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EAN : 9782370490612
480 pages
La Volte (19/04/2018)
3.81/5   58 notes
Résumé :
Religieuse, visionnaire, scientifique, poétesse et compositrice, l'abbesse Hildegarde de Bingen n'a cessé, depuis sa mort, d'inspirer femmes et hommes. Figure totale du Moyen-âge européen, elle déborde des limites du XIIe siècle et de la vallée Rhin où elle vécut : depuis sa berge de fleuve, entre Mayence et Cologne, Hildegarde rayonne sur l'univers entier. Née au moment où la première Croisade arrive à Jérusalem, elle meurt tandis que naissent les premiers chevalie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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C'est grâce à mon libraire que j'ai découvert ce livre dédié à Hildegarde von Bingen . Encore merci à lui !
Cela faisait un petit moment qu'il m'appâtait en me parlant de faire venir son auteur Leo Henry.
Leo Henry, une sacrée rencontre ! Comment ce bonhomme tout simple a été capable d'écrire ce livre absolument inclassable ? Bon, finalement cet auteur est aussi inclassable puisqu'il s'est engagé à écrire une nouvelle par mois pendant 10 ans… Nous sommes à la moitié de son challenge…
Un auteur passionné, connaissant la vie d'Hildegarde von Bingen sur le bout des doigts. Car il en a potassé des livres et des archives pour arriver à nous accoucher d'un livre pareil.
Un livre que je qualifierais d'ailleurs d'inclassable ! Oui, je sais je l'ai déjà dit, mais je me répète volontiers histoire de bien appuyer sur ce détail qui n'en est pas un.
Un plongeon au coeur du Moyen Age , à une période où la culture orale est encore bien plus importante et présente que l'écriture qui pour l'instant est réservée à l'Elite ( l'élite, c'est-à-dire en priorité l'Eglise et certains nobles ). Cette culture orale, nous allons en avoir un plus que large aperçu car ce livre est rempli de récits, de contes, de conteurs, de conteuses, pour former un formidable canevas où le motif central est bien sur Hildegarde.
On voyage aussi dans ce livre puisque certains récits nous transportent à Cologne et d'autres, au rythme des croisades nous emmènent jusqu'à Jérusalem.
Même si dame Hildegarde n'est pas toujours le personnage central de certaines des histoires qui nous sont narrées, petit à petit se dresse un portrait de cette femme hors du commun et avant gardiste, surtout pour l'époque ou elle a vécu.
Certes, l'écriture de ce livre est dense et on ne peut certainement pas qualifier sa lecture de légère, mais c'est une histoire qui se mérite.


Challenge Pavés 2018
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On le sait depuis un certain temps, les éditions La Volte aiment les livres atypiques qui ne rentrent pas dans ces cases. On se souvient du Cinquième Principe de Vittorio Catani ou encore de Kalpa Imperial d'Angelica Gorodischer. Cette fois, c'est au tour de Léo Henry, écrivain français déjà bien établi dans le milieu de l'Imaginaire. On lui doit tout d'abord l'univers Volodinien de Yirminadingrad en collaboration avec le défunt Jacques Mucchielli, mais aussi un nombre impressionnant de nouvelles regroupées dans plusieurs recueils tels que Point du jour ou le Diable est au piano. Auteur inclassable et protéiforme, Léo Henry s'est aussi lancé dans une aventure unique en écrivant une nouvelle par mois qu'il envoie à ses lecteurs abonnés et cela gratuitement. C'est pourtant avec un roman de plus de 500 pages que l'on retrouve le français aujourd'hui qui, si l'on en croit son éditeur, lui trotte dans la tête depuis dix ans maintenant. Son nom ? Hildegarde. le même que celui de la fameuse sainte du Moyen-âge. Mais que nous réserve encore Léo Henry ?

Hildegarde de Bingen
Avant de s'intéresser au roman à proprement parler, il n'est pas inutile de rappeler qui est cette fameuse Hildegarde. Parfois appelée Hildegarde de Ruppertsberg ou Hildegarde de Bingen, Hildegarde est une religieuse ayant vécu au XIIe siècle dans le royaume de Germanie. Touchée dès son plus jeune âge par des visions qui lui offrirait la Parole de Dieu et ses enseignements divins, elle entre au couvent à l'âge de huit ans et prend le voile vers ses quinze ans. Ce n'est que vers quarante-trois ans qu'elle commence à consigner ses visions dans un ouvrage qui fera date appelé Scivias. Elle est alors abbesse de Disibodenberg mais cela ne lui suffit pas et elle fonde le couvent de Ruppertsberg. Sa réputation allant croissant grâce à ses enseignements mais aussi à ses miracles, elle reçoit l'approbation papale d'Eugène III et poursuit son oeuvre colossale jusqu'en 1179 où elle meurt à l'âge de quatre-vingt un ans. Par la portée médicale, théologique, artistique et linguistique de son travail, Hildegarde est une figure majeure du Moyen-âge en Europe. Elle n'est cependant proclamée Docteur de l'Eglise qu'en 2012 par le pape Benoît XVI. C'est ce personnage que se propose de nous faire (re)découvrir un Léo Henry que l'on sent particulièrement captivé par l'empreinte qu'elle a laissé sur le monde.

L'art du récit enchâssé
Pour atteindre le but difficile de livrer un portrait total d'Hildegarde, Léo Henry ne pouvait pas se contenter d'une biographie linéaire. Il s'amuse alors à faire ce qu'il fait le mieux : il enchâsse ses récits et alterne les histoires à la façon de sa nouvelle Les Trois livres qu'Absalon Nathan n'écrira jamais parue dans l'anthologie Retour sur l'Horizon et lauréate du Grand Prix de L'imaginaire. Hildegarde est un savant labyrinthe littéraire qui mélange à parts égales histoire, légende et théologie. Surprise pourtant, le roman ne parle pas forcément de façon directe et frontale de la sainte de Bingen. Il débute plutôt sur la vie de quatre autres saintes proposées à la chaîne : Hélendrude, Cordula, Ursule et Elisabeth. Immédiatement, quatre femmes, quatre épopée, quatre légendes. C'est ensuite un homme qui prend le relais avec l'évocation durant une cinquantaine de pages de Johannes Trithème, un abbé bénédictin resté célèbre pour son travail sur la linguistique et la cryptologie. Puis, le français plonge dans la Première Croisade et nous refait l'histoire de Philippe d'Alsace au passage. Mais…que fait Léo Henry ?

Hildegarde, produit de son époque
En réalité, l'auteur français reconstruit le personnage historique sous la forme d'un puzzle. Il collectionne les personnages qui vont influencer la vie de la sainte d'une façon ou d'une autre : Ursula et ses onze mille vierges, Jutta et son amour interdit, Trithème et sa redécouverte de la Lingua Ignota, les saints Rupert et Disibold qui donneront leurs noms aux abbayes que fréquentera Hildegarde… Mais mieux encore, Léo Henry capture l'essence de l'époque médiévale à travers les grands événements qui jalonneront de près ou de loin la vie de la Sainte. C'est ainsi qu'il nous plonge pendant quatre-vingt six pages dans une Première Croisade extatique et sanglante ou qu'il croise Parzifal, Siegfried et Dietrich dans sa propre version de la Chanson des Nibelungen. Un travail proprement titanesque mais payant qui offre au lecteur un récit protéiforme d'une densité hallucinante. Hildegarde n'est pas simplement la vie et l'oeuvre d'un sainte, c'est aussi et surtout une peinture impressionniste du Moyen-âge à l'aune de la chrétienté et des légendes populaires.

L'Histoire en tant que légende
Léo Henry réfléchit tout du long de ces 500 pages sur bien davantage que la vie de la Sainte Hildegarde. En déconstruisant et reconstruisant les légendes, en remontant les sources historiques ou en les compilant, Léo Henry s'interroge sur la place de l'Histoire, la vraie, la grande, celle avec un H majuscule. Qu'est-ce que l'Histoire si ce n'est une énième légende ? Où s'arrête la légende et où commence l'Histoire ? Léo Henry se questionne sur la formation de notre Histoire, sur la façon dont l'homme construit, magnifie et parfois ment sur son propre passé, faisant naître des mythes plus que des faits, des héros plus que des personnages réels. L'archétype de cette réflexion, le fabuleux passage sur la Première Croisade où Orlando lui-même, notre narrateur de circonstances, se demande s'il rapporte bien toute la vérité à son auditoire. le collage de tel ou tel récit n'a, dès lors, plus d'importance. Léo Henry peut faire ce qu'il veut et mélanger ce qu'il souhaite. Il peut parler de l'histoire de saints et de martyrs, refaire la Genèse ou l'Apocalypse, ou nous exposer Hildegarde par les yeux de son époque, de ses légendes et de ses “apôtres”.

Anamnèse de Lady Hildegarde
Curieusement, on lit dans les remerciements qu'un certain Laurent Kloetzer a travaillé sur le manuscrit d'Hildegarde. Ce n'est certainement pas un hasard tant Hildegarde renvoie à un autre chef d'oeuvre, de la science-fiction cette fois, avec Anamnèse de Lady Star de Laurent et Laure Kloetzer. Comme pour l'elohim d'Anamnèse, Hildegarde n'est jamais véritablement perçue frontalement. Elle se devine, s'assemble et se construit par des témoignages successifs. Au cours du chapitre Vita Hildegardis, Léo Henry convoque les témoins pour rapporter l'élue. le lecteur s'amuse alors patiemment à confronter les points de vues des uns et des autres, à emboîter les étapes de la vie de cette sainte à nul autre pareil…et construit sa propre image d'Hildegarde. Est-elle la plus exacte possible ? Pas forcément, mais elle sera la plus personnelle qui soit. Léo Henry joue avec la perception de son lecteur comme il joue avec son récit. En bon prestidigitateur, il substitue parfois le mythe au réel, remplace l'histoire par le merveilleux. Et l'on en redemande. Parce que Léo Henry maîtrise non seulement son sujet d'une façon fort impressionnante mais aussi, et surtout, parce que sa plume accomplit autant de miracles que sa sainte Hildegarde elle-même. On lui savait un style fort et élégant, mais il l'élève ici au rang d'oeuvre d'art, livrant des réécritures d'une beauté saisissante et, finalement, scotche gentiment le lecteur à la page.

La femme révélée/révérée
Mais Hildegarde, c'est aussi, et avant tout, une histoire de femmes que Léo Henry finit par synthétiser par l'édifiante représentation théâtrale hautement symbolique de l'avant-dernier chapitre, Mayence. À travers Hildegarde et son époque, Léo Henry offre l'un des plus beaux hommages qui soient aux femmes oubliées de l'Histoire qui ont pourtant été l'égales des hommes. Il rappelle en premier lieu qu'au sein même du fait religieux, la femme occupe une place centrale où elle se montre souvent beaucoup plus forte, talentueuse et résistante que bien des hommes. Il donne la parole en creux à ces soeurs et ces martyrs, aux veuves qui ne reverront jamais leurs maris et aux mères éplorées qui attendent sans fin le retour de leur petit garçon de la Croisade ou de la guerre. Hildegarde, cette figure centrale tellement forte perçue tantôt comme autoritaire, tantôt comme douce, devient l'incarnation féministe suprême, la démonstration que l'Histoire n'a pas attendu le féminisme moderne pour abattre les barrières de genre, que certaines se sont dressées et ont érigé des légendes impérissables. Hildegarde, plus qu'un texte sur la libre-pensée, sur la fascination du divin et sur la beauté du fait religieux (au moins autant que sa laideur en fait), Hildegarde est un texte sur la femme, toutes les femmes, conjuguées au passé pour mieux qualifier notre présent.

Hildegarde s'avère un livre monstrueux. Un véritable roman-univers qui n'a finalement pas grand chose d'imaginaire dans le sens où nous pouvons l'entendre. Léo Henry réécrit l'Histoire et y mêle nos croyances et légendes populaires. Il assemble, dissèque, reconstruit, détruit… Il écrit, tout simplement, avec une beauté fascinante pour raconter Hildegarde et ses mondes, Hildegarde et ses travaux, Hildegarde et ses soeurs. La densité de l'entreprise menace souvent de noyer le lecteur, mais à l'arrivée, Hildegarde laisse pantois devant son érudition et son intelligence narrative.
Une oeuvre majeure, assurément.
Lien : https://justaword.fr/hildega..
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Hildegarde...
C'est en suivant les actualités des éditeurs spécialisés dans les lectures de l'imaginaire, que je suis tombé sur cette sortie chez La Volte (éditeur notamment de Damasio), et de sa superbe couverture.
Comme la plupart de leurs auteurs, Leo Henry est orienté SF/fantasy.
Mais je découvre ce roman, dont l'éditeur m'affirme d'ailleurs qu'il n'arrive pas à trouver une autre maison d'édition pour une sortie en poche.
Je ne connaissais pas Hildegarde de Bingen, religieuse du 12ème bourrée de talent: médecin, compositrice, écrivaine, et visionnaire...
Après 1 ou 2 recherches sur Google sur la fameuse Hildegarde et quelques chroniques élogieuses de l'ouvrage dont il est question, je décide de l'acquérir. Pour deux raisons: le sujet qui me semble intéressant et pour encourager un auteur et un éditeur qui prennent des risques.

Je commence donc par lire le premier chapitre intitulé "Cologne", qui nous narre de façon très brève (35 pages) quelques fragments de vie de 4 saintes. Dont Sainte Elisabeth, morte à 35 ans et visionnaire également, tout comme Hildegarde.
Puis on continue avec Jean Tritheme, dans un chapitre (50 pages) qui porte son nom, abbé du 15ème siècle et ésoteriste, où l'on croise Gutemberg, Agrippa et un certain nombre d'autres personnalités de l'époque.
Le 3ème chapitre (90 pages) s'appelle lui "Jerusalem". On est en 1099 environ, à l'époque de la première croisade et l'on suit un jeune orphelin partant pour Jerusalem avec les croisés.
Le 4ème chapitre de 30 pages, évoque Saint Disibod (619-700) qui fonda le monastère dans lequel Hildegarde passa une grande partie de sa vie, et Saint Rupert, notre abbesse construisant son propre monastère là où ce dernier fut inhumé après qu'elle ait quitté le Disibodenberg.
Elle apparaît enfin en chair et en os dans ce chapitre magnifique, splendide, intitulé "Le lapidaire", que je relirai peut-être seul. Une beauté.
Le chapitre suivant de 90 pages, "Vita Hildegardis" est une succession de brefs récits de 4/5 pages par des gens de toute condition l'ayant côtoyé: religieux, nobles, famille. Brillant...
Suivent d'autres chapitres, portant le total à 9 parties de longueurs variables. Mais je n'en dévoilerai rien. Si ce n'est qu'on retraverse parfois des moments importants de la Bible.

Vous l'aurez compris, nous n'avons pas affaire à une biographie au sens traditionnel terme.. Hildegarde est évoquée, de manière plus ou moins forte, dans chaque partie. Elle sert de point commun, même si c'est parfois ténu, de lien entre les époques et les personnages croisés dans l'oeuvre, au sein de récits parfois imbriqués. C'est donc une sorte de recueil de nouvelles.
Cet aspect m'a un peu gêné jusqu'aux 2 chapitres que j'évoque plus haut, "Le lapidaire" et "Vita Hildegardis"
C'est très bien écrit et très beau. C'est aussi extrêmement érudit et je n'ai pas la prétention d'avoir tout saisi. La plupart des personnages mentionnés m'étaient d'ailleurs inconnus...Et quelques tours sur Wikipedia ont été nécessaires.
Il faut donc bien comprendre que ce livre nous raconte une période, ce 12ème siècle, et une des figures majeures qu'est Hildegarde de Bingen
Si vous cherchez une vraie biographie, il faudra passer par un autre ouvrage. Même si celui-ci nous apprend pas mal de choses.

On est donc en présence d'une oeuvre atypique, à l'écriture sublime et qu'il est difficile d'appréhender. Mais elle révèle des moments de grâce littéraire.

Pour ceux qui voudraient se plonger dans cette lecture, je vous recommande de l'accompagner des chants composés par Hildegarde de Bingen.

Bonne lecture à tous !
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Véritable petit monument littéraire, ce texte d'un abord parfois abscons pose, peu à peu, des bases si élevées qu'il est difficile de reprendre un autre livre une fois celui-ci terminé. Partant de la vie d'Hildegarde de Bingen, personnage ambivalent et passionnant du Moyen Âge central, Léo Henry tisse un réseau de récits qui tournent autour de son personnage, réel ou fictif, peu importe.
Car ici s'entrechoquent L Histoire, le merveilleux, le mystique, le légendaire et le religieux. Aucun n'est plus mis en avant l'un que l'autre, et Henry traite avec autant de gouaille et de sensibilité chaque thème...
Une constante cependant : si la religion et les dogmes sont le socle des vies de bien des personnages détaillés ici, les légendes qui les entourent rendent difficile tout traitement naturaliste. Henry en prend son parti, et nous sensibilise aux guillemets qu'il semble placer autour des faits les plus merveilleux (miracles, visions...) par de réguliers passages totalement fictifs (légendes de tous horizons) et des récits tissés par des conteurs passés maîtres en matière de manipulation de l'histoire.
Un texte magistral, passionnant, d'une densité et d'une richesse qui ne le rendent pas inabordable pour autant (et pourtant, Dieu sait que je suis ignare sur cette période).
Un grand livre, à découvrir et faire découvrir absolument !
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Je referme à regret cet ouvrage sans avoir réussi à le lire de bout en bout. le résumé de couverture m'avait intrigué, les critiques lus m'avaient enthousiasmé ; hélas je n'ai pas bien compris à la lecture d'où pouvait venir cet attrait. Si l'ambition est intéressante (raconter, à travers plusieurs histoires qui s'entremêlent autour du personnage de Hildegarde, l'ambiance d'une époque), je trouve le défi loupé, au moins sur la forme. La monotonie de l'écriture aura eu raison de ma vaillance de lecteur.

L'écriture de Léo Henry est assez particulière (sur ce livre en tout cas, je n'ai rien lu d'autre de lui). Presque pas de dialogue, ou alors inséré dans le corps du texte, pas vraiment de rebondissement, mais une longue prose, débité sur un ton assez monocorde. Une sorte de longue description, parfois savante, parfois poétique, prenant souvent des tours un peu religieux (pour coller à l'ambiance médiévale je suppose) et prenant souvent des détours, avec des histoires dans des histoires dans des histoires...

Chaque chapitre suit un personnage différent, pas forcément exactement à la même époque que les persos précédents, avec un lien plus ou moins direct avec l'abbesse qui donne son titre au livre. Des persos, des contextes et des histoires différentes donc, mais exactement la même écriture tout le long. J'avais lu plus de la moitié de ce gros pavé avant de décider de faire une pause pour lire d'autres romans. A la reprise, je n'ai pas réussi. J'ai seulement lu les derniers chapitres... pour constater que ce ton monocorde n'avait pas évolué.

Je suis chagriné de ne pas avoir réussi à aimer ce livre car je sens que les recherches menées par Henry sont nombreuses, que la construction en spirale est sacrément bien menée, mais j'aurais aimé plus de changement - peut-être plus d'audace ? - dans les tonalités d'écriture.
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critiques presse (1)
Actualitte
26 juillet 2023
Ce voyage, tant temporel que géographique, est une aventure surprenante. […] "Hildegarde" est un roman-monument dans lequel il est bon de plonger au moins une fois.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Voici Hélendrude.

On peut préférer l’appeler Elyndruda, ce qui sonne mieux, peut-être, à nos oreilles, et choisir en toute impunité de maquiller ses traits, de la décrire comme ceci ou comme cela, et reconstituer autour d’elle un monde bâti de matériaux imaginaires, ombres de pierres, ombres d’eaux et de carpes énormes, ombre de l’ombre des arbres centenaires. Hélendrude est une moniale. Elle vit en dehors du siècle, dans un temps cyclique rythmé par les cent cinquante psaumes de l’Ancien Testament et le passage des astres. Comme son monde de reflets, elle avance en cercles de plus en plus larges, tendant aux rivages ternes de la fin des temps, cette grève où, tous, nous patientons en stase, dans l’attente d’un verdict à nul autre pareil.

Hélendrude aime les chiens, les lévriers gris du couvent de planches claires, et la terre nue sous ses pieds nus. Au printemps, vêtues de blanc, elle et ses sœurs avancent vers les bois hirsutes poussés des marécages, et y coupent, du jour à la nuit, les brassées de joncs à épandre sur les pierres. Elle n’est pas très habile de ses mains, ni très pieuse, et son latin achoppe aux termes les plus communs. Ses vertus sont surtout des manquements : elle est discrète parce que peu vive, elle est obéissante et simple. Elle vit dans un monde clos, gros comme un poing fermé, sans vraie curiosité pour là d’où viennent les oiseaux du ciel, où file le cours du fleuve, et ce qui pousse sur l’autre rive. Hélendrude se nourrit de l’affection de ses sœurs et vieillit doucement. On peine à lui distinguer des ascendants. On la dépeint seule, au milieu du tableau, agenouillée au sol, paupières et lèvres closes, front bas, humilité.

(INCIPIT)
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Voilà où aboutissent les efforts de Trithème, pour qui le monde n’est qu’une affaire de signes, pour qui les caractères écrits contiennent la totalité de ce qui est. Corollaire à cette conception : mélangez les lettres et vous brouillerez le monde. Détruisez la cohérence du langage, et l’univers cessera de faire sens. Le temps n’est plus à décrire le réel, à le comprendre, à en tirer des lois ou des listes, et à tout consigner. Cela a déjà été fait, et amplement, au cours des siècles écoulés. Ce qu’il faut, désormais, c’est compiler, combiner et assembler les savoirs. Les passer au filtre de la comparaison, les faire dialoguer. Tirer une vérité plus grande de leur accumulation. Tendre au secret.
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Adam. Ève. L’Éden. L’histoire commence à peine.

L’histoire commence par ces mots qu’ils échangent. Puis par les noms qu’ils donnent à chaque chose qu’ils voient. Les paroles naissent de leurs bouches, s’épanouissent dans l’air et, aussitôt, s’effacent. L’histoire commence par ce dialogue de l’homme et de la femme. Par la musique de leur voix. Adam et Ève voient le monde et le disent en même temps. Leur langue est celle de l’Éden, où chaque mot qu’ils inventent se plaque sur une seule chose, pour devenir comme elle. Leurs échanges sont harmonieux, car tout ce qu’ils pensent s’exprime parfaitement, et tout ce qu’ils entendent est immédiatement clair.
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De Trèves à Worms, de Cologne à Mayence, l’empire se mettait en marche. Ce fut un bruissement, d’abord, un froissement, comme une pluie de printemps qui crible les branches hautes et mouille les feuilles naissantes. Et puis le bruit enfla, l’eau s’infiltra sous les frondaisons et roula sur la terre. Il y eut une véritable averse humaine. Le monde crevait comme un nuage noir et s’épanchait en tempête. Nous ne savions pas qu’il existait autant de visages, autant de corps et de poings dressés vers le ciel, ni autant de gueules sans dent, criant un même mot, le nom toujours répété de leur unique destination : Jérusalem.
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Ce que je sais, quant à moi, ce que je peux voir avec mes yeux mortels et concevoir dans mon esprit faillible, c’est que le jour arrive à son terme. Le soleil entame sa descente et ses rayons s’émoussent. Les ombres, en noircissant, se multiplient. Des poussières étincelantes dansent au-dessus de ma page et dessinent dans l’espace les rais obliques tirés de la fenêtre. Le soir vient, puis le crépuscule, puis la nuit. Sans rupture, inexorablement, les forces vitales se retirent.
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Vidéo de Léo Henry
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L'or bleu
Entre épisodes de sécheresse, pollutions diverses et usages incontrôlés, l'eau devient un enjeu mondial majeur et les luttes à son propos se multiplient. de nouveaux procédés techniques voient le jour tandis que l'on accorde des droits aux fleuves. La solution sera-t-elle technique ou juridique ? Que nous disent les récits fictionnels de sociétés durables ? Quelles pistes pour gérer et partager l'eau de façon juste et équitable ?
Moderateur : Antoine Mottier Intervenants : Gwen de Bonneval, Léo Henry, Pascal Peu, Éric Sauquet
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