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Critique de Fleitour


En se parachutant le long de la ligne Siam-Birmanie aussi appelée voie ferrée de la mort, Vincent Hein évoque pour nous pas seulement la rivière kwaï et son célèbre pont mais découpe dans l'histoire de la seconde guerre mondiale des événements douloureux liés à la présence du Japon et de ses extravagances.


Ce texte assez court moitié autobiographique, moitié historique s'égraine en 17 courtes fresques qui racontent par alternance, un événement historique puis le souvenir d'un parent plongé au coeur des combats.

L'auteur commence son récit en juillet 2014 à Kanchanaburi en Thaïlande, un prétexte pour se moquer des bars louches, plus crûment les bordels de la ville, Bangkok no money, no honey ».

Vincent Hein pétri de culture chinoise rappelle les circonstances, qui ont déclenché la guerre sino-japonaise.

Hirohito à 25 ans, quand ce jeune homme, monte sur le trône et devient Empereur du Japon. Entouré de généraux batailleurs et xénophobes, on le persuade d'envahir l'Asie, pour le charbon et le pétrole. En 1937 Pékin tombe sous un faux prétexte.


"Ils s'imaginent conduire une guerre sainte, une croisade, un combat divin.
Ils bombardent Nankin, enjambent les fortifications, ouvrent en grand les portes de la ville et massacrent vraisemblablement entre 50 000 et 90 000 personnes, page47"

"Page 48 Hein raconte que Hitler lui-même fut sidéré !"

Hirohito est un Dieu, et un Dieu qui veut son train nous sommes en 1942.
Dans cette ville de Kanchanaburi l' impressionnant cimetière rappelle l'hécatombe subie par les prisonniers de guerre, la réalité vous prend à la gorge.

Environ 180 000 civils autochtones et 60 000 prisonniers ont été forcés de travailler à la construction du chemin de fer. de ce nombre, environ 90 000 civils et 16 000 prisonniers de guerre sont morts lors des travaux bouclés en un an !


Les épreuves subies par les prisonniers du Commonwealth, lui rappelle douloureusement le camp de la mort située en Alsace, à Natzweiler- Struthof, ou son oncle Hubert fut défiguré.

" Ils lui coupèrent les oreilles à l'aide d'une baïonnette et son nez avait disparu au fond de cette cavité pleine de sang !page 65", il fut sauvé par un détenu, un jeune médecin qui le bricola comme il pu.
Après la guerre, il n'avait plus que la musique et les livres pour seules raisons de vivre.


Rassurez-vous le pont lui-même de la rivière Kwai, le film et le livre de Pierre boulle, sont très largement commentés, la prestation du jeune comédien américain Nicholson, et son impertinence sont largement disséquées : "ces gens-là dit-il sont tout juste sortis de l'état de sauvagerie et trop vite, les Japonais bien sûr."


Les bons livres sont souvent trop courts, comme celui-ci. J'ai retrouvé cités, de nombreux livres, Vincent Hein, dresse en effet une liste pertinente de livres , dans laquelle on pourra puiser avec bonheur.
Ce que je retiens c'est le style, plein d'imagination et de finesse, de singularités langagières, de belles descriptions de paysages, et une fougue qui vous fait traverser ce récit, à vive allure.

Vincent Heine fait vibrer tous les sens, on peut puiser allègrement des "senteurs de raisins mûrs" , "la chaleur enveloppante de ses bras" , "on vibre de toutes les couleurs", "le gros cocker roux comme une belle-mère avec des yeux tristes."

Un livre glaçant parfois mais qui se déguste avec bonheur.
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