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Critique de kielosa


De tous les journalistes d'Investigation, c'est probablement - pour ne pas dire sûrement - Seymour Hersh, 82 ans, qui remporte la palme d'or des révélations : lors de la guerre du Vietnam, en 1969, le massacre de My Lai et lors de la présidence éclairée de Fiston Bush, en 2004, les tortures dans la prison d'Abou Ghraib à Bagdad.

Il a en tout cas été l'homme le plus haï de la classe politique américaine au pouvoir à Washington. Même un symbole comme Henry Kissinger n'a pas échappé à sa vigilance et critique. Selon lui "dear old Henry" mentait comme la plupart des gens respirent et cela signifie un désastre en politique, comme l'ont prouvé les bombardements secrets du Cambodge et le coup d'État contre Salvador Allende au Chili.

Dans une introduction impeccable, David Remnick, lui-même grand journaliste (gagnant du prix Pulitzer en 1994) et auteur d'un des meilleurs ouvrages sur la fin de l'empire soviétique, affirme que Sy (comme il est prénommé par les amis) Hersh fait partie, comme Bob Woodward et Carl Bernstein de l'affaire du Watergate et la chute de Nixon, des meilleurs journalistes que les États-Unis aient connus.

Hersh a révélé les failles des services secrets américains en 2001, la corruption de la famille royale saoudienne, les combines douteuses au Pakistan, les mensonges de Fiston Bush et sa fine équipe à propos de l'Irak, les monstrueux défauts des plans de guerre et d'après-guerre en Afghanistan et Irak.... et à chaque fois dans des dossiers merveilleusement documentés et qui ont été repris ultérieurement par l'ensemble de la presse dans les pays démocratiques.

Seymour Hersh est né en 1937, dans une famille juive, parlant le Yiddish, de Chicago. Il a un diplôme en histoire de l'université de Chicago et devient encore très jeune journaliste. À l'âge de 33 ans, en 1970, il reçoit le Prix Pulitzer pour son ouvrage sur My Lai. Selon Remnick, Hersh est un "personnage singulier à Washington. Même reporter attitré du New York Times ou du New Yorker (magazine), il a toujours été une sorte de loup solitaire, opérant à l'avant de la meute, en pionnier, découvrant souvent des détails qui ouvrent la voie à de nouvelles investigations." (Page 31).

Dans son bureau, qui ressemble à une chambre d'étudiant, il a écrit 10 ouvrages importants, sur les armes biologiques et chimiques, l'arsenal nucléaire d'Israël, le clan Kennedy, les erreurs de Kissinger, l'élimination d'Oussama ben Laden, etc. Cinq de ses livres ont été traduits en Français et 4 figurent dans la bibliothèque de Babelio.

Trois décennies, en fait 34 ans, se situent entre le scandale de My Lai et celui du traitement des prisonniers à Guantanamo et Abou Ghraib par le génial Bush junior, son abominable vice-président Dick Cheney, et comme le journaliste Andrew Cockburn l'a appelé le "Caligula du Pentagone", Donald Rumsfeld, l'honorable et très humain ministre de la défense du duo et un des grands auteurs du désastre irakien.

Je ne vais pas répéter ici mon jugement sur les criminels responsables de l'invasion de l'Irak en 2003 et la crise des réfugiés politiques qui en résulte et perdure, je voudrais juste rappeler mon humble avis que ces 3 devraient se retrouver dans une cellule de la prison de la Cour Pénale Internationale à La Haye aux Pays-Bas, au lieu de profiter librement de leurs fortunes aux États-Unis.

Ce qui me choque et, cela sort clairement de ce livre, c'est que dans ce pays il existe une troupe de soi-disant éminents juristes qui se sont rendus coopératifs des pouvoirs en place en "relativant" la Convention de Genève sur les droits de l'homme, ainsi que la convention des nations unies contre la torture, ratifiée par les États-Unis en 1994. Jay Bybee, né en 1953, est un parfait exemple de juriste qui s'est laissé séduire à des considérations sophistiquées, opportunistes et ridicules dans ce sens rien que pour plaire à Bush et compagnie. Ce gugusse a été royalement remercié par Fiston Bush qui l'a promu juge fédéral en mars 2003 !

Un exemple de la profondeur de pensée de ces juristes : "Mettre un sac sur la tête d'un prisonnier durant 3 jours, ce n'est pas très correct, mais ce n'est pas de la torture". (page 50).

Il y a eu, en effet, pire, bien pire. Je ne tiens pas trop à donner des exemples dans mon billet, car ils sont tellement inhumains, écoeurants et révoltants. Par contre, je veux bien vous citer quelques noms de tortionnaires qui se sont illustrés dans leurs tâches et ont été traduits en justice, que vous pourrez googler si le coeur vous en dit : Charles Granel, Ivan Frederick, Javel Davis, Jeremy Sivits, et les femmes Lynndie England, Megan Ambuhl et Sabrina Harman. Détail pittoresque : en sortant de taule Charles Granel et Megan Ambuhl se sont mariés !

L'ouvrage de Seymour Hersh couvre de nombreux sujets : les faucons à Washington, les carences des services secrets, l'exécrable "gestion" de l'Irak par les Yankees après leur invasion, la situation par la suite en Arabie saoudite, Syrie, Iran, Israël et en Turquie. Il ne s'agit donc pas d'un petit opuscule, mais bien au contraire d'un ouvrage "de poids" avec ses 8 grands chapitres, une intéressante préface d'Edwy Plenel, l'introduction de David Remnick, l'épilogue et la postface de l'auteur lui-même et qui font en tout 622 pages.

Ce nombre de pages peut avoir, je m'imagine, un effet dissuasif sur des lectrices et lecteurs, mais je vous assure, qu'en dépit du sujet, cet ouvrage se lit beaucoup plus aisément et vite qu'on ne croit. Et cela, essentiellement grâce au style et la façon de présenter et développer les points propres à ce journaliste et à sa très longue expérience.

Il en a été de même de mon 500e billet sur Babelio, que j'aurais écrit et peaufiné en un temps-record.
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