Ce petit livre se propose de faire une synthèse à propos de ce que l'on nomme communément, un peu de manière synonyme : clichés, poncifs, lieux communs, idées reçues ou encore stéréotypes.
Les auteurs distinguent ce qui relève de la simple tournure de langage de ce qui relève d'une pensée ou d'une vision particulière. Par exemple, une faim qualifiée " de loup " est un poncif ou un cliché, c'est-à-dire une formule battue et rebattue (ça aussi c'est un cliché !) que tout le monde utilise et qui, en littérature, a tout pour être scrupuleusement évitée par les écrivains mais qui ne présage pas de la qualité du fond de la chose narrée.
En revanche, ce que les auteurs appellent lieux communs ou idées reçues ou stéréotypes peuvent être exprimés dans un langage novateur mais au service d'une pensée ou d'une vision du monde qui est, elle, caricaturale ou banale ou fortement datée.
Dans cette catégorie, on mettra tout ce qui relève de caractéristiques qui seraient censées être partagées par l'ensemble d'une population. Par exemple, les Français sont vantards, les Allemands ne sont pas drôles, les Juifs ne pensent qu'à l'argent, etc., etc. de même, toutes les généralités qui relèvent supposément du genre
du type : Les femmes pensent que… tandis que les hommes pensent que… etc.
On voit que la notion de stéréotype dépasse largement le champ du littéraire et s'invite en sociologie ou ailleurs. Si l'on se restreint uniquement au champ littéraire, les auteurs signalent encore un élément intéressant.
En effet, même si la littérature qui fait trop ouvertement son pain des stéréotypes et des clichés est considérée comme " bas de gamme ", il demeure que le stéréotype ou le cliché est affaire de réception. Seuls les lecteurs qui ont déjà été confrontés à une formule peuvent juger qu'elle est éculée ou non.
De même, les stéréotypes changent au cours du temps. Une pensée banale du XVIIIème siècle, par exemple, pourra très bien ne plus être perçue comme telle de nos jours ou réciproquement. Et plus encore, très souvent, les auteurs réputés " haut de gamme " s'appuient sur les stéréotypes pour mieux s'en dégager. Or, quoi qu'il en soit, le stéréotype est à considérer comme une donnée de base indispensable à l'appréhension de toute littérature, même si elle se croit éminemment l'opposé d'un stéréotype.
Les auteurs prennent l'exemple de phrases qui ne s'activent et ne prennent tout leur sens que si les lecteurs ont acquis des stéréotypes. Par exemple, s'il est écrit : « Monsieur Machin couche avec sa femme deux fois par semaine. Son voisin aussi. » Il y a manifestement deux façons de comprendre cet énoncé car la notion stéréotypée d'adultère est bien ancrée dans le lectorat.
En revanche, s'il est écrit : « Monsieur Machin promène son chien tous les jours. Son voisin aussi. » Il est peu probable que le lecteur soupçonne spontanément le voisin de promener le chien de Monsieur Machin car le stéréotype n'est pas (encore) installé (peut-être le sera-t-il un jour).
Pour conclure, j'ai trouvé ce petit ouvrage assez intéressant mais pas captivant non plus. À vous de voir si vous souhaitez approfondir ou non cette thématique.
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Certains Allemands se plaisent à raconter cette blague : « Quel est le livre le plus court du monde ? — Quatre mille ans d'humour allemand. » L'histoire ne fera pas rire tout le monde, mais elle pose précisément la question des représentations stéréotypées, des jugements tout faits, à l'emporte-pièce.
Introduction.
L'amazighe est pour A boukous une langue parlée par des communautés importantes mais éparpillées dans un vaste espace, l'amazighe se présente sous forme de parler ET de dialectes unis par une charpente grammaticale et un lexique communs
L'amazighe est pour A boukous