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sur 1543 notes
Un tourbillon joyeux et mélancolique de souvenirs dans le Paris des années 20, où malgré la pauvreté, le jeune Hemingway et sa première épouse ont été follement amoureux et heureux de vivre.
L'écrivain commença à rédiger ses " vignettes parisiennes " ( titre original de l'ouvrage ) pendant l'été 1957, mais l'introduction nous apprend que le livre, maintes fois remanié par les éditeurs, ne parut qu'en 1964, trois ans après le suicide de l'écrivain. Fort heureusement, le texte est maintenant réédité dans sa version d'origine, introduit par Sean Hemingway, son petit-fils.

Chaque " vignette parisienne ", fragment de vie, est un peu comme une coupe de champagne - avec plus ou moins de bulles, plus ou moins fraîche, issue d'un grand cru millésimé ou d'un simple assemblage - toujours élaborée avec précision, sans artifice ou effet littéraire. Un champagne peut-être un peu sec parfois, une écriture un peu trop épurée à mon goût par moments.

Largement autobiographique comme le dit lui-même Hemingway en introduction :
" Cet ouvrage contient des matériaux tirés des remises de ma mémoire et de mon coeur. Même si l'on a trafiqué la première, et si le second n'est plus. "
C'est en cela que l'oeuvre prend toute sa valeur et a suscité mon intérêt. On ne croise pas tous les jours Gertrude Stein, Scott Fitzgerald, Ezra Pound, James Joyce... que l'auteur ressuscite pour son lecteur de façon très vivante avec des anecdotes souvent savoureuses.
Hemingway nous livre ici par touches des éléments de sa méthode de travail en cours d'élaboration, et ça, c'est aussi tout à fait passionnant.

Ode à l'amour, l'amitié, l'inspiration artistique, le talent sans oublier une vue panoramique somptueuse sur Paris !

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Paris est une fête, là-dessus je suis bien d'accord avec Hemingway... Pourtant, cette lecture n'a pas été la fête brillante et fascinante que j'espérais.

Le titre de travail qu'Hemingway avait donné à ce livre était 'Vignettes parisiennes', et c'est exactement de cela qu'il s'agit : une succession de morceaux de bravoure sur le Paris des années 20, celui qu'il a connu lorsqu'il y vivait avec sa première femme Hadley. Celui d'Ezra Pound, de la librairie de Sylvia Beach, des courses, des troquets, de la Closerie des Lilas, de Scott Fitzgerald, de Gertrude Stein, des jours de faim et des petits secrets d'amoureux qu'il partage avec Hadley.

Nul doute qu'Hemingway ait un talent fou pour faire revivre ses années folles et insouciantes ou pour décrire ses amis artistes, qu'ils soient fous, répugnants ou simplement gentils. Nul doute non plus que les passionnés de Paris se réjouiront de suivre ses itinéraires place de la Contrescarpe ou le long de la Seine. Nul doute enfin qu'Hemingway ait soigneusement travaillé ce texte, comme le montrent les fragments écrits et réécrits, rassemblés en fin d'ouvrage.

Cela dit, il s'agit d'une collection d'instantanés. Des instantanés certes justes et admirables, mais pas toujours liés entre eux et souvent un peu froids. J'ai parfois regretté de ne pas avoir l'histoire et les émotions, celles de sa vie avec Hadley et leur petit Bumby. Disons que j'avais bien aimé 'Madame Hemingway', le récit de cette période vue par les yeux d'Hadley, et que j'attendais d'en avoir le pendant masculin et plus littéraire. Hemingway a choisi de faire autre chose... Tant pis et tant mieux.

Challenge Nobel 14/15.
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Je suppose que j'ai pris ce livre en mains pour en revendiquer le titre, comme un exorcisme contre les manifestations guerrieres de differents camps, contre les tags antisemites qui souillent les murs de la ville.

Paris est une fete. L'edition francaise du livre arbore ce titre mais l'original c'est "A moveable feast". La fete y est mais elle est mobile, portable, elle ne se passe pas qu'a Paris, mais aussi en Autriche.

Laissons le titre et ouvrons le livre. C'est le dernier d'Hemingway, paru après sa mort, après son suicide. Sachant cela ma lecture en a ete influencee. J'y ai vu un chant de cygne ou Hem (comme l'appellent ses connaissances dans le livre) se rememore le temps enchante ou il etait capable d'aimer, de boire, de jouer, de boxer, de voyager, de lire, et en meme temps d'ecrire.

Mais je suis conscient que c'est une lecture tres conditionnee. En fait, tout le livre ne tourne peut-etre qu'autour d'une passion: l'ecriture. Et de la discipline qui en decoule et qu'il s'etait impose a Paris dans sa jeunesse. Ne jamais boire après manger, ni avant d'ecrire, ni pendant l'ecriture. Par contre, a la fin d'une journee feconde, il s'octroie un verre de kirsh. Il renonce au journalisme et a ses emoluments parce que ca gene le travail de l'ecrivain. Quand il s'apercoit que les courses de chevaux lui volent trop de temps, il arrete, malgre ce que ca lui rapporte – car il a des tuyaux. Quand il mire une jeune fille qui s'installe pres de lui au café, il pense " tu m'appartiens, comme Paris m'appartient, mais moi j'appartiens a ce cahier et a ce crayon".

Les faits rapportes ne sont pas peut-etre pas rigoureusement autobiographiques, vu que l'auteur lui-meme indique dans sa preface q'on peut considerer le livre comme une oeuvre de fiction. Pour moi ils sont autobiographiques dans leur essence, sinon dans les details. Un americain pour qui Paris est un décor ou se rencontrent des Anglophones. Dans tous les portraits qu'il brosse (entre autres Gertrude Stein, Ezra Pound, Ford Madox Ford, Scott Fitzgerald), pas un francais (j'en ai peut-etre rate un?). Enfin, pas un ecrivain francais. Que des garcons de café et des concierges. C'est un peu choquant, l'autosuffisance anglosaxonne. Mais je me resaissis vite et je me dis qu'au XXeme siècle Paris n'aurait pas ete tout a fait Paris sans les etrangers, du moins en litterature. Bien sur Fargue garde une place de choix dans mon coeur, et beaucoup d'autres que je ne nommerai pas pour que ca ne devienne pas une liste. Mais Paris sans tous ces americains de la "generation perdue"? Sans Miller? Paris sans les "mitteleuropeens" de l'entre-deux-guerres? Sans les flaneries dans ses passages a la Walter Benjamin? Sans les saouleries dans ses cafes a la Joseph Roth? Sans les sudamericains de la seconde moitie du siècle? Sans le Marelle de Cortazar? Sans ces chinois qui s'y decouvrent et finissent par y recevoir le Nobel? On a fete Paris dans toutes les langues. Et ca continuera. Paris a ete une fete. Paris est une fete. Paris sera une fete. Paris continuera d'etre accueillant. Pourvu que les tags disparaissent.
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"Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine..."
(G. Apollinaire)

Michel-Ange a dit qu'il n'a jamais créé aucune statue, car elles vivaient déjà toutes dans le bloc de marbre de Carrare, et tout ce qu'il avait à faire était de les en libérer. "Paris est une fête" aurait très bien pu naître de façon similaire. Hemingway a seulement ramassé les souvenirs et les mots que le vent a dispersés aux quatre coins de Paris.
Et pourtant, on a failli ne jamais pouvoir s'en délecter.

Les dernières années d'Hemingway, qui comptait toute sa vie sur sa robustesse et sur son élan vital, étaient assombries par la dépression, une maladie chronique du foie, de l'hypertension, et pire encore - il commença à perdre la mémoire. Lui, toujours si fier de sa capacité dickensienne à retenir les noms et les lieux...
En novembre 1956, il a retrouvé au sous-sol de l'hôtel Ritz deux valises bourrées de notes de son séjour parisien en compagnie de sa première femme Hadley, et les retravailler sous forme de ce livre était probablement une sorte de thérapie.
"Maintenant, jamais, il n'écrirait les choses qu'il avait gardées pour les écrire jusqu'à ce qu'il eut assez appris pour les écrire bien. En tout cas, cela lui éviterait d'échouer dans sa tentative. Peut-être n'arrivait-on jamais à les écrire, et peut-être était-ce pour cela qu'on les remettait à plus tard et qu'on ne pouvait pas se résoudre à commencer", réfléchit le héros des "Neiges du Kilimandjaro", l'écrivain Harry, sur le point de mourir. Et comme première de ces choses, il nomme Paris.
Hemingway a réussi in extremis, et trois ans après sa mort, grâce à sa quatrième femme Mary Welsh, le livre est parti à la rencontre de ses lecteurs.

Qui n'aimerait pas "Paris est une fête" ? Certes, ce n'est pas pour ces "vignettes parisiennes" qu'Hemingway a reçu le Nobel, mais même son fan le plus aguerri peut parfois ressentir une certaine lassitude à la vingtième description détaillée de la chasse au koudou. Tandis que ce charmant livret ne peut ennuyer ni offenser personne.
Hemingway n'a jamais vraiment séparé la réalité de la fiction, et sa forme prosaïque mal définie reste aussi légère et pétillante que le vin blanc de Mâcon dont il est souvent question dans ces sketches parisiens.
On s'immerge avec bonheur dans cette vie bohème, où la tâche la plus difficile de la journée était de se lever avant midi, et écrire quelques pages avant de se recoucher le soir. La vie entre bars, cafés, hippodromes, littérature et rencontres au gré du hasard. C'est au lecteur de décider s'il a envie de sauter le chapitre sur l'obscur poète Ralph Cheever Dunning, et lire plutôt celui sur l'éclatante grandeur d'Ezra Pound ou celles sur Gertrude Stein, dont on sait déjà un peu plus ; si ce n'est qu'elle a beaucoup influencé le propre style d'Hemingway, même s'il ne voulait jamais l'admettre. Vous serez touchés par la rencontre avec le barde aveugle d'"Ulysse", James Joyce, et à chaque apparition de F. M. Ford ou Wyndham Lewis, vous ressentirez une très forte envie de les frapper sur la tête avec un croissant. Sans parler d'inoubliables passages tragicomiques sur le triste chevalier de la nouvelle prose américaine, F. S. Fitzgerald. Et Zelda, bien sûr...

Tout ce beau monde mis à part, le livre est aussi un intéressant témoignage sur son auteur, qui se laisse aller à une douce nostalgie. On sait qu'Hemingway était plutôt susceptible, et habitué à régler ses comptes par de mordantes allusions littéraires. On sait aussi qu'il n'était pas exactement un modèle de constance amoureuse, et qu'il savait aller durement (néanmoins honnêtement) à la poursuite de sa carrière. Mais ici on a affaire à un jeune Hemingway vertueux, un innocent écrivain débutant plein d'audace et de rêves, et un mari aimant, heureux de vivre d'amour et d'eau fraîche.
Il fait revivre le Paris des années perdues de sa jeunesse, où le vin et la nourriture étaient bon marché, et où on pensait assister à quelque chose qui ressemblait à la grande renaissance des arts ; ces temps que personne n'a alors estimés à leur juste valeur, et tout le monde l'a regretté après.
Boulevards au printemps, cafés où on pourrait passer la journée entière à écrire devant un seul verre sans être dérangé par les serveurs, et la joie... que ce soit en observant les mots qui s'alignent aisément sur le papier, ou la belle inconnue qui attend un amant anonyme dans le même café.

"Paris" se lit facilement et laisse une agréable impression. Il coule comme la Valse n°2 de Chostakovitch. 5/5 à cette beauté pure ; qu'elle vive à jamais comme souvenir des temps insouciants !
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De quoi sont faits nos souvenirs
ET
qui s'en soucie ?


Paris est une fête” n'est pas un roman à thèse. C'est un livre qui se prétend autobiographique et qui décrit ces années, juste après la première guerre mondiale, que Hemingway avait passé à Paris. L'auteur ne nie pas avoir largement retravaillé la réalité.

Il s'agit d'une collection de vignettes décrivant des conversations, des séances d'écriture au café, des repas parfois mémorables, toujours très arrosés, des vacances prises en Suisse ou à la Côte d'Azur,avec sa femme et leur bébé : le cheminement qui mène le journaliste-écrivain à abandonner le journalisme et sa précarité toute relative pour tenter l'aventure de l'écriture, connaître une franche misère, mais, peu à peu, se construire une certaine aisance. Nous sommes encore loin des parties de pêche en haute mer et des safaris en Afrique !

Paris, même s'il n'est pas un personnage au sens balzacien du terme, est toujours présent à l'arrière-plan: le Luxembourg, le boulevard Saint-Michel, l'église St. Etienne-du-Mont, voir la librairie Shakespeare & Company ou la Brasserie Lipp. Paris, qui change, virevolte, tournoie, surprend mais reste toujours elle-même. Quelle meilleure scène pour cet homme curieux de la vie, affamé d'expériences, mais surtout obsédé d'écriture ? Il y croise bon nombre d'auteurs, de peintres et de rédacteurs, observant chacun, parlant avec tous, se protégeant derrière un humour sec comme le gin le plus pur. Souvent, il les juge, en mettant quelques balles dans le mille.

Hemingway lui-même se montre en homme calme, quoique colérique, sûr de son talent, de sa force, des succès à obtenir, de son couple même. Rien ne peut le dévier de sa trajectoire : “ tu as écrit, tu écriras encore… “ se dit-il quand l'inspiration vient à manquer.

L'auteur écrit ces lignes à l'autre extrémité de sa vie. “Paris est une Fête” montre déjà un Hemingway passablement alcoolisé. Dans les dernières vignettes, on descend un ou deux verres de rhum le matin, en travaillant, puis le déjeuner est précédé d'un ou deux apéritifs , arrosé d'une ou deux carafes de vin par personne, vous prendrez bien un petit digestif, l'après -midi on se promène, on rencontre des amis, on passe au café, un petit whisky par ci, un cognac par la, et puis il y a le repas du soir et d'éventuelles sorties. Dans la mesure où les finances le permettent. Les finances, justement, vont de mieux en mieux. Quand Hemingway écrit “Paris”, plus de trente années plus tard, c'est un homme à la santé chancelante. Un homme qui souffre, aussi, d'une dépression sévère. A tel point qu'on lui a prescrit des électrochocs. Vers cette fin des années cinquante, c'est une thérapie qui efface progressivement la mémoire à long terme, et qui aplanit les émotions. Exactement ce dont vit un écrivain.Ainsi est-ce l'Hemingway du crépuscule qui nous conte les aurores de sa vie d'auteur, telles qu'il veut s'en souvenir. Un testament ? Non, sans doute une série de contes plus ou moins véridiques, comme le sont nos souvenirs du bon vieux temps.






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Paris est une fête, est un hymne à la vie, à l'amitié, à la création et un magnifique hommage rendu à Paris.
Le dernier film de Woody Allen « Midnight in Paris » m'avait amenée à relire cet excellent auteur qu'est Ernest Hemingway. Ici il s'agit d'une oeuvre mineure, mais qui laisse éclater tout le talent de son auteur.
Ici il évoque son premier séjour à Paris dans les années 20, en compagnie de sa première femme Hadley.

Un séjour difficile financièrement, pauvre en revenus mais ô combien riche en joie de vivre, en découvertes, en amitié.
Nous voyageons à travers le temps pour découvrir la vie nocturne dans le Paris des « années folles », les causeries à la Closerie des Lilas, la trépidante Gertrude Stein et son cercle brillant, des écrivains connus comme Ezra Pound, James Joyce et Scott Fitzgerald, moins connus comme le poète irlandais Ernest Walsh.

Son amitié avec Scott Fitzgerald est une amitié rare qui mêle envie, admiration et franchise.
Les personnages féminins ne sont pas laissés de côté et le portrait de Gertrude Stein et de Zelda Fitzgerald sont particulièrement vivants et attachants. Deux dames au caractère bien trempé, issues de milieux très différents, sudiste pour Zelda, juif new-yorkais pour Gertrude Stein.
Un livre divertissant qui nous fait voyager à travers le temps en bonne, en très bonne compagnie.
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Hemingway est choqué quand Gertrude Stein lui jette à la face, en parlant de façon générale : « Vous êtes une génération perdue. Vous avez fait la guerre, vous ne respectez rien, vous vous tuez à boire. »
Génération perdue, moi, médite-t-il, oui, j'ai fait la guerre, et alors ? et je la respecte, d'ailleurs elle vit avec une autre femme, alors, c'est réglé et puis je bois trop, moi, MOI , et il s'arrête à la Closerie pour boire une bière.

Paris, alors qu'il n'a pas d'argent, sauf quand il réussit à vendre un conte ou un essai, lui offre une vie facile, du vin, blanc de préférence, vraiment beaucoup de vin, la bibliothèque de prêts gratuits de « Shakespeare and Cie » de Sylvia Beach, un peu de boxe avec Ezra Pound, des champs de course de chevaux, où il joue, il perd et il gagne.
Il est jeune, il est libre, sa femme Hadley est une adorable femme toujours contente, parfois ils n'ont rien à manger, c'est bon signe, c'est instructif et pousse au travail, incite à économiser pour pouvoir aller en Espagne, parfois il lui ment en disant qu'il sort de table, et, quand l'argent arrive, alors, ce sont les gueuletons qu'il décrit avec gourmandise.

Ce que Paris offre, en plus du muscadet, des huitres, des fritures de goujons et des escargots, en plus du bonheur de vivre qui s'expose à chaque page, c'est que c'est l'endroit, dit-il, le plus propice à l'écriture.
« Découvrir tout ce monde nouveau d'écrivains ( Tolstoi, Stendhal), et avoir du temps pour lire, dans une ville comme Paris où l'on pouvait bien vivre et bien travailler, même si l'on était pauvre, c'était comme si l'on vous avait fait don d'un trésor ».
Attendre de relire le lendemain pour savoir si le travail a été bon.
Oublier le récit une fois fini, et avant la relecture du lendemain.
Se promener en essayant d'observer le monde alentour, prendre des idées, travailler et travailler encore.
Chaque jour où il ne peut pas écrire, en particulier dans sa relation avec Scott Fitzgerald, est un jour perdu. Car Scott, éperdu d'amour pour Zelda, ne prend pas conscience qu'elle est jalouse de son succès - il est arrivé à Paris en 1924 avec la gloire d'avoir écrit « Gatsby le magnifique »-et qu'elle le pousse à boire pour qu'il arrête d'écrire.
« Scott n'écrivit plus rien jusqu'au moment où il sut qu'elle était folle ». dit Hemingway.
Qui boit, mais ne se laisse pas séduire par les jeux mondains, la perdition dans l'alcool de cette génération perdue,( à ce moment de sa vie) de ces années folles, ni la perversion d'une Zelda, qui détruit Scott en lui disant qu'il ne pourrait jamais rendre une femme heureuse.
C'est une question de taille, ajoute-t-elle méchamment.
La taille, pour Ernest, n'est apparemment pas un problème, et son aptitude à jouir ( de la vie, de la ville, de son écriture) non plus.

Il a déjà reçu le prix Nobel en 1954 lorsqu'il remet au propre, dans sa villa de San Francisco de Paula à Cuba 30 ans après, ses notes oubliées en 1928 dans une malle Vuitton à l'hôtel Ritz, où il nous conte ses premières années magiques à Paris, sa liberté dans les rues, ses rencontres avec d'autre écrivain( exit Scott : lorsqu'on lui demande de parler de lui il parle de Karen Blixen, dont il aurait voulu qu'elle ait le prix Nobel à sa place) la vie avec sa gentille femme Hadley, leur bébé qui ne pleure jamais et qu'un chat vient surveiller et prendre dans ses bras de chat encore mieux qu'une baby-sitter, et l'écriture, toujours.
Dernières pages encore plus touchantes, l'aveu de sa liaison avec Pauline, la meilleure amie de Hadley, le chagrin de celle-ci et le sien : « Je souhaitai être mort avant d'avoir aimé une autre qu'elle », pourtant il est pris par la vie, l'amour, l'autre femme qui l'a séduit.
Paris avec la deuxième femme ne sera plus jamais le même, puisque il a changé.

LC Thématique septembre : Etat des lieux
Challenge Nobel
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Dans les années 20 lorsqu'Hemingway arrive dans la capitale accompagné de Hadley, sa jeune épouse, il n'était pas nécessaire d'être très argenté, pour faire de chaque instant un moment unique.
Que ce soit en déambulant le long de la Seine à la rencontre des bouquinistes ou dans les bistrots de Montmartre, l'auteur nous invite à la découverte de ce Paris bon marché, bruissant de fêtes où il était facile de rencontrer les célébrités pour peu que l'on ait un peu de bagou et beaucoup d'audace.

Il fait son apprentissage d'écrivain en côtoyant d'autres Américains expatriés comme lui : Francis Scott Fitzgerald, Gertrude Stein, Ezra Pound, ainsi que l'Irlandais James Joyce.

Ma connaissance de l'auteur se limitant à « Pour qui sonne le glas » et « le Vieil homme et la mer », j'ai pris beaucoup de plaisir à la découverte de ce texte plein de nostalgie, présenté comme des instants de vie.

J'ai essayé en lisant ce livre de faire abstraction de la résonance particulière qu'il a pris après les terribles évènements du 13 novembre.


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Paris est une fête évoque un temps révolu, celui des Américains venus vivre à Paris parce que tout est moins cher. Hemingway peint une atmosphère particulière, le bonheur, la légèreté teintée d'inconscience avec le recul de celui qui connaît la suite de l'histoire. Un livre marquant.

Au début des années 1920, Ernest et Hadley sont à Paris, la vie y est moins chère qu'en Amérique et ils (surtout Ernest) rencontrent des artistes reconnus, ou non. Les deux jeunes gens vivent heureux (de vin et d'amour ?) pendant qu'Ernest consacre ses journées à écrire. Il écrit dans des cafés (il déteste qu'on vienne le déranger) ou dans une chambre louée, puis une fois son travail achevé, il rejoint Hadley dans leur modeste appartement. Ils voyagent parfois, dans les Alpes ou en Espagne.

Une atmosphère de légèreté règne dans ce livre, mais des sauts en avant ramènent auteur et lecteur à la réalité.

Lien : https://dequoilire.com/paris..
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Qu'attendais-je de ce livre ? Qu'espérais-je trouver dans cette lecture ? Je ne saurais le dire avec précision mais certainement pas ce que j'y ai lu.

Comme le dit, de façon si bien imagée, Robert Lalonde : "Je défriche les chefs-d'oeuvre impérissables avec une précaution de souffleur de verre (...)", j'ajouterais que la masse de verre encore en fusion m'impressionne, m'intimide et c'est la raison pour laquelle ce recueil prenait la poussière sur mon étagère jusqu'à ce qu'une amie babéliote me rende trop curieuse pour résister à l'envie de l'ouvrir – mon imagination me laissait entrevoir Ernest Hemingway comme un écrivain assez impénétrable, avec un style travaillé et des considérations réfléchies sur toute chose.

"Paris est une fête" ne répond à aucune de ces attentes, un style fluide, journalistique : c'est la profession de l'écrivain, donc cela explique ce style dénué d'emphase, d'adjectif - mais Ezra Pound ne lui a-t-il pas dit de se méfier des adjectifs ? -, les dialogues sont narrés et non écrits dans un style direct, une surprise donc de prime abord que cette lecture abordable...


Comme une déambulation que l'on ferait aux côtés d'Ernest Hemingway, "Mister Awfully Nice", nous voilà partis à la découverte d'un Paris bohème, Paris des troquets, Paris des bistrots et des cafés... Car si vous entendez crisser les graviers des allées du Jardin du Luxembourg au fil des pages, si le froid mordant de l'automne vous fait frissonner, si vous respirez l'odeur d'oranges en contemplant le feu de la chambre où l'écrivain tente de rédiger certains contes qui le feront gagner de quoi vivre, le regard sur ce Paris devient très sélectif de ce qu'il remarque, peu observateur des paysages environnants, peu observateur des balbutiements d'une nature au coeur d'une capitale bien animée.

Ne prenez qu'un léger en-cas avant la lecture tant la description des mets vous nourrira pour les semaines à venir : salade de pommes de terre à l'huile d'olive, cervelas, escargots, pintade... viendront parfumer votre lecture et quant à la boisson, là, si vous n'êtes pas ivre avant la fin du livre, et bien... Tout est dit sur les verres de vin blanc, les bouteilles de vin de Mâcon, les Whiskies même si ceux-ci sont gages de la santé....
La déambulation se fait gustative tant que notre guide peut se le permettre parce que ces années parisiennes sont aussi des années de disette, où il s'invente des rendez-vous à l'heure du déjeuner pour rester seul et sauter le repas et économiser sou par sou ce qui lui permettra... d'aller en Espagne assister aux ferias. Dommage ! Je commençais à me prendre d'intérêt pour les rencontres variées, dans l'intimité des compagnons de la vie artistique, célèbres en devenir ou encore confidentiels, et surtout pour un lieu merveilleux qui semble être comme un îlot de bienveillance et de tranquillité, la librairie Shakespeare and Company et sa libraire, Sylvia Beach, qui fait crédit, prête autant de livres qu'elle le peut et enjoint notre écrivain à se sustenter plus souvent qu'il ne le fait…

Ernest Hemingway parle de sa façon d'écrire, ses habitudes, les obligations qu'il s'impose pour tirer le meilleur de sa plume… L'inspiration, compagne capricieuse, chemine à son côté, disposée à se laisser séduire ou décidée à rester distante, dans différents endroits autant isolés comme la chambre qu'il loue pour écrire que passants comme les cafés confidentiels, ceux dans lesquels on écrit sans se montrer...

Il reste de ces pages de souvenirs une certaine vision d'une vie alors encore tranquille, qui ne connaît pas encore les premiers soubresauts d'une Histoire qui va l'anéantir, toute blessée qu'elle reste de ces années de combats dans les tranchées qui ont fait disparaître tant de jeunes hommes et ont laissé ceux revenus tant démunis, oubliés et souvent incompris dans leur solitude.

Une lecture à faire comme une volonté d'approcher au plus près une époque où poètes, peintres, écrivains, dont nous répétons les noms à l'envi, ne sont encore que des hommes et femmes qui pour la plupart se battent pour juste subsister et écrire ces mots et phrases qu'ils espèrent admirables.
Une lucarne ouverte sur un temps, une immersion dans une vie comme un enseignement pour continuer la rencontre de cette plume désormais moins intimidante...


Reste que noter ce livre m'est aujourd'hui impossible et que je remercie cette amie babéliote qui se reconnaîtra de m'avoir chamboulé l'ordre mes lectures et autres rédactions des avis qui en découlent !
Je me devais de rédiger cet avis, pour cette curiosité suscitée, même si le nombre de critiques déjà partagées n'en appelait pas une supplémentaire  !




« Mais parfois, quand je commençais un nouveau récit et ne pouvais le mettre en train, je m'asseyais devant le feu et pressais un pelure d'une des petites oranges au-dessus de la flamme et contemplais son crépitement bleu. »

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