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EAN : 9780586044636
112 pages
Grafton books (01/01/1933)
2.67/5   3 notes
Résumé :
Le printemps arrive sur les petites villes du Michigan, mais la neige recouvre encore le paysage lorsque Scripps O'Neil, en route pour Chicago, décide de s'arrêter un peu à Petoskey, où il fait la connaissance de Yogi Johnson.
Leurs histoires bizarres sont une brillante parodie des romans conventionnels. Les personnages qu'ils rencontrent sont à la fois absurdes et étrangement familiers. Court, rythmé, amusant, Torrents de printemps préfigure les travaux ulté... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ernest Hemingway possède un indéniable talent de conteur. Mais après avoir affirmé que cet auteur a un talent et que ce talent est indéniable, est-ce suffisant pour prétexter que tout ce qu'il a écrit mérite d'être lu ? Là, rien n'est moins sûr.

Car c'est vrai qu'il sait écrire, l'ami Hemingway, un peu comme Quentin Tarantino sait faire des films. En voilà encore un qui possède un talent incroyable pour la mise en scène. Mais talent mis au profit de quelles histoires ? Il m'est souvent arrivé, en sortant du cinéma après avoir vu l'un de ses films, de me dire : « Quel dommage de mettre ce talent-ci au service de cette histoire-là ! »

Eh bien, c'est aujourd'hui ce que je me dis à propos d'Hemingway et de son Torrents de printemps. Que retiendrai-je de cette histoire ? Probablement rien, car il n'y a rien à retenir : ça n'est qu'un exercice de style et, franchement, si je lis, ça n'est pas pour admirer un quelconque exercice, fût-il somptueusement réalisé (ce que je ne crois pas être le cas ici).

Ernest Hemingway fait de la parodie, l'ensemble de ces Torrents de printemps n'est que parodique. Parodie d'auteurs ou de styles qui n'ont pas tous victorieusement passé l'épreuve suprême : résister au temps et aux effets de mode pendant un siècle.

Or, pour qu'une parodie fonctionne, il faut que le modèle parodié soit, au moins dans ses grandes lignes, connu de tous, à tout le moins, du plus grand nombre. Et voici donc un premier problème.

Second problème, que j'avais déjà largement évoqué à propos du livre de Nicolas Gogol, Les Âmes mortes, savoir, les fréquentes interventions de l'auteur en tant qu'auteur ont le don de découpler le lecteur de l'histoire et de ses personnages. En tout cas, chez moi, c'est ce qui se produit. Dans l'ensemble, c'est quasiment toujours dommageable à la lecture et ça nous fait maintenant deux problèmes.

Ajoutons celui que j'ai évoqué plus haut, c'est-à-dire le fait qu'Ernest Hemingway n'avait absolument aucun matériau d'histoire à raconter et que ce n'est pas le tout de savoir bien raconter ; nous voici déjà rendus à trois problèmes majeurs. Et trois problèmes majeurs sur une histoire aussi petite, ça laisse forcément des traces et le ressenti de lecture s'en ressent !

Au départ, on est donc prêt à donner sa chance à cette historiette, à laisser le narrateur nous intéresser au sort de Scripps O'Neil et de Yogi Johnson, employés tous deux d'une usine qui fabrique des pompes dans la banlieue de Chicago dans les années 1920, par un jour de grand vent et de grand froid.

On se demande pourquoi O'Neil a perdu sa femme, si ça collera avec la nouvelle qu'il se retrouve à la taverne. On se demande ce que Johnson a vécu en France pendant la première Guerre mondiale et ce qu'il ressortira de sa rencontre avec deux Indiens, et puis…

Pschhhh ! le soufflet se dégonfle : il n'y a plus rien. Et il n'y a plus rien parce que l'auteur n'a clairement rien à nous dire. Ces personnages n'étaient que des prétextes, prétextes à je-ne-sais-quoi, à parodies nous explique péniblement le rédacteur des notes, mais parodies d'un intérêt qui passent chacune — et même additionnées toutes en ensemble — rarement le niveau du premier barreau d'une échelle.

Donc, oui, malheureusement, ça ne monte jamais très haut… Dommage, vraiment dommage monsieur Hemingway, car votre talent de plume était indéniable, cependant, avant que de se mettre en tête d'écrire des histoires, encore faut-il, au minimum, avoir en soi une histoire à raconter…
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"Well, reader, how did you like it ?" C'est un Hemingway taquin qui pose cette question dans la note finale qu'il adresse à son lecteur.

Que puis-je lui répondre sinon que j'ai beaucoup ri à suivre les déambulations intérieures du polyamoureux Scripps O'Neil et de son collègue, l'interrogateur Yogi Johnson et qu'il m'a offert là un délicieux moment ?

Chronique d'une lassitude annoncée ? On aurait pu le croire. Très référencé (il s'agirait d'une volée de bois vert distribuée à Sherwood Anderson et à Gertrude Stein, auteurs dont je méconnais le travail et qui se trouvent ici pastichés) et émaillé de noms célèbres (Picasso, Scott Fitzgerald, Hamsun ou Huysmans), ce petit roman à la narration erratique, bâti comme un immense private joke, ne cesse cependant d'être hilarant.

Bourré d'incongruités, de coq-à-l'âne et de jubilatoires absurdités, cette histoire sans queue ni tête pétille de malice. On y rencontre un cul-de-jatte champion de billard, un rouge-gorge domestique (à moins que ce ne soit une effraie...), une serveuse de gargote amatrice d'anecdotes littéraires, un Peau-Rouge raciste ou un sculpteur de pompes (?) mais point de raton-laveur. Chaque chapitre relève de la plus juvénile espièglerie.

Dans ce boxon organisé souffle un vivifiant vent de folie. Heap chinook !

(Heming)way... to have fun.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
« La guerre, c'est l'enfer, avait déclaré Sherman. Mais comprenez-moi, Mrs O'Neil, c'est mon devoir. » Et il avait mis le feu à la maison aux blanches colonnades.
« Si le général O'Neil était là, spèce de scrrripant, avait rétorqué la mère de Scripps dans son mauvais anglais, vous n'auriez jamais osé toucher à cette maison. »
Des volutes de fumée s'échappaient de la vieille demeure. Le feu se propageait. Les colonnes blanches noircissaient à mesure que la fumée s'enroulait autour de leur corps droit. Scripps s'était blotti contre sa mère, agrippé à sa robe de tiretaine.
Le général Sherman était remonté sur son cheval et il avait exécuté une ample révérence. « Mrs O'Neil », avait-il dit, et la mère de Scripps racontait toujours qu'il avait les larmes aux yeux, tout fichu Yankee qu'il était. L'homme avait un cœur, monsieur, même s'il n'obéissait pas à ses impératifs. « Mrs O'Neil, si le général était là, nous réglerions l'affaire entre hommes, loyalement. Mais les choses étant ce qu'elles sont et le guerre étant la guerre, je dois brûler votre maison. »
Il fit un signe à l'un de ses soldats qui s'élança et jeta un seau de pétrole sur le feu. Les flammes montèrent et une grande colonne de fumée s'éleva dans l'air paisible du soir.
« Au moins, avait dit la mère de Scripps d'un air triomphant, cette colonne de fumée servira-t-elle à avertir de votre approche les autres filles loyales de la Confédération. »
Sherman fit une nouvelle révérence. « C'est un risque que nous devons prendre, madame. » Il fit claquer ses éperons et partit au galop, sa longue chevelure blanche flottant au vent.

Première partie : RIRE ROUGE ET NOIR, Chapitre V.
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