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Hans, neuf ans, et sa mère, Teresa, arpentent à bord de leur 4L un chemin perdu en pleine campagne. Ils sont partis retrouver Alex le véritable père du garçon, celui qui est parti juste avant sa naissance, celui qui a vainement essayé d'entretenir une relation épistolaire avec Teresa, lettres qui ont toujours finies dans la poubelle. Lorsqu'ils arrivent enfin au terme de leur voyage, ils découvrent une yourte abandonnée et un univers « Survival » post-apocalyptique.
Le roman de Cyril Herry, « Scalp », traite des rapports du fils au père sous les différentes formes qu'il peut prendre, l'amant de la mère, l'ami du fils ou l'absent, celui dont il est question dans ce roman, celui qui reste lorsque les deux premiers ont disparu, car éternellement soudé au fils par le lien biologique. Mais pas seulement. C'est aussi une histoire qui commence comme une banale recherche de paternité et qui prend une tournure difficile à croire.
Il y a le cadre où se déroulent les faits, et l'on ne peut nier à l'auteur ses talents de naturaliste, tant la campagne est belle et fraiche, particulièrement bien décrite avec beaucoup de poésie. La forêt et les mystères qu'elle renferme sont un élément clef, le décor vivant qui paraphrase bien l'aspect indépendant, sauvage, cruel des protagonistes.
Les personnages semblent, de prime abord, fluets par rapport à l'intrigue de cette histoire : qui est ce père qui s'est enfui ? Sa présence est spectrale. Quelles sont les raisons qui l'ont poussé à abandonner sa famille ? Quel vont être les réactions des deux parties lors des retrouvailles, si elles ont lieu ? Ces questionnements sont l'étincelle qui amorce le moteur de ce roman dont on ne soupçonne pas encore l'étendue dramatique.
Il aurait fallu peut-être renforcer la noirceur de l'âme de la mère et un peu plus de tempérament au gamin, d'épaisseur, de tragique pour que le lecteur soit vraiment pris aux tripes dès les premiers chapitres (ces derniers sont courts et donnent du rythme au roman, ce qui contrecarre la candeur du propos), mettre plus en avant le côté tourmenté du fils, une psychologie plus proche de l'internement psychiatrique que de la cour de récréation d'une classe de CM2. On imagine mal un enfant qui découvre que sa filiation est un mensonge d'adulte, que l'être en qui il a placé aveuglément sa confiance, sa mère, l'a trompé pendant toutes ces années, conserve son équilibre mental et agisse comme n'importe quel enfant de son âge.
Mais rapidement la tension monte dans le récit de Cyril Herry, la véritable nature de cette mère et de son fils se révèle. Les questions se multiplient lorsque certains personnages énigmatiques font leur apparition, amicalement pour les meilleurs, de façon violente pour les plus hostiles.
Petit à petit un monde horrible émerge, celui d'une population d'arriérés, confinée dans une campagne barbare et dans un village fantôme.
La lecture est très agréable, fluide. L'écriture est intéressante, claire comme de l'eau de source, il y a un véritable travail d'écrivain. Sous la plume de Cyril Herry, on retrouve les traces d'un Christian Bobin et d'un Henry David Thoreau.
« Scalp » est un roman à dévorer sans retenue écrit par un auteur qui gagne à être connu et à être suivi.
Merci à masse critique Babélio et aux éditions du Seuil, « points » pour la découverte de cet écrivain et de cette histoire pour le moins surprenante.
Editions du Seuil, « points », 236 pages.
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"l'homme est un loup pour l'homme", c'est très négatif pour les loups qui ont beaucoup moins de cruauté envers leurs semblables, il n'y a qu'a voir le fonctionnement fascinant des loups en meute. En ce qui concerne l'homme, l'observation de certains faits sociaux est beaucoup moins ...fascinant.

C'est l'histoire de Hans, 9 ans, qui part avec sa mère à la recherche d'un père qu'il ne connaît pas. Elle vient juste de lui d'apprendre que l'homme avec qui elle vivait, n'était pas son père.
Ils se retrouvent donc en pleine campagne corrézienne pour trouver Alex, ancien militant qui s'est battu pour défendre une nature sauvage et vraie et qui a planté sa yourte près d'un étang et d'une forêt, loin de la civilisation.

je n'ai pas pu m'empêcher de penser au film "Délivrance" ou bien encore "Easy Rider" sur certains aspects mais je n'en dirai pas plus de peur d'en révéler trop.

L'écriture de Cyril Herry est belle, agréable. Il ous régale avec les descriptions qu'll fait de la forêt, de ces lieux qui sont le décor de ce qu'il va se passer, il aime cette nature qu'il dépeint si bien avec beaucoup de poésie.
Il met sa "plume - caméra" au niveau du regard de l'enfant et nous entraîne dans de longs travellings dans cette contrée sauvage mais qui cache bien des secrets.
Après nous avoir installé tranquillement sur le site du campement, le mystère s'épaissit au fur et à mesure que l'histoire avance et le rythme accélère et nous pousse à tourner les pages de plus en plus vite pour arriver à un dénouement inattendu.

J'ai beaucoup aimé cet univers calme et presque trop paisible, mais pourtant bientôt lieu de crainte et de fureur.
scalp est une sacrée bonne surprise littéraire. Je vous le recommande vivement.
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A 9 ans Hans apprend de sa mère Teresa que l'homme qui l'a élevé n'est pas son père biologique. Alex son géniteur est parti il y a 10 ans sans même savoir qu'il avait un fils. Il vit de manière isolée dans une yourte au bord d'un étang en pleine foret. Teresa décide de faire rencontre Hans et Alex. A leur arrivée à la yourte, celle-ci est vide.
Hans en découvrant l'environnement de son père essaye déjà de créer un lien avec lui, de faire connaissance avec cet homme qu'il n'a jamais vu. Et dans un même temps il s'éloigne de sa mère en pensant que si son père ne se montre pas c'est à cause d'elle. On assiste à la complexité de leur relation. de son coté, les découvertes replongent Teresa dans un passé douloureux car cet homme l'a abandonné mais au fond on sent bien qu'elle a toujours des sentiments. Teresa et son fils vont très vite comprendre que les étrangers ne sont pas les bienvenues dans cette forêt, que certaines personnes ne souhaitent pas leur installation. On assiste à la violence des hommes et à la transformation de Hans.

Au début le rythme est lent mais pas ennuyeux, l'auteur installe progressivement une atmosphère lourde. Une rencontre va faire évoluer l'histoire dans une direction (à laquelle on ne pense pas forcement), et le rythme s'accélère. La fin est surprenante et arrive un peu trop brutalement (c'est mon avis)
Il s'agit vraiment d'un roman atypique, un roman noir mais que l'on ne peu pas classer de roman noir « classique ».
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Pour les personnes qui prennent le temps de suivre ce blog, ce dont je les remercie au passage, vous aurez remarqué qu'il y a quelques personnalités du monde de l'édition qui reviennent régulièrement sur les devants de la scène à l'instar de Cyril Herry qui créa la maison d'éditions Ecorce, puis fut directeur de la collection Territori à la Manufacture des Livres, en relayant ainsi quelques textes magnifiques comme ceux d'Antonin Varenne, de Patrick K Dewdney ou de Séverine Chevalier pour ne citer que quelques uns de ces auteurs qui ont inititié un courant au sein de la littérature noire francophone en délaissant les paysages urbains pour s'implanter sur d'autres territoires plus reculés. Avec une exigence du texte et un sens de l'intrigue, Cyril Herry a sans nul doute distillé, au travers du récit des autres, quelques éléments de son univers que ce photographe émérite nous livre également au gré des clichés qu'il publie sur les réseaux sociaux. Cabanes et bivouacs élaborés, paysages forestiers, carcasses de voitures échouées on ne sait trop comment dans la nature, après l'édition et la photographie, c'est désormais par le prisme de sa propre écriture que Cyril Herry nous invite à retrouver cet environnement insolite, qu'il parcourt quotidiennement, avec un roman intitulé Scalp, narrant le parcours initiatique d'un jeune garçon en quête de son père.

Depuis un satellite, l'Etang des Froids à Layenne n'est qu'une infime pièce cadastrale d'un immense puzzle terrestre. Pour Teresa, il s'agit de l'endroit où Alex s'est retiré du monde afin de vivre en pleine forêt en installant une yourte au bord de l'étang. Pour Hans, leur fils de neuf ans, c'est un lieu étrange et mystérieux où vit ce père qu'il n'a jamais connu. Ces retrouvailles sont l'occasion pour la mère et le fils de laisser derrière eux cette communauté disloquée où les pères de substitution ont joué leur rôle un temps seulement et où la mort et la trahison ont eu raison du fragile équilibre qui y régnait. Mais une fois arrivé au campement, nulle trace d'Alex. Teresa veut repartir mais Hans est bien décidé à rencontrer son père en dépit des ombres qui se dissimulent derrière les frondaisons et des coups de fusil qui résonnent dans les alentours. Parce que pour les autochtones, l'Etang des Froids, est un lieu où les étrangers quels qu'ils soient, n'ont pas leur place, particulièrement lorsqu'il s'agit d'originaux comme Alex.

Scalp s'inspire d'une chronique judiciaire opposant les habitants d'un hameau composé de yourtes, au maire d'une commune de Haute Vienne mettant ainsi en exergue un mode de vie singulier qui ne souffrirait aucune tolérance de la part des autorités. Il y est donc question de liberté à hauteur d'homme se heurtant à cette vision cadastrale régissant et réglementant chaque parcelle de terrain que l'auteur nous permet d'appréhender, dès le premier chapitre, avec cette image satellite sur laquelle Teresa superpose le plan du cadastre en gomment ainsi toutes notions d'espace et de liberté. Sur la base de cette dichotomie, Cyril Herry nous livre un roman noir emprunt d'une tension permanente qui augmente graduellement au gré d'une intrigue distillant une climat à la fois étrange et inquiétant à l'image de cet enchevêtrement de troncs et d'épaves de voiture, décor hors norme, servant de terrain de jeu mais également de refuge pour un jeune garçon entraîné, bien malgré lui, dans un rude parcours initiatique, ponctué de violences, où la forêt, mais plus particulièrement la fureur des hommes, le transformera à tout jamais sans que l'auteur ne se détermine sur sa destinée qui demeurera à tout jamais incertaine.

Comme un matrice, la forêt que dépeint Cyril Herry, devient un lieu de transition, un terrain d'aventure guère éloigné des romans de Jack London, de Mark Twain ou de James Fénimore Cooper dont les récits doivent probablement imprégner l'esprit d'un jeune garçon tel que Hans qui, par étape, mais également au gré des circonstances et des confrontations parfois violentes avec des enfants de son âge, s'émancipe peu à peu de l'emprise de sa mère qui reste le seul lien qu'il lui reste avec le monde adulte et dont il se distancie comme par défiance. Dans une alternance de points de vue, Cyril Herry décrit ainsi, avec l'efficacité d'un texte précis au travers duquel ressort la force des émotions des protagonistes, toute la complexité des rapports entre une mère et son fils qui se dissolvent peu à peu au profit de cette quête du père inconnu, mais également au gré de cette volonté d'émancipation qui se dégage de cet environnement sauvage faisant, paradoxalement, l'objet d'une convoitise insensée qui contribuera à cette perte d'innocence d'un enfant égaré, non pas dans cette forêt symbole de liberté, mais au beau milieu de la folie d'autochtones obsédés par la propriété.

Manifeste des rêves perdus d'adultes et d'enfants en quête de liberté, Scalp est un roman noir atypique et envoûtant, aux tonalités parfois poétiques, qui entraînera le lecteur dans l'environnement mystérieux de ces grandes forêts sauvages où l'indépendance des uns s'oppose à la convoitise des autres dans un déluge de violence à la fois brutale et surprenante. Tout simplement superbe.

Cyril Herry : Scalp. Editions du Seuil/Cadre noir 2018.

A lire en écoutant : North, South, East and West de The Church. Album : Starfish. 1988 Arista Records, Inc.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Une histoire de môme, encore.
Une histoire de môme qui va te laisser des traces, c'est sûr.
Certains vont te parler de huis-clos, forcément. C'est un peu ballot de parler de huis-clos avec la nature en fond sonore, à chacune des pages que tu vas tourner.
Ce roman te raconte Hans, un petit garçon de neuf ou dix ans, qui accompagne sa mère, Teresa, au coeur d'une région plutôt pas très peuplée, pour retrouver son père. Son père, il est parti avant la naissance de Hans, et il a construit une Yourte au milieu de nulle part.
Hans, il aime la pêche, faire des feux de camp, et se prendre pour un Indien au milieu du Wild West, sauf que là, t'es précisément pas dans le Wild West, t'es dans la campagne sauvage. Et ça y ressemble…
Voilà, je crois que j'ai fait le tour du pitch.
Si tu veux des détails, les autres vont t'en donner.
Mais laisse tomber les détails. Les détails, c'est toi qui va les découvrir à chacune des pages tournées, à chacun des mots que tu vas lire…
Je sais pas à quoi je m'attendais avec ce roman. Peut-être un roman surfait, surjoué, parce que Cyril Herry, c'est lui qui a créé les éditions Écorce, puis qui s'occupe aujourd'hui du destin de la collection Territori au sein de la manufacture de livres, alors sans doute ai-je pensé que ce serait facile de faire un amalgame des auteurs qu'il connait, par coeur, et d'en faire une espèce de roman, vaguement ressemblant.
Je déconne.
Au vu des photos du garçon, de ses cabanes au milieu de ses bois, qu'il construit régulièrement, je m'attendais à un roman différent, noir, sans doute, mais proche de ce qu'il connaît. Comment écrire autrement ?
J'ai marché avec Hans, croisé les carcasses de bagnoles au milieu de la forêt, et pesté, tout seul, contre la connerie des hommes et la pollution qu'ils installent partout.
Ben oui, des épaves de bagnoles, au milieu de la forêt, c'est pas seulement un abri pour les oiseaux, ça rouille, ça coule, et ça fabrique des trucs pas terribles pour la nature.
J'ai croisé, dans les pas de Teresa, l'intolérance et la bêtise, le rejet de l'autre parce qu'il est différent, et la haine de celui qui ne te ressemble pas.
Quand je dis toi, tu comprends bien que c'est une image…
Raconter l'enfance, encore une fois, c'est pas donné à tous le monde. Faut être resté un môme, faut savoir encore construire des cabanes, sinon tu racontes juste l'image que tu as de l'enfance, celle des souvenirs, mais c'est juste une image, ce sont pas des vrais mots.
Pas ces mots qui te remettent dedans, qui te font te souvenir que tu voulais être un Indien quand t'étais môme…
Difficile aussi de décrire les inquiétudes de la Mère, quand sa portée est en danger, surtout quand t'es qu'un mec et que tu peux pas comprendre, même si t'es un papa… le lien entre les mères et leurs enfants est sans doute au-delà de ce que les autres peuvent t'en dire.
Cyril Herry a su faire ça aussi.
Enfin, parler de l'absence, avec les phrases qui te la font sentir, les mots qui envoient du mouillé sur les phrases, c'était pas gagné non plus…
Je te résume.
Un roman sur l'enfance, et ses rêves, ceux que tu as peut-être oubliés.
Un roman sur l'amour et ses pièges, ceux dans lesquels tu es peut-être tombé.
Un roman sur la filiation, celle que tu as peut-être eu la chance de croiser, et qui t'a aidé à grandir.
Un roman sur l'absence, et les vides qu'elle t'a peut-être obligé à combler.
Si tu l'as pas commandé encore, ne sois pas ridicule…


Lien : http://leslivresdelie.org
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Ce roman n'est pas le premier de l'auteur mais le premier que je lis. La couverture m'a attirée d'abord, puis la 4e de couv' avec cette histoire d'un petit garçon dont la vie est chamboulée quand sa maman lui avoue des choses concernant sa naissance.
L'atmosphère de la forêt où nous promène le petit garçon en un véritable parcours initiatique, entre réalité et imagination, est un aspect fort.
Un auteur sans doute amoureux de la nature, qui s'intéresse à ce qui se passe autour de lui, que j'ai envie de découvrir davantage.
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Hans, neuf ans, a grandi avec Teresa, sa mère, dans une colocation partagée entre autres avec Stan, le père que Teresa avait choisi pour Hans et Jean-Loïc, celui que, d'une certaine façon, Hans s'était choisi. Stan a fini par se faire la malle, Jean-Loïc est mort, et Teresa révèle à Hans que son géniteur est en fait un autre. Alex est parti dix ans plus tôt sans même savoir que Teresa était enceinte et il vit aujourd'hui dans une yourte au bord d'un étang perdu dans une vaste forêt. Aujourd'hui Teresa décide donc, au moment de partir en vacances chez des amis dans l'Aveyron, de faire une halte en chemin pour que le fils et le père tenus neuf ans dans l'ignorance l'un de l'autre se rencontrent enfin.
À l'arrivée, la yourte est déserte. Désertée même, semble-t-il. Teresa voudrait repartir, mais Hans ne peut s'y résoudre. La perspective de voir enfin son vrai père et le fait que ce dernier soit un de ces aventuriers qui vivent dans la nature sauvage rend pour le garçon cette rencontre impérieuse. Il faut donc s'installer là, pour quelques heures ou quelques jours, dans l'espoir de l'hypothétique retour de l'homme libre, libéré des contingences sociales et de l'obligation de rester au même endroit qu'est Alex.
Mais dans les profondeurs de la forêt, sur les rives de l'étang, il n'y a pas que l'illusion de la nature indomptée, il y a aussi, toujours, les hommes et leur sauvagerie.
Roman noir relativement court, Scalp renferme en fait plusieurs livres.
Il y a bien entendu la quête de Hans. Celle du père dont il pressent ou espère qu'il sera à la hauteur de l'image du trappeur qu'il a eu le temps de se forger le temps de la préparation du voyage et le long du trajet. Celle aussi, chez cet enfant qui semble nourri aux récits d'aventure – on l'imagine volontiers lecteur de London, Twain, Rice Burroughs ou même heureux découvreur d'une vieille série de Rahan – d'une nouvelle vie, faite d'exploration et de trappe.
Il y a aussi le dilemme de Teresa, partagée entre l'appréhension des retrouvailles avec Alex, l'émotion à l'idée de revoir cet homme qu'elle a aimé et le désir d'offrir enfin à son fils un père, aussi imparfait puisse-t-il être.
Ce sont ces deux histoires entremêlées qui constituent, avec l'exploration des alentours du campement d'Alex la première grande partie du roman de Cyril Herry.
La seconde en constitue la suite, certes, mais aussi le basculement dans un autre récit. Celui de l'intrusion des hommes dans cette nature d'apparence sauvage. Les indices sont là depuis le début, de la carte satellite du Géoportail de l'IGN qui, lorsqu'on zoome, devient plan cadastral avec ses parcelles géométriques à la présence des épaves de voitures dans les bois en passant par les regards suspicieux que provoque l'excursion de la femme et de l'enfant au village. La civilisation est bien là, et les rencontres qu'elle réserve à Teresa et Hans leur montreront que c'est peut-être elle qui comporte la plus grande part de sauvagerie.
Roman intime, roman d'apprentissage et ode à la part d'imaginaire et de mythe que porte la forêt, Scalp est donc aussi un livre sur la manière dont les hommes, mus par cet atavisme qui les pousse à l'appropriation et par leur impérieux besoin de protéger ce qu'ils possèdent ou ce qu'ils voudraient posséder en viennent à devenir des prédateurs. Tout cela est dit par Cyril Herry avec plus de finesse que je ne le fais là, dilué dans un récit tout en tension sous les apaisantes descriptions de cette forêt faussement déserte et écrasée par la chaleur d'un été caniculaire. Ainsi Scalp apparaît comme un roman aux frontières d'un réalisme cru et pessimiste si ce n'est misanthrope et d'un imaginaire fondé sur les fantasmes ancestraux que transporte avec elle la forêt et qui en fait autant un refuge que le lieu où l'on peut disparaître sans laisser de traces. Tout cela en fait un roman riche et captivant.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Merci à Babelio et aux éditions du POINTS pour la découverte de ce roman. Et un double merci à l'éditeur et aux responsables Masse Critique de Babelio pour m'avoir envoyé une 2ème fois ce livre ; le premier colis s'étant perdu dans les méandres postaux au temps du confinement…

A la lecture de ce court roman et quelques jours après l'avoir digéré, j'ai beaucoup de mal malgré tout à le définir. « Scalp » se lit relativement vite. La première moitié du livre est d'une lecture et d'un style plutôt agréable. Les descriptions des paysages sont assez précises et il est facile d'imaginer la forêt, le lac et la yourte, décor qui s'impose au lecteur tout au long du livre. La première moitié du roman met en scène Hans un garçon de 9 ans à qui sa mère Teresa apprend que son vrai père n'est pas celui qu'il croyait. Les deux protagonistes prennent donc la route en 4L à la recherche du lieu sauvage où s'est installé Alex, le père de l'enfant.

On apprend ainsi, au fil des pages, par petites touches successives, qu'Axel, fervent défenseur des causes écologistes et lutteur acharné contre la mondialisation et l'ultra capitalisation de notre monde moderne, a préféré, après des années de lutte, s'installer à l'écart de la société, à l'écart des hommes et de la modernité.
Teresa et Hans vont alors poser leur tente sur ce terrain abandonné et attendre le retour du père. Hans va découvrir et explorer ce terrain de jeu, duquel il va tomber amoureux, à l'instar de son père, et s'imaginer alors vivre les années suivantes au beau milieu de la forêt, à pêcher, chasser et observer la nature environnante.

La première partie se lit aisément malgré quelques longueurs, et une attente interminable, celle du fameux Axel.
Mais en tant que lecteur, on prend son mal en patience, on laisse s'installer les personnages et capturer quelques bribes de leurs histoires personnelles pour mieux comprendre comment cette situation s'est installée.
Et puis on attend, on commence à émettre quelques suppositions sur ce qui a bien pu arriver au père.
Une nouvelle rencontre avec un habitant du coin, Jacques Alonso, va lancer de nouvelles pistes et hypothèses.

Et là tout bascule et tout s'accélère. Cyril HERRY choisit une voie qui n'est évidemment pas celle à laquelle s'attendait le lecteur, et pourquoi pas… Mais après une longue attente à faire travailler notre imagination, toutes les pièces du puzzle s'assemblent, pour ma part, beaucoup trop rapidement et trop précipitamment. On a un peu la désagréable sensation que la fin du livre est bâclée et c'est dommage. Au milieu naturel trop paisible de la forêt et du lac succède un déchainement de violence d'une cruauté parfois dérangeante. C'est là mon principal reproche à « Scalp », tout arrive trop vite, d'un seul coup, sans que l'on y soit préparé et le plaisir du début du livre s'atténue. La fin, sans la dévoiler, me laisse grandement sur ma faim…

Certains romans tirent parfois en longueur et on aimerait y faire des larges coupes pour retrouver une histoire plus condensée et un rythme plus vif. le roman de Cyril HERRY aurait mérité, à l'inverse, un dénouement plus détaillé. C'est une lecture parfois traumatisante et qui ne laisse en tout cas pas indifférente. Mon avis ne sera pas tranché, je laisse le soin à chacun de se faire son opinion…
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Je trouve que nous avons beaucoup de chance. Oui, vous et moi.
On a la chance d'avoir des romans beaux et bien écrits.
On a la chance d'avoir des auteurs français qui n'ont rien à envier aux autres.
On a la chance de pouvoir lire de belles histoires dans de beaux décors.
Ce roman débute comme un « nature writing ». Un roman du genre est un récit qui fait de la nature et des grands espaces des éléments essentiels, une sorte de personnage principal.
Ici, Hans et sa mère vont découvrir l'environnement dans lequel vit Alex. Une yourte sans eau courante ni électricité. Pas de téléphone, pas d'internet, juste la nature et ce qu'elle a offrir.
Hans va découvrir qu'elle peut être riche, amicale ou dangereuse cette nature, un vaste terrain pour son imagination exacerbée par son excitation à rencontrer ce père dont il a déjà fait un héro.
En totale opposition à sa mère, Hans est un garnement têtu et imprudent. Mais la nature va aussi lui apprendre ses lois, sans compter sur les habitants du coin fort peu accueillants.
Puis vient une seconde partie avec l'arrivée d'Alonso qui semble bien connaitre Alex. Et le roman « naturaliste » se transforme en un roman noir de plus en plus sombre. Les pires défauts des habitants des villages reculés explosent, les préjugés, la haine de l'étranger, la sous-mission aussi aux figures politiques locales, la bêtise aussi.
Je n'ai pas lu le précédent roman de Cyril Herry, L'Héritage Werther (éditions Cursinus, 2014) et je découvre un auteur visiblement amoureux de la nature qui nous la conte toute en sons et en couleurs. Un auteur qui manie le Noir avec tout autant de talent. J'ai retrouvé la beauté d'un « Dans la Forêt » de Jean Hegland (Gallmeister), la noirceur d'un « En Mémoire de Fred » de Clayton Lindemuth (Seuil collection Cadre Noir).
Une magnifique découverte.

Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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Hans, onze ans, vit avec sa mère Teresa. Son père biologique, Alex, est parti vivre dans la forêt au bord de l'étang des Froids, il habite dans une yourte dépourvue de confort. Il a toujours milité pour la défense de l'environnement et a passé sa vie à oeuvrer pour la protection de la nature. Il a quitté Teresa sans savoir qu'elle attendait un enfant de lui. Hans a grandi auprès de Stan, le compagnon de sa mère, qu'il croyait être son père, et auprès de Jean-Loïc, un colocataire, que le petit garçon adorait. Hans aurait tant aimé que Jean-Loïc soit son père ! Après le départ de Stan et la mort de Jean-Loïc, Teresa révèle à Hans que son père biologique vit dans la forêt et qu'ils vont s'y arrêter en descendant en vacances dans l'Aveyron.
Lorsque Teresa et Hans arrivent à la yourte, il n'y a personne. Teresa se rend compte qu'Alex a déserté la yourte depuis un bon moment, il suffit d'ouvrir les yeux pour le comprendre. Ne sachant pas s'il reviendra, et si oui, dans combien de temps, Teresa veut repartir. Mais Hans est prêt à tout pour rencontrer son père, même à s'enfuir dans la forêt pour que sa mère ne puisse le trouver. La mère et le fils montent une tente et Hans s'arrange pour obliger sa mère à différer le départ. Il se représente son père comme un aventurier, ce mode de vie fait rêver le petit garçon qui est d'ailleurs très débrouillard pour son âge. Teresa est partagée entre l'envie de permettre au père et au fils de se rencontrer et l'envie de fuir cet homme qu'elle a aimé et dont les choix l'ont fait souffrir. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, Hans et sa mère ne sont pas seuls. Il y a les villageois qui ne voient pas forcément d'un bon oeil l'arrivée de Teresa et de son fils. Certains d'entre eux auraient-ils quelque chose à se reprocher ? Ne savent-ils vraiment pas où se trouve Alex ? C'est ce que l'on découvrira peu à peu. J'ai été complètement happée par ce roman, j'ai eu l'impression d'être dans la forêt avec les personnages, les descriptions sont tellement précises qu'on s'y croirait, l'angoisse monte irrémédiablement et je n'ai pas pu refermer le livre avant de connaître le dénouement. Cependant j'ai été déçue par la fin que je n'ai pas trouvée assez précise, je suis restée sur ma faim.
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