Citations sur Les autres (10)
J'avais toujours eu conscience qu'on ne peut pas juger quelqu'un sur les seules apparences, que nous jouons tous un rôle dans une sorte de grande mascarade, et que la psyché humaine est bien trop complexe, voire retorse, pour qu'on puisse se permettre un jugement si superficiel.
Ça peut prendre un certain temps pour surmonter la disparition d'un être aimé, dis-je d'un air compatissant ; peut-être même un an ou deux, et même alors, on ne s'en remet jamais vraiment. On apprend juste à vivre avec.
Ma rédemption commença en Enfer.
C'était un jour comme les autres - à ceci près que les jours n'existent pas dans cet endroit singulier (singulier dans les deux sens du terme). Il n'y a pas de minutes, pas d'heures, pas de semaines, pas d'années. Pas de secondes non plus. C'est que, voyez-vous, le temps n'existe pas en Enfer. Il n'y a que l'existence elle-même. C'est bien ça, l'enfer.
La vie est un don, quelles que soient les circonstances.
Vous pouvez imaginer ce que c'est d'être pris au piège dans une enveloppe si hideuse que vous avez honte de marcher dans la rue ? Ce que c'est d'être montré du doigt comme si vous étiez un monstre ? Vous connaissez ce genre de douleur physique qu'un corps distordu vous fait subir ? La peur de perdre la vue pendant l'unique œil qui vous reste ? Le refus de votre propre corps de faire ce qui vient si naturellement aux autres ? Vous connaissez tout ça, vous pouvez l'imaginer ?
La lune perça les nuages, baignant dans son éclat froid tout ce qui nous entourait. Constance leva vers moi des yeux écarquillés, et j'y lus de l'inquiétude, peut-être même des vestiges de peur.
Vous êtes là pour nous aider. A présent, il faut que vous compreniez pourquoi.
- Grâce à ces trucs, je me sens bien, et parfois ils m'emmènent ailleurs, dans un endroit où je peux voir, sentir et percevoir d'autres choses, des choses meilleurs.
- Non, monsieur Dismas. (Ma colère ne l'impressionnait pas.) Les drogues ne marchent jamais vraiment de cette façon-là. Elles ferment les volets de vos sensibilités, de sorte que la réalité ne peut plus interférer avec vos illusions. C'a bien être plaisant, ç'a beau vous permettre de vous sentir mieux et en paix avec le monde, ce n'est pas la vérité.
- Mais de quelle liberté parlez-vous ? N'avez-vous pas toujours été prisonnier des difformités qui vous affligent ? Et n'est-ce pas les gens soit-disant normaux qui vous ont imposé ça ? Dites-moi, que croyez-vous qu'il serait arrivé à ces enfants imparfaits - car c'est ainsi que je les considère, tous sans exception : comme mes enfants-, que leur serait-il arrivé si on les avait laissés vivre dans le monde extérieur ? Dans l'éventualité, bien entendu, où on les aurait laissés vivre après la naissance.
- On se serait occupé d'eux.
- On les aurait traités comme des bizarreries de la nature.
Notez bien que nous sommes des enquêteurs privés, pas des détectives privés : nous ne "détectons" rien à proprement parler - ça, c'est pour les gros bonnets, ceux qui ont plus de contacts et des clients généralement plus généralement plus riches (en particulier des entreprises et des sociétés financières), ceux qui brassent bien plus d'argent, grâce à des honoraires d'une tout autre échelle, que nous autres simples enquêteurs. Et puis, contrairement à nous, eux sont très souvent confrontés à des affaires criminelles. Il y a tout de même une chose que nous avons tous en commun : nous sommes des citoyens lambda sans aucun statut légal.