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Stéphanie Lux (Traducteur)
EAN : 9782330126957
400 pages
Actes Sud (02/10/2019)
4.14/5   252 notes
Résumé :
Best-seller dès sa parution, immédiatement traduit dans de nombreux pays, La Maison allemande nous fait éprouver le traumatisme et la révolte d’une génération qui a eu vingt ans dans les années soixante et s’est trouvée confrontée au refus de mémoire dans l’Allemagne de l’après-guerre.

L’héroïne du roman, Eva, fille des propriétaires d’un modeste restaurant de Francfort-sur-le-Main, s’apprête à se fiancer avec un jeune héritier de la ville... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (65) Voir plus Ajouter une critique
4,14

sur 252 notes
En préambule, je voudrais dire pourquoi j'ai eu envie de lire ce livre.
Jeune étudiante, j'avais une amie allemande avec qui j'étais très liée. C'est avec elle que j'ai appris et su ce que représentait la culpabilité d'être né allemand. Comme le dit Annette Hess dans son roman
"Elle portait en elle la faute de ses parents" ou plutôt de ses grands parents.
La maison allemande porte en elle tous les germes de cette culpabilité. Culpabilité, d'abord, parce qu'on ne doit pas parler du mal commis pendant la guerre.
Il faut néanmoins rappeler que lors du second procès d'Auschwitz, en 1963, personne ne parlait, les coupables comme les victimes. Aharon Appelfeld disait lui-même qu'en Israël, après guerre, personne ne voulait entendre les témoignages des survivants des camps. D'anciens déportés ne livreront jamais leur passé à leurs enfants, ce que montre très bien Claude Lanzman dans son film: Shoah
Partout, il fallait recréer un monde, la mémoire et la compréhension de ces barbaries viendra plus tard. Peut-être ce temps est le temps du Deuil de L'HISTOIRE.
Dans ce roman, s'ajoute une dimension supplémentaire pour notre jeune Eva, une résilience extraordinaire, un choc traumatique qui va percer lors du procès jusqu'à lui permettre de comprendre et retrouver où elle a vécu enfant, son attachement à la langue polonaise, elle en fera son métier de traductrice.
J'ai beaucoup aimé ce livre surtout cette partie où elle se rend à Auschwitz, quand elle retrouve malgré tout la maison de son enfance. J'ai moi même fait ce voyage de mémoire, marcher dans ce camp, essayant de comprendre ce qui s'est passé.
En complément de cette lecture, je vous conseille de voir l'excellent documentaire intitulé : Les enfants d'Hitler que j'ai vu à la maison de l'Allemagne à Paris.
Où la nièce de Goring explique comment faire pour vivre avec un tel nom, ou le petit fils de Hoss et d'autres. Documentaire bouleversant, à mon sens, à voir absolument.
Bref, la douleur sera toujours là mais aujourd'hui la parole est possible et c'est elle qui peut apporter une compréhension.
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Je retrouve , curieux hasard, Francfort , comme dans le roman policier que je viens de lire. Mais l'histoire se déroule en 1963, au moment du second procès d'Auschwitz.

le personnage principal, Eva, est une jeune femme un peu naïve et ignorante quant au passé récent, d'autant plus que ses parents, restaurateurs, ne parlent jamais de la guerre et du nazisme.Elle est sollicitée de temps en temps comme interprète. Et voila qu'on lui propose de servir de traductrice pour des témoins polonais, vu sa bonne connaissance de cette langue.

Tout son entourage s'oppose à sa participation au procès: sa famille, son fiancé fortuné, Jurgen. le lecteur assiste au parcours difficile d'Eva, qui découvre la réalité des camps avec horreur, les chambres à gaz, les tortures...De cruelles vérités vont se révéler à elle, concernant ses parents. Elle gagnera sa liberté de femme, suivra sa conscience, mais perdra ses certitudes et la douceur du cocon familial .

Il est intéressant d'observer ces générations allemandes d'après guerre, qui se sont senties responsables des forfaits commis par leurs parents, ou de leur complicité passive. Comme les accusés du procès, ils prétendaient ne pas savoir. A un moment donné, Eva, obsédée par un sentiment de culpabilité, retourne voir le coiffeur juif , rescapé du camp. Après son départ, il répond à son assistante qui lui demande ce que voulait la jeune femme:" Ils veulent qu'on les console". Cette réponse très juste m'a frappée.

Comment vivre avec le poids du passé familial, de l'Histoire, comment se construire avec des souvenirs traumatisants? A travers le destin d'Eva, l'auteure nous propose une reflexion passionnante, mêlant l'intime à l'universel. Un roman bouleversant . A lire!
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Un excellent roman sur l'Allemagne des années 60. Une petite famille classique qui voit les vieux démons de la seconde guerre mondiale sortir de terre. Entre les secrets des parents, le regard culpabilisant des enfants et un pays entier qui ne sait choisir entre demander un pardon inaccessible ou tourner définitivement la page, l'auteur a su se placer dans chaque cas de conscience. Se reconstruire est un travail pénible et douloureux, les enfants doivent-ils se sentir responsables des fautes de leurs parents, de ce qu'ils pensent être des fautes. Très agréable à lire, à dévorer même!!
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L'histoire se passe dans les années 60 au moment de l'Avent, un moment où l'Allemagne a un rituel strict. Eva vit à Francfort chez ses parents restaurateurs au "Deutsches Haus" (la maison allemande, titre français..).
Elle est traductrice de polonais et elle est fiancée à Jürgen Schoormann, un jeune héritier d'une entreprise de vente par correspondance.

C'est alors que démarre le second procès d'Auschwitz (1963), où doivent être jugés les crimes des dignitaires nazis.
Le tribunal la convoque d'urgence pour traduire du polonais en allemand les déclarations des victimes, témoins au cours du procès.
Eva ignore tout de ce qui s'est passé à l'époque. Très vite elle se heurte aux réticences de son fiancé qui ne supporte pas que sa future épouse soit mêlée à ce procès.

Eva va vite découvrir que ses compatriotes sont pour beaucoup frappés d'amnésie. Toute une génération semble être dans le déni. Comme le soulignent les journaux de l'époque, "70% des Allemands ne veulent pas de ce procès"...
La prise de conscience sera douloureuse pour Eva, d'autant plus que le procès va résonner douloureusement dans sa famille et rappeler de vieilles meurtrissures.
Au cours du procès, Eva va vite sympathiser avec le jeune juif canadien David Miller, engagé comme assistant du procureur, qui manque juste de se faire remplacer quand on découvre que son frère était mort dans le camp.
Il pourrait manquer d'impartialité mais son engagement et son ardeur à la tâche lui permettent de rester jusqu'au bout.

Le livre, haletant du début à la fin, nous montre l'Allemagne des années 60, éprise de confort, de croissance et de consommation (ah la découverte des nouvelles machines à laver par la mère d'Eva, la dynamique restauratrice Edith..). Une Allemagne qui veut oublier les atrocités de la guerre et pour beaucoup ce procès va remettre en cause beaucoup de choses.
Il s'avère en effet que le système nazi n'a pu fonctionner qu'avec de nombreuses complicités, tout au long de la chaîne, c'est ce qui va ressortir de ce procès.

Le procureur Fritz Bauer n'est pas nommé dans ce livre mais on ne peut s'empêcher de penser à lui, lui qui fut l'initiateur des procès d'Auschwitz.

Ce livre est une réussite, tant dans sa dimension humaine qu'historique. le personnage d'Eva est une belle figure féminine. Elle n'hésite pas à braver sa famille et son fiancé pour mener à bien sa mission auprès du procureur.
L'atmosphère du procès est très bien rendue également: les victimes se retrouvent face à des accusés qui sont devenus des notables (pharmaciens, ingénieurs..) bien assis dans la société allemande d'après guerre. Pour ces victimes qui ont vécu tant d'atrocités, il sera bien difficile de faire entendre leur voix.

Eva est un beau personnage qui va construire sa personnalité en même temps qu'elle va découvrir le "revers de la médaille" qui va concerner la société allemande mais aussi sa famille.

L'auteure Annette Hess est allemande et originaire de Hanovre. Elle écrit des scénarios.
Elle est la créatrice des séries télévisées "Berlin 56 " et "Berlin 59", excellentes séries qui ont été diffusées sur Arte et qui relataient l'histoire d'une famille berlinoise dans les années 50.
Un très beau livre qui illustre une page dramatique de notre Histoire...
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Lendemains de guerre.
Que faire de tous ces jours hors du temps, hors de l'Homme. Comment justifier l'abominable, l'inhumain ? Que faire de sa culpabilité ? Comment réparer l'irréparable ?

A toutes ces questions et bien d'autres, Annette Hesse essaie de répondre par l'intermédiaire de ses personnages, Allemands et Polonais, lors du second procès d'Auschwitz qui s'est tenu à Frankfort en 1963.

Contre l'avis de ses parents et de son fiancé, la jeune Eva Bruhns, interprète, accepte d'assister les témoins polonais lors du second procès d'Auschwitz, procès des dignitaires nazis redevenus des « gens comme tout le monde ». C'est une prise de conscience qui s'engage alors, prise de conscience personnelle, autour de sa famille et de la société allemande dans son entièreté.

Outre le devoir de mémoire face aux horreurs des camps de concentration durant le Troisième Reich, Annette Hesse explore la condition féminine dans les années 60.
Un très beau roman sur la construction de soi, le devoir de mémoire et la transmission du passé.
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
_Tu sais, dit-elle à David en lui décapsulant une bouteille de bière, j'ai une petite chambre ici, à l'intérieur, dit-elle en désignant le haut de son ventre, juste sous le cœur. J'ai tout mis dedans, puis j'ai éteint la lumière et fermé la porte. Cette petite chambre, quand elle me fait mal, je prends une cuillerée de bicarbonate de soude. Je sais qu'elle est là. Mais, heureusement, j'ai oublié ce qu'il y a l'intérieur. Cinq Russes ? Dix ? Le cadavre de mon mari ? Combien d'enfants morts ? Aucune idée. La porte est fermée, la lumière éteinte.
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Parfois, le soir, avant d'appliquer sa crème pour le visage, Edith s'asseyait devant le miroir et tirait sur sa peau jusqu'à ce qu'elle paraisse sans rides, comme autrefois. Il lui arrivait de sauter le repas du soir plusieurs jours de suite pour rentrer à nouveau dans sa jupe en velours.
Mais alors ses rides sur les joues se voyaient davantage.
" À`partir d'un certain âge, une femme doit se décider: ressembler à une chèvre ou à une vache!"
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La mère d’Eva les attendait sur le seuil. Elle affichait le sourire qu’elle réservait à ses meilleurs clients. Son sourire “sucré”, comme disait Stefan. Edith Bruhns avait mis son collier de grenat à deux rangs, ses pendants d’oreilles dorés sertis d’une perle de culture, ainsi que sa broche en or massif en forme de trèfle. Eva n’avait encore jamais vu sa mère porter tous ses bijoux en même temps. Elle pensa au conte du sapin de Noël qu’elle avait lu à Stefan. Le sapin était entreposé au grenier avant d’être brûlé dans la cour au printemps, et quelques décorations oubliées scintillaient sur ses branches sèches. Enfin, pour un troisième dimanche de l’avent, ça va, se dit Eva.
— Monsieur Schorrmann, quel temps nous avez-vous apporté ? Des roses en décembre ?! Mais où est-ce que vous les avez dénichées, monsieur Schorrmann ?
— Il s’appelle Schoormann, maman, avec deux o !
— Donnez-moi donc votre chapeau, monsieur Schooormann.

Dans le séjour, où l’on déjeunait le dimanche, Ludwig Bruhns s’avança vers Jürgen, broche et couteau à volaille dans les mains. Il tendit son poignet droit au jeune homme. Jürgen s’excusa. La neige.
— Ne vous inquiétez pas. Tout va bien. C’est une grosse oie. Seize livres. Il lui faut un certain temps.
Annegret se fraya un chemin jusqu’à l’ami de sa sœur. Son khôl était un peu trop noir, son rouge à lèvres un peu trop orange. Elle donna la main à Jürgen avec un sourire conspirateur.
— Félicitations. Avec elle, vous aurez du concret.
Jürgen se demanda si elle parlait de l’oie ou d’Eva.

Un instant plus tard, installés autour de la table du séjour, ils contemplaient le volatile fumant. Les roses jaunes de Jürgen trônaient dans un vase en cristal, comme une offrande funéraire.
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Assise au bord du lit, elle réfléchissait à ce qu'il lui avait raconté, ainsi, même ceux qui avaient été épargnés, même leurs enfants, et jusqu'aux enfants de leurs enfants, vivaient das la souffrance de ce lieu. Eva prit la main de David et la caressa. Il l'attira vers lui sur le lit étroit, et ils s firent la seule chose que l'on pouvait peut-être opposer à tout cela: ils s'aimèrent.
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Tu sais, dit-elle à David en lui décapsulant une bouteille de bière, j’ai une petite chambre ici, à l’intérieur, dit-elle en désignant le haut de son ventre, juste sous le cœur. J’ai mis tout dedans, puis j’ai éteint la lumière et fermé la porte. Cette petite chambre, quand elle me fait mal, je prends une cuillerée de bicarbonate de soude. Je sais qu’elle est là. Mais, heureusement, j’ai oublié ce qu’il y a à l’intérieur. Cinq russes ? Dix ? Le cadavre de mon mari ? Combien d’enfants morts ? Aucune idée. La porte est fermée, la lumière éteinte.
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