Shikanoko, tome 3 : L'empereur invisible

Les années passent, filent même. Les personnages de la tétralogie grandissent, forcément. Leur destinée se dessine petit à petit. Les fils lancés par Lian Hearn depuis le premier tome se développent et forment une trame toujours plus complexe. Et complètement envoûtante et immersive.

Il se joue de nombreux événements dans ce troisième volume. Peut-être moins prépondérants (les intrications politiques et militaires passent un peu au second plan notamment) que dans La Princesse de l'Automne, mais qui installent avec minutie une foule de pièces dans l'engrenage nous conduisant vers l'opus final de la série.

Si certaines conclusions paraissent d'ores et déjà s'esquisser, je reste néanmoins prudente, me doutant que l'auteure a sans doute des surprises en réserve.
Le rôle de la magie et de la sorcellerie - du monde spirituel plus généralement - tend à s'accroître. Les courants religieux présentés dans le roman renvoient au bouddhisme, au shinto et à une secte sanctifiant un enfant et sa mère et répondant au signe de la croix. On se retrouve tout à fait dans un Japon du XVème siècle de ce point de vue.

Les principes d'harmonie entre le Ciel et la Terre semblent rompus depuis le second tome et les catastrophes naturelles mettent le peuple des Huit Îles à rudes épreuves. Ce concept du Ciel punissant l'empereur - Tennô en japonais, littéralement l'envoyé du Ciel - qui amène le déséquilibre me fait penser au système assez similaire qui régit la bonne ou mauvaise marche des royaumes dans la série de Ono Fuyumi, Les Douze Royaumes (autre suite de romans ados d'excellente qualité).

Il me tarde de me lancer dans L'Héritier de l'Arc en Ciel tout en appréhendant d'arriver trop vite à la fin de cette formidable et passionnante série.

Avant dernier tome et on commence à voir les pièces de l'échiquier bouger. Une dizaine d'années passent dans ce tome et les enfants vont sans doute être à l'initiative de la reconquête de l'empire par Yoshi. Celui-ci est complétement désintéressé par le pouvoir mais son entourage s'apprête à faire valoir ses droits . le rythme est plus lent dans ce tome mais la tension monte, les personnages sont en route pour changer le paysage politique. Seul Shikanoko est encore isolé dans la forêt mais tous convergent vers lui. le prochain tome risque donc d'être une conclusion épique ! J'ai hâte, j'aime toujours autant !

Dévasté par la mort de la princesse de l'Automne, Shikanoko a renvoyée ses démons de fils et erre dans le bois obscur, le masque magique scellé à son visage.

Pendant ce tome un très long laps de temps s'écoule, plus de dix années. Et chaque personnages suit son chemin sans vraiment se rencontrer. Shikanoko est quasiment absent, en proie à son chagrin et contraint de surporter le masque aux bois de cerf qui le rapproche de plus en plus du monde des esprits. Hina, devenue dame Yayoi, apprend les arts de courtisane et du plaisir. Yoshi et Take deviennent des saltimbanques. Et surtout les démons deviennent de plus en plus entreprenant et s'insèrent dans le monde des hommes.
On est dans un espèce de transition où il faut assimiler cette dizaine d'années écoulées. C'est assez contemplatif, le rythme est plus lent. Mais l'écriture toujours aussi prenante et agréable.
A la fin on sent que les pions bougent, vont se réunir. On va se précipiter sur le dernier tome pour lire le final qui j'espère sera à la hauteur!

Ce troisième roman difère des précédents tomes où pas moins de 10 ans sont narrés par Lian Hearn! le rythme est certes plus lent mais n'en reste pas moins savoureux. Tout comme une partie d'échec, nous voyons les personnages se croisaient, se menaçaient et peu à peu se positionner avant l'ultime roman qui je suis quasi certaine nous dévoilera une fin grandiose ! Ne reste plus qu'à voir qui annoncera le fameux "échec et mat" !
D'autre part, ce tome fait bien le lien avec le Clan des Otori. Nous commençons à voir la formation de la Tribu avec les fameux Kikuta et de façon logique les Muto. Après lecture de la première saga, bien des éléments restent sans réponses sur l'origine des dons de la Tribu, voir de certains membre en particulier (je pense ici aux enfants de Takeo et Kaede), nous pouvons entrevoir des réponses dans ces prequels. Sur ce, je pars déguster L'héritier de l'Arc-En-Ciel!

Il vaut mieux enchaîner les tomes de cette série sans s'arrêter. Ce ne fut pas mon cas et je dois dire qu'au début de ce troisième opus, j'ai eu des difficultés à replacer chaque personnage. L'intrigue marque un peu le pas avec un tome de transition dans lequel les pions prennent un à un leur placé sur l'échiquier avant l'affrontement final.
On sort donc des intrigues de cour pour aller vers le monde flottant, celui des courtisans et des saltimbanques pendant que Shikanoko se cantonne quant à lui aux frontières du monde des vivants. Ses fils prennent une place de plus en plus importante mais restent peu humains.
On attend la bataille finale.