Le Triomphe des Nains, tome 2 : La Prophétie elfique

Toujours avide de fantaisie, je me suis laissé tenté par cette saga. Et je dois dire que je ne suis pas déçu.
On se doute que l'histoire reste assez sommaire : un peuple, les Nains, vont tenter de juguler des menaces qui planent sur le continent qu'ils défendent, le Pays Sûr. Pour cela, ils seront aidés des classiques humains, elfes, magiciens et autres.
C'est justement là où j'ai apprécié l'audace de l'auteur : faire une saga (presque) exclusivement sur ce peuple. Et c'est très réussi. Les Nains sont à l'honneur et c'est appréciable. Bon, on surf quand même sur les clichés (la boisson, les nains bourrus, qui aiment combattre, etc) mais on apprécie au fil des pages les personnages et les liens tissés entre eux.
D'ailleurs, on sent une influence de l'écrivain Raymond E. Feist, avec sa saga, « les chroniques de Krondor ». La saga suit les personnages, les voit grandir, vieillir, mourir, voit les enfants prendre le relais, etc. de même, l'espace dans lequel l'histoire se déroule évolue. Territoires conquis, qui fusionnent. Enfin, les livres sont interconnectés, il n'est pas rare d'avoir des références précises du premier tome dans les tomes suivants.
Alors le scénario en lui-même ? Comme dit plus haut, cela reste, selon les tomes, assez linéaires. Un méchant apparaît, les Nains prennent les armes, font deux trois promenades, massacrent littéralement les ennemis et sauvent la contrée. Mais ça fonctionne. Les dialogues sont bien écrits, sont parfois drôles, et les personnages attachants.
Et d'ailleurs, en parlant de massacrer les ennemis, l'écrivain n'est pas avare dans la description des combats. On sent qu'il a pris plaisir à immerger le lecteur dans les batailles. C'est assez sombre et sanglant.
Et qui dit description dit détail. Il y a une véritable recherche des termes employés en construction, en jargon militaire ou encore en géologie. On sent l'implication de l'auteur, même dans l'établissement de morales, notamment le concept du bien et du mal, et voir que le bien peut être comparé au mal et commettre autant d'atrocités que ce dernier.
Il y a quand même quelques points négatifs. D'abord l'univers en lui-même. La saga se découpe entre le Pays sûr (qui occupe environ 90% de l'histoire) et l'Outre-Pays à 10%. Pourtant, de ce que l'on perçoit, le Pays Sûr occupe une toute petite place dans ce monde. Et l'Outre-Pays fait entrevoir des richesses fabuleuses, de grandes cités et une immensité à explorer. Malheureusement, il n'y a presque rien de tout ça et l'écrivain se concentre essentiellement sur cette petite partie.
De même, il y a quelques incohérences. Par exemple des cycles jours/nuits par forcément bien adaptés. de même, spoiler   les derniers tomes parlent d'un gouffre (le gouffre noir) qui vomit littéralement des ennemis. Or, les nains cherchent à renvoyer lesdites créatures dans les tréfonds de la terre. Or, pourquoi les renvoyer alors qu'il suffit pour ces pauvres hères de creuser un autre trou pour sortir ? Surtout que les tomes suivants font craindre ce détail.
Enfin, certains personnages, à la fin des tomes, tombent carrément dans l'oubli, alors qu'ils étaient deux tomes avant, les personnages principaux.

Mais en soi, ces incohérences n'entachent en rien le plaisir que j'ai eu à lire cette saga. Elle est bien écrite, est intéressante et permet de continuer l'idée d'un peuple fier et bourru, mais honnête et intègre.

Un mystérieux enchanteur menace d’envahir le Pays Sûr si on ne lui remet pas Sha’taï, l’enfant retrouvée dans la cité oubliée. Or, d’après une prophétie de la déesse Sitalia, découverte dans un ancien grimoire elfique, seuls les Nains pourraient vaincre ce puissant ennemi venu d’une lointaine contrée.
Mais les Elfes sont-ils dignes de confiance ? Leur comportement ambigu éveille des soupçons parmi les souverains nains, qui refusent d’abandonner leurs forteresses...

Markus Heitz signe ici la fin du 5e diptyque narrant les aventures de son peuple favori des nains et son héros emblématique Tungdil. Comme dans les arcs narratifs précédents, il s'appuie sur ce qu'il a déjà créé et scénarisé pour imaginer un agrandissement de son univers riche et foisonnant.
Heitz est un conteur né qui transforme ses romans en véritables page-turners me faisant penser à l'engouement que j'ai pour David Gemmell.

Au détour d'une note, j'ai découvert qu'en VO (Heitz est allemand) il existe aussi 4 romans centrés sur les Albes, les "elfes noirs" de cet univers. Bien que moins accro aux albes qu'aux nains, j'espère que Bragelonne va les traduire aussi.
Lien : https://www.instagram.com/my..