorel, qu'est ce qu'elle faisait là, à côté du roi ; elle n'était pas sa mère ! L'épisode de la poursuite d'Agnès par Louis, sabre au clair dans le château, est raconté, romancé, dans mon livre, Panurge.
C'en était trop ! Vouloir assassiner la favorite ! Louis était un rebelle, un révolté : son père chassa le Dauphin dans le Dauphiné ! Se morfondant, le futur Louis XI s'amusa à gouverner le Dauphiné, et commença à tisser sa toile d'araignée, disent les mauvaises langues, à entretenir des relations, dirions nous aujourd'hui, notamment avec les Milanais....
Je vous laisse découvrir son caractère presque sympathique, puisque, comme De Gaulle plus tard, il avait « une certaine idée de la France », caractère finement analysé par Jean Favier, et, entre autres, son combat rusé contre Charles le Téméraire, qu'il a connu jeune, puisque son père, perdant patience, et voulant le ramener auprès de lui, Louis demanda asile à Philippe le Bon, le Grand Duc d'Occident, le duc bourguignon, père du futur Charles le Téméraire...

« Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage » aurait pu être la devise de Louis XI.
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Pas de cartes. Enfin si, une seule et c'est tout. C'est très difficile de savoir où se situe certaines actions lorsque l'auteur parle de royaumes qui n'existent plus ou qui n'ont pas du tout les mêmes frontières aujourd'hui. Heureusement, internet m'a aidé à combler cet énorme manque sans quoi, j'aurai été un peu/beaucoup largué. le livre est très intéressant (c'est indéniable) mais la lecture n'est pas simple du tout... l'auteur fait de nombreux détours et pour le suivre, il faut avoir une bonne connaissance de l'histoire durant cette période sinon les enjeux risquent de vous échapper. Par exemple, l'auteur s'arrête quelques instants sur le gloubiboulga italien et j'ai encore eu besoin de ressources extérieures pour réussir à comprendre les liens avec le dauphin et le roi Louis XI. Quelques cartes, documents, ressources pour illustrer le propos n'auraient vraiment pas été du luxe. Après tout, 100 pages de plus ou de moins, arrivé au stade de ce livre, ça n'a plus d'importance. Bref, c'est un excellent ouvrage que je vous recommande à la condition que vous connaissiez déjà bien l'époque concernée... sinon vous allez planer au-dessus du vide qui constitue votre ignorance :')

Ceci dit, je ne regrette pas mon achat. J'ai appris énormément de choses (peut-être trop d'un coup ?) et c'est bien le but lorsqu'on commande ce type d'ouvrage. La lecture fût laborieuse mais pas ennuyeuse du tout, l'auteur a une écriture fluide.
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Biographie par un grand médiéviste d'un roi à la réputation particulièrement noire .En tout cas pour ma génération abreuvé par les images que mes instits accrochaient au tableau : un type qui enferme ses opposants dans des cages , Charles le Téméraire bouffé par les loups, « l'universelle aragne » avec son petit chapeau couronné de médailles….Or Favier dans ce remarquable ouvrage donne à voir un grand politique ( ce qui inclut la fourberie) , un roi qui a donné peu ou prou à la France ses frontières définitives et qui vivait en un temps de très grandes difficultés .J'ai beaucoup appris dans ce livre.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Deux noms, Louis et Charles, n'ont cessé de se croiser dans la généalogie des rois de France. Charles, c'est un nom royal, le nom du fondateur de l'empire chrétien d'Occident, celui du roi légitimé par l'onction sacrée. Les Capétiens n'ont jamais manqué, depuis le XIIème siècle, de revendiquer un lien avec Charlemagne, un lien par le sang, aussi réel, il est vrai que ténu, mais renouvelé à bien des occasions entre le Xème et le XIIème siècle par des mariages avec la famille de Vermandois et avec la famille de Champagne.
[...] Ce culte dynastique de Charlemagne, entretenu par les Capétiens depuis leur origine, a été ravivé par [le Valois] Charles V pour faire pièce aux prétentions du Saint Empire [romain germanique].
[...] Les Valois ont donc eu [...] les trois rois Charles V, Charles VI et Charles VII.
[...] Différemment significatif est le nom de Louis. Il s'attache d'abord au souvenir de Clovis, Chlodovic ayant donné Clovis avant d'aboutir à Ludwig en Allemagne et à Louis en France.
Pages 35 et 36
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Le Prince doit songer à la condition de son peuple et se mêler à lui souvent, comme un bon jardinier cultive son jardin (recommandation de Louis XI à son fils Charles VIII).
Louis XI, Jean Favier, page 313.
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En majorité, les secrétaires du roi sont des laïcs : le temps n'est plus où la Chapelle tenait sa place dans les rouages du gouvernement. Certains sont de petite noblesse, mais la plupart sont d'origine bourgeoise, parfois modeste : on y voit un fils de tonnelier et un fils de cordonnier.


NDL : Louis XI fut un dauphin turbulent, mais devenu roi, il ne se déplace pas beaucoup : il utilise beaucoup d'ambassadeurs et de secrétaires ( une cinquantaine ). Son courrier est colossal.
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A Péronne, en 1468, Charles le Téméraire avait verrouillé la position. Louis XI s'en avisa trop tard, quand il entendit entrer en ville derrière lui une troupe à la solde du Bourguignon.
(p 575)

ndl : Charles aurait pu tuer Louis !

L'emportèrent ceux qui, arguant du sauf-conduit donné au roi, que l'on ne pouvait violer sans manquer à l'honneur, préféraient profiter de la circonstance pour forcer le roi à un bon traité.
(p 577)
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Louis XI :
Ces Bretons et Bourguignons ne tendent à autres fins que de trouver moyen de rompre la paix sur couleur de la demeure dudit Warwick (1).

(1) Richard Neville (22 novembre 1428 – 14 avril 1471), 16e comte de Warwick et 6e comte de Salisbury, est un homme politique et leader anglais. Il est principalement actif durant la guerre des Deux-Roses, et le pouvoir qu'il accumule en passant d'un camp à l'autre durant le conflit, tout comme ses qualités de stratège hors pair, lui valent le surnom de « Warwick le faiseur de rois » (« Warwick the Kingmaker »).
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