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Critique de latina


OUF ! C'est avec un immense soupir de soulagement que je referme ce livre foisonnant, où une extravagante vieille femme islandaise a raconté ses vies multiples. Elle termine sa vie dans un garage, abandonnée de ses enfants qu'elle n'a jamais vraiment aimés, ou pas bien, en tout cas. Son état physique est déplorable : « J'ai le pancréas asséché, les côtes rouillées, le coeur qui fuit. Mes poumons sont des matelas à air rabougris qu'on ne peut regonfler ; je me suis mise à respirer par les oreilles. »
Mais je peux vous assurer que sa causticité, son ironie mordante, sont encore bien entières : « La tragique conclusion de la vie est la suivante : on ne peut obtenir le bonheur par les autres, mais au contraire en se maintenant loin d'eux. C'est pourquoi je me sens si bien ici, au garage. »

Et c'est parti pour le récit (non chronologique) de toute une vie mouvementée, trimballée d'un coin à l'autre du globe, de l'Islande natale à l'Argentine, en passant par l'Allemagne, la Pologne, la France, le Danemark...Une vie où son destin de femme a été maintes fois mis à mal, torturé, violé. D'ailleurs, une femme ne lui avait-elle pas donné ce conseil avant de mourir : « Promets-moi de ne pas devenir une femme. Les femmes ont la vie dure. Sois juste humaine. Pas une femme. »
Elle qui a connu des tas d'hommes, qui les quittait en leur commandant un taxi, qui en a été enceinte, qui a été battue et adulée, elle n'a du genre masculin qu'une piètre image : « Un homme ne tire jamais sur une femme à moins qu'elle ne soit désarmée. »
C'est vous dire son état d'esprit !

Née en 1929 et n'ayant connu son père qu'à l'âge de 7 ans, elle traverse la seconde guerre mondiale d'une manière chaotique, en étant séparée de ses parents, en traversant le Danemark, l'Allemagne et la Pologne de part en part, accrochée à des êtres de passage qui lui veulent du bien ou du mal. Elle a fréquenté le nazisme de très près, et en a été victime. Son esprit, pourtant, n'en a pas perdu de sa raillerie, en parlant d'Hitler : « Pourquoi cet homme a-t-il besoin de diriger autant de pays ? Pourquoi ne prend-il pas le train s'il veut découvrir de nouveaux paysages ? »
Son point de vue sur le monde est bien noir :
« L'homme est par nature une fourmi et préférera toujours être passager sur la roue du destin plutôt que décider de sa destination. Et lorsqu'il est question de destin, la guerre est des plus radicales. C'est pourquoi on se sent si bien en temps de guerre : on retrouve en nous la paix intérieure. »
Mais son grand-père a été gouverneur, puis président d'Islande, elle connait donc aussi les ors et la gloire.
Une vie de contrastes, où elle a été transportée du bas vers le haut, puis est retombée les genoux dans la fange, pour ensuite se relever par la force de son caractère et son humour sarcastique, ravageur.

J'ai aimé ce roman, je me suis réjouie des nombreux traits d'esprit et du style très imagé et provocateur, mais à la longue, la ribambelle de personnages – de fiction et réels – et leurs histoires souvent abracadabrantes, le ton continuellement railleur, même pour parler de ses enfants (à une exception près, bouleversante), m'ont rendu ce pavé assez indigeste.
Ceci n'est que mon avis, car je préfère les romans plus intimistes. Ne vous fiez donc pas à mon ressenti. Je suis une femme, l'auteur est un homme. Sa narratrice est une femme qui aurait voulu être un homme.

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