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Michel Deutsch (Antécédent bibliographique)Michel Favart (Antécédent bibliographique)
EAN : 9782709617130
434 pages
J.-C. Lattès (18/09/1996)
4.28/5   23 notes
Résumé :
Voici, de la défaite de 1870 au procès des "Malgré-nous", près d'un siècle de l'histoire de l'Alsace, à travers la chronique du village d'Alsheim et de ses habitants.
Mathilde de La Tour n'a pas vingt ans lorsque son mari est tué au cours de la guerre franco-prussienne. L'Alsace devient allemande. Durant près d'un demi-siècle, envers et contre tout, recluse dans son château, Mathilde va incarner la fidélité à la France, qu'elle confond avec le souvenir de ce... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Certes, on n'est pas ici dans la grande littérature, puisqu'il s'agit de l'adaptation en roman d'une saga télé. Mais quelle justesse dans la description d'une Alsace longtemps ballottée entre France et Allemagne, tiraillée et souvent rejetée des deux côtés !

Même si l'histoire se déroule de la guerre de 1870 au procès des Malgré Nous en 1953, j'y ai retrouvé beaucoup de choses qui ont marqué mon enfance (bien après 1953 !) et ont fondé l'Alsace d'aujourd'hui, pleine de particularités, de paradoxes et de panache : un attachement farouche à la France, mais aussi la crainte qu'elle nous enlève ce qui fonctionne bien : le régime spécial de la sécurité sociale, le statut des Églises lié au concordat, le droit local, les 2 jours fériés en plus... une culture fondamentalement germanique, pour preuve le dialecte alsacien, mille fois plus proche de l'Allemand que du Français, mais associée à une certaine germanophobie chez les anciens liée au traumatisme de la seconde guerre mondiale et des Alsaciens enrôlés de force. Je connaissais ainsi un vieux monsieur considéré comme un héros par sa famille (moi y compris) pour avoir traversé le front de l'Est vers les soviétiques en criant 'Frankousky, frankousky' pour ne pas combattre aux côtés des Nazis. Mais ce même vieux monsieur n'était pas fichu de faire une phrase en français sans l'émailler de 'jungs' et détestait tout aussi cordialement les parisiens qui veulent tout décider pour nous... Jamais complètement à sa place, ni d'un côté ni de l'autre, comme l'Alsace à cette époque.

Bref, vous l'avez compris, cette lecture a résonné fort en moi parce que c'est l'histoire de tous les Alsaciens, faite de guerres, de changements politiques et culturels imposés, de difficultés à trouver la bonne place, de soupçons d'être trop francais ou trop allemand. Au-delà de cet aspect personnel, le livre peut être intéressant pour tous car il retrace l'histoire difficile d'une région à travers 3 familles, leurs convictions, leurs combats, leurs amours, leurs ennuis, leurs joies... L'histoire en elle-même est assez prévisible (ils épousent tous l'amoureux(se) de leurs 15 ans, ils ont tous un bon fond, ils se réconcilient toujours) mais certains personnages sont très attachants, comme Mathilde (évidemment), Kathel (moins évident) ou même Manfred. Une belle découverte, donc.

Lu dans le cadre du challenge 'Vivent nos régions' de l'Oiseau-Lyre : http://loiseaulyre.canalblog.com/archives/2013/07/08/27593518-p150-0.html#c62288185
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Sans doute va t-on m'accuser de chauvinisme alsacien. On aurait tort, je suis Lorraine ;-). Mais de ce petit coin de Lorraine qui fleure bon son petit accent germanique, celui-là même que les Alsaciens ont également, et qui nous font appeler les Boches (ami.e.s de la nuance, bonjour)
Bref, tout ça pour dire que je me suis quand même pas mal reconnu dans ce roman, en plus ce qu'on put me dire mes grands-parents. Donc, 1870, Napo 3 perd la guerre, l'Alsace et une partie de la Lorraine. Certains l'acceptent, d'autres non, qui choisissent alors soit de partir en France soit de résister. C'est ce que décide la première Mathilde : Française pure et dure (avec l'accent, certes), elle n'acceptera pas la germanisation, ce qui ne va pas sans poser de problème dans sa vie privée. Passe une première guerre, qui voient des frères s'affronter, chacun de son côté de la ligne de front. Arrive la Seconde, où les choses sont beaucoup plus complexe, tant dans la partition du territoire que dans les engagements de chacun. Arrive alors la 2è Mathilde, elle aussi pour la France, et contre le nazisme.
Si le style n'est pas vraiment au rendez-vous, ce roman reste vraiment intéressant pour son histoire. Même si la symbolique est un peu lourde parfois, il présente et explique assez bien les choses, notamment celles qui ne sont pas bien comprises par les Français de "l'intérieur" comme la question des Malgré-nous. On peut regretter certains choses, certains manques, mais bon, comme leçon d'histoire pas chiante, c'est vraiment pas mal.
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À travers cette novélisation de la série TV du même nom, composée de quatre films, nous sommes plongés au coeur de l'histoire de l'Alsace, de la défaite de la France en 1870 au procès des "Malgré-nous". On suit la vie quotidienne et le destin croisé de trois familles principales, d'origine sociale différente et sur plusieurs générations d'un petit village (fictif) alsacien, Alsheim : les Kempf de la Tour, industriels de père en fils, les Imhof, vignerons et les Laugel, aubergistes.

La vie de chacun de ces personnages s'inscrit dans L Histoire avec un grand H. On y découvre comment un peuple qui n'a jamais rien demandé à personne se trouve convoité tantôt par la France, tantôt par l'Allemagne. Et à chaque fois, on peut constater que l'histoire se répète entre francisation et germanisation forcées, humiliations et mépris, suspicion, familles déchirées, purifications ethniques d'Alsaciens pas suffisamment Français, enrôlement forcé dans les armées allemandes nazies sous peine de représailles collectives et déportation des familles des déserteurs, éternelle incompréhension française envers un peuple qui a changé tellement de fois de nationalité sans en avoir le choix etc.

Le profond sentiment d'appartenance à la France des Alsaciens, malgré toutes les vicissitudes commises par la France à leur égard, est symbolisé par les deux Mathilde, deux femmes d'une époque différente et de condition sociale différente, l'une, veuve suite à la guerre et fidèle à la France après la défaite de Sedan et l'autre, figure de la Résistance lors de la Seconde Guerre Mondiale.

À travers ce récit qui rejoint plus la réalité que la fiction, on peut mieux comprendre l'Alsace qui a probablement connu l'histoire la plus sombre de toutes les régions françaises. On peut également mieux appréhender le sentiment de désarroi et peut-être même de rancoeur que peuvent encore éprouver les Alsaciens envers une France qui, par deux fois, ayant livré l'Alsace à l'Allemagne, vient ensuite le reprocher aux Alsaciens, mettre en doute leur profond attachement à la France, les sanctionner d'avoir "marché avec les Boches" en oubliant un peu trop vite qu'ils y ont été contraints par cette Allemagne (ex)ennemie mais surtout, par la France elle-même.
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J'ai beaucoup aimé ce livre qui permet de mieux comprendre ce qu'ont vécu les alsaciens de 1870 à la fin de la seconde guerre mondiale. C'est au côté de la famille Kempf de la Tour, ou encore de la famille Laugel ou Imolf, que nous suivons sur plusieurs générations, que nous découvrons toutes les souffrances et difficultés de ces familles sur fond de guerres de territoire.
J'avoue avoir eu beaucoup de mal à entrer dans l'histoire. Malgré tout, je ne regrette pas d'avoir tenu à en continuer la lecture, car une fois accoutumé au style, j'ai vraiment adoré.
J'ai eu l'occasion de voir les 4 volets du feuilleton suite à la lecture de ce livre. Je dois dire que j'ai, de loin, préféré le livre qui fait mieux apparaître l'intérêt historique de ce récit.
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Les Alsaciens ou les deux Mathildes est un très beau roman sur l'histoire d'Alsace (ma région d'adoption depuis bientôt 28 ans). L'histoire explique bien comment l'Alsace est devenue allemande, redevenue française pour être de nouveau considérée allemande pendant la seconde guerre mondiale et puis de redevenue française après cette guerre. On comprend mieux les Alsaciens et leur attachement à leur région
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Pour finir il exposa une fois de plus le malentendu dont souffrait l'Alsace depuis un siècle :
- Faut-il rappeler à ce tribunal que la plupart de nos parents ont changé de nationalité quatre fois ? Mon grand-père, français, a été fait prisonnier par les Prussiens en 1870. Mon père, allemand, fut déporté en Prusse-Orientale en 1914 pour sentiments profrançais. Moi, français, j'ai été fait prisonnier par les Allemands en 1940, et maître Kempf de La Tour, allemand malgré lui, a été fait prisonnier par les Russes en 1943 ! Il semble décidément, messieurs, que le seul uniforme qui convienne aux Alsaciens, ce soit celui de prisonnier !
Des applaudissements s'élevèrent. Cette fois, il y eut des réactions parmi les juges militaires. On les entendit commenter : "Il sort du débat." "Ces considérations n'ont rien à faire ici..." Manifestement ils voulaient bien entendre parler des faits et des témoignages, mais l'évocation du passé alsacien leur semblait incongrue, pour ne pas dire de mauvais goût. Anselme s'en aperçut, mais continua, décidé à ne pas se laisser impressionner :
- Faut-il rappeler à ce tribunal que l'Alsace a payé au cours de la dernière guerre un tribut sept fois plus lourd que le reste de la France ? 43 000 morts, 27 000 civils exilés de force en Allemagne ou en Pologne ; près de 20 000 déportés dans les camp de la mort ; qui porte la responsabilité de tant de malheurs ? Nous-mêmes ? Ou les gouvernements, les généraux, dont une fois de plus, comme en 1870, l'incompétence et l'irresponsabilité nous ont livrés à l'Allemagne ?
Ce fut une explosion d'applaudissement dans la salle.
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A quelques temps de là, se promenant un dimanche dans Strasbourg, Odile et Louis-Charles Kempf, accompagnés d'Albert et de Rachel Laugel, s'attardèrent devant le monument aux morts de la place de la République. Celui-ci porte l'inscription "À nos morts", et non pas, comme partout ailleurs, "Morts pour la France". La statut figure deux hommes dans les bras de leur mère. Ils sont nus. S'ils portaient des uniformes, l'un serait français, l'autre allemand.
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Louis toisa le syndicaliste, puis se tourna vers le magistrat :
- Monsieur le président, demanda-t-il avec hauteur, puis-je savoir à quel titre cet individu est ici ?
- Victime des Allemands. Vous l'avez entendu.
Louis haussa les épaules :
- Je ne comprends pas ce que l'on entend par là, en particulier en ce qui concerne ce monsieur. Nous sommes tous des victimes ! La France nous a livrés aux Allemands, pieds et poings liés, après la guerre de 1870, par un traité en bonne et due forme. Et maintenant, elle vient nous le reprocher !
Le président secouait la tête :
- Ne nous égarons pas. La loi est la loi. Voici le décret qui a été pris : "Les Allemands d'origine seront classés en catégorie D, déclarés indésirables et expulsés. Les Alsaciens ayant un ascendant allemand seront classés en catégorie B, et les Alsaciens de parents alsaciens en catégorie A." J'applique la loi.
- Monsieur le président, reprit Louis, cette chasse à l'homme est indigne. Les Allemands nous traitaient de Franzosenkopf, de "têtes de Français". Maintenant vous venez nous traiter de sales Boches.
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