AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Krout


LE VIEIL
HOMME
ET LA
MER

Hemingway
Ernest
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Une voile gonflée voguant sur l'océan éternel ; bon vent, vieil homme, et grâce à lui, l'éternité océane...


L'on a déjà tout dit sur ce livre et même trop, trop doctes à mon humble avis. Alors que le vieil homme est là et las dans ses pensées, pour sûr il rêve...

Quand ai-je pensé en le lisant à ce reportage sur la vie du scarabée poussant au plus loin de ses forces une boule de sable mélangée à son mucus ? Pour lui, je me rappelle, c'était vital. Cette boule énorme et le scarabée sans relâche de continuer. La tâche était immense, au point remarquable que les anciens Egyptiens vénéraient des amulettes de scarabée d'or. "Dors petit scarabée !", lui disais-je le voyant épuisé. Mais il ne m'entendait pas...


Le livre, lui, reposait depuis des années dans une bibliothèque, chez mes parents. Celle d'en haut, c'est dire. C'est là qu'après tant et tant d'années j'ai fini par le pêcher. Pas que je n'avais tenté, très jeune, jeune, moins jeune. Combien de fois m'en suis-je approché ? Jusqu'à mettre la main dessus, caresser sa couverture avec la mer en photo dans cette version le livre de poche ; le titre en jaune, cinglant au vent. du vieil homme, point de trace. Occasions manquées, encore, mais je revenais encore. Peut-être son papier jauni me poussait-il vers d'autres rivages ? Des livres plus récents où j'échouai. Obstinément je repassais cependant, faisais coulisser la glace et me disais : "un jour, un jour sûrement !" Et ce jour là est arrivé, dès que je l'ai ouvert je sus que les conditions étaient bonnes, plein d'espoirs je l'attrapai. Je sentais le moment enfin venu.


"Petit livre que l'on promène partout. Où donc ont-ils pu t'emporter ?" Ah ces pages rugueuses, brûlées par le soleil, crissantes comme le sable, elles ont dû en voir. Ces pages maintenant couleurs vieil or, devenues un écrin pour le texte. Elles souffrent quand je les tourne, par manque de souplesse. Sur certaines des taches de son, ô vieillesse ennemie ; je prends grand soin de ne pas les froisser. Sur certaines l'encre est jetée, d'autres semblent vouloir s'effacer discrètement. Mais malgré leur grand âge, elles se tiennent, aucune ne part à la dérive. Alors je continue jours après jours.


Dans la lecture il y a et il n'y a pas de hasard ; des choses doivent se faire, des rencontres, ou elles ne se feront jamais. Or donc me voilà dans mon cinéma de quartier d'art et essai, parti dans la vague intention de voir The square, je me laissai porter par mon intuition et optai en fin de compte pour L'échappée belle (dont je préfère le titre anglais The leisure seeker) de Paolo Virzi. Oui je me laisse emporter au loin, mais je connais le coin et dans cette traversée tout soudain : "Il était une fois un vieil homme, tout seul dans son bateau, qui pêchait au milieu du Gulf-Stream. En quatre-vingt-quatre jours, il n'avait pas pris un poisson. Les quarante premiers jours, un jeune garçon l'accompagna; mais au bout de ce temps..." c'est Donald Sutherland qui récitait à une serveuse. Oh ses yeux quand il récite et ses yeux à elle ; moi sans surprise j'ai reconnu, il faut dire que je n'avais lu que le tout début. Et puis quand la mémoire du vieux professeur flancha, c'est la serveuse qui enchaîna : "Dans la cabane, là-bas, tout en haut, le vieux s'était endormi. Il gisait toujours sur le ventre. le gamin, assis à côté de lui, le regardait dormir. le vieux rêvait de lions." Quelle ellipse ! Et leur plaisir à l'écran... beau à voir.


L'on dit que les ardennais sont têtus, j'en suis, il n'y a pas qu'eux assurément.

"Mais souvent, je me souvenais de ce crabe que j'avais vu avant de partir. Il s'était retrouvé dans un petit trou de sable trop grand pour lui. Sans cesse il montait et, au moment de parvenir à la surface, retombait sur le dos. Il passait énormément de temps à se retourner puis, inlassablement, attaquait la pente de sable [...] Je compris à quel point l'essentiel n'était pas l'objectif mais la persévérance dans le chemin qui y mène."
Moussa Ag Assarid


Du vieil homme je ne vous dévoilerai ici ni son nom, ni son prénom, ne voulant pas comme un de ces grands requins lui arracher tout ce qui lui reste : sa part de mystère. Mais vous, du gamin, vous en pensez quoi ?
Commenter  J’apprécie          6724



Ont apprécié cette critique (59)voir plus




{* *}