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EAN : 9782848767147
205 pages
Philippe Rey (03/01/2019)
3.68/5   14 notes
Résumé :
« Paul Signac, Berthe et Jeanne : je suis issue d’une triple histoire d’amour. Un homme, peintre célèbre et intellectuel engagé, deux femmes et une enfant illégitime – ma grand-mère – issue de ce trio surprenant. Cette histoire m’a été racontée depuis mon enfance. Mais j’ai voulu savoir ce qui s’était vraiment passé. Dépasser le récit familial et essayer de comprendre comment ces trois personnes se sont parlé, comment elles se sont aimées. Les faits bruts, je les co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Charlotte Hellman, arrière petite fille de Paul Signac, s'est plongée dans les archives familiales et en particulier dans des milliers de lettres qui racontent la double vie amoureuse du peintre.

Paul Signac épouse Berthe (qu'il rencontre à Montmartre au Chat Noir) et alors qu'il mène une vie rangee, à l'aube de ses 50 ans, il tombe amoureux de Jeanne. Celle ci quitte mari et enfants pour vivre avec lui.

Je crois sincèrement qu'on peut aimer deux personnes en même temps (il y a une très belle chanson de Julien Clerc à ce propos, le coeur trop grand pour moi) -mais je me demande si 1)un tel trio serait possible avec une femme et deux hommes hors fiction 2)si ces deux femmes auraient accepté ce qu'elles ont accepté si elles avaient été libres financièrement.

Ce qui est le plus étonnant dans ce récit intime et émouvant? La manière dont Paul Signac a impliqué Berthe dans sa nouvelle vie. Non seulement il lui a écrit absolument tous les jours mais elle a participé au choix du prénom de la fille qu'il a eu avec Jeanne (Ginette).

Berthe, par la suite, gardera, Ginette régulièrement pour les vacances dans sa maison à St Tropez et finira par l'adopter officiellement comme seconde mère.
Peu banal vous avouerez ?
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le titre de ce livre a happé mon attention et guidé mon choix. Glissez mortels. Doux et un peu angoissant, il sonne comme un titre de contes. Que cachait-il exactement entre ses feuillets ? Eh bien, une belle histoire d'amour familial et la peinture d'un siècle sur le déclin. Charlotte Hellman signe un livre hommage à son arrière grand-père Paul Signac, peintre infatigable et novateur, belle âme et grand bourgeois réellement proche du peuple, c'est-à-dire engagé politiquement. Livre hommage également à une belle lignée de femmes dont elle est issue.
L'auteure nous invite à la suivre sur son chemin des origines pour retrouver avec nous le trio aimant qui a amené sa grand-mère à naître fille naturelle, puis adoptée, puis dépositaire de l'héritage culturel de Paul Signac. Destin improbable a priori. Que l'on songe à ce que pouvait être cette société du XIXème siècle encore fortement hiérarchisée, compartimentée, aux moeurs rigoristes. Il faudra l'obstination d'un homme hors normes, la grandeur d'âme de femmes d'exception, la présence d'un entourage tolérant, pour que ce destin soit.
Une famille parmi d'autres quoique celle-ci comporte, outre le grand peintre, quelques célébrités. Pour autant, nous ne lisons pas un magazine people. Cette fin du XIXème siècle va bientôt se fracasser sur l'horreur absolue, la Grande Guerre, qui va bouleverser l'Europe dans tous les sens du terme – sa géographie et sa géopolitique ; mais aussi, l'avenir d'une génération, les mentalités, les traditions. le 2 août 1914, Paul Signac esquisse un dessin préparatoire pour une aquarelle. Il interrompt son geste pour écrire sur son croquis "Interrompu par le tocsin de la mobilisation." Aujourd'hui encore ce message pathétique serre le coeur. Il exprime la sidération qui saisit chacun à ce moment ; le paysan dans son champ, la femme allaitant son petit dernier, l'ouvrier à son poste, le peintre à son tableau. Plus rien ne sera comme avant, chacun le pressent.
Entre la Grande Histoire et la petite, par la force d'un grand travail documentaire et la grâce d'une plume légère et empathique, nous remontons le temps, découvrons nos provinces avant qu'elles ne deviennent régions, imaginons ce petit village de pêcheurs devenus célèbre, explorons tout un mode de vie disparu.
Et nous, comment les futures générations nous jaugeront-ils… « Glissez mortels, n'appuyez pas ».
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Lui, Paul Signac, est un des artistes peintres les plus connus des années 20, précurseur du pointillisme, admirateur de Bonnard et amis de tant d'autres…

Elle, Berthe, qu'il épouse en 1892, celle avec qui il n'aura pas d'enfants, mais qui l'accompagne de Paris à saint Tropez, ce petit port de pêche charmant à la lumière incomparable, pendant plus de vingt-huit ans…

Elle enfin, c'est Jeanne, la voisine de palier qui emménage en 1899 dans ce bel immeuble construit par ce nouveau génie de la décoration qu'est Hector Guimard. Jeanne l'artiste, la femme, la mère, celle qui abandonne mari et enfants pour partir avec lui, qui lui donnera Ginette, cette enfant dont il rêve et qu'il fera finalement adopter par sa femme Berthe. Jeanne avec qui il passera vingt ans.

La relation entre Paul et Berthe est une relation de couple sereine et paisible, installés dans un certain confort. L'homme sait gérer son budget et l'artiste vend bien ses productions. Ils vivent à Paris, puis à Saint-Tropez, une vie facile et mondaine. Mais aucun enfant ne vient, au grand désespoir de l'un comme de l'autre.

Puis apparaissent les Selmersheim, ces voisins si charmants. Jeanne est artiste peintre, mère de trois enfants, femme comblée par un mari très conciliant. L'amitié entre les deux couples est quasi immédiate, ils se reçoivent, s'apprécient. Jusqu'au jour où les Selmersheim déménagent. Est-ce l'absence qui a créé le manque ? Toujours est-il que Paul et Jeanne vivent une relation adultérine intense, puis Jeanne quitte mari et enfants pour vivre avec Paul. Cette femme libre avant l'heure devra supporter toute sa vie le fait d'être celle qui a volé le mari d'une autre. Et comme Paul ne divorcera jamais, il ne pourra jamais l'épouser. La rupture sera douloureuse pour Berthe, mais son mari ne l'abandonnera jamais, il lui écrira sans relâche chaque jour de sa vie…
Relation croisée à trois ? Tout simplement l'amour, quand il vous prend, vous garde, vous transporte à tel point que l'on peut même accepter l'autre, comprendre le mari, continuer à aimer la femme que l'on a abandonnée, vouloir l'une et l'autre.
lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/02/09/glissez-mortels-charlotte-hellman/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Drôle de titre que cette injonction qui en dit si peu sur le sujet du livre ! Heureusement, le bandeau - si souvent superflu - se révèle ici précieux pour éclairer la lanterne du lecteur.
Les vies amoureuses de Paul Signac, donc. Voici un nom qui a tout de suite retenu mon attention. Car - désolée pour la platitude et la banalité du propos -, j'adore le pointillisme et, par voie de conséquence, Signac qui en est l'un des grands représentants. C'est donc sur la seule foi de ce nom que je me suis plongée dans cette lecture... occultant ainsi complètement l'autre partie de l'accroche. Mais il est certain que l'éditeur ne trompe pas son monde, et c'est bien par le biais sentimental que l'on découvre le bonhomme.
Vous dire que c'est l'angle qui m'intéresse le plus serait sans doute mensonger et, à mi-chemin de ma lecture, j'avoue avoir connu un moment de doute sur le bien-fondé de mon choix.

Cependant, on est loin de Voici, vous vous en doutez bien. D'autant que c'est l'arrière-petite-fille du peintre, aujourd'hui responsable des Archives Signac, qui signe ce récit biographique, lui donnant ainsi des allures d'enquête familiale. C'est un regard empreint de bienveillance, mais non dénué de lucidité, et d'une profonde tendresse que Charlotte Hellman pose sur l'artiste.

Avant d'ouvrir ce livre, je ne connaissais pas du tout Signac. Résolument pacifiste, attentif à toute forme de progrès, engagé aux côtés de Zola dans la défense du capitaine Dreyfus, ardent promoteur des avant-gardes artistiques à travers notamment le Salon des Indépendants qu'il présida près de trois décennies durant, il m'est vite apparu très sympathique. Mais il est toujours surprenant de voir à quel point les personnalités les plus progressistes peuvent parfois rester conservatrices dans la gestion de leur vie privée!

En 1892, il épouse Berthe, avec laquelle il mène une vie bourgeoise, entre Paris et Saint-Tropez, qui n'est encore qu'un modeste village provençal. Tout se corse, à partir des années 1908-1910, lorsque Signac tombe sous le charme... de sa voisine de palier, Jeanne, qu'il fréquente avec une certaine assiduité, le couple Signac s'étant lié d'amitié avec celui que forment la jeune femme et son mari. On n'est pas loin du vaudeville !
Sauf que pas du tout, car Jeanne va divorcer, renonçant ainsi à la garde de ses trois enfants, pour s'installer avec Paul, qui refuse quant à lui d'en faire autant. Il laissera à Berthe la jouissance du logement parisien et de la maison provençale, viendra déjeuner avec elle une fois par semaine, passera même des vacances avec elle, et ne laissera pas passer un seul jour sans lui écrire une missive pour lui témoigner son attachement. Et lorsque de son union avec Jeanne naîtra la petite Ginette, il effectuera les démarches visant à la faire adopter par Berthe, qui n'a jamais pu avoir d'enfant, afin d'assurer l'héritage et l'avenir de la fillette.

A partir des quelques photos de famille qu'elle a pu retrouver et des neuf mille lettres que Paul adressa à Berthe et que celle-ci conserva - alors que celles de Berthe furent vraisemblablement détruites par Jeanne -, Charlotte Hellman s'efforce de comprendre les liens qu'entretenait cet étrange trio, interrogeant tout à la fois les ressorts psychologiques des protagonistes et les règles qui régissaient alors la société. A travers cette histoire somme toute banale, elle révèle tout à la fois la personnalité méconnue d'un artiste majeur et les différents carcans conventionnels et sociaux d'une époque, ne se privant pas d'en souligner le poids et de mesurer le chemin parcouru.

Certes, je n'en ai pas appris autant que j'aurais pu le souhaiter sur la dimension et l'apport artistiques de Paul Signac. Mais Charlotte Hellman m'a offert le témoignage fin et sensible d'une époque que j'ai toujours trouvée passionnante !


Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Charlotte Hellman, auteur de cet ouvrage narre la vie de son aïeul, Paul Signac. L'on ne connaît que très rarement la vie intime, familiale de nos peintres français. D'ailleurs en a-t-on besoin pour apprécier leur oeuvre ? Non pour ma part. Me voici donc, grâce à ce texte, plongée aux côtés de l'artiste, de son époque et de ses amours. 📘Je découvre un peintre fidèle à son amour, Berthe, à laquelle il sera uni pendant presque 30 ans. Puis les années 1912 et 1913 sont les témoins d'un bouleversement familial. En effet, Jeanne, amie et voisine des Signac, quitte son époux et leurs trois jeunes enfants pour vivre avec le peintre. Voici donc Berthe seule, dans leur maison, tandis que le couple nouvellement formé accueille la naissance d'une petite fille en 1913. Double violence puisque outre la séparation, Jeanne donne naissance à une petite fille alors même que Berthe et Paul Signac n'avaient pas eu d'enfant. 🖊️ Je ne connaissais rien du tout de la vie de ce peintre et curieuse, je suis partie à la découverte de sa vie grâce au travail de mémoire accompli par l'auteur. Toutefois, si j'ai aimé une première petite partie consacrée à la vie commune du couple Berthe-Paul, j'ai eu beaucoup de mal à supporter la suite car le comportement de Signac m'a fortement agacée. Ses propos découverts grâce aux trop rares lettres gardées, ses actions (ou plutôt son inaction), cette situation bancale pour ces deux femmes ne me l'ont pas rendu sympathique. Ses remarques, courriers envoyés à son épouse étant parfois complètement inadaptés à la situation et blessants m'ont fait soupirer.

L'écriture de l'auteur est très agréable. Elle essaye aussi d'analyser parfois le cheminement réflexif de l'artiste face à sa situation ou lorsqu'elle retranscrit certains passages de missives. Toutefois, j'ai eu du mal à terminer ce livre en raison des agissements du peintre. La dernière page est émouvante.
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critiques presse (1)
LeFigaro
07 mars 2019
Le peintre inventa un nouveau modèle de famille. Une histoire follement romanesque racontée avec finesse par son arrière-petite-fille.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
C'est ainsi par le caractère de ma mère, que celui de Signac m'est alors parvenu.Dévoiler comme je souhaite le faire une part de sa vie intime, c'est tenter de restituer ce qu'il y a derrière la figure célèbre mais aussi, il le faut bien raconter d'abord un peu son parcours.
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Si j'essaye d'être objective, c'est sans doute aussi grâce au comportement de plusieurs femmes libres et fortes comme elle, provoquant le scandale, faisant bouger les lignes, que leur statut a évolué. Et concernant sa maternité défectueuse, il faut bien admettre que tout cela se passe à sa décharge dans un univers où l'enfance est dans son ensemble assez peu ménagée, et ce n'est rien de le dire.
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Dévoiler comme je souhaite le faire une part de sa vie intime, c’est tenter de restituer ce qu’il était derrière la figure célèbre, mais aussi, il le faut bien, raconter d’abord un peu son parcours. J’ai découvert chez lui tant de facettes antithétiques qu’il est très difficile de résumersa personnalité : homme d’action amoureux du calme, débordant d’énergie mais méticuleux, ouvert d’esprit, mais aussi vissé à des convictions fortes. Bien avant que l’expression ne devienne un slogan macronien, Signac me semble vraiment l’homme du « en même temps » ! Cela je le découvrirai, bien sûr, dans son cheminement amoureux et familial : l’exploit qu’il accomplira en la matière puisera abondamment dans ces apparentes contradictions.
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En plus de sa renommée de peintre, mais aussi de chef très actifs des Indépendants, son action sociale durant les années 1932-1934 l'avait fait connaître d'un nouveau public, et des lecteurs des pages politiques des journaux. On l'avait vu dans des réunions contre la montée rapide du fascisme et contre la guerre qui menaçait déjà. Cet amour du petit peuple de Paris - cette notion aujourd'hui disparue - de ce que l'on appelait alors "second peuple de Paris" -, la famille le sent palpable lors de ces témoignages de sympathie.
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Et puis, autour de moi, les divorces se sont soudain multipliés. De nos jours, rien de plus banal. Mais contrairement à ce que j’avais cru, le divorce n’est pas devenu une formalité. Les unions et les enfants sont aujourd’hui pour la plupart désirés et, lorsque le drame surgit, avec son cortège de souffrances, ils le subissent peut-être encore davantage. Surtout, la légitimité à « refaire sa vie », cette extension du droit au bonheur invoquée par les uns et les autres, m’a brusquement ramenée au trio dont je viens.
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Videos de Charlotte Hellman (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charlotte Hellman
"La Page à la Plage" avec Charlotte Signac-Hellman
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