Pierre (en français) ou
Per-Jakez Hélias situe son roman quelque part dans une de ces parties un peu plus que vallonnée de Bretagne - l'Arvor, loin de la mer (l'Armor), qui ressemble au centre de la Cornouaille ou dans les Monts d'Arrée ou les Montagnes Noires, là où il est bien souvent allé écouter et recueillir, les histoires et les chansons locales. le nom de ces lieux fictifs n'a tellement pas de consonnance bretonne qu'on pourrait penser qu'ils en sont la traduction en français (PJ Hélias écrivait ses livres en général en 2 versions : en breton et en français). Il bâtit un récit qui se tient, de retour aux sources, aux racines, dans un lieu assez mystérieux voire étrange et inquiétant. Pourquoi pas ? Mais aux 2/3 de ce récit il fait dire (lors d'une veillée retrouvailles qui est le moment essentiel de son histoire) à ces personnages des récits qui racontent le passé des lieux en question (la fameuse colline du titre), des gens, où le fantastique se mêle au réel, comme dans tous contes qui se respecte, et cela vient stopper dans son avancée le récit initial, ce qui rend je trouve un peu bancal le livre. Reprenant à la fin l'histoire du début, il précipite un peu trop le dénouement de celle-ci.
Bref, la construction du récit n'est pas parfaite mais là n'est pas son propos me semble-t-il.
Son propos est, une fois de plus, de faire revivre d'anciens récits, tels qu'ils se perpétuaient en gros jusque la guerre de 14 (l'année où lui naît), pour montrer comment cette société-là, cette culture paysanne là n'a plus que l'apparence de la vie. La veillée de parole lors de laquelle ces récits seront dits, en même temps qu'ils ramènent à la vie ces personnages qui étaient devenus presque des morts-vivants, devient veillée funèbre de ce glorieux et mystérieux passé. Il me semble que telle était l'ambition de PJ Hélias avec ce livre, ambition qu'il n'a pas, à mon sens , totalement réussie.
Reste, comme toujours, un livre qui se lit bien et est important pour la compréhension de la culture bretonne.
Sur le style, je trouve dommage que Hélias ne se laisse pas aller un peu plus à une écriture plus poétique, plus audacieuse, ce qui en ferait une sorte de
Giono armoricain, mais c'est peut-être dû au côté réservé, voire secret que l'on prête parfois au Bigouden qu'il était. Bien que la broderie était une spécialité du pays, s'il en avait plus fait certains auraient trouvé qu'il en faisait trop.
J'aurais encore bien des choses à dire sur ce livre mais on est sur Babelio, pas à l'université..