Au travers de séjours dans différents pays d'Asie, Corée, Japon, Chine et Mongolie, Vincent Hein nous livre ses poétiques impressions de voyage.
Ce petit livre s'est retrouvé de façon tout à fait inattendue dans ma boite aux lettres, envoi d'un éditeur prévenant. J'ai décidé de le conserver pour mon voyage, il a donc été lu quasi entièrement dans la steppe mongole.
Quand on fait un tel voyage, totalement dépaysant, à la rencontre de cultures si différentes de la nôtre, de paysages étonnants, on devrait toujours être accompagné d'un livre comme L'arbre à singes. La poésie des mots et de la langue de l'auteur mettent le lecteur dans une ambiance proche de la rêverie, c'est très relaxant d'une part et procure un sentiment d'évasion qui est en adéquation avec la réalité d'autre part. L'exact opposé de lire Petit traité sur l'immensité du monde dans le RER. Seul regret ? Que le chapitre concernant la Mongolie soit si court.
Si la plume de Vincent Hein est poétique, utilisant un vocabulaire soutenu que l'on lit peu de nos jours, c'est par les portraits que le texte m'a vraiment touché. L'auteur a le sens de la description des personnes : les adjectifs imagés, les comparaisons nous donnent l'impression que l'être décrit se tient juste à côté de nous.
Un livre plein de poésie et de jolis mots, à embarquer avec soi à l'autre bout du monde.
L'auteur, cette fois, nous emmène dans un périple allant de la Mongolie au Japon en passant par la Corée, avec sa femme et son fils. J'ai aimé retrouver ce lyrisme tout particulier et les mille petits détails qu'il sait nous donner à voir. Son écriture me fait penser à ces dessins chinois ou japonais que j'aime regarder de longs instants. Je peux passer facilement vingt minutes à observer les plumes d'une grue, sans y voir la moindre perte de temps : c'est une forme de méditation des plus apaisantes. La lecture des carnets de voyage de Vincent Hein me fait le même effet : il me ramène au sens aigü de la beauté qui se niche dans le moindre détail et petit fait.
L'auteur sait allier un style humoristique, caustique et tendre, sans se départir d'une retenue distanciée. Son style fait de courtes phrases repose de Proust qui n'est pas allé en Chine, à ma connaissance ! Un agréable voyage.
Un parcours initiatique, parcours physique et moral, au travers de l'Asie à la poésie duquel j'ai été peu sensible, malgré quelques perles d'auteur à souligner.
Devant l'autel, une vieille dame cacochyme, en tongs et bigoudis, s'agenouille, élève ses mains jointes jusqu'à son front, se prosterne trois fois, se relève doucement, ouvre son sac à main puis dépose deux cents dollars hongkongais dans l'urne des offrandes.
Tous deux parlent un anglais très appliqué et prévenant. Ils sont d'une minutie extrêmement touchante, avec la phrase, sa grammaire et sa ponctuation. On dirait qu'ils craignent d'abîmer les mots, de les corner, de les rayer et, du coup, le posent les uns après les autres, avec beaucoup d'égards, comme on le ferait avec un bibelot fragile ou un objet extraordinairement travaillé. Cela donne de la courtoisie, de la chaleur aux propos et rend la conversation très agréable.
A côté de moi est assise une femme âgée au visage couperosé et maillé comme une carte routière. Du menton ou de la lèvre du bas, plusieurs itinéraires s'offrent s'offrent à celui qui voudrait se rendre au front. Elle porte sur les genoux un panier d’œufs cuits dans le thé, qui donne à la coquille une jolie teinte vert amande, et qu'elle s'en va vendre un peu plus loin. Elle sent le son et quelque chose qui ressemble à la luzerne fraîchement coupée. Ses mains tremblent doucement, elle me regarde autant qu'elle peut et je la trouve jolie. Peut-être un peu engoncée tout de même au fond du col de sa veste molletonnée. Elle répond immédiatement à mon sourire par un sourire très doux, puis avec l'index trace sur la paume de sa main trois ou quatre caractères que je ne comprends pas. Je m'en veux d'être aussi "bouché" et d'avoir tant de mal à retenir cette langue. Elle me sourit de nouveau et dans ses yeux j'ai maintenant l'impression de lire un "ça ne fait rien...". Puis elle m'offre un de ses œufs, un gros, qu'elle astique sur sa manche, comme si j'avais six ans et qu'il fallait me consoler.
Les rêves, et cette manie qu'ils ont d'avoir toujours le dernier mot...
C'est une figure, M. Zhou. Petit, chauve, une tête sans cou, bouffie d'alcool et posée sur des épaules aussi larges qu'une commode, il règne sur ce quartier - dans lequel il est né-, en tyranneau atrabilaire, gueulard, exaspéré par un rien.
Hymne aux femmes de toute condition dans une société féodale, ce chef d'oeuvre de la littérature classique chinoise fait évoluer plus de 400 personnages. De quel roman s'agit-il ?