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Cécile Hellian (Autre)Cécile Hellian (Autre)
EAN : 9782369354529
128 pages
Le Passager Clandestin (18/03/2021)
3.75/5   4 notes
Résumé :
« Ce qui rend l'homme essentiellement bon est d'avoir peu de besoins. »
Tour à tour romancier, autobiographe, dramaturge, épistolier, encyclopédiste, essayiste, Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) est le penseur majeur de la démocratie directe.
À l'aube de la révolution industrielle, il se distingue de ses contemporains en dénonçant l'accumulation de biens inutiles, le luxe et le consumérisme, causes des inégalités et de la destruction du lien social. Il... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
✱ D'un côté l'homme, l'illustre figure des Lumières : Rousseau.
✱ de l'autre un concept plus contemporain, celui de la "décroissance" (courant à la fois politique, économique et social qui fustige, comme chacun sait, la surconsommation de biens manufacturés et de ressources naturelles) dont wikipédia situe l'émergence autour des années 1970.
✱ Entre les deux, plus de 200 ans d'Histoire, des révolutions (industrielle, puis numérique), un monde en mutation accélérée et des virages idéologiques à n'en plus finir...

Pour relier l'un à l'autre, pour voir en Rousseau un "décroissant" de la première heure, il fallait donc de solides connaissances (sur le plan de la philosophie politique comme sur l'oeuvre du grand penseur) ainsi qu'une bonne dose d'imagination !
Heureusement, ce sont là deux des qualités de Cécile Hellian, qui dans ce petit livre évite en douceur l'écueil de l'anachronisme. Avec clarté, érudition et concision, elle donne à voir tout le génie visionnaire de Jean-Jacques Rousseau, lui qui sut percevoir déjà à son époque les conséquences sociales de l'accumulation causée par l'économie marchande, le goût du luxe, la soif excessive de progrès et la course au profit.
Il plaide à l'inverse pour un modèle centré sur l'agriculture, et propose de limiter drastiquement les échanges d'argent, l'exploitation des ressources naturelles, l'intensité des flux commerciaux et l'accumulation de biens inutiles dans laquelle il ne voit qu'une source d'injustices, de fatuité ou d'oisiveté malsaine pour les uns, de frustration ou de convoitise pour les autres, bref de malheur pour tous.

Loin pourtant d'apparaître comme un doux rêveur déconnecté des réalités économiques, l'auteur du "Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes" et "Du contrat social" démontre au contraire une parfaite maîtrise de son sujet !
Sur la base d'un argumentaire soigné et intelligemment commenté par Cécile Hellian, il met en garde contre les conséquences sociales du capitalisme préindustriel de son temps.
Le fruit de ses réflexions - qui portent aussi bien sur les notions de démocratie directe, d'écologie, de démographie ou de répartition équitable de l'impôt - est assez savoureux : il dessine un projet de société solide et très complet.

En s'appuyant sur différents extraits de ses oeuvres majeures, Cécile Hellian dresse donc ici le portrait d'un homme éloquent, convaincu et convaincant, comme put l'être un peu plus tard le grand philosophe naturaliste américain Henry David Thoreau avec qui il partage le même idéal de vie : simplicité, indépendance, liberté, attachement à la terre...

Lui qui se plaisait à rappeler que "les hommes ne peuvent asservir la nature aux besoins de l'économie", ou que "l'ordre du monde ne doit pas changer selon nos caprices", qu'aurait-il pensé de nos sociétés mondialisées, basées sur le culte de la compétitivité, sur des rapports de concurrence et d'hyper-productivité, et qui ont vu se réaliser nombre de ses funestes prédictions ?
N'avait-il pas raison de pointer du doigt, dès le XVIIIème siècle (!!!) les dangers de la surconsommation et d'une économie débridée, qui en plus d'épuiser les ressources fragilise le lien social ?
Est-il encore temps d'agir ?

Jean-Jacques Rousseau & la vie simple, c'est donc un petit bouquin qui pose de grandes questions !
C'est enfin un essai très accessible et très actuel, non moralisateur, qui nous invite à reconsidérer notre définition du progrès et nous livre un exemple édifiant : celui d'un philosophe de grand talent, l'un des premiers penseurs de l'écologie moderne.
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Un livre d'utilité publique.

A chaque élection est soulevé le désintérêt des français pour la politique. Et si cette désaffection était plutôt due à la pauvreté des débats, plus orientés vers la recherche de punch-line que sur les projets et les idées ? Spécialiste de l'oeuvre de Rousseau, Cécile Hellian s'intéresse à la philosophie politique ainsi qu'à l'analyse de la reproduction des inégalités sociales. Elle enseigne dans un lycée de l'académie de Lyon. Actuellement doctorante à l'EHESS, elle a su expliquer, dans son dernier ouvrage, intitulé Jean-Jacques Rousseau et la vie simple, avec un langage clair, en quoi l'idéal rousseauiste peut encore rester moderne. Cet ouvrage pourrait être un élément de réflexion à mener par chacun de nous, et en particulier pour la jeunesse...

Faut-il courir à tout prix vers le progrès ? La croissance est-elle un but en soi ? Faut-il continuer d'accumuler des biens et des richesses ? A quoi sert le travail s'il asservit les humains ? le partage n'est-il pas une noblesse d'âme ? Et qu'en disent les anciens philosophes ? Leurs propos sont-ils nécessairement dépassés ?

Alors revenir aux fondamentaux et Jean-Jacques Rousseau, "Figure majeure des Lumières, son influence est déterminante dans la construction de la démocratie moderne."

Avant Thoreau, mais bien après Diogène et Epicure, Rousseau, "critique opiniâtre des conséquences sociales du capitalisme pré-industriel de son temps" peut être vu comme un précurseur de la décroissance. Constamment faisant l'éloge de la vie simple et de la nature, "quoique n'ayant pu véritablement anticiper l'ampleur des ravages écologiques et sociaux de la future société industrielle, il en pressentit tout de même certains éléments, à commencer par le lien de causalité entre l'accroissement de la production de biens inutiles et la destruction du lien social."

En prônant la démocratie directe pour plus d'égalité, il anticipe les mouvements d'expression populaire tels que les référendums d'initiative citoyenne et les budgets participatifs. "Par cette organisation sans représentants, Rousseau évite l'écueil de l'indifférence du peuple aux affaires politiques."

D'une lecture simple, cet ouvrage ne manque pas de références à de nombreux autres philosophes. La seconde moitié de ce livre regroupe quelques textes choisis pour étayer les propos de la première.

Cécile Hellian a publié là un ouvrage utile pour les professeurs de philosophie pour inviter leurs élèves à une réflexion sur des thèmes d'aujourd'hui, comme la politique, le travail, l'autorité, la consommation, la richesse intellectuelle, le devoir, etc.

Mais son utilité va bien au-delà, il intéressera tous ceux qui s'intéressent aux questions politiques, économiques et écologiques
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Cécile Hellian nous offre une analyse ciselée de la pensée de Rousseau. Adepte de la vie simple, j'y ai découvert le concept de décroissance. C'est à la lumière de ce concept que les textes de Rousseau sont décortiqués.
Lien social, communauté, circuit court, équilibre vie pro / vie perso, abstentionnisme, place de l'intérêt général, échanges,... Autant de thèmes abordés qui montrent que l'oeuvre de Rousseau est résolument moderne.
Ce livre m'a donné envie de lire "Émile ou de l'éducation", quelle meilleure réussite que de susciter la curiosité du lecteur.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Pour Rousseau comme pour les décroissants, l'excès de production marchande constitue un indice du malheur des individus. Les richesses matérielles, généralement accumulées en proportion inverse de la richesse intérieure, conduisent à une impossibilité de jouir véritablement de l'existence. Comme Rousseau l'écrit dans l'Émile, «l'homme de goût et vraiment voluptueux n'a que faire de richesses ». Non seulement le plaisir véritable ne peut pas naître d'un excès de richesses matérielles, mais surtout celui-ci, en engendrant un bonheur illusoire, peut devenir réellement frustrant : «Gens à coffres-forts, cherchez donc quelque autre emploi de votre opulence, car pour le plaisir elle n'est bonne à rien. »
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Quoique n'ayant pu véritablement anticiper l'ampleur des ravages écologiques et sociaux de la future société industrielle, il en pressentit tout de même certains éléments, à commencer par le lien de causalité entre l'accroissement de la production de biens inutiles et la destruction du lien social.
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