Elle lâcha un cri lorsqu’une créature dotée de mamelles et de cornes, mais également d’un visage féminin contrefait, lui effleura la main du bout des griffes. Un autre approcha un groin aux naseaux palpitants et se mit en devoir de la humer de la tête aux pieds.
Cassy redoubla d’efforts. Si elle ne parvenait pas à s’échapper maintenant, elle serait bientôt submergée par une vague d’horreur pure.
La porte ! Elle devait absolument ouvrir cette fichue porte avant qu’il soit trop tard !
Sa première nuit de sommeil à l’hôpital avait failli la rendre folle. Sauter de rêve en rêve, hors de tout contrôle, vous donnait l’impression d’être un jouet entre les mains d’un marionnettiste sadique.
La parole ne pouvait pas guérir certaines douleurs, elle était bien placée pour le savoir.
Vivre, c'est accepter de mourir en se levant chaque matin, fit-il. Il n'y a pas de plus grande sécurité. p. 157
Puis elle ouvrit la porte. Jeta un bref coup d’œil par l’entrebâillement. Recula en sursaut, effrayée par ce qu’elle aperçut. Il fallait être fou pour rêver d’un sabbat mêlant sorcières, vampires, zombies et loups-garous !
[...]
Les univers oniriques étaient comme des miroirs déformants. S’ils rendaient un reflet tronqué de la réalité, ils ne s’en éloignaient guère pour autant. Chacun peuplait ses rêves des fruits de son expérience.
Certaines blessures finissaient par guérir d’elles-mêmes. Cassy pouvait désormais se consacrer sereinement à son deuil, tenter d’apprivoiser la douleur de la perte comme on apprivoiserait un animal sauvage avec lequel on est obligé de cohabiter pour le restant de ses jours.
Les onirospies resteront toutefois en activité. Tout comme les Dérêveurs, hélas. J’espère qu’ils nous ficheront la paix à l’avenir. J’ai libéré l’esprit des cauchemardés. Ils n’ont plus besoin de se venger.
Le terrorisme doit être combattu par tous les moyens. Sans exception. Je m’y efforce depuis des années et rien ne me fera renoncer. J’ai développé mes recherches à un point que tu n’imagines pas, Cassy ! J’ai découvert que plus on s’y prend tôt pour susciter le pouvoir des onirospies, plus il est possible d’améliorer leurs performances !
Un rêve ne comporte aucune logique de continuité.
Les démons adorent s’y tapir afin de nous tourmenter. Bien sûr, aujourd’hui on ne parle plus de démons, les savants emploient d’autres mots : névrose, traumatisme, obsession… Mais ça revient au même. Notre travail n’a pas changé. Il s’agit toujours de les éliminer.