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Critique de Ravi


Tentative magistrale de mettre en évidence dans la psychanalyse une démarche incomplète qui s'arrête à la surface des choses, aux représentations et laisse finalement indécise la question s'il est possible de soigner les maux de l'âme.
La démarche psychanalytique trouve son origine dans la suite impressionnante de démarches incomplètes de la philosophie dont Michel Henry trace la généalogie à partir du génial Descartes qui, après avoir ouvert le monde à l'impensé de la vie par la mise en doute de toute représentation, s'y réfugie étrangement pour légitimer la démarche scientifique.
Le deuxième jalon que Michel Henry pose est la pensée, elle aussi géniale, de Kant qui consacre l'empire de la représentation dans la pensée occidentale: ce qui se pense est ce qui peut se projeter dans une vision et être capté comme tel.
Troisième jalon, le génial Schopenhauer qui dépasse la pensée de Kant en proclamant la primauté de la volonté (le 'vouloir-vivre'), selon le titre de son chef d'oeuvre "Le Monde comme volonté et comme représentation".
Quatrième jalon, Nietzsche le génial et sulfureux penseur qui, s'appuyant sur Schopenhauer, présente la "Volonté de Puissance" notamment dans le "Gai Savoir", si mal compris par tant de beaux esprits de nos jours.
C'est dans ce terreau qu'arrive le génial Freud, qui avec un grand sens pratique, parvient à définir une méthode analytique qui prétendra soigner les maux de l'homme moderne enfouis dans ses profondeurs, ses névroses ou ses psychoses. Dans ce dernier chapitre, Michel Henry qualifie sans nuance cette technique que Freud voulait scientifique d'absurde et d'erronée. On a l'impression de sentir la fatigue de l'auteur qui a si longtemps retenu son élan. Et lorsque Michel Henry rappelle les primats de sa phénoménologie matérielle, on sent la faiblesse de son signe, malgré la force de son geste. Il faut être convaincu par la position de départ de Michel Henry (immanence de la vie qui se donne à elle-même et qui ne peut être prise dans aucun processus de représentation) pour tenir ce livre jusqu'au bout.
Je reste ébloui par la pensée de Michel Henry, comme un habitant de la caverne qui aurait un instant suivi le sage, et ce livre m'a renforcé dans la conviction de sa justesse, mais je n'ai pas entièrement compris son discours contre la psychanalyse. Il existe une psychanalyse "phénoménologique", mais, c'est un fait, il existe une multitude de "phénoménologies", et celle de Michel Henry occupe une place bien particulière.
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