La malinformation. Plaidoyer pour une refondation de l'information

Un ouvrage court qui prétend démonter les rouages de l'information "actuelle" (l'ouvrage date de 2003) et pose le concept de "malinformation" pour qualifier ce qui ressort de la presse et des médias audiovisuels.

L'idée de départ était séduisante, mais la construction de l'ouvrage tombe totalement à côté. En fait, il s'agit de l'illustration même de ce que l'auteur appelle "malinformation".
En gros, il s'agit d'employer un néologisme pour qualifier quelque chose que l'on peut déjà appeler par son nom et un adjectif ("mauvaise information"). On obtient un concept qu'on ne définit pas vraiment ou en tout cas dont la définition est si plastique que ce n'est pas si grave si on perd de vue son idée originelle.
On secoue dans un paquet de mots et de pseudo-analyses qui relèvent du constat d'évidence et du bon sens, et tadaaa, on a un essai.

Je me montre assez sévère et ce n'est probablement pas mérité, d'autant que cet ouvrage date de 2003 et donc d'avant BFMTV, dont les mécanismes inspirés des médias continus américains ont largement été anticipés par M. Heinderyckx. Néanmoins, je suis passablement agacé quand je vois qu'un petit essai de moins de 100 pages rédigé par un universitaire n'est JAMAIS illustré ou approfondi. Constater la surface des choses pour passer à un autre sujet, c'est ce que cet ouvrage fait tout en le dénonçant. Certes, ce qu'il dit est vrai, certes on le constate tous les jours depuis plus de dix ans et cela tend à conforter ce qui est ici écrit. Mais où est l'originalité? Où est l'analyse factuelle, la démonstration intellectuelle, la conclusion scientifique? Hé bien pas dans cet ouvrage, et c'est bien dommage.

Quant à la conclusion, qui prétend proposer des pistes pour améliorer les choses, elle ne représente que quelques pages sans grand intérêt. Se borner à dénoncer la logique de marché de l'offre et de la demande en ce qui concerne l'information, c'est passer à côté d'une part de ce qu'est l'offre & la demande en matière d'information, et surtout, confondre le divertissement dont les formes sont issues de la demande, et l'information qui est façonnée par l'offre. M. Heinderyckx semble penser que le problème vient avant tout des populations qui réclament des infos people (qui ne sont que du divertissement et non de l'information) et non des médias qui habituent leurs lecteurs et spectateurs à une information de mauvaise qualité, tronquée, manipulée et déformée, par la propre incompétence des journalistes sur les sujets qu'ils essaient d'aborder, avec bonne ou mauvaise foi.

Bref, un ouvrage pour rien, qui sans être mauvais, n'est pas original et n'apporte rien de concret. C'est très dommage.