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Critique de Zirkawicca


Je ne suis pas une habituée de la littérature d'anticipation mais ce livre m'a d'emblée séduite. L'une des raisons principales est la proximité temporelle (2030) et culturelle avec notre société actuelle, qui m'a attirée. Juste pour voir ce qui pourrait arriver si l'engrenage s'enrayait, et envisager demain avec les yeux d'aujourd'hui... le constat est là: effectivement, à l'heure actuelle nous dépendons complètement ou presque de l'électricité (et des énergies fossiles), dans tous les domaines de notre vie.

N'ayons pas peur de nous poser la question: A QUELS MOMENTS ne dépendons-nous PAS DU TOUT de l'électricité (ni du gaz tant qu'on y est)? Pas de téléphone, ni de bouilloire, pas de réveil ni de lecteur mp3, ni four ni frigo, et pas de chauffage ni de lumière artificielle non plus. Et la liste se décline à l'infini ou presque. Dans certains secteurs (ex: la médecine) c'est même un gigantesque bond dans le passé! Mais notre humanité même fait que nous sommes potentiellement bien + que les "toutous du progrès", et l'avenir sera tel que nous le façonnons MAINTENANT. Alors sans électricité ni gaz, que nous reste-t-il? Que et qui sommes-nous au fond? Que POUVONS-nous?

Les dérives et conséquences possibles de cette course au progrès -qui prennent vie sous nos yeux dans ce livre- sont d'autant + alarmantes qu'elles sont plausibles. En imaginant que l' IA "CIEL" existe (et à notre époque, dans le contexte actuel... pourquoi pas?!), cette situation de panique générale après une panne ainsi que le fait de se retrouver complètement démunis tient + d'un possible que de la science-fiction.

Le contexte politique est également tristement semblable au nôtre (guerres sans fin en Afrique, au Moyen-Orient...) On comprend ce que ressentent les personnages et on se met facilement à leur place car toutes les tranches d'âge sont représentées et expriment leur point de vue: chacun de nous pourrait être l'un d'eux. Ce livre s'adresse + particulièrement aux adolescents et aux jeunes adultes, et je trouve qu'à ce niveau l'écriture est totalement adaptée: c'est accessible sans être simpliste, et l'utilisation du langage parlé contribue à nous mettre en immersion avec les personnages. le vocabulaire utilisé est on ne peut + actuel et est partie prenante de l'atmosphère générale du livre: je ne suis pas certaine que le message passe aussi bien et soit perçu avec le même impact si "L'hiver des machines" était sorti tel quel il y a 10 ans ou si le lecteur est un adulte de 40 ans ou + (c'est bien entendu un ordre d'idée).

C'est vraiment un livre générationnel: nous détruisons TOUS (même inconsciemment, même peu) la planète à petit feu, nous sommes pour la plupart "sur-connectés" et ce sont les jeunes d'aujourd'hui et les générations futures qui paieront le + lourd tribut des erreurs d'hier et d'aujourd'hui. Sans jugement, et avec indulgence pour les animaux que nous sommes sous le vernis de la civilisation, il est grand temps pour chacun de nous et dans notre intérêt à tous, quel que soit notre âge ou nos activités, de se poser les bonnes questions et d'y répondre par des actes concrets à court terme, sous peine de vivre nous aussi, peut-être, 1 "hiver des machines"...

J'ai ici apprécié le fait qu'outre leur différence d'âge, les différents protagonistes évoluent également dans des milieux différents (vieille ville touristique, grandes métropoles et autarcie en pleine montagne). Ce sont d'ailleurs ce dernier environnement et les alternatives qui y sont mises en place (par Tomi, le grand-père) qui, à mon sens, nous donnent le + matière à nous remettre en question et nous donnent le + de "clés" pour élargir nos horizons. Celui-ci adopte un comportement à l'opposé de "la masse", reste au maximum auteur de sa vie et se méfie des dérives possibles du progrès (sans être réactionnaire pour autant, il maîtrise son sujet et c'est d'ailleurs pour cela qu'il a "senti le vent tourner") et au final c'est lui qui s'en sort le mieux...

Cette forme d'écriture (chaque chapitre du point de vue d'une personne différente) donne une vue d'ensemble des événements et de la manière dont les gens y font face. Et à côté de ça, périodiquement, on retrouve intercalés aux chapitres un "diagnostic CIEL", d'une logique et d'une détermination implacables:

"OBJECTIF: PRESERVATION RESSOURCES GLOBALES, SAUVEGARDE PLANETE".

La machine ne se retourne pas à proprement parler contre les humains: elle fait son boulot, méticuleusement. Elle surveille, intègre et analyse les données récoltées, et ses déductions numériques, mathématiques, logiques et dénuées d'affect font qu'à ses "yeux", les êtres humains n'ont ni + ni - de valeur qu'un chat, un arbre ou un caillou. Par contre, ils sont à juste titre analysés par l'IA comme une menace, un ennemi à neutraliser, "pour le bien de la planète".

Pas de cruauté à proprement parler envers notre espèce, simplement la gestion concrète du problème que nous représentons tous. le CIEL nous retire la responsabilité de la Terre, c'est comme si l'humanité entière était placée sous tutelle. Voila ce que nous sommes (en majorité) pour notre planète: des irresponsables dangereux. Vu sous cet angle, on se sent comme un enfant chopé la main dans le paquet de bonbon... Alors inversons la tendance avant que quelqu'un ne prenne les décisions pour (et CONTRE) nous!

Pas de fin clairement définie à ce roman qu'on quitte à regret en pleine action et qui ne laisse planer aucun doute sur la parution prochaine d'une suite, à-priori à plutôt court terme. J'ai même entendu évoquer une quadrilogie. Je l'attends avec impatience! En souhaitant très fort que ce livre fasse son chemin dans l'esprit des jeunes et des moins jeunes. Parce qu'on peut tous apporter, à notre niveau, une pierre à l'édifice...
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