Encore un carton du numérique.
Sud-Sud-Est est un thriller très hitchcockien ainsi qu'on peut le deviner dès la couverture. Élizabeth est nègre. Un bon nègre, même, très prisée par son éditeur qui vient de lui confier un gros projet : écrire le livre du psychiatre le plus en vue de Paris. D'entrée de jeu, les deux personnages se détestent. Lui, Philippe, est un cynique qui ne soigne que les bourgeoises pleines aux as et les « cas intéressants ». Elle est un glaçon maniaque et misanthrope au dernier degré. La seule personne qui parvienne à la dérider est cette petite vieille qui se présente comme « la patiente préférée du Docteur » et qui est si charmante, bien qu'elle soit très atteinte par la maladie d'Alzheimer.
Mais dans la salle d'attente, Élizabeth a fortement contrarié Isidore, l'un des « cas » du Docteur. Voulant la punir, ce dernier kidnappe la vieille élégante qu'il a vu lui sourire, celle qu'il prend pour la mère d'Élizabeth, la « patiente préférée du Docteur » et qui n'est autre que… la mère de ce dernier.
Philippe, Élizabeth et leur acrimonie s'embarquent donc pour un voyage en France, à la poursuite d'Isidore, qui a mis en place un véritable jeu de piste fait de rébus et énigmes infantiles. Car Isidore a douze ans dans sa tête et le complexe du petit poucet. Pour lui damer le pion et récupérer sa fragile maman, Philippe n'a pas le choix, il va devoir entrer dans son esprit d'authentique psychopathe.
Derrière un titre assez peu imagé,
Sud-Sud-Est est un roman magnifiquement construit et rédigé d'une jolie plume. On s'attache à tous les personnages, pourtant présentés au départ avec beaucoup d'antipathie. On tire sa révérence à l'auteur qui déjoue tous les clichés dans lesquels on s'attend à la voir tomber.
Joëlle Herrerias a toujours une surprise dans son sac pour déjouer nos préjugés.
L'intrigue est trépidante, haletante, même, et se lit d'une traite. À offrir à tous les amateurs de thriller.