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EAN : 9782253238409
288 pages
Le Livre de Poche (20/04/2022)
3.86/5   11 notes
Résumé :
Et si la remise en question des genres n’était pas la catastrophe annoncée par certains ? Et si elle ouvrait un nouvel espace d’épanouissement possible ?

Égalité des sexes, refus de la puissance patriarcale, fluidité des rôles, décloisonnement des sexualités font aujourd’hui surgir des trajectoire singulières et inédites. Entre le masculin et le féminin, ces deux piliers jusqu’ici considérés comme inébranlables, l’idée même de la dualité et de l’o... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
C'était intéressant de lire ce livre juste après avoir lu celui de Martin Winckler. Passer du point de vue d'un médecin généraliste à celui d'un psychiatre. Les dissensions sont rapides à apparaître. Ne serait-ce que sur l'assignation du genre qui parait compliqué au premier, évident pour l'autre. Il finit cependant par nuancer cette évidence plus loin dans l'ouvrage (p.100) où il détaille à son dire les différents cas de figure chromosomiques) Il déplorera alors les décisions hâtives, basées sur des critères trop subjectifs et notamment la "vraisemblance physique et la fonctionnalité hétérosexuelle des organes". Il considère qu'il s'agit avant tout du "bon vouloir" des chirurgiens.
Note à tous : la citation "on ne nait pas femme, on le devient" il va falloir arrêter, on la retrouve partout, tous les auteurs se l'approprient. L'auteur en profite pour confronter Freud à Beauvoir et, si j'ai bien compris il a l'air de sous-entendre que Freud aurait été plus féministe que Beauvoir. Je me demande encore si c'était une blague. Globalement il parlera beaucoup de Freud, sans aucun doute que c'est une partie intégrante de la formation en psychanalyse et en psychiatrie. Sachant qu'on est encore un des derniers pays à la prendre réellement au sérieux... mais bon c'était le gros point noir de l'ouvrage, pour le reste les propos sont très ouverts et intéressants, c'est un professionnel qui va dans le bon sens, sans jugement.
Grâce à lui j'ai notamment enfin compris la différence entre transsexuel (passer d'un sexe à l'autre) et transgenre (chercher sa place dans le "genre", le sexe est mis de côté) et j'ai compris - tout court - ce que signifiait "Queer" (être et s'affirmer différent, sans besoin de définir cette différence, le mouvement queer remet en cause l'existence des catégories)

Comme d'habitude, j'ai pris des notes au fur et à mesure de ma lecture pour la suite :

Paul B. Preciado a fait remarquer comme c'était intéressant de constater que pour tout chirurgie esthétique nous étions libre mais dès lors qu'on touchait au changement de genre, la société se sentait le droit de s'en mêler (il lui a fallu une certification d'un psychiatre pour se faire retirer les seins)

(p.33) "Remarquons au passage , en guise de clin d'oeil, que plus on avance dans l'égalité hommes/femmes, plus les femmes dépensent en produits de beauté et en maquillage. Autrement dit : si on ne joue pas à la fille, qu'est-ce qu'être une fille ?"
Ce passage m'a un peu interpelé, c'est une affirmation a priori sans fondement, quid des chiffres ? Un contexte éventuellement ? Quid des hommes ? Il me semble qu'ils sont eux aussi de plus en plus nombreux à utiliser des produits de beauté. On ne retient pas que ce qui nous arrange ou au moins il faut développer...

1955 (!!!) les travaux de John Money (psychologue) " (...) démontrent que le genre n'est pas inné. Au contraire, ce serait une empreinte psychologique acquise par l'apprentissage et l'expérience pouvant surpasser le sexe biologique quant au sentiment d'appartenance de l'individu à un sexe."

La France ne reconnaît toujours pas le sexe "neutre" elle a toujours ce besoin de binarité. La cour de cassation avait reconnu en 2016 que ça demanderait trop de travail juridique...

Weinstein, #metoo et tout ce qui s'en est suivi, veut mettre fin à la domination masculine considérée comme "naturelle", il y a une remise en question de l'asymétrie des relations masculins/féminins. Mais cette remise en question pose aussi la questions inévitable du jeu de séduction, en réponse : la tribune de Deneuve "Liberté d'importuner" en 2018 qui, précise-t-il, n'a été signé que par des femmes de pouvoir qui peuvent se permettre de l'abandonner (leur pouvoir) et de le reprendre aux hommes comme elles le souhaitent. Cette tribune soulève d'ailleurs une autre question, celle de la zone grise (lire le poignant témoignage de Loulou Robert paru cette année sur la question) il cite alors Michelle Perrot "Le féminisme français est tempéré, voire engluée par une tradition de courtoisie et de galanterie qui demande à être déconstruite tant elle dissimule l'inégalité sous les fleurs"

Ce mouvement #MeToo a soulevé, en fait de nombreuses questions dont celle de l'universalité des hommes ou quand "L'homme était l'Homme" pour citer Elisabeth Badinter. le mâle était la référence absolue. Aujourd'hui, les femmes aussi sont des êtres complets, universels. Être une femme ne les résume plus ni ne décide de leur destin. Être femme ne nous réduit plus à des clichés comme peuvent encore l'être de nombreuses étiquettes minoritaires (noirs, arabes, homosexuels..) (Sur ce point de vue je pense que le chemin est encore long avant que les femmes ne soient réellement libres de toute idée préconçue et de tous les carcans mais bon, il choisit de voir le positif, pourquoi pas pour une fois)

Il reste encore trop d'éducation dans ce sens, il le reconnait lui-même : biberon à la demande pour les garçons, à heure fixe pour les filles (études), d'un côté le garçon réclame et s'attend à être satisfait, de l'autre la fille subit, se plie, se soumet.
De même, expérience sur une même photo "pourquoi pleure-t-elle ?" -> Parce qu'elle a du chagrin / "Pourquoi pleure-t-il ?" -> parce qu'il est en colère, a besoin de s'exprimer. Les adultes projettent leur propre vision sur les enfants !
On s'adresse différemment à une petite fille ou à un petit garçon. Ex : les pères encouragent leur fille à montrer de l'affection et s'opposent à ce que leur fils jouent à la poupée ; on ne leur lit pas les mêmes histoires, les mères poussent leur fille à aider ; on parle en émotionnel et on sourit plus aux petites filles qu'aux petits garçons ; toutes ces attitudes façonnent, c'est un langage précoce qui s'imprègne.

Il pose alors LA question : les hommes auraient-ils peur des femmes ? Peur de leur désir (impuissance), peur de leur jouissance qui est plus forte (excision, voile..), appropriation de la fécondité et peur d'être trompé sur sa descendance (ceinture de chasteté, mythe de la virginité) peur de l'abandon...

Il évoque les difficiles transitions à tous les niveaux : dans le couple, dans la parentalité. Il déconstruit des clichés de longue date et la "Manif pour tous" en prend pour son grade pour son conservatisme dépassé et qui n'a plus grand sens. La fin de l'ouvrage se concentre sur la parentalité en évoquant la PMA, l'utilisation de la médecine à tout va.
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KJ'ai adoré le livre. On voit que l'auteur maitrise parfaitement le sujet et est très abile avec les mots que l'on emploie pas très fréquemment voire rarement si je puis dire. En effet, j'ai appris beaucoup de choses sur la transidentité, les différents miroirs de la société quand il s'agit de dessiner les formes des corps des personnes trans. En effet, la société possède plusieurs miroirs avec des verres différents qui grossissent ou rapetississent ce qu'ils ont communnément appelé défauts ou anormalité. Il est temps qu'on laisse les personnes jugés ainsi rectifier les verres des miroirs ou tout simplement détruire ces miroirs pour qu'ils ne possèdent que le leur qui est tout simplement leur subsconscient bienveillant et aimant envers leurs corps.
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Un plaidoyer très bien écrit pour la tolérance, l'acceptation de la différence, de la fluidité du genre et permettre de ne pas toujours être dans les mêmes cases. LGBTQ+ et féminisme même combat, remettre en cause le patriarcat qui fait tant de mal et laisser chacun choisir sa vie dans le respect de l'autre.
Ce livre interroge nos certitudes sur la procréation et la filiation, remettant en cause le déterminisme biologique au profit du libre choix et de l'amour.
Inspirant et convainquant.

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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Les sites pornographiques, dont les jeunes sont amateurs et consommateurs, l'illustrent à leur manière et il est intéressant d'analyser les différentes catégories qui les composent.
Les catégories « hétéro » regroupent les relations entre un homme et une femme, et aussi entre un homme et deux femmes ayant des relations entre elles, et également entre une femme et deux hommes mais ces deux là ne se touchent ni ne s'effleurent. Dans la catégorie bi, on retrouve le même trio, mais cette fois les deux hommes peuvent se toucher, s'embrasser, se pénétrer.
Dans la catégorie « homo », pas de femmes (les lesbiennes sont forcément hétérosexuels) mais uniquement des hommes en pleine action !
Ces sites pornographiques contribuent à diffuser des représentations d'une norme que les adolescents assimilent d'autant plus qu'ils les fréquentent avec assiduité : l'homosexualité masculine reste transgressive et « identitaire » alors que l'homosexualité féminine s'intègre dans les pratiques communes à la gloire de la virilité triomphante.
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La psychanalyse établit une égalité radicale chez tous les sujets parlant : nous sommes tous emprisonnés dans les fictions que nous élaborons sur nous-mêmes ! Nous choisissons des morceaux des autres qui nous entourent, et nous nous approprions ce qui nous convient, nous construisons une identité singulière en assemblant les pièces de ce puzzle. Ces autres, ce sont des hommes et des femmes, s'identifiant eux-mêmes à d'autres femmes et d'autres hommes qui jalonnent leur histoire - là est l'essence même de la bisexualité psychique, cette intrication précoce du masculin et du féminin qui se côtoient sur la scène de notre vie inconsciente.
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La question posée et d'une simplicité limpide : Qu'est-ce qui nous fait nous sentir vivant, nous sentir « être » avant même d'« être garçons » ou d'« être fille », au-delà de notre adaptation toujours marquée de soumission à notre environnement ? En réfléchissant à leur propre identification, ils se dégagent peu à peu des contraintes de l'identité, qu'elle soit masculine, féminine... Ou queer !
(...)
ainsi l'expression being : Être en train d'être, se sentir exister dans la sensation même d'exister, être présent au monde, le redécouvrir en permanence. Cette manière d'accueillir la réalité est celle de l'enfant, comme de l'analyste : une attitude intérieure toujours en éveil, ni l'un ni l'autre, ni oui ni non, ni moi ni autrui, ni masculin ni féminin, mais aussi l'un et l'autre, vie et mort, activité et passivité, les deux dimensions en même temps confondues et séparées, harmonieusement enlacées.
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Les femmes sont aujourd'hui plus offensives, elles osent montrer leurs désirs, entreprendre l'homme qui leur plaît mais comme dans tout jeu, il y a un gagnant et un perdant. Et sur ce terrain-là, hommes et femmes ne sont pas - encore - égaux. S'il perd, l'homme n'est pas atteint dans sa virilité. Bien au contraire, sa virilité réside pour une part dans sa tentative de conquête et peut même être renforcée par le respect du refus qu'il essuie. La femme qui drague et se voit opposer une fin de non-recevoir risque de perdre sa féminité, si cette féminité réside dans sa capacité à séduire.
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Nous sommes animés par 2 besoins fondamentaux, nous sentir aimés et nous sentir compétents. Le premier permet de s'ouvrir à la relation affective, amoureuse, charnelle, avec ce qu'elle charrie de peurs et d'angoisses, de scénarios fantasmatiques. Le second permet l'estime de soi et ouvre au champ sociale, la façon dont on prend son destin en main et sa place dans la société, dont on va agir sur le monde, l'habiter, peut-être le transformer.
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Videos de Serge Hefez (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Serge Hefez
Une conversation présentée par Raphael Zagury-Orly Avec Isabelle Alfandary, auteure et professeure Belinda Cannone, auteure Serge Hefez, psychiatre
Le «un» n'est jamais le chiffre de la vie. Certes, il y a les organismes unicellulaires, bactéries, levures, plancton et autre protozoaires… Mais eux aussi on besoin de quelque chose d'autre, d'un milieu.. A la base de toute molécule organique, outre la durée temporelle et les sources d'énergie, se trouvent des multiplicités, des altérités, des combinaisons d'éléments, carbone, oxygène, hydrogène, eau, azote, dioxyde de carbone, diazote… Bien sûr, cela fait la vie sur Terre, la vie des vivants, mais ne dit rien sur la façon dont les êtres humains, eux, choisissent de la porter, cette vie, c'est-à-dire d'exister. de là aussi l'unicité est exclue: on vient au monde «plein des autres», le monde ne vient à l'enfant que par les autres, et il n'y tient que si d'autres d'abord le tiennent et tiennent à lui. Né d'une union qu'il n'a pas choisie, il lui appartiendra ensuite de s'unir volontairement à qui il voudra, par affinité, par intérêt même, par amitié, par amour, et de constituer des couples, des clans, des groupes, des familles, des communautés, des sociétés… Il se peut dès lors que des personnes, pour supporter le faix de la vie, choisissent de la porter à deux, de faire de leur cohabitation une convivance, et de leur existence une coexistence, le plus souvent solidifiée par le ciment de l'amour. La «vie à deux» devient dès lors une vie rêvée que les partages quotidiens rendent réelle. Mais est-ce si sûr? Combien coûte le sacrifice du «un», de la libre et insouciante existence solitaire, qui n'a de comptes à rendre à personne? Combien coûte le sacrifice du trois, ou du quatre, d'union plurielles où la diversité fait loi, où les plaisirs varient et s'égaient de ne point devoir s'abreuver à une seule source? Est-il possible qu'une «vie à deux», soudée par le plus bel amour, résiste aux soudaines envies d'autonomie, demeure imperméable aux petites disputes, aux grosses scènes de ménage, aux soupçons, aux jalousies, aux perfidies, aux humeurs insupportables, aux messages indus sur le portables, aux désirs d'être seule(e), de partir seul(e), de dormir seul(e)? On ne sait pas. On ne sait pas si la «vie à deux» est le paradis de l'amour ou l'enfer de la liberté.
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