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EAN : 9782268103860
216 pages
Les Editions du Rocher (06/01/2021)
4.05/5   28 notes
Résumé :
Résumé
Postée derrière sa haie, ou à travers la porte vitrée de la cuisine, Greta, qu'une maladie condamne à fuir le soleil, regarde grandir Loïc dans la campagne profonde, quelque part en France. Dans ce territoire abandonné, où planent les ombres du passé et la violence du présent, le destin de Loïc, très tôt frappé par le malheur, semble inexorable. Greta saura-t-elle infléchir le cours de cette vie ?

Écrivain et comédienne, Françoise Henry ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Beaucoup d'émotions à la lecture de ce petit roman. Françoise Henry. Retenez ce nom car voici une auteure de très grand talent.

Greta est atteinte de photodermatose, elle doit fuir le soleil. Elle passe donc tout son temps chez elle où elle pourra raconter l'histoire de Loïc, son voisin d'en face.

Né d'un père simplet et d'une mère oisive mais belle comme le soleil, Loïc voit le jour dans cet étrange couple mal assorti. Sa mère, Nadine adore le soleil. Dans ses shorts flashi, elle se baigne au soleil tous les jours jusqu'à en mourir, laissant Loïc âgé de quatre ans seul avec son étrange père. À Loïc dans cette famille nigaude, on dira que Nadine est partie au ciel. En avion. Qu'elle en a pour longtemps avant de revenir. Alors Loïc l'attend, se pose des questions, court après les avions, le chien aussi l'attend Nadine. Il pleure, il gémit. Et ça fait enrager le père Augustin qui voudrait que son chagrin soit plus braillard que celui du chien. Alors il frappe, il boit boit boit jusqu'à tomber là. Lui qui aimait tant sa Nadine.
Dans cette famille, on ne parle pas, on n'aime pas, on n'embrasse pas, on ne câline pas. Les émotions et démonstrations n'ont aucune place. Quel frisson quand Loïc est invité avec son père chez un couple parisien et que doucement à demi voix, Loïc demande à la dame « vous voulez bien me serrer dans vos bras s'il vous plaît madame ». Cette phrase m'a bouleversée car on y ressent toute la détresse de l'enfant abandonné, délaissé, privé d'amour.

On va suivre l'évolution de Loïc au fil des années. Découvrir ce que devient un enfant privé de sa mère et d'amour. La fatalité, la condamnation, le jugement.

L'écriture ! Ah l'écriture est un pur délice, d'une onctuosité poétique et existentielle digne des plus grands. J'ai savouré chaque ligne, chaque mot comme un entrelacs rempli de justesse et de profondeur.
Il y aurait tant à dire sur ce petit livre. Cette obsession du soleil. le soleil qui tue, qui rend malade ou orphelin. le soleil qui embellit ou éclaire les pas des voleurs. le soleil qui projette aussi l'ombre de l'absence, du vide, du manque.

Ce livre est un gros coup de coeur.
Loin du soleil dans un grand éclat de lune.
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Loïc, l'illettré, le débile, c'est à toi que s'adresse ta voisine, celle que blesse les rayons du soleil, pour retracer ton histoire et évoquer les drames qui l'ont marquée.


Dans la lumière d'un été, ils se sont aimés, Augustin et Nadine, la belle et légère Nadine, dont l'ambition dans la vie se limitait à trouver la meilleure exposition pour faire dorer sa peau au soleil. Tant qu'elle a pu être présente, la vie fut plutôt douce pour toi. Mais le destin en a décidé autrement. Et tu leur en as voulu, à tous, de t'avoir caché la vérité et une fois de plus de t'avoir considéré comme un idiot qui n'y comprend rien.

Et les années sombres ont suivi, près d'un père en perdition, une marginalité induite par tes lacunes, et une famille peu aimante, voire hostile.

Cette narratrice bienveillante qui s'attache à retracer l'histoire de Loïc, se fait la porte-parole d'une vie précaire. Chaque page contient en filigrane les prémisses d'un drame annoncé, suggérant la violence contenue et prête à exploser. Personne ne'st coupable, tout le monde est responsable. le destin vient juste y saupoudrer le grain de sable qui peut faire vaciller tout l'édifice.


Par le biais du tutoiement, l'autrice accentue l'empathie du lecteur, à la fois pour le personnage visé, mais aussi pour cette voisine bienveillante, cachée sous sa voilette, et qui elle aussi se reproche son manque de vigilance lorsque la vie s'est chargée d'alourdir son propre fardeau.

Histoire d'un rejet, pour les raisons si ordinaires, la peur de la différence, le besoin d'exclure pour se sentir inclus, la bêtise qui s'envisage pas un instant de se remettre en cause. Les remèdes au désarroi profond, sont aussi toujours les mêmes, on s'échappe, rarement en sublimant, beaucoup plus souvent en se détruisant. Les paradis artificiels ont le goût de l'enfer.


C'est un beau récit, empreint d'humanité , sans être mièvre.

Merci à Netgalley et aux éditions du Rocher.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Loin du soleil, c'est là qu'est contrainte de vivre Greta, qui souffre de photodermatose, une maladie qui rend sa peau bien trop sensible au soleil.
Loin du soleil, c'est là que va grandir Loïc, là qu'il va apprendre à vivre (ou survivre), puisque la nuit est tombée sur sa famille au décès de Nadine, sa mère, lorsqu'il avait quatre ans.
Nadine, belle et lumineuse comme un soleil, insouciante, oisive, un brin écervelée, et Augustin, travailleur, gentil mais taiseux, incapable d'exprimer ses sentiments, ces deux-là forment un couple improbable mais pourtant heureux, avant le drame et la mort de Nadine. Augustin sombre, on fait croire au petit Loïc que sa mère est partie en avion et qu'elle ne reviendra pas avant longtemps. Mais dans la tête du gamin, "longtemps" ne veut pas dire "jamais", alors il attend, attend... Il attend en silence et sans amour, son père n'est pas capable de lui en donner, ses grands-parents maternels non plus, plus doués pour pourvoir à la logistique qu'à la tendresse.
Il n'y a que Greta, la voisine, qui observe la famille depuis sa fenêtre. de loin en loin, elle suit ta vie, Loïc, et s'adresse à toi, reconstituant ton histoire, ton parcours, ta vie sans amour, sans amitié, sans attention ni affection, sans instruction mais avec en prime l'alcoolisme de ton père, qui n'en finit pas de s'y enfoncer. L'alcool dans lequel tu pourrais bien couler toi aussi, à trente ans à peine. A moins que Greta, qui veille et s'en veut de n'avoir jamais rien tenté pour t'aider, ose te tendre la main...
Malgré la lueur d'espoir finale, cette histoire est un crève-coeur, un roman de "désapprentissage" dans lequel un enfant grandit dans un désert affectif et sans que l'école, cet instrument de l'ascenseur social, joue son rôle, puisque malgré toutes ses années de scolarité, Loïc est illettré. Il y a des vies qui se construisent sous de meilleurs auspices.
Isolement géographique, solitude morale, rejet, tristesse, gâchis, tout cela est raconté avec une très jolie plume, à la fois sobre et poétique, sans larmes et avec beaucoup d'humanité. Un ton très juste pour un roman entre beaucoup d'ombres et un peu de lumière.

En partenariat avec les Editions du Rocher via Netgalley.
#Loindusoleil #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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L'histoire de "loin du soleil" est aussi l'histoire de Greta, cette voisine qui observe ses voisins et tout particulièrement ceux de la ferme d'à côté Augustin, Nadine et leur fils le petit Loïc puis Patricia la seconde femme d'Augustin.

C'est principalement le petit Loïc qui va retenir son attention ainsi que la nôtre. Il faut dire que la vie n'est pas simple pour ce petit bout d'homme qui va être orphelin de mère à 4 ans. Augustin sera lui aussi complètement anéanti et Greta lui sera d'une aide inestimable, ne serait-ce que pour un instant.« Des fois il suffit de tendre la main pour qu'on vous la saisisse avec tant de reconnaissance qu'on en est presque gêné.»
C'est Greta qui nous raconte l'histoire en employant le "tu" comme si elle s'adressait au petit Loïc qui n'aura pas toujours 4 ans mais que l'on va suivre jusqu'à sa trentaine.
L'alcool, la difficulté de trouver sa place dans une famille recomposée va être l'environnement de Loïc qui sera pour un temps accueilli chez ses grands-parents qu'il connaît très peu et qui ne sont guère accueillants.
le besoin d'amour, de tendresse, d'un regard, d'une attention est omniprésente et ce petit Loïc ne cesse de nous émouvoir. Lors d'une soirée, il se dirigera vers une amie de ses parents qu'il connaît très peu : « s'il te plaît, lui as-tu demandé, est-ce que tu peux me prendre dans tes bras ? (...) tu t'es retrouvé assis sur ses genoux tandis qu'elle te serrait contre elle qui ne pouvait que répéter : - mon petit, mon petit... »

Ce livre est un petit bijou qu'il convient de lire avec chaleur et sans jugement puisqu'il est écrit sans jugement, il faut entrer en osmose avec Françoise Henry. Il ne faut pas trahir sa plume si délicate si douce.
La couverture est-elle aussi un plaisir à regarder je n'ai eu de cesse de l'admirer.
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Loin du soleil est cette triste histoire de Loïc, pauvre petit bonhomme, et de son père Augustin. Une histoire à sens unique où la fin apparaît comme une évidence, tant c'est un enchainement logique et pourtant l'on ne peut s'empêcher de souhaiter un miracle.
Greta, allergique au soleil observe ses voisins de chez elle, ce père et son fils ont perdu leur rayon de soleil car la maman est morte d'une rupture d'anévrisme. Détruit le père va sombrer dans l'alcool et négliger Loïc. le pauvre enfant va se retrouver livré à lui-même, personne ne soucie de lui, entre manque d'affection, solitude, il grandira sans apprendre à lire et se retrouvera en situation précaire devenu adulte.
Françoise Henry, de sa jolie plume, nous raconte une histoire bien sombre, sans indignation, sans parti pris, une banalisation du malheur. Les gens regardent, en parlent mais ne s'en mêlent pas. Une histoire qui prête à réflexion car en fait il y a malheureusement trop de Loïc et il suffirait de si peu, d'une main tendue pour éviter de tels désastres.
Merci aux éditions du Rocher.
#Loin du soleil #NetGalleyFrance
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critiques presse (3)
Psychologies
05 juillet 2021
D’une écriture éblouissante de simplicité et de beauté sans pathos, Françoise Henry raconte la vie de ceux dont on ne parle pas. Impossible de ne pas être bouleversé par ce drôle de couplé cabossé par la vie, qui va apprendre à se connaître et à s’aimer.
Lire la critique sur le site : Psychologies
Bibliobs
02 avril 2021
Il y a, dans ce roman comme dans les précédents de Françoise Henry, « Juste avant l’hiver » ou « Plusieurs mois d’avril », une humanité qui rappelle les plus belles pages, et les plus humbles, d’Henri Calet.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LaLibreBelgique
19 février 2021
Françoise Henry observe avec acuité et empathie le destin brisé d’un enfant né dans l’amour.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
On sait bien qu’il n’y a pas beaucoup de sécurité dans l’amour, et personne ne peut être assuré d’être aimé aujourd’hui, ou demain. Pourtant les enfants, au moins, devraient éprouver cette sécurité-là : être aimés par leurs parents. Ne pas savoir si l’on est aimé est peut-être la chose la plus déstabilisante qui soit, cela peut vous plonger dans un abîme de panique, vous conduire à des gestes fous.
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_ S'il te plaît, lui as-tu demandé, est-ce que tu pourrais me prendre dans tes bras ?
Si je me souviens de ces termes avec exactitude, c'est qu'ils résonnent dans ma mémoire comme si je les avais moi-même entendus. Elle en a été bouleversée, Anne-Marie, ainsi qu'elle le sera toujours quand elle pense au moment où tu lui as adressé cette prière, à voix tellement peu forte que les hommes pris dans leur conversation l'ont à peine entendue Tu t'es retrouvé assis sur ses genoux tandis qu'elle te serrait contre elle, qui ne pouvait que répéter :
_ Mon petit, mon petit...
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C'est pour ça qu'un jour je te l'ai affirmé : « tu es un enfant de l'amour », lorsque tu étais venu chercher refuge chez moi. Je t'ai caressé la tête en te disant cela, tu devais avoir dix ans, et j'ai senti comme cette phrase te faisait du bien, comme c'était peut-être une des meilleures choses qu'on ne t'ait jamais confiées.
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Ne pas savoir si l’on est aimé est peut-être la chose la plus déstabilisante qui soit, cela peut vous plonger dans un abîme de panique, vous conduire à des gestes fous.
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Je n'ai rien pu objecter et tu es parti, chancelant, ta silhouette a aussitôt été mangée par les arbres, par le vent. Etait-ce parce que tu existais si peu aux yeux des autres que même l'air, et la nature tout autour, semblaient si vite chercher à te rendre invisible ?
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