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François Mathieu (Traducteur)
EAN : 9782864242888
247 pages
Editions Métailié (19/01/1999)
3.44/5   8 notes
Résumé :
Bien que cela leur fût depuis longtemps interdit, en mai de cette année-là, les tziganes s’installèrent à Guldenberg. A la fin de l’été, des écoliers trouvèrent Horn pendu dans la forêt. Il n’y avait aucun rapport entre les deux événements, mais ils restèrent indissolublement liés dans la mémoire des habitants de la petite ville. Les tziganes, on ne les revit jamais plus. La mort de Horn fit à Guldenberg l’effet d’un coup de tonnerre dans un ciel serein.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Horns Ende
Nouvelle Traduction : François Matthieu

Extraits
Personnages


Publié cinq ans après "L'Ami Etranger" mais achevé bien avant lui, "La Fin de Horn" permet à son auteur de donner la pleine mesure de son style avec un récit complexe et foisonnant, où chacun tente de fuir ou de ranimer ses souvenirs autour de la mort d'un homme. Qu'en est-il exactement des raisons de cette mort ? Pourquoi Horn est-il allé se pendre à un arbre, dans la forêt de Guldenberg ? Etait-ce une affaire personnelle ou politique ? Et la version officielle de l'histoire recoupe-t-elle bien les évènements ?

Hein aime à dénoncer les mille manières que peut avoir une société totalitaire pour étouffer, pour écraser un homme - et pour bâillonner les autres. Il pose ici la question de la falsification de la mémoire collective par des procédés dont celui - bien connu des staliniens pour ne citer qu'eux - qui consiste à gommer un tel ou un tel sur une photographie officielle reste le moins subtil. Il reste entendu que ce que l'on peut faire à l'échelle mondiale, est aussi possible dans une dimensions plus privée, lorsque les circonstances l'exigent.

Infime rouage administratif, envoyé pour une faute vénielle sur la voie de garage qu'est le musée de de Guldenberg, Horn est un homme réservé, qui se livre peu mais fait honnêtement son travail d'historiographe. Jusqu'à ce qu'une nouvelle erreur de sa part, provoquée par cette partie de lui qui refuse de penser "selon la ligne", vienne réveiller les vieux démons et ramène à son domicile deux policiers d'un genre très spécial, qui lui rappellent fort à propos que sa soeur a quitté illégalement le pays et qu'on le suspecte d'entretenir des relations avec elle ...

Autour de Horn, une petite ville thermale assoupie sous les brumes de l'hiver ou sous l'entêtant soleil de l'été et où les jours s'écoulent avec une feinte insouciance. Et les narrateurs qui nous restituent leurs souvenirs fragmentés : Kruschkatz, le maire, qui aurait tant voulu que les choses ne se fussent pas déroulées ainsi ; le Dr Spodeck, un cynique qui gagne à être connu ; Gertrud Fishlinger, l'épicière, peut-être le personnage le plus attachant du roman ; Thomas qui, adolescent, a découvert le corps de Horn, pendu à un arbre dans la forêt, et puis, de temps à autre, Marlene, la fille "différente" mais chérie de M. Gohl, personnage qui nous rappelle l'une des pages les plus inhumaines de l'époque nazie. Tous ont connu Horn, tous ont vécu le drame et tous le déplorent. Certains regrettent de ne pas avoir su écouter, voir, prévoir ... Et d'autres regrettent d'avoir détourné le regard pour, justement, ne pas voir.

Un roman d'une grande richesse stylistique, qu'on a plaisir à lire à haute voix. Un roman bourré d'émotion mais qui ne tombe jamais dans le mélodrame. Un roman qui, mieux que "L'Ami Etranger", nous fait pénétrer dans l'univers de Christoph Hein, assurément l'un des plus grands auteurs allemands contemporains. ;o)
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L'histoire sepasse dans une petite ville de l'ex RDA, dans laquelle Horn, a été muté aprés son exclusion du parti communiste. Blessé par cette mesure il se retrouve face à l'homme qui l'a exclue et qui vient de prendre le poste de maire de la ville. En butte à la bassesse et à la méchanceté de ses concitoyen il subie une nouvelle dénonciation fausse de la part d'un adjoint de la mairie. Il se suicidera.
Le roman nous raconte cette fin à travers les actions , les pensées et réflexions de quelques habitants de la ville, dont un enfant Thomas.
Autour de l'histoire de Horn, c'est celle des habitants de la ville qu'on découvre. Les rêves les espoirs les échecs apparaissent. L'histoire, la période nazi sous tendent des comportements.
Forte histoire prenante intéressante, avec des personnages attachants.
Le texte est plutôt dense épais, il nous fait ressentir la pesanteur de la ville et des mentalités des habitants. Pas forcément facile ce style, surtout après la lecture d'un Weyergans, mais un bon livre à mon goût.
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La fin de Horn est un roman choral qui donne la parole à cinq personnages, cinq habitants d'une commune de RDA : le maire, le médecin, l'épicière, un adolescent et une jeune femme ayant un handicap intellectuel. À travers leurs témoignages et leurs souvenirs subjectifs et parfois contradictoires, ils racontent les événements qui ont marqué leurs vies, surtout pendant cet été où Horn, un homme muté dans leur village par mesure disciplinaire du parti, a été retrouvé pendu à un arbre.

Un roman très intéressant pour qui s'intéresse à l'histoire allemande du XXe siècle, mais dont ma lecture a été assez ardue. J'ai mis une dizaine de jours à le lire malgré ses 250 pages. Sans être compliqué, le style est particulièrement dense et le récit très noir, avec en toile de fond les stigmates du nazisme et du communisme.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
[...] ... En mai 1943, on vint chercher la fille [des Gohl]. [Ils] avaient longtemps réussi à soustraire leur fille à l'Etat, qui plaçait les malades dans des foyers spécialisés, de façon, comme on disait officiellement, à ne pas compromettre la bonne santé du peuple. Plusieurs années durant, les Gohl avaient réussi à cacher leur fille dans leur maison jusqu'à ce qu'à la suite d'une dénonciation écrite, la municipalité ne puisse plus faire autrement que signaler l'existence de cette petite malade au Gauleiter. On était venu la chercher en mai, et on leur rapporta en septembre l'avis de décès et l'urne avec ses cendres. D'après le certificat de décès, elle était morte d'une pneumonie. M. Gohl fit déposer l'urne dans le cimetière de la forêt et dresser une petite pierre blanche, sans nom ni date. Sur la pierre, une simple croix dorée.

Depuis qu'on leur avait pris leur fille de force, les Gohl ne quittaient plus guère leur maison. On le voyait parfois, lui, aller faire les courses : à l'époque, il achetait encore tout chez Grosser, en haut, près de l'ancienne foire aux bestiaux. Il lui arrivait aussi de se rendre aux thermes, avec un gros paquet sous le bras, et d'exposer ses peintures dans le foyer puis, assis à côté, d'attendre patiemment les acheteurs. Parfois des gens de la ville lui adressaient la parole pour le consoler, mais jamais il ne leur répondait. Il se contentait de les regarder sans rien dire, les yeux remplis de larmes.

A la fin de l'année, quelques mois après l'inhumation des cendres, une effroyable rumeur se répandit pour la première fois dans Guldenberg. Pendant quelques jours, toute la ville en parla discrètement, presque sans le dire. Et tout aussi soudainement qu'elle était venue, la rumeur disparut. Personne n'était peut-être vraiment au courant, mais peut-être aussi que cette rumeur était tellement horrible que l'on préféra ne pas lui prêter attention. Je crois que dans notre ville l'on n'y pensait même plus.

Mais au printemps suivant, il se confirma que la terrible rumeur était vraie. Des promeneurs avaient vu la fille de Gohl, qui entretemps était devenue une grande jeune fille, jouer dans le jardin. Manifestement, l'année précédente, c'était la mère que l'on avait emmenée au lieu de la fille. Mme Gohl avait dû réussir à tromper les autorités et, sous le nom de sa fille, à se faire emmener dans l'un de ces établissements où l'Etat internait les gens qu'il avait condamnés à mort pour cause d'"existence inutile."

Marlene, la fille de Gohl, vivait. Dans l'urne déposée dans la forêt, il y avait les cendres de Gudrun Gohl, la mère de la jeune simple d'esprit. ... [...]
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[...] ... - "Docteur, je n'arrive pas à dormir. Quel est le rapport avec mes parents ? Vous me prenez pour un fou ?

- Sur le plan médical, je ne peux pas l'exclure a priori, monsieur le maire.

- Ne m'énervez pas. Je peux être désagréable.

- Je ne cherche pas à vous énerver, monsieur le maire. Vous venez à ma consultation sans rendez-vous. Je mène mon examen comme bon me semble.

- D'accord, mais alors pourquoi avez-vous besoin de savoir quelles maladies ont eues mes parents et toute ma famille ? Docteur, puis-je vous poser une question ?

- Je vous en prie.

- Que faisait votre père ? Ce n'était sûrement pas un ouvrier.

- Il était patron. Je crois que vous diriez que c'était un capitaliste.

- C'est à peu de choses près ce que je pensais. C'est votre maladie héréditaire, docteur. Mais nous ne sommes pas rancuniers. On ne peut pas choisir ses parents.

- Exactement.

- C'était donc un capitaliste. Il avait une usine ?

- Est-ce que les établissements thermaux Böger vous disent quelque chose ?

- Non.

- Ce Böger, c'était mon père. C'est lui qui a fait construire notre station thermale.

- Un capitaliste philanthrope, n'est-ce pas ?

- Je ne dirais pas cela, monsieur le maire. Ce n'était pas un philanthrope. Pour lui, c'était une bonne affaire. Une très bonne affaire.

- Jusqu'à ce qu'on le dépossède.

- Il n'a pas connu cet épisode. Il est mort deux ans avant la défaite.

- De quelle défaite parlez-vous ? Vous voulez dire la libération ?

- Vous avez raison, monsieur le maire. Après tout, une défaite, c'est toujours un peu une libération." ... [...]
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J’ai aujourd’hui soixante-treize ans et s’il fallait que je formule en une phrase toute l’expérience accumulée au cours de ma vie à l’intention d’une postérité que rien de cela n’intéresse, je dirais que l’histoire n’existe pas. L’histoire est une métaphysique de secours qui sert à accepter sa propre disparition, le joli voile qui entoure le crâne vide de la mort. L’histoire n’existe pas, car nous avons beau entasser de petits cailloux autour d’une époque révolue, nous ne faisons que classer et réveiller sous notre souffle de petits bouts d’argile et des photos noircies, les falsifier au gré de la déraison de nos pauvres têtes et donc nous tromper complètement sur leur sens.
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L’homme a créé les dieux pour lui seul, afin de pouvoir vivre avec l’insoutenable réalité de la mort, et créé la fiction de l’histoire, afin de donner un sens à la fuite du temps, qui lui permette de comprendre et de supporter ce qui n’a pas de sens. L’histoire dans le dos et Dieu devant soi : voilà le corset qui permet de marcher droit. [] Les morts n’ont pas besoin de corset.
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L’homme a créé les dieux pour lui seul, afin de pouvoir vivre avec l’insoutenable réalité de la mort, et créé la fiction de l’histoire, afin de donner un sens à la fuite du temps, qui lui permette de comprendre et supporter ce qui n’a pas de sens. L’histoire dans le dos et Dieu devant soi : voilà la corset qui permet de marcher droit. Et je crois que le râle du mourant est le début de la reconnaissance de la réalité. Les morts n’ont pas besoin de corset.
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Christoph Hein : La fin de Horn
Olivier BARROT est à Evian et évoque le livre de Christophe HEIN "La fin de Horn". Il résume l'intrigue du livre et le style.
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature des langues germaniques. Allemand>Romans, contes, nouvelles (879)
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