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Critique de fanfanouche24


Vu le grand nombre des critiques de ce livre... Je vais patienter pour les lire après avoir rédigé mes propres impressions sur cette lecture aussi passionnante que passablement déroutante !

Une rapide parenthèse pour dire et redire mon enthousiasme pour la qualité des choix des éditions Gallmeister...
Découverte complète de ce texte et de cette auteure qui a édité avec beaucoup de difficulté ce roman, il y a plus de 20 années [1996], qui finalement connut un grand succès !

Deux adolescentes, Nell et Eva, se retrouvent orphelines, complètement isolées dans la maison familiale, au coeur de la forêt, dans un monde qui s'effrite: plus d'électricité, plus de téléphone, plus de magasins, plus de médecins, plus d'hôpitaux; plus d'écoles, etc.

Elles doivent se débrouiller pour survivre... Il y a l'évocation de leur enfance, avec des parents aimants et excentriques, leur vie atypique au coeur de la forêt, où elles sont non scolarisées...et vivent, apprennent à leur rythme
Cette fiction à maintes égards était très en avance !

Fiction époustouflante... qui après des années, n'a pas pris une ride, en dénonçant déjà de façon sous-jacente notre société de consommation....

Ces deux soeurs se retrouvent seules à faire face pour survivre, déployer toute leur imagination et leur inventivité pour rester en vie...
C'est alors un apprentissage en profondeur de la nature, de l'essentiel ...

Dans cet espace vierge, dépourvu de toute civilisation, et quasi de trace humaine, les deux soeurs doivent réinventer "leur vie, leur chemin", dépasser leurs différences ainsi que leurs désaccords, comme comment
utiliser au mieux le peu d'essence qui leur reste ?!
Nell avait la possibilité de partir avec son petit ami, pour Boston, à pied... espérant un avenir meilleur, mais au bout d'une journée de marche, Nell renonce, ne se résoud pas à abandonner sa soeur, la seule famille qui lui reste....
Hormis ce huis clos sororal réconfortant [même si quelque peu tumultueux], l'arrêt de toute activité, les coupures d'électricité , l'absence de ligne téléphonique, plus d'essence , et la barbarie, la sauvagerie pointeront à l'horizon comme dans un no man's land, un territoire qui n'a plus ni loi ni limite où chacun se débrouille comme il pourra... en sachant que tout pourrait être permis et survenir !!

Le récit pourrait être des plus angoissants, mais l'amour très fort entre ces deux soeurs leur permet de garder énergie et volonté, en dépit de toutes les difficultés à assumer; les souvenirs aimants et heureux avec leurs deux parents est un terreau nourrissant, vivifiant, leur permettant en évoquant les beaux souvenirs, de se ressourcer, de tenir bon...

Un texte insolite, troublant... comme si ces deux soeurs,
seules au monde, recommençaient à leur manière, une
histoire de l'Humanité. Devant survivre, elles se rendent
compte qu'elles n'ont pas été assez attentives, qu'elles ne se sont pas assez intéressées à ce que leur père leur transmettait sur le potager, la forêt...et qu'au début des temps, les humains ont survécu avec rien, avec cette nature qu'ils ont apprivoisée, appris à connaître...

Je redis la joie et l'enthousiasme d'avoir lu et pris connaissance de l'univers original de cette auteure américaine, Jean Hegland... Je serai curieuse de
connaître ses autres écrits... et les autres thèmes qu'elle a pu traiter....

Une lecture qui fait, de plus, abondamment réfléchir... qui restera , j'en suis sûre très longuement dans mon esprit....

Je terminerai par cet extrait...significatif, de l'ampleur des réflexions suscitées par cette fiction, où Nell et Eva, les deux soeurs trouveront leur manière de "recommencer" une vie autre, après toutes les épreuves vécues ensemble pour survivre et surmonter leurs peurs ...Elles se sont délestées de tout ce qui faisait leur existence passée,
pour apprendre à réfléchir et aborder leur passage sur cette terre , autrement...


"— Quand l'homme est-il apparu ?
— Quoi ?
— Quand a-t-il évolué ?
— Homo sapiens sapiens est apparu à la fin du Pléistocène moyen, ai-je
répondu, citant l'encyclopédie.
— C'est-à-dire ?
— L'homme est apparu il y a au moins cent mille ans. Peut-être même
deux ou trois fois ça.
— L'homme est apparu il y a au moins cent mille ans. Et depuis quand
l'électricité existe ?
— Eh bien, Edison a inventé la lampe incandescente en 1879.
— Tu vois ? Tout ça… (et d'un ample mouvement du bras, elle a
désigné les pièces de la seule maison que j'avais toujours connue) n'était que…
comment l'as-tu appelé ? Une fugue dissociative.
Elle a montré ensuite l'obscurité qu'encadrait la porte ouverte.
— Nos vraies vies sont là-bas.
— Mais que se passera-t-il si on a n'a plus à manger, ou si on tombe malade ?
On pourrait mourir.
— On peut se retrouver sans plus rien à manger ou tomber malade ici.
(Elle a éclaté de rire). Nellie, l'homme meurt depuis au moins cent mille ans.
Ce n'est pas important de mourir. Bien sûr qu'on va mourir." (p. 296)
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