Aubert se dit : je croyais avoir tout prévu... Des risques et des incertitudes à venir. Je me pensais à l'abri du besoin pour toujours et je me retrouve comme un preneur de risques... Amateur de hasard, de chance et de superstition. Hé ! C'est pas le moment de flancher, les autres eux, ne sont pas du genre à s'intéresser à la sauvegarde de la planète. Et si le groupe qui tient le business de stupéfiants dans mon immeuble me pousse jusqu'à ce que je sois obligé de lâcher mes appartements pour une bouchée de pain?
Aubert pensait que seul ce qui est utile doit être possédé et, seul ce qui est laid avait de la grâce à ses yeux, par la vertu du moins onéreux. Il avait une aversion pour le charme qui lui faisait préférer n'importe quelle laideur à un gain sonnant et trébuchant. En quelque sorte, on pourrait dire que pour lui, le beau était vécu comme une insulte.
L'intégralité des meubles et de la décoration surprend quand on connaissait les goûts spartiates d'Aubert, cherchant constamment le bon marché au détriment de la beauté. Tout provenait de l'héritage de ses parents, des gens avisés, puisqu'ils avaient accumulé sou à sou et n'étaient jamais partis en vacances, eux non plus.
Danielle Helme Le Radin
Danielle Helme vous présente son ouvrage Le Radin aux éditions De L'Amandier. Juin 2015.