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EAN : 9791090175532
288 pages
Serge Safran éditeur (18/08/2016)
4.31/5   13 notes
Résumé :
Karlotta-Pietra, ville fortifiée aux allures vénitiennes, vit ses derniers instants de liberté. Il ne reste que quelques jours avant que les portes de la cité ne se referment définitivement.
Sebastian, styliste de mode et son associé Dimitri, entreprennent de s’enfuir avant qu’il ne soit trop tard. Mais un soir, sur le chemin qui le mène à sa Villa des Mouettes Noires, Sebastian porte secours à une femme brutalisée, laissée inerte le long du canal. Troublé, i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
C'est un curieux roman, dont l'ancrage dans une réalité réinventée, laisse la place au rêve, en donnant la parole à un héros romantique digne du Grand Meaulnes.

La scène inaugurale a lieu de nos jours, dans le cimetière d'une cité imaginaire qui peu à peu ferme ses portes, chasse les étrangers, dans un climat de défiance, alors que la crainte fait resurgir les comportements les moins dignes dans la population .
Sebastian vient s'y recueillir sur la tombe d'Agathe, décédée quelques années plus tôt lors d'une manifestation, à une période où quelques-uns croyaient encore pouvoir changer le cours des événements . La stupeur et l'effroi le gagnent lorsqu'il se reconnaît sous les traits d'une statue de gisant, accompagné de la jeune femme qu'il aimait.

Une deuxième énigme voit bientôt le jour : qui est Kathryn Petersen, retrouvée dans la rue, rouée de coups par la milice, amnésique, et qui ressemble tant à Agathe?

Alors que la situation politique est de plus en plus tendue, Sebastian envisage de s'échapper, en entraînant dans sa fuite une centaine de sans papiers, voués à un sort funeste. C'est avec son associé Dimitri, et avec l'aide d'une chanteuse lyrique qui bénéficie pour un temps encore de la clémence des dirigeants, qu'il échafaude un projet fou.

La cité imaginaire, le romantisme des sentiments passionnés du narrateur, le refus de la fatalité et l'espoir d'un avenir meilleur : on est dans une ambiance intemporelle, aux frontières de la réalité.
Il y a quelque chose de la tragédie antique dans cette histoire d'évasion, une histoire de cheval de Troie à l'envers, un projet porté par des sentiments forts, de la jalousie, de la haine, de l'amour, qui voudraient justifier toutes les trahisons.

L'écriture est magnifique : c'est le type de récit que l'in voudrait faire durer, que l'on déguste lentement phrases après phrases, éventuellement relues pour mieux en apprécier la musique.

Une très belle découverte de cette rentrée 2016

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Mardi 1er novembre : en ce jour de Toussaint j'ouvre ce livre et me retrouve dans un cimetière, avec Sebastian qui vient, comme chaque jour depuis trois ans, se recueillir sur la tombe d'Agathe, son aimée, son épouse, qui pour échapper aux rafales de mitraillette dela milice s'est empalée sur les grilles de l'Opéra royal. Agathe, ballerine, étoile, évanescente et décidée qui a pris part à la manifestation interdite par le tyran qui gouverne cette cité fortifiée de Karlotta-Pietra, bientôt fermée aux étrangers. Il faut partir, vite. Plus que sept jours, et la ville sera close sur elle-même. Sebastian, couturier célèbre, et son ami Dimitri vont devoir très vite quitter ce pays inhospitalier. Mais Sebastian vit un moment effroyable et magique : il sauve des griffes de miliciens une jeune femme qu'ils allaient laisser pour morte. Aidé d'un ami , il la transporte chez lui et vit une sorte de rêve magique et douloureux : la jeune femme étendue là n'est autre que Agathe !
Dans quelle dictature sommes-nous ? Il nous semble reconnaître des accents de l'ancien Empire austro-hongrois dans les descriptions, la musique, les mots . Un pays qui glisse résolument vers l'isolationnisme et le rejet des étrangers. Qui construit un mur autour de ses frontières et ne veut rien savoir des migrants, peut-être ?
Dans cet étrange ballet virevoltent les maîtres du jeu social au son de la valse sous les lambris dorés tandis que, en secret, pour une centaine de sans-papiers, Sebastian et ses amis fomentent l'évasion du siècle : l'organisation d'un défilé nautique, grandiose, à la gloire du pays mais qui aura pour but de faire disparaître comme par magie sept embarcations par les écluses secrètes sur les canaux de l'empereur Pierre VII . Un tableau magnifique va se peindre sous nos yeux, avec décors et costumes théâtraux dans une dramaturgie inattendue. Car tout ne se passe évidemment pas comme prévu par Sebastian.

Étrange et fascinante lecture qui mêle un romantisme préraphaélite aux accents les plus noirs de la dictature, le suspens d'un thriller aux délicates nuances d'un tableau impressionniste, le fantastique à l'effroyable.
Comme j'aimerais être scénariste et écrire la version adaptée au cinéma pour la soumettre à un metteur en scène!
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Avez-vous déjà fait un rêve où une histoire se déroule dans un monde imaginaire fait de passé combiné au présent et au futur ? Un rêve tellement ‘'réel'' que vous avez des difficultés à reprendre pied dans la réalité lorsque vous vous réveillez ? Ce roman est exactement cela : onirique, une histoire intemporelle. Jusqu'à la dernière ligne et le dernier mot, il ne vous lâche pas : amour, filiation, amitié, arts, beauté d'une nature et d'une ville baroques, totalitarisme, résistance et traîtrise se côtoient dans une histoire qui va crescendo et un brin fantastique et magique. ‘'Se retrancher de repères identifiables, c'est finalement élargir le champ de la projection pour le lecteur. (…) Mais il faut veiller à rester sur la crête, à ne pas trop s'éloigner, pour éviter de basculer dans la science-fiction, le conte ou le fantastique. (…) J'essaye de ne jamais perdre de vue le fait que mon histoire doit rester dans les eaux de la fiction. C'est très difficile. C'est une sorte d'alchimie qui se produit entre les lieux, les attitudes des personnages et leurs sentiments.'' (interview de l'auteur)

Stéphane Héaume écrit aussi des textes pour des compositeurs de théâtre lyrique : son style musical et lyrique convient parfaitement à ce roman, sorte d'opéra baroque, de tragédie antique ; il y a en même temps de la légèreté dans les passages sur l'amour, l'amitié, la beauté et de la lourdeur dans la transcription de l'atmosphère pesante de cette ville promise à l'enfermement et de la peur omniprésente. ''C'est une écriture essentiellement axée sur la description des sens. (…) J'ai retenu le principe fondamental de la musique tonale : rythme, harmonie, mélodie.'' (interview de l'auteur).


‘'J'écris en étant porté par mes rêves ; mes rêves intimes se déroulent inconsciemment, indépendamment de toute mode. Je recherche un enchantement.'' Pari réussi, M. Héaume…


Je remercie les éditions Serge Safran et Babelio de m'avoir permis de découvrir cet auteur. J'avais choisi ce roman dans la liste des livres proposés dans le cadre de l'opération Masse critique parce que je ne connaissais pas Stéphane Héaume. Une belle découverte et sa bibliographie m'en promet d'autres, même si je préfère, en général, les histoires ancrées dans le réel.
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Ce livre est magique! Envoûtant et sublime! Une véritable pépite qui se déguste au fil des pages et ne vous lâche plus jusqu'à la fin. Tout commence au coeur d'une ville fortifiée du nom de Karlotta-Pietra. L'état s'empare du pouvoir à l'aide de sa milice et les portes de la ville vont très bientôt se fermer et nul ne pourra plus sortir. Il est temps de fuir et d'échapper à la dictature.Sebastian Wimer, le héro, créateur de mode et styliste accompagné de son ami Dimitri échafaudent un plan pour s'enfuir. Cependant, un soir en rentrant, Sebastian va voler au secours d'une femme agressée et la ramène chez lui pour la cacher. Quand il découvre son visage il n'en revient pas : il s'agit du portrait de sa femme morte il y a trois ans lors d'une manifestation. Elle n'a pas pu survivre à ce terrible drame ayant été touchée par balle pendant la fusillade qui a éclaté et s'est ensuite empalée sur les grilles du jardin du Palais. Est-ce vraiment possible? Entre réalité et fiction, nous voilà pris au piège dans cette course contre la montre pour fuir la ville, le retour du passé et l'amour pour la femme de sa vie Agathe morte et réapparue... les rebondissements s'enchainent de plus en plus vite d'une écriture majestueuse, sublime, magnifique et poétique qui vous ensorcelle et vous emmène dans des paysages d'une beauté à vous couper le souffle. Que c'est bien écrit! L'histoire est génialissime et se déroule entre amitié, colère, trahison et amour. Tous les ingrédients sont réunis pour passer un moment inoubliable. J'ai été conquise et j'ai refermé ce livre avec regret tellement j'ai pris mon temps pour le lire et ne pas le dévorer. C'est un véritable coup de coeur de cette rentrée littéraire et je vais suivre de près cet écrivain qui a une très belle plume. Un très grand merci à babelio sans qui je serai passée à côté d'un si beau roman.
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Quel roman, les amis, quel roman ! Un grand merci à Zazy qui me le prêta, car franchement, j'ai pris un pied monstre et me suis régalé du début à la fin. L'histoire est folle folle folle -comme dirait Bertand Belin, aucun rapport mais ça me faisait plaisir d'en parler- et l'écrin somptueux. Ce que j'aime par dessus-tout, outre cette histoire, c'est l'écriture de Stéphane Héaume et l'ambiance qu'il crée. Bien que son roman se déroule de nos jours, et qu'il soit donc parfaitement contemporain -ce qui, vous l'avez remarqué est une répétition-, par la grâce de l'écriture, les descriptions des personnages, leurs vêtements, leur élégance, leur langage, leur port, leur distinction, les descriptions des lieux, cette ville close à l'histoire dense, ... il a un air d'intemporalité très forte. On pourrait invoquer ici quelques grands noms de la littérature qui ont ce talent, sans vouloir comparer mais juste pour l'inspiration, des écrivains de diverses époques que je ne citerai pas ici, chacun pourra ainsi mettre les noms qui lui viennent à l'esprit.

L'écriture donc est magnifique, travaillée, belle, châtiée ; lisez cela : "Le canal exhalait un parfum doucereux, cette odeur si troublante que l'on ne percevait qu'en hiver et qui ce soir prenait un sens étrange car souvent l'on disait qu'il sentait le sang frais." (p.37), ou bien ceci : "Soucieux de circonscrire cette régression -ou, au contraire, planifiant son maintien (qu'en savions-nous ?)-, le gouvernement avait décidé, au nom du passé, de redonner à Karlotta-Pietra son statut de ville close. Rappelant les conflits dont elle était toujours sortie victorieuse, le président avait annoncé aux habitants cette mise en quarantaine sous prétexte de veiller au bien général. Fallacieuse promesse." (p.25) J'adore ça, quel plaisir de lire de belles phrases, bien construites, sans faute de quoi que ce soit, des phrases avec du sens, qui même lorsqu'elles décrivent des lieux ou des personnages ne sont jamais ennuyeuses, au contraire, elles enjolivent l'action qui suit.

L'histoire maintenant : elle est réjouissante, originale, forte en tensions et rebondissements. Les rapports entre les protagonistes sont admirablement décrits, si bien qu'à part Sebastian dont on ne doute jamais vraiment de l'honnêteté, tous les autres à un moment ou un autre nous incitent à la prudence, à tort souvent... Critique des nationalismes, des intégrismes de tout genre, l'ouvrage pousse à l'extrême les idées et comportements de certains chantres de l'isolationnisme et du repli sur soi.

Mon premier roman de l'auteur et de l'éditeur aux couvertures safran que je brûle d'envie de connaître un peu plus tant l'un que l'autre. Merci Zazy.
Lien : http://www.lyvres.fr
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le pressentiment des dernières fois...
Seul dans les ruelles, ce soir-là, il me semblait que la ville immobile me faisait ses adieux. Tout était calme, murmurant, sans éclat - réglé depuis des siècles. Les habitants vaquaient aux courses habituelles avant la fermeture, qui sortant de la boulangerie Perutz, qui les bras chargés de vêtements propres emballés avec soin dans le papier couleur lune du teinturier Asaël. On se croisait. On se saluait. La courtoisie nocturne était de mise. Étrangement, l’inquiétude s'était retirée des visages comme une mer indésirée. Était-ce bien réel ? Était-ce ma perception faussée par les jours à venir ? Le sentiment de ne plus appartenir aux ombres de la ville tant aimée ? Je me déprenais sans douleur des ponts et des façades, des fontaines, des parcs, des rues et des rigoles. J'abdiquais mon passé sous les voûtes de pierre. Il faut savoir prendre congé de ses plus belles douleurs.
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Elle respirait à peine sous le linceul froissé. Ses cernes s'étaient atténués -et ce n'était pas sous l'effet du jour qui faiblissait. Autour d'elle, les tulipes et le feuillage faisaient un vitrail fragile que traversaient les dernière lueurs du soleil et le ressac des vagues. Je l'avais délaissée trop longtemps -semblait signifier le chant obsessionnel de la mer qui se mêlait au souffle d'Agathe, au battement violet de ses veines, à mes supplications silencieuses.
"Réveille-toi, ma chérie, réveille-toi! Lève tes paupières."
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« Qu’est-ce qui cogne ? Qu’est-ce qui tape contre mes tempes ? Qu’est-ce qui bat, me bouleverse et me brise ? »

"Le canal exhalait un parfum doucereux, cette odeur si troublante que l'on ne percevait qu'en hiver et qui ce soir prenait un sens étrange car souvent l'on disait qu'il sentait le sang frais." (p.37),
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Bordés d'arcades mais à ciel ouvert, les bassins de l'aile sud semblaient guetter le retour des eaux pour retrouver la vie. Dans la nuit claire, ils se paraient de reflets vert jade, appuyant leurs ombres contre les frises de marbre et les reliefs sculptés en pierre d'Istrie.
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