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EAN : 9782234083554
416 pages
Stock (06/02/2019)
3.67/5   6 notes
Résumé :
C’est à un mystère que s’attelle ici François Heisbourg, relatant le parcours de l’étrange baron Franz von Hoiningen. Cet officier allemand qui traverse deux guerres mondiales, s’engage spontanément dans le parti nazi, puis sauve des centaines de Juifs et de résistants – dont le père de l’auteur –, qui s’évade d’Allemagne avec la Gestapo aux trousses après avoir été « mouillé » dans le complot contre Hitler, finit son odyssée dans les bras de sa femme au Luxembourg ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
L'ouvrage commence par la fuite et l'exfiltration du baron von Hoiningen en 1944. Cet officier nazi a été déchu de ses droits militaires depuis qu'il a été dénoncé pour avoir critiqué Hitler et sa façon de mener la guerre.

François Heisbourg a tenté de le faire reconnaître "Juste parmi les nations" et d'obtenir un nom de rue au Luxembourg mais cela n'a pas abouti. En effet, le baron a sauvé de nombreux Juifs avant que ne soient appliquées les lois contre les Juifs au Luxembourg. le baron les a envoyés par convois au Portugal ou en Espagne pour qu'ils puissent rejoindre les Etats-Unis. L'auteur précise que contrairement aux autres nazis, le baron von Hoiningen était "animé par des mobiles humanitaires et malgré les risques encourus". Ce dispositif s'arrêtera à l'automne 1941, les Juifs seront alors systématiquement envoyés dans les camps de la mort.

Georges Heisbourg, le père de l'auteur, était contre l'occupation allemande au Luxembourg et défenseur de la dynastie grande-ducale. Il est arrêté, torturé, mis dans un camp de travail puis relâché. le baron von Hoiningen lui facilite son passage en France où il restera jusqu'à la fin de la guerre. Il participera à la Résistance auprès de grands personnages de l'Histoire de France comme l'Abbé Pierre.

Dans la première partie, François Heisbourg, décrit le parcours d'un noble allemand ordinaire : soldat pendant la Première Guerre Mondiale, blessé au front puis mis au placard. Il se marie avec une Luxembourgeoise. En 1933, il prend sa carte au parti nazi. Il essaye à plusieurs reprises de réintégrer l'armée mais sans succès, jusqu'au jour où le front est ouvert en Europe de l'Ouest. Etant blessé de guerre, il est surtout dans la bureaucratie. Au début du conflit, il fournit des informations puis il a accès aux laissez-passer. Cette première partie est très dense. François Heisbourg évoque un nombre important de personnages influents durant cette période. Il décrit également la répression des Juifs pendant l'Occupation du Luxembourg. le baron va être emprisonné à cause de ses propos contre Hitler. Il est protégé par un médecin qui le fera hospitalisé plutôt qu'emprisonné. Il doit prendre la fuite lorsque la Gestapo veut le remettre en prison. On peut dire que le baron a bénéficié de son réseau pour être protégé, cela n'a pas été le cas pour tous les militaires opposés à Hitler. Finalement, on en apprend peu sur le baron lui-même.

C'est en deuxième partie que l'on comprend pourquoi. le baron est resté silencieux sur la guerre comme la plupart des Luxembourgeois. Sa famille a fait blocus pour transmettre des informations à l'auteur. de plus, il y existe peu d'archives sur le baron. J'ai beaucoup apprécié cette partie qui concernait le travail de recherche de l'auteur. La géopolitique du Luxembourg pendant la période est également développée. de part sa position le Luxembourg est en contact direct avec l'Allemagne et la France, son Histoire est liée à celle des deux autres pays.

La dernière partie évoque la "banalité du mal" (Hannah Arendt) dans une section intitulée "La banalité du bien". C'est une partie beaucoup plus philosophique qui m'a moins intéressée.

Sur la construction de l'ouvrage, j'aurais préféré que l'auteur intègre au fil du récit sa deuxième partie dans la première partie. Son style est agréable à lire. Finalement, cet ouvrage porte plus sur la Seconde Guerre Mondiale et le sort des Juifs au Luxembourg, que sur le baron von Hoinengen et le père de l'auteur.

Merci aux éditions Stock et à Babelio
Lien : https://lilasviolet.blogspot..
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Je sors totalement de mes lectures habituelles (de la fiction) avec ce documentaire et remercie Babelio et les éditions Stock pour son envoi dans le cadre de l'opération Masse Critique.
Je suis donc partie à la découverte du Baron Franz von Hoiningen, dont l'auteur nous explique qu'il a sauvé durant la Seconde Guerre mondiale de nombreux juifs et non-juifs (tel son père, résistant) luxembourgeois d'une mort certaine, tout en étant membre du parti nazi. Allemand mais résidant au Luxembourg, entouré d'autres "sauveurs", il délivrera des laissez-passer entre 1940/1941 principalement, qui permettront à ces personnes de partir en zone libre sans être inquiétées.
C'est une personnalité assez complexe et mystérieuse que nous présente l'auteur, qui rejoint certes le parti nazi en 1933, mais semble en être totalement détaché, et qui n'hésite pas à critiquer ouvertement ses dirigeants en 1942, propos qui lui vaudront d'être jugé et condamné (mais sauvé par une procédure assez longue, des relations, et une évasion).
Peu habituée à ce genre de littérature, je n'ai eu aucun mal à suivre le cheminement de l'auteur dans sa volonté de retracer le destin de ce baron silencieux, et ai appris beaucoup sur l'Histoire du Luxembourg pendant ce conflit. Les nombreux termes allemands, bien que nécessaires et indispensables dans le récit, ont cependant parfois un peu entravé ma lecture.
A noter également la volonté de l'auteur de mettre en avant l'importance de la "force du bien".
Une lecture vraiment intéressante.
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François Heisbourg, surtout connu pour ses brillantes analyses géo-stratégiques, nous raconte ici « l'étrange » baron Franz von Hoiningen. Cet aristocrate allemand adhère au parti nazi dès 1933. En mai 40, réintégré dans l'armée à 52 ans, il devient responsable du bureau des laissez-passer à la Feldkommandantur au Luxembourg. À ce poste clé, le baron nazi participe au sauvetage de plusieurs centaines de résistants, juifs et non-juifs, dont le père de l'auteur. Plus tard, impliqué dans un complot contre Hitler et recherché par la Gestapo il s'échappe de façon rocambolesque et continue à gérer tranquillement son vignoble, depuis son château luxembourgeois. Deux questions sont au coeur du livre : 1- Comment cet officier nazi, a-t-il basculé dans une « nébuleuse des bienfaisants » ? L'auteur invoque « la banalité du bien », « une forme de grâce », mélange d'éthique, de conviction et de responsabilité. 2- Pourquoi la famille d'un tel homme se mure-t-elle dans un « silence assourdissant », se limitant à communiquer une photo ? L'insolite Baron mériterait le titre de « Juste ». Faute de pouvoir le faire reconnaître, F. Heisbourg lui rend hommage et nous narre, avec humour, les péripéties de sa minutieuse enquête, ses analyses politiques et les réactions d'une famille tout aussi… étrange.

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Le résumé éditeur est on ne peut plus réussi : tout y est !
Vous trouverez ici un livre documentaire très intéressant sur un aspect méconnu de la 2nde guerre mondiale : la façon dont elle a touché le Luxembourg, et la personnalité difficilement cernable d'un officier que tout amenait à rallier aveuglément les préceptes du IIIe Reich et du nazisme, mais qui semble avoir indéniablement adopté une attitude plus complexe, profitant de sa position dans l'administration du Reich pour faciliter certaines fuites clandestines et suspecté dans le grand projet de complot contre Hitler, d'un naturel visiblement extrêmement discret et silencieux - et paradoxalement très imprudent pour exprimer ses convictions en une occasion qu'il paiera d'une certaine attention de la Gestapo posée sur lui, bien que son rang semble lui avoir évité le lot commun de ce genre d'attention fâcheuse.

L'auteur, d'origine luxembourgeoise et d'une certaine manière directement lié à ce personnage presque ambigu puisque, comme l'indique le titre, son père a pu fuir grâce à l'aide précieuse du baron, l'auteur donc présente ici un travail de documentation remarquable et passionnant étant donné l'inattendu défi qui s'est présenté à lui, et la personnalité quasi insaisissable mais néanmoins porteuse d'indices frappants d'un positionnement réfléchi l'amène à développer une réflexion intéressante sur la "banalité du bien", une certaine prédisposition naturelle à se placer du côté que le coeur indique plutôt que la raison.
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Ce livre est un essai du fils du « sauvé », Georges Heisbourg pour cerner la personnalité de son « sauveur » le baron von Hoiningen. C'est une plongée très intéressante dans la deuxième guerre mondiale et en particulier dans le nazisme. L'auteur s'attelle à une tâche rendue complexe par la personnalité du baron qui n'a jamais raconté ce qu'il a fait pendant la guerre et qui ne s'est jamais glorifié de quoi que ce soit. « Un taiseux » et un « hyper » discret nous est donc présenté par quelqu'un qui ne veut surtout pas romancer cette histoire. Au passage, je me suis demandé si ce n'était pas là un trait de la haute société luxembourgeoise, car le père de l'auteur n'a pas raconté grand chose non plus. Et si l'auteur se plaint de n'avoir qu'une photo du baron, il ne met aucune photo de son père dans ce livre. Les sources d'archives proviennent surtout de l'Allemagne, car la Gestapo avait la manie de tout écrire pour faire des dossiers sur tout le monde et ce militaire haut gradé et noble avait tout pour finir pendu. Il n'a dû son salut qu'à sa fuite au dernier moment de la guerre, alors que l'armée allemande reculait sur tous les fronts. Mais cela n'empêchait pas la Gestapo de lancer ses sbires à la recherche du fugitif soupçonné à juste titre d'avoir des accointances avec les conjurés qui ont essayés en vain d'assassiner Hitler. Tout ce qu'a fait ce baron est bien analysé et s'appuie sur des témoignages de ceux qui ont profité de son engagement. Tous le décrivent comme un homme « bien ». Mais alors pourquoi sa propre famille ne veut pas témoigner ? Par pudeur ? de crainte de révéler un secret ? L'auteur comme le lecteur en est réduit aux hypothèses. Enfin, le livre se termine sur une réflexion à propos du bien . C'est intéressant de voir que même dans le pire système, il y a des individus qui ne feront pas exactement ce que des tortionnaires au pouvoir attendent d'eux. C'est ce que l'auteur définit comme « la banalité du bien » qui est en chacun de nous . Alors que » la banalité du mal » expression si mal comprise d » Hannah Arendt est le fait d'êtres sadiques et dépravés qui se cachent derrière des êtres dont l'apparence et la vie sont banales.
Lien : http://luocine.fr/?p=10554
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critiques presse (1)
LaCroix
29 mars 2019
L’incroyable destin d’un officier allemand qui sauva des centaines de juifs et de résistants.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Je découvre que le silence n'est silencieux qu'en apparence, qu'il parle souvent plus fort et mieux que les mots, qui visent souvent à camoufler les convictions et les intentions. J'apprendrai plus tard que les Anciens disaient que la parole est d'argent mais que le silence est d'or : ils n'avaient cependant pas tout à fait raison [...]. Le silence peut aussi être de sang et de souffrance, et parfois de l'innommable. Le silence est pluriel.
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Un conservateur luxembourgeois, c’est d’abord quelqu’un qui soutient l’existence même du grand-duché et de la dynastie grand-ducale. Nonobstant l’influence culturelle allemande et la langue allemande dans le pays, et spécialement à travers une église alors puissante, ce nationalisme est davantage antiprussien et antiallemand qu’antifrançais ou qu’antibelge. L’épisode de 1914⁄1918 avait eu pour effet de conforter ce positionnement. Mon père avait par ailleurs pris goût pour la culture et la langue françaises, d’où son choix d’entamer ses études supérieures à Grenoble et à la Sorbonne, à à l’époque, il n’y avait pas d’université au grand-duché, et les bacheliers pouvaient choisir de poursuivre leurs études en Belgique, en France ou en Allemagne. Réactionnaire, il l’était, mais démocrate aussi et affichera donc ses sentiments pro-Alliés pendant la drôle de guerre.
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Il y a une immense noblesse à faire le bien, surtout si cela implique de tourner le dos au système de croyances de son clan, de sa tribu. Cependant, l’action doit être prolongée par sa narration. Le taiseux baron, mais pas seulement lui, n’y était pas porté. Il est temps d’en parler. Et, en parlant, peut-être susciterons- nous d’autres vocations : des langues de proches se délieront, des archives familiales ou publiques s’ouvriront. En d’autres mots, et en retournant l’adage familier : pas seulement des actes mais aussi des paroles. Telle est la condition d’une transmission durable.

Homère, pour autant qu’il est réellement existé, paraît avoir été de cet avis. Qui lui donnerait tort trois mille ans plus tard ?
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Robinson Crusoé découvre qu'il n'est pas seul quand il tombe sur la trace des pieds d'un autre homme, que le naufragé nommera Vendredi. Hoiningen, c'est le contraire : sur la plage de la vue, exposée au regard de chacun, il est un Vendredi dont le passage ne laisse pas de trace. Ce n'est pas simplement quelqu'un qui se tait. Il se vit comme le silence.
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Pourtant, ils sont mis par une combinaison assez similaire d’éthique de responsabilité et l’éthique de conviction. Ce ne sont pas des cyniques. La formule « noblesse oblige » ne s’applique pas au pied de la lettre, puisque seul Hoiningen fait partie de cette confrérie là : pourtant elle paraît résumer leur approche de la situation exceptionnelle dans ces années de feu. Aussi, on ne manquera pas de souligner l’importance capitale de la transmission éthique dans nos sociétés, transmission qui implique aussi une certaine compréhension de notre passé.
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Vidéo de François Heisbourg
Francois Heisbourg vous présente son ouvrage "Les leçons d'une guerre : l'Ukraine, la Russie, l'Asie, les Etats-Unis... et nous" aux éditions Odile Jacob. Entretien avec Jean Petaux.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2683051/francois-heisbourg-les-lecons-d-une-guerre-l-ukraine-la-russie-l-asie-les-etats-unis-et-nous
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