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EAN : 9781030407106
64 pages
Allia (07/09/2017)
3.86/5   39 notes
Résumé :
Ce texte bref (88 pages), qui a failli être intitulé Le pessimisme joyeux, s’appelle finalement Mon suicide. Pourquoi ? Dans le premier chapitre, Henri Roorda nous l’explique : ce titre initialement prévu, il l’avait en tête depuis longtemps. Mais, finalement, lorsqu’il écrit finalement le livre correspondant, en 1925, il fait le constat qu’il a perdu l’essentiel de sa bonne humeur. Et qu’il est donc plus réaliste, en plus d’être plus vendeur – le public, dit-il, « ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce n'est pas le genre de livre qu'il faut lire lorsque l'on est soi-même au fond du gouffre. Mais c'est le genre de livre qu'il faut lire et méditer. Probablement reprendre, de ci, de là. Profiter de cet humour essentiel dont fait preuve Henri Roorda. Prendre le temps de digérer ses formules ciselées, véritables fulgurances. Et, surtout, prendre le temps de peser les réflexions qu'il nous livre sur cette société qui nous semble parfois tellement pesante.

Il y a une grande actualité dans ce que partage Henri Roorda dans Mon suicide.

Ainsi, il dit qu'il a été élevé par des personnes qui l'ont fait grandir dans l'idée que la morale est tout, qu'il faut défendre les opprimés. Et il l'affirme : « … je voudrais une société où le travail corvée serait réduit au minimum et où l'on aurait, chaque jour, beaucoup d'heures pour aimer, pour jouir de son corps et pour jouer avec son intelligence ». Mais il enchaîne aussitôt : « Mon rêve est absurde. Qu'on le conçoive d'une façon ou d'une autre, le bonheur durable est impossible ». Sa conclusion tombe alors, inéluctable : « Mais, alors, faut-il souhaiter que la vie continue ? ».

Élevé par des parents eux-mêmes humanistes et proches des milieux révolutionnaires – son père, fonctionnaire néerlandais en poste en Indonésie, est révoqué pour ses positions anticolonialistes -, il fréquente très jeunes certains de ceux qui feront les beaux du mouvement libertaire : Élisée Reclus, Pierre Kropotkine, Ferdinand Nieuwenhuis. Ce qui ne le prédestine pas à autre chose qu'à adopter les mêmes idées. Dans le chapitre intitulé Argent, il brocarde sa propre vision des choses, tout en soulignant, en creux, l'absurdité de cette course à l'argent. « L'argent fait le bonheur. Pendant la grande guerre de 191, des hommes riches ont sacrifié généreusement leurs enfants sur l'autel de la Patrie. Mais, plus tard, quand la Patrie a eu besoin d'argent, ces hommes vertueux ont mis leur fortune en lieu sûr. Leur conscience ne leur a pas commandé d'aller jusqu'au sacrifice suprême ». Je vous laisse méditer cette saillie…

Il est également remarquablement grinçant lorsqu'il compare les riches et les pauvres. « le riche peut renouveler sa vie », dit-il, alors que « le pauvre ne peut pas attendre. Si le métier qu'il exerce depuis quelques années lui inspire maintenant de la répulsion, il doit continuer quand même », parce qu'il faut de l'argent pour bifurquer ! Dans le même ordre d'idée, « le pauvre et le riche peuvent commettre les mêmes erreurs ; mais, pour le riche, ces erreurs auront des conséquences moins graves ». Avoir le choix, pouvoir partir, pouvoir changer de décor, dit-il, ce sont des privilèges réservés aux riches !

Henri Roorda a enseigné les mathématiques. Mais il a toujours été attiré par les pédagogies libertaires, ce que l'on retrouve dans sa formule qui mérite, elle aussi, d'être méditée : « ma cordialité aurait certainement été efficace si, au lieu d'être le maître de mes élèves, j'avais pu être leur entraîneur ».

Libertaire, anarchiste, il regarde et analyse le fonctionnement, l'ordre social. Mais il ne peut pas, il ne sait pas, s'y plier. Il a besoin de vivre « avec ivresse », parce que la créativité est à ce prix : « il faut que, de temps en temps, un désordre se produise dans le monde pour que les choses nouvelles puissent naître ». Et il conclut l'un des derniers chapitres d'un définitif « Je n'étais pas fait pour vivre dans un monde où l'on doit consacrer sa jeunesse à la préparation de sa vieillesse ».

Même rapide, cette lecture fournit matière à réflexion pour de bien plus longs moments… et c'est aussi cela que l'on attend d'un livre, non ?
Lien : https://ogrimoire.wordpress...
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Livre qui m'a paradoxalement donné envie de vivre. L'auteur dit quelque chose comme : je n'ai plus peur de l'avenir depuis que j'ai caché sous mon matelas un revolver. C'est direct, court et vif. L'auteur écrit avec la liberté de celui qui n'a plus rien à perdre. Il passe de petites réflexions intimes à quelques claques existentielles. Toujours avec un humour parfois cynique, parfois grinçant et souvent noir.
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Un petit livre qui ma directement tapé dans l'oeil notamment avec son titre mais surtout la 4 ème de couverture! Un humour grinçant et qui au combien est juste. Des réflexions interessante sur le pouvoir de l'argent et la bienséance que l'on doit avoir en société! livre écrit dans les années 20! C'est une régale. Une très belle réflexion autour de l'amitié et de l'autre également.
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J'ai acheté ce livre de manière totalement impulsive dans une librairie. Je ne sais pas pourquoi. Ma copine immédiatement a voulu le lire, je l'ai lu après elle. Je ne comprends pas vraiment en quoi c'est du "pessimisme joyeux" mais je comprends sa détresse face à la société ; à croire que depuis l'époque de l'auteur elle n'a pas vraiment changé.
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Réflexion intéressante sur le but de la Vie. A lire et relire pour bien comprendre le sens de certains messages passés par l auteur
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
J'ai besoin de vivre avec ivresse. Bien des fois, le matin, en me rendant à l'école, j'ai été déprimé parce que je commençais une journée "où il n'y aurait rien", rien que l'accomplissement du devoir professionnel. Je ne suis pas un homme vertueux, puisque cette perspective ne me suffisait pas. J'ai besoin d'apercevoir, dans l'avenir prochain, des moments d'exaltation et de joie. Je ne suis heureux que lorsque j'adore quelque chose. Je ne comprends pas l'indifférence avec laquelle tant de gens supportent chaque jour ces heures vides où ils ne font pas autre chose que d'"attendre".
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Le plus grossier réalisme où dorment les repus d'aujourd'hui est une litière d'anciennes chimères. On a beau dire : tout a commencé par être un rêve. [...] Les rêveurs sont des pourvoyeurs de réalité. Ils vont chercher du réel dans l'inconnu pour compenser l'usure des communes réalités. Grâce à eux, la réalité sans cesse rabattue à la vulgarité par l'habitude, se trouve sans cesse rétablie en sa nouveauté par l'invention.

Pp.65-66
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Je n'étais pas fait pour vivre dans un monde où l'on doit consacrer sa jeunesse à la préparation de sa jeunesse.

[...]

Car il y encore en moi une grande provision de gaîté. Détruire tout ça, c'est du gaspillage. Je n'ai jamais su être économe.
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Je ne ressemble pas à ces fonctionnaires qui sont fiers d'être un "rouage" de la machine sociale. J'ai besoin d'être ému par les vérités que j'enseigne.

p.40
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La vieillesse ne sert à rien. Si j'avais créé le monde, j'aurais mis l'amour à la fin de la vie. Les êtres auraient été soutenus, jusqu'au bout, par une espérance confuse et prodigieuse.
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