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Critique de motspourmots


Un titre bien sérieux pour un roman plus divertissant que réellement historique. En fait, l'auteur choisit de s'amuser avec L Histoire et de la réécrire. Son postulat : et si le fils de Napoléon, celui que l'on surnomme l'Aiglon avait décidé d'échapper à son enfermement à la cour d'Autriche pour rejoindre son père à Sainte-Hélène et lui apporter son aide ? A partir de là, Serge Hayat trousse une histoire qui navigue entre roman d'aventures, de cap et d'épée et d'apprentissage, celui d'un adolescent qui va peu à peu s'émanciper et devenir adulte.

Le jeune François, duc de Reichstadt et roi de Rome, en tout cas sur le papier vit à la cour d'Autriche depuis l'âge de cinq ans, depuis le bannissement de son père, Napoléon 1er. Une sorte de prison dorée où l'adolescent tout juste âgé de 16 ans se languit de jouer enfin un rôle à la mesure de sa naissance. Sa mère, Marie-Louise se préoccupe plus de son amant, de leurs enfants cachés et de sa dose quotidienne d'alcool que du bonheur de son fils. Quant à son grand-père, l'empereur François 1er d'Autriche, il s'en remet à l'avis de son conseiller, Metternich et n'est guère pressé de voir arriver aux affaires ce petit-fils qui finalement n'a qu'une moitié de sang autrichien, l'autre moitié étant l'oeuvre d'un tyran qui avait forcé son destin pour s'emparer d'un trône qui ne lui était aucunement dû. Rien d'étonnant à ce que le jeune duc s'interroge, se pose des questions sur ce père qui après avoir répudié sa première épouse Joséphine pour avoir un héritier, se satisfait de son exil loin de lui.

Impétueux, naïf, François est la proie idéale des comploteurs en tous genre alors que la France connaît un épisode politique compliqué et chahuté. le pouvoir de Louis XVIII est contesté, certains manoeuvrent en sous-main pour le discréditer, le destituer et monter sur le trône. Comme le cousin de François, Louis-Napoléon, bien décidé à prendre la succession de son oncle. Approché par un groupe de bonapartistes, il se laisse convaincre de fuir à Paris où il se trouve bientôt aux prises avec des intérêts divergents auxquels il ne comprend pas grand-chose. Plutôt la mort qu'un scandale : en Autriche, il est déclaré d'abord malade et contagieux pour expliquer son absence et enfin mort et enterré. le voilà donc à Paris, seul, livré à lui-même et bientôt abandonné par ceux qui ne voyaient en lui qu'un instrument et une marionnette. C'est le début pour le jeune homme d'un long chemin d'apprentissage qui le mènera vers l'amour et jusqu'à Sainte-Hélène, et surtout le rendra plus sage.

N'ayons pas peur de l'avouer, on s'amuse beaucoup à suivre les traces de ce pauvre François, balloté sur les chemins, méprisé par son cousin, trahi par une jolie italienne, enfumé par Talleyrand. Même si l'auteur se libère de pas mal de contraintes chronologiques, le contexte politique de l'époque est très bien exploité avec ses complots, ses manipulations et ses grands stratèges comme Metternich et Talleyrand qui s'affrontent à distance et sur le dos du jeune homme. Les trois parties - Vienne, Paris et Sainte-Hélène - sont tout aussi intéressantes à suivre et apportent chacune leur pierre à la reconstitution historique (le déclin amorcé de l'Empire austro-hongrois, l'agitation parisienne de la Restauration, les derniers moments de Napoléon).

Ce livre possède tous les ingrédients pour en faire un efficace page-turner : rythme enlevé, personnages vivants, contexte historique et politique passionnant et surtout, une bonne dose de romanesque. Pourquoi bouder son plaisir ?
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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