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Lecture quelque peu déroutante et étrange, surtout la première moitié, mais envoûtante... les pages se tournent toutes seules, rythmées par plusieurs voix. Hébert nous amène dans les non-dits, la folie et les secrets d'un village du Québec riverain où deux cousines sont mystérieusement disparues. Des policiers venus de Québec débarquent au village pour élucider le mystère qui plane autour de cette disparition. Ils se rendent compte, de même que le lecteur, combien une atmosphère mystérieuse plane dans les familles concernées. Hébert signe avec sa plume magnifique une grande oeuvre. On sent le vent du large, on entend les vagues qui déferlent, ça embaume l'air salin. Des images très fortes sont provoquées par la plume fluide et majestueuse d'Hébert. A lire, pour peu qu'on s'intéresse à la littérature québécoise.
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Quel étrange roman, à la fois original dans sa construction, déroutant mais tellement bien écrit.
Une histoire qui se tisse de par les différents personnages laissant des brides d'indice, bien que très vite, on se fait déjà son propre film.
D'un fait grave, l'auteur aurait pu faire un roman noir, classique, mais là, elle nous offre un roman choral, très surprenant, dans un climat de tempête, de vent, des forces de la mer, de la rage des éléments qui ont sans doute rendu fou le meurtrier.
C'est à la fois très beau dans le style et l'originalité, et à la fois très violent, noir et puissant dans les faits.
je dois dire que le début m'a semblé quelque peu étrange mais au fur et à mesure de ma lecture j'ai pu deviner le chemin que l'auteur nous dessine. Et là, j'ai hâte d'y courir au plus vite pour arriver au bout.
Un roman qui marque et qui restera une référence dans le genre.
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"Stevens debout, inondé de lumière, l'ombre noire de son chapeau sur ses yeux, vient de faire son apparition dans l'encadrement de la porte. À partir de là tout va aller très vite à Griffin Creek. Mon oncle Nicolas, ma tante Irène, Stevens, Perceval, Olivia et moi serons tous emportés par le mouvement de notre propre sang, lâchés dans la campagne, au grand galop de la vie et de la mort."

En 1982, le grand galop de la vie et de la mort a desséché les façades de bois des maisons de Griffin Creek, dont la plupart sont à l'abandon.
Griffin Creek, entre Cap Sec et Cap Sauvagine, où s'étaient installées quatre familles fuyant la révolution américaine, deux siècles plus tôt.
Leurs descendants sont tous cousins, recroquevillés sur leur vie réglée par les contraintes et la peur d'un Dieu tout-puissant dont le pasteur Nicolas Brown tonne les lois du haut de sa chaire.

Il est vieux et seul, hormis les deux jumelles qui s'occupent de sa maison depuis qu'elles ont douze ans. Leur présence légère ne suffit pas à empêcher les souvenirs de l'été 1936 de venir le hanter.

Après lui, quatre personnages prendront successivement la parole, pour raconter ces trois mois d'été précédant la disparition de Nora Atkins et Olivia Atkins, le 31 août 1936, et après aussi.

Anne Hébert sait distiller le malaise goutte à goutte, entre les hommes jeune et vieux qui perdent la tête devant les jeunes filles et celles-ci qui ne semblent pas vraiment comprendre qu'elles sont en danger, ou aimeraient peut-être en jouer, ou les deux.

Elles n'ont de toute façon que le droit d'obéir, et celui de rêver au prince charmant, de se marier et de faire des enfants avec la bénédiction de leurs familles.
En attendant, elles sont surveillées par leurs pères et leurs frères, et Anne Hébert fait bien sentir le poids de ces regards les épiant sans cesse.

C'est d'une belle plume que la romancière québecoise accompagne ses narrateurs, adaptant son style à chacun d'entre eux et nous permettant par là même de ressentir ce qui les agite.
Elle laisse parfois traîner quelque indice, mais la culpabilité de la disparition de Nora et d'Olivia pèse autant sur tout Griffin Creek que sur l'un ou l'autre de ses habitants, jusqu'aux dernières lignes.

J'ai eu un peu de mal à rentrer dans cet ouvrage, longtemps après une première lecture qui m'avait enthousiasmée, à l'époque de sa publication.
Puis je me suis intéressée davantage à ces quelques maisons fouettées par les vents et à leurs habitants, fermés au monde extérieur, emmêlés dans leurs liens familiaux inextricables, bercés, encerclés, malmenés par les éléments.

Et après un bon tiers du livre, j'ai vraiment été emportée par la poésie étrange qui s'en dégage, comme par l'envie de savoir pourquoi-comment, et qui aussi, jusqu'au bout de cette histoire terrible.
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D'une écriture poétique, Anne Hébert fait la chronique de la disparition de deux jeunes filles, Nora et Olivia, dans un petit village côtier du Québec dans les années 30. Plusieurs voix se succèdent, de l'oncle pasteur des deux filles à Stevens, vilain canard du village et de la famille qui peuple presque entièrement le village, de retour cinq ans après son départ précipité.
Anne Hébert étouffe le crime sans doute commis par l'un des membres de la famille dans une nature sauvage omniprésente, et les non-dits tacites partagés par les habitants.
Oui, un crime a été commis, mais le récit se déroule très lentement comme pour laisser à l'événement le temps de s'interroger, aux disparues de revivre une dernière fois.
La fin, à l'évocation puissante, est magnifiquement décrite et le récit dans son entièreté est une belle expérience de lecture.
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Quelle écriture, mais en même temps que de noirceur dans ce roman de Anne Hébert ! Nous sommes plongés au coeur d'un petit village en bord de mer, dans une petite communauté chrétienne menée par un pasteur pétri du péché qu'il entend éradiquer, une communauté dont les membres semblent un peu mentalement limités, certains même idiots, sans doute dû au fait que dans cette petite communauté on ne regarde pas vers l'extérieur, on vit entre soi, à la merci des marées, des vents et des pluies. Ces vents et ces pluies qui rendent fous certains jours, eux aussi. Personne ne semble vraiment heureux dans ce village, et c'est pire encore quand deux jeunes filles, des cousines, disparaissent. Qui porte la responsabilité de cette disparition ? Un peu tout le monde sans doute… Anne Hébert, par l'intermédiaire de journaux, de lettres ou de pensées de différents protagonistes, nous guide au coeur de l'obscurité, avec un style d'écriture qui lui est propre, pas toujours facile, mais très prenant.
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J'ai peu lu de littérature canadienne et la découverte de ce livre me le fait regretter.
"Les fous de Bassan" a obtenu le prix Femina en 1982. On démarre assez étrangement avec une narration décousue sautant d'une idée à l'autre, d'événements qui n'ont pas de liens apparents entre eux suivant les souvenirs du narrateur, un vieil homme, pasteur de son état. J'étais donc perplexe et ne me voyait pas aller comme ça pendant 250 pages. Heureusement, la construction du livre est ainsi faite que plus de six personnes différentes déroulent l'histoire en autant de parties.
Les événements de cet été 1936 à Griffin Creek, petit village situé entre cap Sec et cap Sauvagine, nous sont donc relatés sous plusieurs voix, un patchwork de pensées et d'éléments qui deviennent un peu plus clairs au fur et à mesure que des détails sont apportés par chacun des protagonistes ou spectateurs de ce drame, une version propre à chacun, des sensibilités différentes.
La plume d'Anne Hébert nous envoûte, nous étonne, il y a des passages très poétiques, un peu irréels. On met beaucoup de temps à voir où l'auteure veut nous emmener, elle campe le quotidien de ces hommes et femmes dans cette région à l'aspect sauvage, rude comme les éléments.
Une communauté de quelques familles repliée sur elle même, un microcosme qui va se retrouver confronté au pire. Chaque personnage est bien décrit, attachant surtout Stevens et son frère Perceval.
Bref, ce roman fait partie des bonnes surprises d'un livre tiré au hasard d'une étagère sans savoir de quoi il retourne à part un titre énigmatique. Je reviendrai donc avec plaisir à cette littérature québécoise que je devine si riche.
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Curieux village que celui de Griffin Creek où la luminosité des deux adolescentes, Olivia et Nora, contraste avec la perversité du pasteur, l'autorité abusive des frères et père d'Olivia, la concupiscence de Stevens et la curieuse folie de Perceval. Personne ne collabore vraiment avec les policiers après la disparition des filles car “Celui qui nous trahira nous fera tous basculer dans le déshonneur”. Pourtant, dans un sens, beaucoup y sont déjà du fait de leurs comportements abjects.

Ce roman choral est envoûtant par les différentes perspectives présentées, par les non-dits, les allusions aguichantes, l'atmosphère trouble qui baigne ce coin perdu. À l'opposé, il y a cette nature, cette mer, magnifiquement évoquées, facteurs de force tranquille et de sérénité qui n'ont rien à cirer des déboires de l'homme. Anne Hébert pratique déjà le “nature writing” de la mode actuelle. Ce livre m'a fait songer à “Bondrée” de Andrée A. Michaud, pourtant écrit trente deux ans plus tard: même drame de fond, environnements semblables, excellence de l'écriture. Les deux valent amplement le détour. Pour en revenir au “Fous”, j'ai adoré ma visite dans ce village hermétique, découvert une autrice majeure et apprécié grandement cette chute qui nous rappelle trop les temps modernes.
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Un roman très fort sur un double meurtre raconté par cinq narrateurs différents.
Une histoire bouleversante , racontant les profondeurs de l'âme humaine.
l'histoire construite comme un puzzle, dans le style inégalable d'Anne Hébert.
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Livre préféré d'une de mes collègues. Pourquoi pas, s'agissant d' une auteure québécoise cela ne peut qu'ouvrir mon horizon de lecture.
L'histoire de la disparition de deux cousines, Nora 15 ans et Olivia 17 ans, plus ou moins inséparables à la fin de l'été 1936. Plusieurs voix racontent cet été 1936 et aujourd'hui : Nicolas, le révérend et l'oncle des disparues, Nora et quelques cousins de Nora.
Le roman débute par la voix de Nicolas , le révérend, marié à Irène, un mariage stérile qui finira par le suicide de celle-ci. Nicolas a des pensées peu chrétiennes vis à vis de Nora et porte énormément de culpabilité.
Ma première pensée a été un roman sur un pervers assassin campé par un représentant de Dieu un peu glauque.
Erreur de ma part, il est pas très net quand même mais le roman s'articule dans sa deuxième partie sur un des cousins des jeunes filles, Steven 20 ans, qui revient au pays après une fuite et une absence de 5 ans. Il y retrouve ses deux cousines devenues des jeunes filles qui ressentent leurs premiers émois. Un jeu de séduction sous la forme du jeu du chat et de la souris se déroule au cours de cet été 1936.
Le village est formé de 4 familles qui se marient les unes avec les autres, la cosanguinité n'est pas étrangère à l'existence de certains personnages peu intelligents mais attachants (les jumelles, Perceval).
Le vent et la mer sont omniprésents tout au long du roman.
J'ai bien aimé les tourments des personnages, leur déchirement, leurs secrets, leur façon de s'exprimer et de gérer les événements sur le moment et plus tard.
Le style de l'auteure et les phrases s'adaptent à chaque personnage, un roman avec une histoire bien triste mais bien écrite. Un livre intéressant car différent de ceux que j'ai l'habitude de lire.
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Pas vraiment captivée par les premières pages, j'avais posé ce roman emprunté à une amie sur un coin de table.
Comme on se doit de faire honneur à un plat, je suis revenue vers ces pages un peu plus tard, lors d'une promenade. Est-ce lié au lieu de ma promenade, à ma disposition d'âme ? Toujours est-il que je n'ai plus lâché le livre, séduite par la poésie propre au milieu naturel décrit, à la personnalité de certains personnages, mais aussi et surtout par l'écriture d'Anne Hébert. Ce qui m'a frappée c'est à quel point cette poésie entre en contradiction avec l'histoire racontée. Violence d'un esprit torturé, violence implicite d'un acte qui ne sera jamais vraiment dit complètement... A nous, lecteurs, de reconstruire ce qui a eu lieu, d'éprouver quels terribles faits le vent vient souffler. Silence des uns, souffrance des autres, l'auteure, comme cet inspecteur de police persévérant, relève la déposition de la conscience de chacun. Et c'est à petits traits subtils, comme on avance à petits pas, qu'elle donne à les voir progressivement.
Il est bon d'avoir des amis gourmets qui nous invitent à une table où l'on prend le temps de goûter!
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