Citations sur Les négriers en terre d'islam. La première traite des Noi.. (6)
Aucun historien n’a, depuis plus de deux cents ans, nié l’horreur de la traite négrière. Et c’est bien ainsi. (…) Quel livre d’histoire maritime et quel récit d’aventures pouvait ne pas décrire les drames de la traite, des marchés, des sordides cantonnements et des traversées à fond de cale ? Mais, des musulmans et des Africains eux-mêmes, convertis ou non, pas un mot ou presque : l’on ne s’aventurait qu’à pas comptés. L’histoire de l’Afrique s’est écrite sans que l’on veuille vraiment porter attention à cette traite, la première et la plus importante de toutes.
Sur ces routes, sans exception, les Noirs captifs, hommes, femmes et enfants, furent toujours très nombreux, jusqu'à former une part importante de la caravane. Chaque traficant esclavagiste, berbère, arabe ou maure, en faisait convoyer, en longues files, plusieurs dizaines, voire des centaines à chacun de ses retours vers les grands marchés. (...) Ils utilisaient en somme les Noirs comme une réserve de capital, peut-être plus sûre que les monnaies, capital dont la valeur pouvait croître au fur et à mesure que l'on s'éloignait davantage des postes de traite et des territoires de razzias.
Au sud de la Nubie et à l'ouest de l'Ethiopie, le trafic des esclaves du Darfur, absolument crucial pour l'économie des sultans musulmans, résultait soit des ventes par les trafiquants installés sur place, Arabes pour la plupart, qui ne pratiquaient que de pauvres razzias sur les villages des environs, soit des raids directement placés sous l'autorité du sultan du Caire.
Dans les tout premiers temps de l'islam, les esclaves étaient, comme dans l'Antiquité romaine ou du temps de Byzance, essentiellement des Blancs, raflés lors des expéditions ou exposés sur les marchés par des trafiquants qui allaient les acheter en de lointains pays, très loin même des terres d'Islam.
Nos livres d'histoire ne disent que quelques mots de la traite des Noirs à travers le Sahara mais, en revanche, parlent volontiers des caravanes qui menaient l'or des "mines du Soudan" (...) Les deux traites, celle de l'or et celle des hommes, furent toujours étroitement liées et il serait évidemment impossible de dire laquelle a précédé l'autre, a suscité les premières grandes entreprises, conquêtes, chasses aux marchés, circuits et réseaux, laquelle a provoqué le plus fort afflux de richesse.
A Bagdad dans les années 800, le calife donna l'ordre formel à chaque corps de troupes ethnique d'habiter un quartier séparé.
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