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EAN : 9782855541525
144 pages
Editions du bien commun (11/04/2019)
2.83/5   3 notes
Résumé :
La mondialisation déstabilise aujourd'hui toutes les agricultures dans le monde, qu'elles soient productivistes et industrielles, familiales et paysannes ou d'interstice, chacune pour des raisons spécifiques. En séparant l'homme de la nature (et de sa nature par le dualisme), la modernité a profondément transformé notre appréhension de cette nature, réduite à une matière à exploiter. Elle a alors altéré la fécondité et la diversité des milieux naturels, ainsi que la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'agriculture occupe une place centrale , voire essentielle dans nos sociétés .
Depuis le néolithique , 12000 ans environ , l'homme est devenu agriculteur , il a eu besoin de cultiver des plantes pour manger à sa faim , et d'élever des espèces animales pour satisfaire ses besoins en protéines .
C'est ce que l'auteur appelle "l'agriculture paysanne" .
Sans le jardin et ses fruits , l'homme meurt . Sans l'homme , le jardin dépérit .Leur relation est coalescente (ils grandissent ensemble) . L'homme n'est pas propriétaire de la nature , il en fait lui-même partie .
A partir de la Renaissance , cette philosophie va être complètement remise en cause , l'homme décide de maîtriser la nature , l'homme se sépare de la nature qui devient la matière inerte de la domination humaine .
Francis Bacon formule l'idée nouvelle d'une domination de l'homme sur la nature , il se démarque ainsi de l'idée antique qui faisait de la contemplation le but de la connaissance .
A sa suite , Robert Boyle affirme : "la vénération dont les gens sont imbus envers ce qu'ils appellent nature a été un obstacle décourageant à l'empire de l'homme sur les créatures inférieures de Dieu". Descartes n'est pas en reste , pour lui , c'est le travail de l'homme qui procure à la nature sa valeur ; ce qui implique que celle-ci n'a plus aucune valeur en elle-même .
Plus tard , c'est Ernest Renan (1823-1892) qui écrit : "Le règne de la liberté sera celui de l'esprit . Il ne commencera que quand le monde matériel sera parfaitement soumis à l'homme" .
A partir de cette période , selon Karl Marx , aucune limite ne s'oppose plus à l'exploitation de tout ce qui est susceptible de devenir un objet de valorisation . La société moderne est caractérisée par une démesure qui est à l'origine d'une production et d'une consommation frénétique . Celle-ci est à l'origine d'un ébranlement du monde et d'effets destructeurs sur l'homme et son milieu vivant . Elle engendre une altération considérable de la qualité et de la fécondité des milieux naturels tout comme une dégradation de la diversité et de la cohésion des sociétés humaines .
Pire encore , elle évolue vers une forte concentration de richesses dans les mains d'une minorité , au détriment du plus grand nombre , vers des sociétés de pénurie , d'injustice , de violences , de guerres et de migrations brutales .
Les agricultures sont très différentes selon les moyens et les méthodes utilisées , 500 millions de petits cultivateurs produisent autour d'une tonne d'équivalent céréales par travailleur et par an , alors que quelques millions d'autres , mieux équipés , peuvent produire plus de deux mille tonnes par travailleur et par an .
En revanche , les agricultures familiales manifestent une grande capacité d'adaptation par leur connaissance des milieux , en valorisant notamment des territoires fragiles , non accessibles à une agriculture industrialisée .
Les caractéristiques de cette agriculture expliquent sa pérennité : solidarité , abnégation , dévouement , volonté de transmettre son patrimoine et ses savoirs , acceptation de contraintes temporaires en cas de besoin (diminution des revenus , augmentation de la charge de travail , ...)
Mieux , elles ne sont pas soumises à des dynamiques de croissance , d'extension et de productivité , comme le sont les très grosses structures .Il s'agit avant tout pour elles de garantir le renouvellement des sols contre tout risque d'épuisement .
Je ne résiste pas à la lecture de ce texte , rédigé par un paysan (Dominique Grève , en 2018 ) : "l'esprit paysan , c'est la capacité d'accompagner le vivant et de s'émerveiller devant la grandeur de la vie . La terre est un cadeau que l'on a reçu et que l'on doit transmettre . Travailler la terre est un métier rude . Cela forme un homme ." (...) Cultiver la vie est un don qui s'acquiert avec beaucoup de patience et de volonté . Ce n'est pas l'indépendance qui rend l'homme heureux , mais , bien au contraire , le fait d'être dépendant , dépendant du plus grand , de l'origine , de la terre , du soleil".
Hélas , dans un contexte où la productivité est la principale priorité , les hommes et la nature deviennent une variable d'ajustement du processus de transformation . On (les politiques ) favorise la compression des effectifs agricoles , tandis que le milieu vivant sera systématiquement ajusté à des objectifs de production standardisés afin de rentrer dans des circuits de transformation et de grande distribution .
Autre témoignage de paysan , qui a refusé cette industrialisation de son métier : "avec tous ces produits , j'étais pieds et poings liés . Rien ne peut nous démonter , si on se met en unité avec la nature (...) nous devons être des artistes . L'agriculture , c'est l'art de travailler la terre".
Le modèle économique qui domine actuellement l'agriculture en Europe est structurellement déficitaire : sans subventions , plus d'agriculture . Les conditions du marché conduisent structurellement à une forme de vente à perte , et à une grave perte d'autonomie pour les agriculteurs . Par exemple , le monopole que certaines firmes ont acquis , a quasi interdit aux agriculteurs la fonction historique de sélection et de reproduction semencière .
Ce système est dangereux , la recherche du profit immédiat amène l'humanité à détruire la base même de la sécurité alimentaire mondiale .
Il existe heureusement des alternatives à ce système néfaste : la culture des lopins de terre , tradition profondément ancrée dans les pays slaves , et le développement des jardins familiaux et des jardins ouvriers .
Cela représente 30% de la production alimentaire russe , dont 80 % des légumes permettant aux citadins de surmonter les crises alimentaires .
Ces jardins ouvriers accompagnent la demande d'une société en mutation , qui recherche une alimentation saine et des moments de détente et de convivialité , ainsi qu'un contact physique avec la nature . Les jardins permettent de créer ou de renforcer le lien social .
Notre société est en demande de produits de qualité , des produits issus de méthodes agronomiques naturelles , et , d'une façon plus profonde , elle recherche de nouvelles formes de relations entre la société et le monde vivant , le besoin d'une familiarité avec le milieu vivant .
Notre société doit évoluer , il est nécessaire de produire différemment ,sans pesticides ou presque , en respectant les sols et les personnes qui les entretiennent . C'est le défi auquel est confronté notre société , ce ne sont pas les politiques qui doivent décider à notre place , chaque citoyen(ne) doit pouvoir décider de ce qui va se trouver dans son assiette .
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Gilles Hériad Dubreuil signe un essai très riche sur un thème d'actualité.
Les références sont abondantes et m'ont quelques fois perdue en cours de lecture. La lecture de cet essai est ardue mais éclaire le lecteur sur la relation entre l'homme et la terre.
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Je n'ai pas réussi à accrocher à cet essai.
J'ai trouvé la construction assez confuse.
Pour être honnête, j'ai fini par ne lire que les parties qui m'intéressaient.
L'introduction ainsi que la conclusion sont quant à elles intéressantes.
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