Lorsque les éditions ActuSF que je remercie au passage, m'avaient proposé
La forêt des araignées tristes en service presse, j'étais très enthousiaste à l'idée de découvrir ce premier roman de
Colin Heine. En effet, le titre mystérieux et poétique, la couverture très réussie de
Dogan Oztel ainsi que l'univers steampunk m'avaient immédiatement attirée laissant présager une lecture sous les meilleures auspices. Malheureusement, mes attentes ont été quelques peu ébranlées.
Au XIXème siècle, la Gallande évolue non seulement au rythme d'une géopolitique compliquée avec son voisin la Germanie mais doit aussi s'adapter suite à une catastrophe écologique. Cette dernière a eu pour principal effet une brume appelée vape qui a recouvert une bonne partie de son territoire et qui semble abriter des créatures étranges, voire menaçantes. Les hommes ont donc dû s'en protéger et construire en hauteur mais surtout grâce à leur habileté, ils ont su en tirer une énergie sur laquelle leur société est désormais basée. Tout fonctionne grâce à la vape : des moyens de transport (comme les tireurs, sorte de tramway volant qui relie les différents lieux de la ville) aux technologies comme les caméras.
Dans la capitale Gale, Bastien de Corville est un jeune paléontologue naïf et idéaliste, en quête d'écriture d'un livre scientifique. Mais un jour, alors qu'il participe à l'Omniexposition, il monte à bord d'un tout nouveau prototype de dirigeable qui se conduit seul. Malheureusement, l'appareil endommagé à cause d'une gargouille lubrique finit dans les eaux du lac. Bastien s'en sort alors par miracle mais il se retrouve bien vite plongé dans une aventure qui le dépasse.
Avant de débuter ma lecture, j'avais en tête deux chroniques négatives et une autre un peu plus mitigée au sujet de ce roman. Malheureusement, je rejoins l'avis de mes camarades sur certains points négatifs :
– un titre et une couverture peu en adéquation avec le contenu du roman. Il est vrai que les araignées ne constituent pas la trame principale du récit et sont finalement très peu présentes. Quant à la forêt dépeinte dans la couverture, elle ne constitue qu'un tout petit passage, la grande partie du roman se situant plutôt dans un cadre urbain et à Gale.
– un personnage principal un peu béotien. En fait, je pense que l'idée de départ de l'auteur était de rendre Bastien idéaliste ou naïf pour que le lecteur ressente de l'empathie vis à vis de lui. le problème, c'est que dans certaines scènes, son angélisme s'apparente davantage à de la stupidité! J'ai en tête deux exemples : le premier lorsqu'il se rend auprès du commanditaire de l'accident du dirigeable… avec la preuve qui l'incrimine! Quant au second, sa propre gouvernante doit lui expliquer en détail la théorie selon laquelle, l'accident ne serait peut-être pas aussi fortuit qu'il en avait l'air.
– une intrigue bancale et décousue. Je pense qu'il s'agit là du plus gros défaut du roman. J'avais le sentiment que l'intrigue partait dans tous les sens avec des personnages (comme le frère de la gouvernante) faisant leur apparition soudainement pour ne plus réapparaître par la suite ou d'autres arrivant comme un cheveu sur la soupe en plein milieu pour finalement jouer un rôle assez important (Angela, par exemple). Quant à l'accident du dirigeable en début de roman, je n'ai pas été vraiment satisfaite par les explications données. En effet, quel était finalement le but du commanditaire? Ne sciait-il pas la branche sur laquelle il était assis? Ai-je raté un épisode?
En revanche, le roman possède suffisamment de qualités pour avoir tenu mon intérêt en éveil.
– un style d'écriture enjoué. le roman est parsemé d'expressions assez drôles et teintées d'un humour percutant.
Il (Bastien) est en train de perdre conscience.
Ou bien de tomber inconscient? Quelle est l'expression la meilleure? Celle qui correspond le mieux à sa situation? Bastien hésite.
Finalement, il décide de s'évanouir. (P. 22)
– un univers Belle Époque facile à se représenter. L'un de mes courants artistiques préférées est l'Art Nouveau et grâce aux descriptions de
Colin Heine, je n'ai vraiment pas eu de mal à me représenter la ville de Gale. En effet, il fait souvent référence à des structures en métal ou à des motifs végétaux stylisés typiques de ce courant artistique. Si l'intrigue se déroule en 1878, je dirais en revanche que l'univers correspondrait davantage à nos années 1890-1900. J'ai adoré également les descriptions du dirigeable le Gigantique qui m'a beaucoup fait penser au Titanic.
– des messages à faire passer. Enfin, j'ai apprécié le fait que l'auteur dénonce des faits de société dans son roman comme les préoccupations écologique (l'émergence de la vape serait l'effet désastreux des activités humaines) et sociale (la présence d'une discrimination spatiale : les classes les plus défavorisées se trouvent en bas de la ville de Gale, au plus près des dangers de la vape tandis que les classes les plus aisées sont à l'abri dans les hauteurs).
En conclusion, je reste mitigée à l'issue de ma lecture. En effet, le personnage principal un peu stupide et l'intrigue bancale m'ont freiné. Toutefois, pour un premier roman, l'univers m'a paru vraiment intéressant et les messages écologique et sociale cohérents. Il y a fort à parier que je laisserai une seconde chance à l'auteur pour un prochain opus.
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