Quel malheur que la chute de Constantinople. On oublie trop souvent que 1453 marque la fin définitive de l'empire romain, créé en 753 avant JC. Une civilisation de plus de 2000 ans - la nôtre - qui s'efface… Il faut aussi savoir la responsabilité des latins dans ce dénouement, notamment des vénitiens, qui ont définitivement fragilisé le vieil empire. Un livre à lire pour comprendre que tout passe, y compris les empires qui ont gouverné la moitié du monde…
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On dit que le tribut de la seule ville de Constantinople monte à vingt mille florins d’or par jour, impôts sur les boutiques, sur les hôtelleries et sur les places des marchés, taxes que paient les marchands qui y abondent de tous côtés, par mer et par terre. Les Grecs, habitants de ce pays, sont très riches en or et en pierreries. Ils sont habillés de vêtements de soie, garnis de franges d’or et d’ouvrages de broderies ; à les voir dans cet équipage, montés sur leurs chevaux, on dirait que ce sont tous enfants de roi.
Premières sur les routes, les troupes de ceux que nous appelons communément les « pauvres gens » semèrent l’effroi et la terreur. Ils avaient vendu leurs biens en hâte, à petits prix, et, manquant de tout, réclamaient l’aumône qu’ils pensaient due aux pèlerins. Ils menaçaient, pillaient, massacraient les usuriers juifs et chrétiens, en Rhénanie, puis à Prague, puis en Hongrie et enfin sur les terres des Grecs. « Ces pillards ne croyaient pas convenable d’acheter des vivres, ne vivaient que de larcins et de meurtres ; poussés par une fureur exécrable, ils razziaient ou brûlaient les récoltes et tous se vantaient qu’ils en feraient autant chez les Turcs. Ils enlevaient les jeunes filles, déshonoraient les mariages en ravissant les femmes à leurs époux, arrachaient ou brûlaient la barbe à leurs hôtes. »
Byzance, cette « nouvelle Rome » voulue par Constantin et construite, de 334 à 336, à l’image de l’ancienne, n’avait, elle, cessé de se développer, d’étendre ses murailles, de se peupler davantage et de s’embellir. Plusieurs empereurs grecs, si décriés par les « Romains » d’Occident, ont laissé le souvenir de grands bâtisseurs.
La naissance du capitalisme au Moyen Age, Jacques Heers