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EAN : 9782846080743
233 pages
E-Dite (23/04/2002)
4.11/5   14 notes
Résumé :
Un roman, noir, très noir, dans la lignée de la trilogie noire de Léo Malet; même époque, même prolétariat miséreux, même fatalité. On y croise des dealers, des proxos, des flics avides, des filles vaincues, des proprios veules, des fermiers pourris, une handicapée tyrannique et cruelle, tout ce petit monde comme une représentation de l'Humanité selon Héléna. C'est une oeuvre fondatrice et caractéristique du Noir, tout en ombres, en chuchotements, en silence et en t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Félix Froment, évadé de Cayenne, errant, grelottant, trempé jusqu'à la moelle par des pluies diluviennes va trouver refuge dans un bar louche de la ville de son enfance, un lieu glauque à l'image de sa vie sans illusions, la planque idéale à moins que ...
Dans ce roman d'après guerre au titre suggestif, ne cherchez pas de couleurs, d'air sain, d'humour farceur. Tout y est sombre, sordide, poisseux mais narré avec un style et une verve indéniables. Héléna a su trouver les mots justes parfois crus en maniant l'argot des faubourgs. On est englué dans les souvenirs de l'existence pas reluisante du personnage . On le suit avec méfiance dans les ruelles sombres et pluvieuses, dans la pension de famille dégueulasse avec ses gueules d'atmosphère : Raoul, la tordue, Toto et un tas d'autres caves…
Ce roman noir existentialiste colle à la peau comme la mélasse.
Difficile de s'en détacher..ça poisse à toutes les pages.



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Un évadé de Cayenne revient dans la rue de son enfance pour comprendre ce qui lui est arrivé et mourir. Dans le compte à rebours cruel des derniers jours du condamné, Héléna balance des analepses sur le bagne et l'âge tendre, avec la radicalité de Ravachol et la faconde de Boudard. Je n'ai pas pu lâcher le livre, malgré les emmerdements qui m'appellent, parce que les emmerdements du héros sont tellement plus gros et plus vrais que les miens. Un athée à qui il ne reste plus que le signe de la croix comme bouée de sauvetage. Et pourtant...vers le bagnard traqué par la police et vendu par les pauvres, une main se tend, celle d'une femme qui croit au Bon Dieu.
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Je pense que trop de lecteurs (dont je faisais récemment encore partie) sous-estiment bien trop fortement le talent d'André Helena (1919-1972) enfin, du moins ceux qui connaissent cet auteur.

Il faut dire que j'avais découvert cet auteur à travers ses petites séries policières sous pseudonymes et que je n'avais pourtant pas été charmé par la plume proposée.

Sont-ce les contraintes du format court et celles inhérentes à des publications rapides nécessitant d'écrire beaucoup et vite ? Toujours est-il qu'il me semble bien que l'auteur était bien plus à l'aise dans le format roman, comme me l'avait déjà prouvé la lecture de « Massacres à l'anisette » publié en 1955 et comme me le confirme la lecture de son premier roman « le Bon Dieu s'en fout », publié en 1949, après « Les flics ont toujours raison », mais écrit en 1945.

Pour rappel, André Helena, sous de nombreux pseudonymes (Noël Vexin, Em Carry et bien d'autres), a abreuvé les collections fasciculaires policières durant les années 1950.
Félix Froment, condamné pour le meurtre de sa compagne et de l'amant de celle-ci, parvient à s'évader de Cayenne et revient, sous une fausse identité, dans la ville de son enfance. Il redécouvre, sous la pluie et le froid les quartiers glauques qui le virent grandir. Mais il semblerait que, les pauvres et les miséreux, le Bon Dieu s'en foute.

La 4e de couverture proposée avec la réédition de 1986 (il me semble) fait un rapprochement entre ce roman et ceux de la « Trilogie noire » de Léo Malet.

On pourrait penser, ici, à une démarche commerciale rapprochant un auteur injustement méconnu d'un autre devenu culte avec sa série « Nestor Burma ».

À la lecture de ce roman et des autres, on se rend compte qu'il n'en est rien.

Effectivement, tant dans le style que dans l'ambiance ou dans l'histoire et le nihilisme, André Helena s'élève au niveau de son confrère et, il faut bien l'avouer, parvient même à le dépasser.

« le Bon Dieu s'en fout » pourrait s'inscrire comme le maillon manquant entre « Il fait toujours nuit » et « le soleil n'est pas pour nous », du moins dans l'attachement du personnage (j'occulte totalement « Sueur aux tripes » où il est impossible d'apprécier le héros et de trembler pour lui).

Car, Félix Froment, le héros de « le Bon Dieu s'en fout », malgré le fait qu'il soit un assassin, est un personnage brisé, touchant, auquel le lecteur peut s'attacher, car, malgré son statut, il demeure humain, un humain qui cherche ce que tous les humains cherchent, le confort, l'amour, la sécurité…

Mais, le Bon Dieu s'en fout des types comme lui, contrairement aux lecteurs.

Si « le Bon Dieu s'en fout » s'apparente donc à la passerelle entre les deux romans cités de Léo Malet dans sa forme, son ambiance et son personnage, on doit reconnaître qu'il s'élève au moins au niveau de « le soleil n'est pas pour nous » en qualité de plume...

Ce roman, principalement narré à la première personne du point de vue du personnage principal (certaines rares scènes sont narrées à la troisième personne) démontre tout le talent gâché d'André Helena.

Parvenir à un tel niveau de qualité littéraire dès son premier roman est gage d'un grand auteur en devenir, presque déjà à maturité.

Mais alors, qu'est-il arrivé à l'écrivain ? Les postfaces de certaines rééditions sont éloquentes à ce sujet et je vous invite à les lire pour comprendre une partie de l'envers du décor de la littérature fasciculaire mais aussi de certains éditeurs, tous genres et styles confondus.

Un auteur, André Helena, poussé à polir sa plume, à écrire trop vite pour gagner des clopinettes qu'il n'était pas toujours certain de toucher, à voir ses textes parfois retoucher sans son accord… l'alcool, la dépression, la misère… bref, le côté obscur de la force.

Mais quel dommage ! car « le Bon Dieu s'en fout » est l'oeuvre d'un grand écrivain qui, à part quelques fulgurances, par la suite, ne travailla qu'à l'arrache, pour produire des textes, si ce n'est insipides, du moins loin de ce qu'il était capable de proposer.

« le Bon Dieu s'en fout » est donc à la fois la première et quasiment la dernière pierre (j'abuse, mais pas loin) de la production d'André Helena. C'est, du moins, un roman noir, bien noir, désabusé, bien désabusé, nihiliste, bien nihiliste, et, surtout, un grand roman de la part d'un auteur demeuré petit malgré son immense talent…

Parce que la vie n'est pas toujours juste, les meilleurs auteurs ne sont pas toujours ceux qui atteignent la postérité ou du moins le succès.

Parce que la vie n'est pas toujours juste, il serait temps de redorer le blason de certains auteurs d'hier et d'avant-hier, dont, notamment et sûrement, celui d'André Helena, l'homme qui tutoya les anges dès son premier roman…

Bon, j'en fais beaucoup, mais vous aurez compris le principe.

Au final, s'il n'y avait qu'un récit d'André Helena à lire, c'est assurément son tout premier : « le Bon Dieu s'en fout ».
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Je viens de découvrir André Héléna, sous un de ses pseudonymes, Noël Vexin, avec ce roman.
Un roman incroyable, au style exceptionnel ; il y a des perles littéraires à chaque pages, en plus d'une histoire menée magistralement et la pensée qui anime l'auteur et/ou le personnage principal est d'une extrême noirceur qui tend pourtant sans cesse vers quelque chose de beau ou de bon.
Je suis très impressionnée par ce roman, qui me pose de nombreuses questions sur la littérature en général. Ce genre d'ouvrage, considéré comme du polar, du roman noir, qu'à une époque on a appelé de la para-littérature, est pourtant d'une immense exigence littéraire, du même ordre qu'on retrouve chez de grands auteurs "consacrés", publiés chez des éditeurs "normaux". Il y a un véritable mystère quand je lis des romans de cette qualité qui ne reçoivent absolument pas la reconnaissance littéraire qu'ils mériteraient pourtant.
En tous cas, c'est un très grand roman, que je recommande complètement.
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Moi aussi si vous passez à côté....
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Tout ça me sortait un peu de cet enfer industriel que j'avais retrouvé ici, comme si vraiment j'étais né pour ça, avec une étiquette dans le dos: direction l'usine, ne pas égarer.
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Mon pétard avait poussé tout seul entre mes doigts, comme une fleur malsaine.
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La plupart des hommes ce sont des histoires de cul qui les enfoncent dans la mélasse.
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Et souviens-toi aussi que sa vie, on ne la fait pas soi-même, mais qu'on fait soi-même ses sentiments. Et surtout souviens-toi qu'ils ne te mépriseront jamais autant que tu les emmerdes.
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Les gens qui vivaient là, sans doute, ne luttaient plus depuis longtemps. Ils avaient lâché des deux mains et se noyaient lentement dans la grisaille de cette foutue existence. Ils coulaient sans espoir, sans joie, sans cette ambition qui, souvent, est le bonheur lui-même.
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Video de André Héléna (2) Voir plusAjouter une vidéo

André Héléna : Rencontre dans la nuit
Dans le parc de Bagatelle, Olivier BARROT présente le livre de André Héléna "Rencontre dans la nuit" paru aux éditions Poche/Florent MASSOT. Après avoir brossé un rapide portrait de ce forçat de la plume (200 polars), Olivier BARROT situe l'action du livre dans le Paris Pigalle qui met en scène des pickpockets.
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