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Anne Dutter (Traducteur)
EAN : 9782228889919
113 pages
Payot et Rivages (17/01/1996)
3.76/5   36 notes
Résumé :
A l'automne 1974, le cinéaste allemand Werner Herzog apprend que son amie Lotte Eisner, critique et historienne du cinéma, est très malade.
Depuis Munich, il décide de se rendre auprès d'elle à Paris, avec la certitude qu'elle survivra s'il voyage à pied. Tenu du 23 novembre au 14 décembre, ce journal de marche est le témoignage d'un homme qui nous fait partager tour à tour ses moments d'exaltation, d'épuisement, de plénitude.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Werner Herzog apprend que son amie Lotte Eisner est très malade â Paris. Elle est historienne du cinéma, lui vient de terminer Aguirre ou la colère de Dieu.
En une seconde, comme il lui paraît intolérable que Lotte, qui avait été incarcérée dans le camp de Gurs , en France, dont elle s' était héroïquement évadée, soit gravement malade et que sa vie soit en danger, il prend une décision.
En une seconde, pour conjurer le sort, pour faire dévier la colère de Dieu du destin de son amie, il prend la décision de partir à pied depuis Munich, jusqu'à Paris, durant un mois et un jour, du 23 novembre 1974 au 14 décembre 1974.
Son récit de ces 800 kilomètres de marche dans la neige, avec nuits passées dans les granges, les maisons abandonnées, parfois par intrusion nocturne…. récit ponctué par des souvenirs, puisque la marche excite la pensée, les idées entrent par les pieds est aussi une réflexion sur les grandes villes , qui cachent beaucoup de saleté et de gens trop gros, ne devait pas être publié , mais le fut.
On le prend parfois en stop, on le prend pour un fou, et il se demande pourquoi la marche fait autant souffrir.
Il pense, et il doute aussi, le fait même de la pensée fertile. Pourquoi continuer cet acte insensé, se dit-il, était-ce d'ailleurs si insensé, cette marche pour sauver une amie ? Alors pourquoi ne pas continuer à marcher ?
La conjuration a réussi, Lotte n'est pas morte quand il arrive à peine capable de faire un pas de plus.
Elle sait qu'il est « de ceux qui marchent, et, partant, sans défense »
Elle comprend ; la douceur de cet accueil pourrait le faire s'envoler.
Prière.
Elle vivra dix ans de plus.
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La foi pour seul bagage

Ce petit livre dense et fabuleux, est le récit véritable d'un pèlerinage de la Bavière jusqu'à Paris commencé le 23 novembre 1974 et achevé le 14 décembre de la même année. À l'annonce de la mort imminente de son amie Lotte Eisner, grande critique et historienne de cinéma, Werner Herzog décide de faire à pied un long trajet qui doit lui permettre de relier Munich à la capitale française, où Lotte Eisner vit (mais pour combien de temps encore ?). Les préparatifs sont brefs : c'est avec son âme et son corps tout entiers que Werner Herzog se doit d'accomplir ce cheminement – et résolument seul.

Accompagné par le froid, la solitude, la pluie, l'exaltation, la rage, Herzog marche avec, chevillée au corps, la pensée que s'il accomplit cet acte de foi pure jusqu'au bout Lotte Eisner ne mourra pas. le cinéaste nous raconte les nuits à pénétrer par effraction dans des chalets isolés de la Forêt-Noire, afin de prendre un peu de repos et s'abriter pour un temps du froid mordant ; et les jours gris et maussades à piétiner dans une boue jaune, à l'affût de quelque soleil évanoui ou noyé. Ce qui anime Werner Herzog au cours de ce long et dangereux périple peut s'apparenter à de la pensée magique, laquelle a souvent été mise à mal par le christianisme et, plus récemment par la psychanalyse qui n'y a vu qu'une sorte de résidu primitif, la scorie d'une époque lointaine où l'homme vivait dans des grottes et n'avait ni chauffage ni eau courante : une ère très ancienne où l'homme ne croyait pas encore au dieu “Progrès”, vénérait les dieux de la nature, faisait corps avec la terre et n'avait que faire des joyeusetés de notre technologie moderne… bref, un monde de cinglés ni plus ni moins ! Dès qu'une chose nous dépasse, notre société étriquée et froidement rationaliste, ne peut s'empêcher de vouloir à toute force l'enclore dans un symptôme, une pathologie. de même que l'historien romain Tacite déclarait : « Plus une société est corrompue, plus elle multiplie le nombre de ses lois », je dirais que plus une société est malade, plus elle invente de symptômes pour créer davantage de confusion.

Baste ! Après maintes embûches, Werner Herzog parvient à Paris et son amie - qui selon la médecine occidentale omnisciente aurait dû trépasser depuis longtemps -, est encore en vie. Quelques années plus tard, c'est toujours le cas. Ce sont des choses qui ne s'expliquent pas, qui appartiennent au mystère le plus insondable. Épuisée, Lotte Eisner dit un jour à son ami réalisateur : « Werner, vous avez jeté un sort sur moi, vous m'avez interdit de mourir, aujourd'hui j'ai près de 90 ans, je suis aveugle, je ne peux plus lire, donc il faut enlever ce sort pour que je puisse mourir. » Par jeu, Herzog acquiesce. Et, 15 jours plus tard, Lotte Eisner meurt enfin.

Où s'arrête la vie et où commence la mort ? Vaste question, pour laquelle nous ne possédons aucune réponse.
Dans un monde gelé jusqu'à l'os, voici un petit livre qui réchauffe, des mots qui coulent dans la gorge ainsi qu'une eau-de-vie brûlante.
Au bout du chemin des glaces, il y a un coeur qui bat toujours, aussi rougeoyant qu'une braise.

© Thibault Marconnet
le 19 mars 2015
Lien : http://le-semaphore.blogspot..
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Récit un peu illuminé. le cinéaste #WernerHerzog décide de faire Munich-Paris à pied en plein hiver. Il traverse une splendide tempête de neige et montre qu'avec des bonnes chaussures, tout est possible.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Dehors, brouillard, si glacial que les mots me manquent pour le dire- Sur l’étang, nage une pellicule de glace. Les oiseaux se réveillent ; des bruits. Sur le petit pont, mes pas sonnent en creux….. La tempête, la neige, la pluie font aussi voltiger des feuilles qui viennent se coller à moi, jusqu’à me recouvrir totalement. Partir. Aller de l’avant.
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Par la fenêtre, j'ai vu un corbeau se poser sur le toit d'en face. La tête dans les épaules, il ne bougeait pas, sous la pluie. Longtemps après, il était encore là, inerte, grelottant, solitaire et calme, plongé dans ses pensées de corbeau. Alors, un sentiment de fraternité est monté en moi et la solitude a envahi mon coeur.
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Je vais me laisser porter par la tempête tout autour de la station jusqu'à ce que des ailes me poussent. Cette nuit, lorsque je m'introduirai à nouveau dans une maison, je serai un roi dans son château fort. Un gros réveil, une fois remonté, carillonne la fin des fins. Dehors, le vent ébouriffe la forêt. Ce matin, noyée, la nuit a été rejetée par des vagues froides et grises.
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À midi, Dommartin-le-France. J’ai mangé un peu. Le pays est ennuyeux, vallonné, nu, champs labourés et mouillés. Les sillons retiennent une eau froide, et à quelques distance, tout est noyé dans les nuages imbibés d’eau. Ce n’est pas une vraie pluie, une bruine douce seulement. Les villages sont loin les uns des autres. Calme, rarement une voiture. Ma marche... marche.
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Dehors, violente chute de neige. Ai longuement pénétré du regard les flocons qui tombaient. J'y ai vu une ribambelle de bonnes sœurs et de collégiens s'effleurant aux épaules et aux hanches, incarnation ostensible de l'ouverture d'esprit des religieuses de notre temps. Cette gaité et ce libertinage paraissaient terriblement voulus et avaient un relent de tartufferie.
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Videos de Werner Herzog (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Werner Herzog
Werner Herzog : Entretien avec Francesca Isidori (2008 - Affinités électives / France Culture). Diffusion sur France Culture le 25 décembre 2008. Une émission de Francesca Isidori, réalisée par Brigitte Alléhaut. Photo : Werner Herzog (Liz O. Baylen / Los Angeles Times). Werner Herzog est un réalisateur, acteur et metteur en scène allemand né le 5 septembre 1942 à Munich (Allemagne). Il est l'un des représentants majeurs du nouveau cinéma allemand des années 1960–1970. Né à Munich en 1942, Werner Herzog Stipetić passe sa petite enfance dans un petit village bavarois, puis son adolescence à Munich. Il poursuit des études littéraires à l'université Louis-et-Maximilien de Munich. En 1963, il crée sa maison de production, la "Werner Herzog Filmproduktion". Il commence à réaliser ses premiers courts métrages. En 1968, il réalise son premier long métrage, "Signes de vie" ("Lebenszeichen"), qui remporte l'Ours d'argent au festival de Berlin. Ses trois films suivants ("Les nains aussi ont commencé petits", "Fata Morgana" et "Aguirre, la colère de Dieu") sont présentés à la Quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes. Il gagne ainsi la reconnaissance internationale en tant que représentant du nouveau cinéma allemand. En 1979, il réalise "Nosferatu, fantôme de la nuit" qui est aussi une relecture du personnage mis en scène par Murnau dans son "Nosferatu". Plastiquement, l'œuvre de Werner Herzog est proche du romantisme de Caspar David Friedrich, de l'expressionnisme allemand et du land art. Un grand nombre des films d'Herzog abordent les thèmes de la folie et de la cruauté de la nature, souvent mêlés (comme dans "Aguirre") : il s'agit pour lui de révéler la part sombre de l'homme comme de la nature. Héritier d'un romantisme allemand tardif et sombre, Herzog met en scène une nature, humaine comme terrestre, chaotique, menaçante, presque démoniaque.
Sources : France Culture et Wikipédia
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