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Critique de le-mange-livres


Nous sommes à Prague, en 1969, et le "printemps" tchécoslovaque n'est plus qu'un rêve brisé par les chars du pacte de Varsovie.

"Prague qui ne se livre jamais tout à fait à eux. "Prague est mystérieuse", diraient-ils, de retour dans leur pays. Puis ils diraient "C'est gris, c'est triste, ça serre le coeur". Ils ont beau cherche à percer ce mystère, avec leurs armes qui dans leur pays libre fonctionnent bien, armes de parole, de questions, de sourires qu'ils vous adressent à vous, serveuses, pour tenter d'en savoir plus, pour happer des détails dont ils sont curieux, ça ne marche pas. Ils ne comprennent pas que nous ne pouvons pas parler."

La gérante d'un café, la quarantaine aigrie, s'adresse à l'une de ses serveuses, une belle Slovaque un peu naïve à l'insolente gaieté dans ce pays si triste. Elle s'adresse à elle à vingt ans de distance, l'interrogeant et la harcelant à propos de son premier amour, un étudiant nommé Pavel.

C'est une histoire d'amour tragique, dont on sait dès le départ qu'elle se finit mal, mais dont on découvre au fil du livre comment. le drame d'Anna et celui de sa patronne finissent par se répondre.

En peu de mots, la fragilité des uns, la cruauté des autres sont brossés avec finesse. Un rayon de soleil qui pénètre dans le café, les tiges des tulipes fanées d'un bouquet que l'on jette, une goutte de sang sur un napperon blanc, et c'est l'urgence de vivre qui surgit.

Dans un récit épuré, la tragédie de toute une famille d'êtres broyés. Sur un thème pourtant rebattu (les anonymes détruits par les rouages de l'Histoire avec un grand H), un petit livre surprenant. Un talent incontestable de conteuse, un style sensuel et percutant qui se déroule comme un discours intérieur. Une auteur que j'ai, du coup, bien envie de réessayer, après avoir littéralement dévoré Juste avant l'hiver.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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