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EAN : 9782212570649
160 pages
Eyrolles (04/10/2018)
4.5/5   5 notes
Résumé :
Un incontestable recul. Vous avez le sentiment que votre pouvoir d'achat régresse, que la hausse des prix est sous-estimée, mais année après année l'INSEE affirme que vous vous trompez. Ce livre va vous montrer que vous avez raison, chiffres à l'appui. Philippe Herlin a mené un travail d'enquête approfondi pour recueillir des séries de prix sur un demi-siècle, entre 1965 et 2015, dans les catalogues de vente par correspondance, les brochures publicitaires de superma... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Une enquête à charge sur le pouvoir d'achat. le constat est toujours le même aujourd'hui en Avril 2020, avant le grand braquage que nous préparent nos maîtres : le pouvoir d'achat est l'outil d'un grand mensonge.
On rétorquera qu'au regard de la séquence que l'on vient de vivre, ce n'est pas le seul.
On entre donc dans la fabrique des méthodes de calcul de l'INSEE. On apprend que premièrement le logement pèse pour seulement 6% du « panier de la ménagère » (car l'achat immobilier n'est pas pris en compte, seulement les loyers), et qu'un « effet qualité » tire les prix des biens vers le bas.
Comment ? Par exemple votre nouveau smartphone chinois coûte plus cher, mais l'INSEE considère que « vous en avez plus pour votre argent » parce qu'il est plus puissant 2G/3G/4G/danG, et donc inscrit un prix en baisse dans sa base de données. C'est tellement simple et évident que cela laisse pantois.
Herlin appelle ça l'évaluation au « doigt mouillé », pas de la statistique. Après être pantois, cela rendrait méchant.
En gros, si vous rouliez en R5 avec un téléphone filaire (pas pratique) et que vous regardiez vos maître pérorer sur écran cathodique, votre pouvoir d'achat serait stable. Mais puisque vous achetez un Xiaomi octocore, roulez en Hyundai et vous faites décérébrer devant une TV Samsung LED de 52 pouces, vous ressentez une légère baisse de pouvoir d'achat, complètement subjective.
Encore heureux que vous n'ayez pas la triste idée de vous munir de gel hydro alcoolique et de masques de protection inutiles (version début de crise).
Evidemment, s'il s'agit d'acheter un logement, là . . . c'est une perte réelle (Ah oui au fait, ce n'est pas subjectif comme le répète le ministère de l'information) de pouvoir d'achat qui a été particulièrement importante depuis 2000 et la hausse de l'immobilier partout en France, ce qui a mis les budgets des familles sous tension.
Cela éclaire intelligemment la crise des gilets jaunes, crise inconcevable dans un pays où le pouvoir d'achat progresserait d'année en année à moins que ces gens insérés, ayant un travail, soient les débiles que les chiens de garde télévisuels décrivaient semaine après semaine.
Herlin ne s'est pas contenté du blabla journalistique habituel débité par les perroquets certifiés Maastrichoconformes, il est allé rechercher des séries de prix, en analysant par exemple les brochures d'hypermarchés, de façon à suivre le pouvoir d'achat sur un demi-siècle, entre 1965 et 2015.
On constate ce que chacun d'entre nous sait intérieurement (bêtement selon nos maîtres) : une forte progression sur la fin des « Trente glorieuses », une cassure autour des années 80 et une perte prononcée après 2000 avec la hausse de l'immobilier et des matières premières.
Il explique tout un tas de phénomènes dont je pressentais l'existence sans leur donner de nom comme l'effet Cantillon (Richard de son prénom, ce n'est pas une blague) : La structure des prix est continuellement déformée par l'arrivée d'or (historique, remplacer aujourd'hui par argent facile des banques centrales) au profit de ceux qui sont proches de l'or (les grandes banques) et au détriment de ceux qui en sont éloignés (nous, les travailleurs). La richesse des premiers augmente quand celle des derniers régresse.
Pour Herlin la (re)progression de pouvoir d'achat, si elle doit avoir lieu un jour, passe nécessairement par la réindustrialisation, car l'industrie apporte de nets progrès de productivité, qui seuls peuvent générer de vraies augmentations de pouvoir d'achat.
On découvre les très intéressantes études de Jean Fourastié sur le pouvoir d'achat réel exprimé en temps de travail nécessaire à l'obtention d'un bien ou d'un service.
C'est l'objet de la troisième partie de son livre, plus politique qu'économique. On passe de la mesure aux mesures à prendre, c'est très différent. Car les moyens d'arriver à cette réindustrialisation selon l'auteur, sont assez discutables (et c'est bien, il faut discuter, c'est la base même de la démocratie) : il est donc franchement libéral et s'attaque assez violemment à l'état, la protection sociale, aux règles du droit du travail etc . . .
Sa critique rejoint celle d'Emmanuel Todd et son « aristocratie stato-financière » sans aboutir aux mêmes solutions.
« La France, c'est une culture étatiste (impôts + normes) dans le grand bain de la mondialisation, autrement dit l'échec assuré »
Bref, une analyse pertinente car chiffrée, sourcée, expliquée enchâssée dans une théorie économique invitant au débat.
« Nous avons une économie diversifiée, il y a une sorte de « génie français » tout de même, si la France était bien gérée, nous aurions 3% de chômage, et un pouvoir d'achat supérieur aux Allemands, peut-être pas loin de la Suisse, le rêve ! »
Si on analyse cette dernière phrase, alors une conclusion s'impose.
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La thèse centrale de Phiippe Herlin est que l'évolution du pouvoir d'achat, tel que l'INSEE le calcule, ne reflète pas la réalité.
Notamment parce que le calcul de l'indice des prix :
- tient compte d'un "effet qualité" : l'augmentation de prix est minorée de manière peu transparente par l'INSEE, lorsqu'il considère qu'un nouveau produit a plus d'utilité que celui qu'il remplace ;
- ne prend pas en compte dans les dépenses des ménages l'acquisition de leur logement ; celle-ci est considérée comme un placement même lorsque le logement est acheté pour être habité par son acquéreur.
En outre, l'INSEE détermine l'évolution du pouvoir d'achat sans tenir compte de l'évolution des impôts.

Philippe Herlin présente ensuite les résultats d'un gros travail de compilation de données concernant des articles d'électroménager, d'habillement, d'alimentation et de logement, ainsi que l'automobile et le carburant. En rapportant l'évolution de ces prix à l'évolution parallèle du SMIC, il conclut que "sur la période (...) 1975-2015, soit quarante ans, le pouvoir d'achat des Français s'affiche clairement en recul, les faibles gains apportés par la mondialisation étant largement engloutis par la hausse du logement."

La dernière partie de l'ouvrage n'est pas la moins intéressante. Et la pandémie la rend encore plus actuelle alors qu'on parle tant d'aides publiques, de relocalisation et de ré-industrialisation. L'auteur y analyse les causes qui ont convergé pour empêcher le pouvoir d'achat d'augmenter. Pour l'essentiel, une politique restrictive de la concurrence visant la protection à court-terme des emplois des canards boîteux mais aboutissant à la dés-industrialisation progressive du pays, d'une part ; une réglementation immobilière qui en raréfiant artificiellement l'offre de logement en a fait exploser les prix, d'autre part.

J'ai apprécié cet ouvrage qui éclaire des questions souvent traitées dans la presse mais sans que les mécanismes économiques sous-jacents soient jamais aussi clairement explicités.
Au total, un ouvrage qui vaut beaucoup mieux que ce que laisse supposer son titre racoleur.
Nombreuses citations de Jean Fourastié et de ...Que Choisir.
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Un bon livre, qui remet en question, chiffres à l'appui, les stats officielles de l'INSEE sur le pouvoir d'achat. Alors, on pourra noter que c'est un peu jeter tirer sur l'ambulance tant tout le monde le savait, et on pourra dire que le livre est très focalisé économie et chiffres, ce qui pourra rebuter, mais le livre est facile d'accès et tout y est détaillé et chiffré, avec le détail de chacune des méthodes utilisées, ce qui est beaucoup plus consistant que les habituels chiffres qu'on nous balance sans aucun détail derrière.
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très bon livre, qui met en perspective l'évolution du pouvoir d'achat français au fil des décennies.

Les lecteurs de babelio devraient se pencher plus sur les essais, car il y en a pleins de très bonne qualité comme celui-ci.

Je finis avec une phrase pour atteindre les 250 caractères.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Un autre procédé hautement contestable est utilisé par l’INSEE pour minorer la hausse des prix : il s’agit de « l’effet qualité ». Prenons un exemple : le nouvel iPad d’Apple coûte le même prix que l’ancien mais – attention – comme il est plus puissant que le modèle précédent, l’INSEE considère que « vous en avez plus pour votre argent » et inscrit dans sa base un prix en baisse, inférieur au prix affiché.
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Une inflation sous-évaluée est plus grave que l’inverse ; dans ce dernier cas, un voyant rouge s’allume, peut-être à tort, mais au moins les autorités monétaires, les gouvernements, les banquiers, les entreprises, les consommateurs se posent des questions. Mais dans le premier cas, personne ne s’inquiète alors que le feu couve.
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Les Français émettent de sérieux doutes sur la mesure de l’inflation et sur leur pouvoir d’achat, qui est censé progresser d’année en année comme l’affirme l’INSEE. Nous verrons que ces interrogations sont justifiées, et que des partis pris de l’organisme statistique sont éminemment critiquables.
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L’inflation étant ainsi rognée, l’institut et le gouvernement peuvent annoncer un pouvoir d’achat en hausse, qui ne correspond pas à la réalité que vivent les Français
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Il faut traiter les problèmes de fond que connaît le logement en France : un foncier restrictif, une réglementation complexe, des délais importants, un niveau de taxation qui décourage l'investissement locatif, et un laxisme complet concernant les locataires qui ne paient pas leur loyer (un ou deux ans avant que la justice ne procède à leur expulsion).
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