Nicotine

On voit déjà que la préface de Will Self crée déjà une réflexion érudite, et ça, c'est de bon augure. Comparer Allen Carr (les vrais fumeurs savent de qui je parle) avec Schopenhauer, c'est quand même amusant. Mise en bouche : « [l'auteur] ne craint pas d'extraire des eaux de Lethé la tête de cheval de sa dépendance, ni de disséquer les anguilles qui frétillent dans sa gueule ». Et c'est vrai, il a un côté expérimentateur scientifique, notre Gregor. Il aime bien éventrer ses cigarettes pour voir ce qu'elles contiennent (symbole, donc, de la dissection de l'addiction). Il aime se souvenir de chaque détail marquant des cigarettes passées, comme si les souvenirs sortaient de la fumée de cette cigarette qu'il ne fume plus.

Le problème, c'est qu'au départ, on se perd d'anecdote en anecdote (et pas forcément très intéressantes). Je ne connais pas Gregor Hens, je ne sais pas si c'est un auteur connu en Allemagne (est-ce que connaitre le Nouvel an des sept ans d'Amélie Nothomb, de Beigbeder ou de Modiano me passionnerait, cela dit ?). Et donc, je vois bien qu'il y a un rapport avec la nicotine à chaque fois, mais ce n'est pas toujours évident de suivre les balles de ping-pong de sa pensée. Et pourtant, au fil des pages, je commence à m'y attacher. Un peu.

« Un livre à la fois sombre, délicat et drôle » dit the New Yorker. J'ai envie d'aimer ce livre : quand je lis les critiques négatives, elles fustigent que l'auteur glorifie trop la clope. Eh oui, on pense que ce sera en quelque sorte un manuel contre le tabagisme, et c'est plutôt le constat d'un homme sur sa dépendance. de toute façon, on ne juge pas un roman sur sa moralité (et par extension, sur son contenu, mais bien sur ce qui nous amène à ce contenu, à la manière dont il est tissé). Donc si ce livre ne parle de rien, ce n'est pas pour ça que c'est un mauvais livre (et s'il parle bien du rien, alors… Equation difficile). Justement, si les critiques ont trouvé que pour un livre traitant de l'addiction, la cigarette est trop gentiment traitée, s'ils ont ressenti un malaise par rapport à cela… C'est que quelque chose est réussi (car les fumeurs continuent pour de multiples raisons, raisons finement expliquées dans cet essai). Il faut faire preuve d'assez de franchise vis-à-vis de sa propre consommation pour patauger dans ce qui ressemble à de la nostalgie. Et c'est vraiment étrange, (et vous allez penser que pour quelqu'un qui s'ennuie un peu pendant sa lecture, je survends le schmiliblick), mais je retrouve des accents proustiens dans ce texte. Il explique des mécanismes comportementaux (et cognitifs), en les déroulant, (comme les pampilles japonaises qui sortent de la tasse de thé à Combray). Cette cigarette est la madeleine. Tous les petits tics de fumeurs sont des rappels de ses souvenirs, comme le goût du biscuit trempé par la grand-mère dans du côté de chez Swann. le grésillement sur une plaque qu'on utilise pour allumer son mégot, la première cigarette, la dernière cigarette, ce sont pleins de petites ancres du réel (et le but du livre, en les étalant, n'est-il pas le même que Proust ? Ecrire pour redonner vie ?). La manière dont la neuroscience a pu prouver les impressions de Proust sur le fonctionnement de la mémoire (ici, l'addiction), la manière de passer du coq à l'âne avec élégance, l'intelligence et l'esprit qui suintent…Je pense que c'est un livre qu'on ne peut pas critiquer, qu'on ne se sait pas trop comment appréhender, qu'on parfois envie d'abandonner mais qui arrive quand même à nous captiver. Ce qui est pas mal.

Je tiens à remercier Babelio et les éditions Autrement pour ce livre agréablement découvert via cette masse critique.

« ... pour le fumeur convaincu, rien n'est pire que de ne pouvoir fumer, si ce n'est de ne pouvoir en parler. »

Je dois dire que je m'attendais à tout autre chose. Pas une énième méthode pour arrêter de fumer, ni une analyse de tous les mauvais effets de la consommation de tabac sur le corps humain, cela a déjà été écrit et réécrit à de nombreuses reprises. Mais nous avons ici une espèce de journal intime décrivant avec émotions chaque cigarette de la vie d'un fumeur invétéré.

Au fur et à mesure de ma lecture, ce récit me donne l'impression d'une ode à la cigarette et à ses nombreux bienfaits.
Il est parsemé de petits passages portant sur la méditation au cours de tentatives de sevrage. Mais sans plus.
J'ai trouvé le style lourd et peu agréable à suivre, parfois même difficile à comprendre de part des tournures de phrases mal construites ou mal traduites. Certains passages sont chargés de vocabulaire trop pompeux et/ou de détails peu utiles.
Petit point positif, la postface est lumineuse, mieux écrite et plus claire.

« Chacun d'entre nous a une addiction, chacun a au moins une idée de ce que signifie agir sous le coup d'une contrainte intérieure, ressentir une volonté à la fois étrangère et familière qui agit en nous comme si elle était autonome. »

Ce livre n'est en rien une lecture pour vous aider à arrêter la cigarette, bien au contraire. C'est plus un récit très personnel centré sur chaque cigarette fumée, quand, où, pourquoi et de quelle marque.

Suite à une massecritique, j'ai pu faire l'acquisition de ce document sur, et bien, la cigarette, la nicotine !
Je remercie donc Babelio et les éditions Autrement pour cette découverte.
Après quelques page,s je me suis quand même dit que j'aurais du m'abstenir de le demander, bien que mon intention initiale était honorable, je me suis vite laissée dépasser par ma non-passion pour la cigarette. Car oui, je dois vous avouer quelque chose : je ne suis pas fumeuse. Je suis même celle qui casse les pieds à tous les fumeurs parce qu'elle ne supporte pas DU TOUT l'odeur de la cigarette.
Oui mais voila je suis aussi une femme amoureuse d'un homme merveilleux au seul défaut (à mes yeux) : celui d'être fumeur. J'ai vu dans ce livre une manière de le comprendre, de me rapprocher de lui et pour une fois, grâce à la cigarette.
Le narrateur/auteur nous raconte ses premières bouffées, tout en revenant sur le pourquoi il a arrêté et surtout, comment il le vit. J'ai certes tentée, vraiment vraiment vraiment, de comprendre cet état d'esprit...mais j'ai du mal à saisir comment on peut arrêter la cigarette tout en étant attirée par elle...J'étais aussi effarée d'apprendre que l'auteur a fumé très jeune et c'est sa mère qui lui donne, exactement comme si c'était un bonbon qu'on offrait à un enfant. Soit, cela appartient à une certaine époque. Mais tout de même...Je m'arrêterai là pour les anecdotes, histoire de ne pas vous spolier et vous inviter à lire ce récit, peut-être plus destiné à un public de fumeurs/anciens fumeurs. de par le sujet qui ne m'intéressait pas, je n'ai pas réussi à entrer dans le récit, et pourtant le style n'est vraiment pas à blâmer ! Si le sujet, au contraire de la coincée que je suis, vous emballe, je pense vraiment que cette tranche de vie et cette expérience authentique peut vous plaire.
Je vous laisse, je vais m'en griller une !

Tout d'abord je remercie la masse critique et les éditeurs "Points" de m'avoir permis de découvrir ce livre...

Bon, j'avoue que je m'attendais en lisant le résumé à tout autre chose qu'une série d'anecdote qui parfois n'ont pas le moindre rapport avec la nicotine et qui m'ont paru être là pour remplir les pages...

J'ai toutefois apprécié le fait que l'auteur décrive le changement qui a eu lieu au cours de ces dernières décennies. En effet, il était courant "à l'époque" de fumer en voiture avec ses enfants à l'arrière, dans les restaurants, les trains et j'en passe. Aujourd'hui une prise de conscience collective a permis à la société d'évoluer pour le bien commun.

Je ne conseillerais pas ce livre car je me suis quand même ennuyée.

Je tiens à remercier tout d'abord Masse Critique et le Point pour l'envoi de ce livre.
Dans la préface Will Self parle de son arrêt du tabac avec le livre de Carr.Je comprend de suite de quoi il parle, j'ai arrêté de fumer avec cette méthode il y a maintenant 2 mois. J'étais aussi une grande fumeuse 50 ans d'addiction à un paquet par jour.
Le récit commence par la reconnaissance de la part de Gregor Hens de son addiction au tabac sous toutes les formes possible. Il a déjà arrêté depuis un moment. Il éprouve le besoin de faire le récit des émotions et de sa vie de fumeur. Il se souvient de ces moments par petites touches de souvenirs parfois raconté avec humour qui sont autant de cigarettes fumées avec une fonction d'initiation de tranquillisant et de toutes les autres vertus qu'il leurs prête.
Au fur et à mesure de la lecture je prends conscience du changement de regard de la société vis à vis de la cigarette:du départ (il a sa première cigarette donnée par sa mère à 5-6ans) et la vue restrictive aujourd'hui avec interdition dans les lieux publics par exemple. Les cigarettes ne sont plus allumées avec la même désinvolture.
La postface est très bien écrite . Il ne cherche pas à influencer le lecteur dans son propre choix . Il rejoint en cela Alan Carr qui dit:c'est une liberté de fumer ou ne pas fumer si nous le désirons, la réponse nous appartient.
Par ce récit il voulait nous faire partager ces petits moments de vie de fumeur. le livre est agréable à lire et peut intéresser aussi les non fumeurs qui peuvent se représenter la vie et les émotions d'un fumeur.