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Critique de Aifelle


Konstantin Boggosch est né en 1945, à la fin de la guerre. Il n'a jamais connu son père, exécuté par les Polonais en tant que criminel de guerre. Sa mère, disant tout ignorer des actes de son mari, a repris son nom de jeune fille pour que ses deux fils ne portent pas le poids des fautes du père.

Peine perdue, Konstantin sera poursuivi toute sa vie par cette origine infamante. le roman commence alors qu'il a soixante sept ans, vit avec sa deuxième femme, Marianne, en Allemagne de l'Est et reçoit la visite d'une jeune journaliste qui veut écrire un article sur sa carrière d'enseignant. Il refuse catégoriquement d'évoquer son passé, mais se le remémore en détail pour lui-même.

A 14 ans, Konstantin est un jeune garçon très doué pour les études, mais le passé de son père lui interdit l'entrée au lycée. Peu tenté par un contrat d'apprentissage, il s'enfuit en Allemagne de l'Ouest, chez un oncle, ardent défenseur de son père, puis en France où il se retrouve à Marseille. Il a une idée fixe, entrer à la Légion Etrangère où on ne lui demandera rien sur sa filiation. Les légionnaires se moquent de lui et le renvoient, pas dupes de son mensonge sur son âge.

Il fera la connaissance d'un libraire particulier et de ses amis, qui le prendront sous leur aile. Ils ont été résistants et il leur tait soigneusement ce que son père était. de plus en plus mal à l'aise avec son mensonge, il finit par rentrer en Allemagne juste au moment où le régime construit le mur, rendant la frontière infranchissable.

Il est heureux de retrouver sa mère, mais sa situation est peu enviable, soupçonné d'avoir voulu s'enfuir à l'ouest. Il pense qu'il va pouvoir reprendre des études après ce qu'il a fait en France, mais son dossier est toujours là, l'ombre de son père aussi. Toujours ce sera un obstacle à sa propre vie.

Je ne peux pas entrer en détail dans cette histoire dense et touffue mêlant la trajectoire personnelle de Konstantin et la vie dans cette Allemagne d'après-guerre coupée en deux, d'abord avec une certaine souplesse, puis ensuite séparée de façon hermétique.

C'est l'aspect historique qui m'a le plus passionnée, avec l'impact du passé qui empêche Konstantin de se réaliser comme il le voudrait. Il se referme considérablement, sa deuxième femme ne sait même pas qui était son père. Il ne fréquente plus depuis longtemps son frère, qui lui, vénérait cet homme qui était prêt à ouvrir un camp de concentration à côté de son usine.

Konstantin est débrouillard et hardi, il se bat constamment pour se faire une place. Sa mère lui a apporté de solides atouts en les obligeant à parler une langue différente chaque jour de la semaine. Il se rendra compte tardivement que si elle vit en faisant des ménages, c'est que le régime en place ne l'autorise pas à exercer comme enseignante à cause de son mari.

Le seul (petit) bémol que je pourrais apporter à ma lecture est une certaine froideur dans la narration, mais qui finalement colle bien avec la solitude que ressent Konstantin, enfermé dans son secret.

Une excellente découverte sur les conséquences durables d'une guerre, même lorsqu'elle est terminée.
Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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