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EAN : 9782260003526
346 pages
Julliard (09/09/1998)
4.41/5   11 notes
Résumé :
C'est un étrange royaume. Il n'a pas de nom ni de frontières. La capitale est un grand village établi à mi-pente sur une colline pierreuse des monts d'Arrée. Les quelques vieillards qui l'habitent ont rompu toute relation les uns avec les autres. Ils s'ignorent, et on les ignore. Le royaume lui-même n'est plus connu que d'eux seuls.

Un beau jour on y voit arriver un grand patron de la chirurgie, mondialement connu de ses pairs. Il a mis fin, brutaleme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Un village à l'abandon sur une colline des monts d'Arrée, en Bretagne, assiste au retour du petit-fils de l'ancien maréchal-ferrant, chirurgien renommé, à la recherche de ses racines. Petit à petit, le renom aidant, le village se réveille, se modernise, voit apparaître une nouvelle population de curieux, de touristes, de badauds... le paysage même se modifie, on crée des routes, des commodités...
En physique, une des règles de base de l'observation est qu'elle ne doit pas polluer le phénomène observé. Cette règle vaut aussi en sociologie, même si elle est trop souvent ignorée : imagine-t-on la profonde modification des comportements induite par l'arrivée d'une caméra, par exemple ?
Point de caméra ici, mais un observateur intrusif à la recherche de son passé qui finit par dénaturer complétement l'univers qu'il était venu rechercher dans la mémoire des anciens, liquidant de ce fait son propre héritage.
Écrivain avant tout Breton - et bretonnant - Per-Jakez Hélias nous livre ici une réflexion dont la pertinence n'a d'égal que son actualité : l'exode rural est-il inéluctable ? Doit-on faire revivre des pays à l'abandon ? Si oui, ne risque t-on pas de dénaturer l'endroit par la greffe de corps étrangers ; routes, commodités. La tradition doit-elle être préservée à tout prix ? Autant de préoccupations tellement actuelles, portées par la prose , d'une très grande beauté, de l'auteur. Magnifique... Et tellement breton.
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Pierre (en français) ou Per-Jakez Hélias situe son roman quelque part dans une de ces parties un peu plus que vallonnée de Bretagne - l'Arvor, loin de la mer (l'Armor), qui ressemble au centre de la Cornouaille ou dans les Monts d'Arrée ou les Montagnes Noires, là où il est bien souvent allé écouter et recueillir, les histoires et les chansons locales. le nom de ces lieux fictifs n'a tellement pas de consonnance bretonne qu'on pourrait penser qu'ils en sont la traduction en français (PJ Hélias écrivait ses livres en général en 2 versions : en breton et en français). Il bâtit un récit qui se tient, de retour aux sources, aux racines, dans un lieu assez mystérieux voire étrange et inquiétant. Pourquoi pas ? Mais aux 2/3 de ce récit il fait dire (lors d'une veillée retrouvailles qui est le moment essentiel de son histoire) à ces personnages des récits qui racontent le passé des lieux en question (la fameuse colline du titre), des gens, où le fantastique se mêle au réel, comme dans tous contes qui se respecte, et cela vient stopper dans son avancée le récit initial, ce qui rend je trouve un peu bancal le livre. Reprenant à la fin l'histoire du début, il précipite un peu trop le dénouement de celle-ci.
Bref, la construction du récit n'est pas parfaite mais là n'est pas son propos me semble-t-il.
Son propos est, une fois de plus, de faire revivre d'anciens récits, tels qu'ils se perpétuaient en gros jusque la guerre de 14 (l'année où lui naît), pour montrer comment cette société-là, cette culture paysanne là n'a plus que l'apparence de la vie. La veillée de parole lors de laquelle ces récits seront dits, en même temps qu'ils ramènent à la vie ces personnages qui étaient devenus presque des morts-vivants, devient veillée funèbre de ce glorieux et mystérieux passé. Il me semble que telle était l'ambition de PJ Hélias avec ce livre, ambition qu'il n'a pas, à mon sens , totalement réussie.
Reste, comme toujours, un livre qui se lit bien et est important pour la compréhension de la culture bretonne.
Sur le style, je trouve dommage que Hélias ne se laisse pas aller un peu plus à une écriture plus poétique, plus audacieuse, ce qui en ferait une sorte de Giono armoricain, mais c'est peut-être dû au côté réservé, voire secret que l'on prête parfois au Bigouden qu'il était. Bien que la broderie était une spécialité du pays, s'il en avait plus fait certains auraient trouvé qu'il en faisait trop.
J'aurais encore bien des choses à dire sur ce livre mais on est sur Babelio, pas à l'université..
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Je connaissais ce livre par son titre mais lorsque mon père me l'a conseillé ce fut vraiment une belle découverte.
Dans ce roman il y a 2 parties bien distinctes : un récit encadrant (si l'on considère l'épilogue final) qui évoque la vie du village breton entre Villejoie et Villechant où résident encore 11 vieilles personnes solitaires et où un nouvel arrivant va changer la donne et la veillée qui est une succession de contes qui présente les quêteurs du Vif et leur influence sur la vie du canton au fil des ans.
J'ai adoré la première partie où le petit-fils du roi Yann, médecin de renom en ville, attiré par le notaire qui s'est chargé de la remise en état de la demeure dont il a hérité, vient s'installer près de la forge dans le but d'étudier le mode de vie des anciens. Au départ j'ai pensé à "La ferme d'en haut" de Michel Ragon pour l'arrivée d'un individu extérieur dans une zone rurale isolée et puis à "Regain" de Giono pour la remise en route du village abandonné.
C'est vraiment une histoire unique en son genre, magique, imprégnée de l'esprit des contes. Fascinant, ce roman se déguste avec délectation.
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c'est une histoire prenante voire envoûtante dans sa seconde moitié. un personnage hors normes arrive dans le village d'où est partie sa mère vers dix-huit ans. un village où les onze qui l'habitent encore règlent leurs déplacements comme un ballet. plus personne ne se parle.
le personnage va changer leur vie, va changer sa vie et tout en sera si bouleversé que plus rien, vraiment plus rien ne sera comme avant.
l'auteur nous emmène dans le pays des contes et légendes avec tout l'amour qu'il porte au Léon son pays natal si je me souviens bien de sa biographie.
il raconte au passage l'évolution de l'habitat et des habitudes dans le XXème siècle.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Quand le dernier homme quitta le village, ceux qui restaient là-haut savaient déjà qu'il ne reviendrait plus que pour rendre visite à sa parenté, de loin en loin, si sa bourse était assez forte pour supporter les frais du voyage et lui permettre de faire bonne figure aux lieux de son berceau. Bonne figure, mais pas plus.
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Sa mère lui avait souvent raconté comment, dans sa jeunesse, les plus pauvres s'en allaient chercher, dans ces sabots usés, des braises pour allumer leur feu. Les allumettes coûtaient trop cher pour leur bourse de misérables. Ils se rendaient chez le boulanger, le forgeron, dans toutes les maisons dont ils voyaient fumer la cheminée. Et les assez riches se devaient d'aller, de temps en temps, quémander de la braise aux pauvres par égards pour eux, les pauvres étant fort satisfaits de faire, à titre de revanche, la charité du feu. Ainsi s'établissent et durent les communautés.
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Cet homme comprenait tout à demi-mot, il disait tout sans avoir l'air d'y toucher. Et pour parler comme il faisait il fallait bien qu'il eût l'habitude, non seulement de tirer enseignement de ce qu'il pouvait voir et entendre, mais encore de démêler tout ce qui ne passait pas en actes et en paroles. Ce bavard occasionnel était un traducteur des silences.
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La réserve apparente des peuples celtiques, qu'on prend souvent pour de la froideur, tient à cette timidité intérieure qui leur fait croire qu'un sentiment perd la moitié de sa valeur quand il est exprimé et que le cœur ne doit avoir d'autre spectateur que lui-même. [Ernest Renan]
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Il avait compris que sa mère avait connu une sorte de mort depuis le jour où elle avait quitté son village, inconsciente qu'elle était de l'emprise que ce village avait sur elle. C'était comme si ses vingt premières années avaient semé en elle un grain qui n'avait germé que le jour où, longtemps après son exil, elle avait entendu les accents de sa langue maternelle dans la bouche de ses domestiques. Alors elle était sortie de son hibernation, mais trop tard. Et si lui-même ne s'intéressait à rien en dehors de sa science avant d'entendre la vieille femme essayer désespérément de retrouver ses racines, c'était bien à cause de cette ignorance où elle l'avait tenu de ce monde qui aurait pu être le sien. Qui aurait dû l'être. (p.42)
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Video de Pierre-Jakez Hélias (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre-Jakez Hélias
Retour sur la résidence d?auteur et les actions des bibliothèques en faveur des publics éloignés de l?écrit en Pays de Morlaix dans le cadre du Pacte d?Avenir 2014 pour la Bretagne.
Diffusion de quelques extraits du film À la lettre de Marianne Bressy
- Hélène Fouéré, directrice de la Médiathèque Per-Jakez-Hélias de Landerneau ; - Sébastien Portier, responsable Culture Animation au Centre Hospitalier de Lanmeur ; - Frédérique Niobey, écrivain. - Christelle Kerebel, Jeanine Kervella, Dominique Pestel, articipantes aux ateliers d?écriture menés à la Médiathèque de Lesneven
Table ronde du vendredi 21 novembre 2014 - à l'occasion des Rencontres "Le livre, la lecture et la littérature demain?..." organisées par Livre et lecture en Bretagne et la Bibliothèque des Champs Libres à Rennes.
Plus d'infos sur http://lalecturedemain.wordpress.com
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