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Claire Cera (Traducteur)
EAN : 9782070344536
496 pages
Gallimard (29/03/2007)
3.54/5   12 notes
Résumé :

1947 : la paix a un goût étrange. L'Angleterre est en ruines, la Chine attend la victoire de Mao, le Japon est hanté par ses crimes de guerre et par Hiroshima.

Entre ces trois pays navigue Aldred Leith, sinologue, fils d'un romancier célèbre, héros blessé au combat.

Comme tous ses contemporains, il oscille entre euphorie et désillusion, soif de vivre et peur du vide. Et il se pose une question lancinante : quel sens donner... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
1947. le Grand Incendie de 39-45 ne finit pas de consumer le monde d'après-guerre entre un Japon occupé qui tente de panser les blessures d'Hiroshima et une Chine sur le point de tomber entre les mains de Mao. L'Europe n'est nullement épargnée : après la ferveur exaltante de la victoire, le vieux continent en cendres connaît la privation, le rationnement et la vacuité désespérée.


Dans cet univers de désolation, Shirley Hazzard confie une mission d'observation des conséquences de la guerre sur la société traditionnelle chinoise à un soldat britannique, Aldred Leith, décoré de guerre et basé au Japon, dans l'optique d'en faire un livre. Jeune homme raffiné, sinologue cultivé et esthète, il séduit par sa vivacité d'esprit et un regard distancié nullement aussi arrogant que celui porté par australiens et anglais installés en Asie.
Il faut dire que les obsolescences coloniales sont tenaces, la victoire a un goût amer tant les consciences sont tournées vers le passé comme enfouies sous les gravats.

Entre errances vagabondes, chacun se laisse accaparer par la solitude du survivant, le sentiment de perte et de désintégration…jusqu'au jour où une flamme de vie éveille un désir d'avenir. Pour Leith, c'est la rencontre avec Helen, jeune australienne « apportée par les fées »…


Indubitablement, le roman de Shirley Hazzard nous affranchit de notre vision fantasmée de la victoire. Il fait tomber toutes les barrières cognitives du lecteur à travers un regard omniscient qui éclaire de manière convaincante les blessures intérieures, les victimes différées et le sentiment d'humanité lancinante des choses lorsque tout n'est qu'à l'état de ruine. Doté d'une plume vouée à l'écriture abstraite et désincarnée, l'auteur australien analyse avec finesse et pertinence les états d'âme de ses personnages, décortique avec rigueur les oscillations de la conscience au gré des évènements. On se laisse séduire par cette faculté que possède Hazzard d'analyser les âmes sans concession, sans pour autant que le récit soit inscrit dans une objectivité froide et clinique.
Si l'auteur se concentre sur les portraits psychologiques, qui se révèlent remarquables, force est de constater que les évènements qui assombrissent le Japon et guettent la Chine sont malheureusement suggérés à titre accessoire. le lecteur ne doit pas rechercher la fresque historique dans la trame du récit, les faits et les paysages ne servant finalement qu'à refléter les introspections des personnages.

Dés lors, le Grand Incendie pourrait apparaître comme un roman psychologique mais la rupture de ton et l'emprise des sentiments font basculer le récit vers le roman d'amour. La plume de Shirley Hazzard déploie une sensibilité grandissante au fur et à mesure que les sentiments du soldat anglais et de l'adolescente de 17 ans s'épanouissent dans la difficulté et l'éloignement.
Leçon de style lentement abandonnée, le récit glisse progressivement de l'exploration subtile des plaies béantes de l'âme vers un sentimentalisme abrupt. La séparation a la faculté d'éveiller en chacun d'eux un tempérament romantique longtemps occulté et un désir de plus en plus vif. Leith découvre une vulnérabilité nouvelle balayant la raideur et le flegme jusque-là affichés, et ce qui ressemble au doute…celui de ne jamais se retrouver ?
Les émotions peuvent apparaître exacerbées dans ce chaos, laissant finalement l'impression que la construction du roman doit répondre à un processus de résilience permettant à deux rescapés de se reconstruire, l'amour devenant le seul port d'attache pour un homme qui a toujours voyagé pour exorciser son passé.

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En 1947, la moitié de la planète sort d'un grand incendie. Enfin, ceux qui ont survécu. Dans les ruines de Londres ou au Japon des environs d'Hiroshima, les hommes et femmes de l'immédiat après-guerre se savent rescapés mais n'ont pas assez de recul pour savoir sur quoi reconstruire.
Le travail pour Alfred Leight, fils de romancier," le travail seul moyen d'engendrer une vie à venir":
"Il s'était fixé pour tâche de dépeindre les conséquences de la guerre au sein d'une société ancienne en voie de disparition. Ce projet visionnaire, ou insensé, l'absorbait totalement depuis deux ans.."
Rien ne le prédisposait à tomber amoureux au Japon de la très jeune fille d'un administrateur de guerre.

Ceci pour les deux personnages principaux de cette histoire. Gravitent autour d'eux et traversent le livre beaucoup d'autres , le frère de cette jeune fille, en train de mourir d'une maladie dégénérative, l'ami de Leight, chargé d'instruire les procès des criminels de guerre japonais, etc .

" J'en suis arrivé à la conclusion qu'au fond, l'homme est un barbare" écrit un jour Alfred Leight à la jeune Helen.
On souhaite à la fin de ce livre tout en retenue, en complexité, que l'amour de ces deux personnages puisse leur permettre de résister à cette barbarie.
Beau roman...
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Après la fin de la seconde guerre mondiale, des personnages sans repères dans un monde en train de se disloquer, la guerre semble avoir enlever le sens aux choses ordinaires de la vie, celles qui rythmaient jusque là les existences, les habitudes, les convenances. de quel poids est tout cela en face de ces millions de morts, d'Hiroshima. Enfin pour les personnes sensibles, parce que certains n'ont rien vu, et ne rêvent que de retrouver la petite vie qu'ils menaient auparavant, en essayant même d'améliorer leur situation du fait de tous ces disparus.

Shirley Hazzard analyse très finement les êtres, leurs ressentis, la façon dont ils perçoivent le monde qui les entoure et comment ils les modifient. de même elle met en lumière, par petites touches, les fonctionnements de la société, la façon dont les individus sont amenés à rentrer dans un cadre. Et de ce côté la Nouvelle Zélande de l'époque paraît redoutable. La condition des femmes est tout particulièrement désespérante. La vie de mère de famille ou à défaut un petit emploi subalterne, ne permettant par grand chose. Mais l'auteur évoque toutes ces questions avec beaucoup de subtilité, rien d'appuyé ni lourd, nous voyons justes les êtres vivre, et leur horizon se rétrécir peu à peu, on les sent presque s'asphyxier progressivement.

J'ai tout de même moins apprécier ce livre que le passage de Vénus parce que j'ai été un peu ennuyée de voir Hiroshima ou d'autres lieux marqués par la guerre, n'être là que comme une sorte de décor à l'arrière plan, dont on nous rappelait l'existence de temps en temps, comme s'il y en avait besoin. Shirley Hazzard est infiniment plus à l'aise pour évoquer les êtres leurs blessures, les oscillations de leur conscience que des événements de l'histoire.
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Ce récit baigne dans l' atmosphère post-apocalyptique des lendemains de la seconde guerre mondiale alors que les belligérants se réveillent avec une gueule de bois assortie d' un fort sentiment de culpabilité.Cette histoire, entre roman d' amour et fresque historique est servie par une belle écriture que l' on pourrait presque qualifier de classique -la grande réussite de cette auteure australienne étant avant tout la très fine analyse des sentiments de ses personnages.
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1947 : la paix a un goût étrange.
L'Angleterre est en ruine, la Chine attend la victoire de Mao, le Japon est hanté par ses crimes de guerre et par Hiroshima. Entre ces trois pays navigue Aldred Leith, sinologue, fils d'un romancier célèbre, héros blessé au combat. Comme tous ses contemporains, il oscille entre euphorie et désillusion, soif de vivre et peur du vide. Et il se pose une question lancinante : quel sens donner à cette existence qu'il a failli perdre ? Et puis, dans le monde d'ambitions et d'intrigues des troupes d'occupation, il croit retrouver une innocence perdue, incarnée par deux adolescents cultivés et fervents...
Shirley Hazzard évoque avec une précision et une intensité charnelle le climat de l'après-guerre, et excelle tout autant à ciseler l'intime sur fond de tourmente collective, donnant à ces destins une portée intemporelle et universelle. Avec cette ?uvre inoubliable alliant richesse poétique et justesse de ton, subtile perfection classique et fulgurances de style, elle s'impose plus que jamais comme une romancière majeure de notre temps.
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critiques presse (1)
Lecturejeune
01 mars 2006
Lecture jeune, n°117 - 1947, le Japon est occupé. Le jeune major Leith, sinologue et héros blessé au combat, s’est fixé pour tâche de dépeindre les conséquences de la guerre au sein d’une société en voie de perdition. Il s’installe près d’Hiroshima dans un secteur commandé par Driscoll, véritable tyranneau hystérique. A l’opposé, ses enfants Benedict et Helen forment un duo poétique vivant de la littérature. Une relation subtile, qui va redonner sens à la vie du major, se noue entre eux… L’auteur pointe ici la difficile reconstruction de soi après les traumatismes de la guerre, la dignité du vaincu et la lassitude de l’occupant. Elle donne aussi à voir une Angleterre encore en ruine au retour de Leith, en 1948. Le contexte historique est magnifiquement restitué, les personnages sont finement brossés et l’intrigue suscite un intérêt soutenu. Cette force se retrouve dans l’écriture, ample et riche. Brigitte de Bergh
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Presque tout ce qu’il voyait et sentait lui semblait familier, et pourtant un grand bouleversement avait eu lieu. La reprise de la vie normale était un acte d’autopersuasion, qui possédait sa propre réalité. Depuis l’enfance, Aldred Leith se méfiait du réel, du mot – car chacun en avait sa propre définition.
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Les gens affirment que le temps diminue la peine -- il faut bien qu' ils disent quelque chose. Ils ne comprennent pas que c' est justement ce qu' on redoute, cette diminution. On n' a pas envie de surmonter sa peine.(p304)
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Quelle sensation neuve, surprenante, que de susciter un tel plaisir rien qu’en arrivant dans ce lieu obscur. Pour eux comme pour lui. Pour elle. C’est pour cela que je suis revenu, pour être aimé ainsi.
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Il existe une cruauté plus terrible encore que celle de la bataille. Vous regardez un homme droit dans les yeux , puis vous l' abattez de sang-froid. Vous lancez une bombe , puis vous vous lavez les mains du résultat . Est-ce un meurtre ou bien la guerre ? (p105)
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Tout le monde a une histoire douloureuse.
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