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EAN : 9782879296562
464 pages
Editions de l'Olivier (20/08/2009)
3.75/5   63 notes
Résumé :
Quelles furent les dernières pensées de Franz et Elena ? C'est la question qui obsède Pierre, après que son père, Lev Rotko, lui a raconté un soir de novembre 2001 ce qu'il lui avait obstinément caché durant des années : le destin de ses parents, Franz et Elena, des Juifs russes assassinés par les nazis, son exil en 1953, et tous les malheurs communs aux êtres pris dans la tourmente de la guerre. Pour Pierre, cette révélation est comme une déflagration : la guerre, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Quelle claque ! comment parler d'un livre qui vous a autant secoué ?
Pierre Rotko est grand reporter, son métier l'envoie sur le terrain des conflits qui embrase la planète. Un jour son père l'avocat Lev Rotko lui dévoile quelques jours avant son suicide, l'histoire de Franz et Héléna ces grand-parents assassinés par les juifs. Cette révélation va déclencher chez Pierre un cataclisme émotionnel et va dès lors consacré tout son temps à des recherches pour redonner une mémoire à ces vies oubliées.
Un roman historique d'un souffle incroyable, Hesse nous embarque à Grozny en pleine guerre, pour s'approcher au plus près de la folie des hommes, et découvrir les origines du mal. Son roman est captivant, car à travers l'histoire famililale des Rotko, c'est un regard sur les monstruosités du vingtième siècle que Thierry nous décrit. Comment de tels abominations peuvent 'ils être commises au nom d'un idéal ? Comment des hommes deviennent'ils des monstres sanguinaires sans un brin d'humanité ?
Formidablement documenté, le roman de Hesse est passionnant, bouleversant, éreintant. Un livre sur le devoir de mémoire d'une grande puissance.Un très grand bouquin, mon préféré de 2009.
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Démon est un livre extrêmement ambitieux et très réussi sans que cela soit pour autant un coup de coeur.

C'est un roman à tiroirs. Pierre Rotko, le personnage, ouvre ses propres tiroirs alors qu'il est sur un lit d'hôpital, à la suite d'une blessure reçue en Tchétchénie. Y est-il allé au hasard ? Il ne le croit pas. Il sait qu'il y a un démon dans son enfance, que ce démon ne cesse de le poursuivre et que sa quête caucasienne est un leurre. Il cherche son père, et avant son père, il est en quête des racines de sa famille : Franz et Elena, ses grands-parents. Nous sommes en 1942, à Stavropol. Quand un monde s'écroule, un autre naît. Quand un homme meurt, un autre se lève. Pierre Rotko est cet homme qui se lève et cherche à comprendre.

Qui est Zeinep, cette femme « loup errant dans les rues dévastées de Grosny » ? N'est-elle pas aussi celle qui errait dans le Berlin exsangue de 1945 ? N'est-elle pas cette femme juive qui attend le coup de pistolet, photographiée en noir et blanc ?

Où se cachent les démons de Thierry Hesse ? Ils sont partout et nulle part… C'est un roman qui échappe à toute tentative d'explication.

Avec une construction romanesque très habile, l'auteur nous invite à revenir sur ce XXème siècle plein de fureur et embrasse toute l'histoire de l'Europe contemporaine : la Russie de Staline, la Shoah, la guerre en Tchétchénie, jusqu'au 11 septembre.

Thierry Hesse nous livre un roman puissant avec des personnages touchants, de beaux portraits de femmes. Certaines pages sur les régimes autoritaires ou sur le mal sont passionnantes. Tout comme le regard porté sur la Tchétchénie et la guerre qui s'y déroule.

Cependant, j'ai trouvé trop de longueurs, de généralités qui encombrent le récit. C'est le seul reproche que je fais à l'auteur et il est de taille, c'est ce qui m'a gênée tout au long de la lecture de ces 500 pages . Est-ce, peut-être, parce que j'ai lu trop d'ouvrages concernant la Seconde guerre mondiale et son héritage, concernant le régime stalinien jusqu'à celui de Poutine. La précision et la remarquable documentation de Hesse en fait une faiblesse, à mon goût. J'avoue avoir lu en diagonale beaucoup trop de passages et je pense que je suis passée à côté de ce roman à cause de cela.

C'est un livre qu'il faut lire pour ne rien oublier, si on ne frôle pas l'overdose de ce genre de récit.
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Le narrateur, Pierre Rotko, est un grand reporter qui parcourt le monde pour couvrir, entre autres, les guerres contemporaines. Autre sujet qui le fascine depuis toujours : les catastrophes naturelles. Quadragénaire et célibataire, il réside à Paris. Entre deux missions, il rend parfois visite à son père, un ancien avocat qui vit reclus dans son appartement parisien depuis la mort de sa femme. du passé de son père, Pierre ne sait pas grand-chose sinon qu'il est d'origine russe et qu'il est arrivé en France dans les années 50, à l'age de 20 ans. le jour où ce dernier manifeste le désir de lui parler enfin de son histoire, la vie de Pierre bascule. Bouleversé par le récit, par le destin de ses grands-parents paternels dont il apprend la triste vérité, il se met en quête de l'histoire familiale. Il réunit la documentation susceptible de l'aider mais comprend vite que cela ne suffit pas, qu'il doit se confronter au réel. Il part alors en Tchétchénie à la recherche de « l'origine du mal »…



Voilà une fresque familiale et historique époustouflante. L'histoire de la famille Rotko nous entraîne dans l'histoire de la Russie, tout en nous plongeant dans plusieurs épisodes marquants de l'histoire mondiale du XXe siècle et du début du XXIème. On y évoque, entre autres, les purges staliniennes, le massacre de Babi Yar, la mort de Staline, les attentats du 11 septembre… J'aime particulièrement Les romans qui mêlent la petite et la grande histoire et Thierry Hesse, professeur de philosophie, réussit l'exercice avec brio. C'est un livre foisonnant, dans lequel on ne se perd jamais car sa construction est parfaitement maîtrisée. Les digressions sont nombreuses mais le fil conducteur du récit se retrouve aisément. L'histoire des grands-parents de Pierre, Franz et Helena, constitue ce fil conducteur. Juifs, ils ont subi le sort tragique que l'on peut imaginer. Quand Pierre part en Tchétchénie, c'est avec l'idée de tenter de comprendre ce qu'a pu vivre sa famille en tant que minorité opprimée. Selon lui : « les tchétchènes sont les Juifs d'aujourd'hui car on les abandonne ».

Bien que le roman soit très ambitieux, il est abordable. La lecture des faits historiques n'est jamais laborieuse, bien au contraire, car la «petite histoire» apporte la touche d'humanité qui manque souvent aux faits bruts. En dehors de l'aspect purement historique, j'ai été impressionnée par la réflexion philosophique de l'auteur sur le sens et l'origine de la violence humaine, violence qui se perpétue de siècle en siècle. Cette réflexion m'a fait penser à celle de Fabrice Humbert dans « l'origine de la violence ». Démon est un roman que je ne peux que conseiller vivement à ceux sont en quête de comprendre un peu mieux l'histoire contemporaine.

Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Le démon du titre (ou plutôt les démons), ce sont de Pierre, un journaliste dont le père, Lev Rotko, vient de se suicider en laissant derrière lui un épais mystère. Lev a perdu, étant enfant, ses parents pendant la seconde guerre mondiale. Il a toujours jeté, par la suite, un voile de silence sur cette partie de sa vie passée dans le Caucase.
Poursuivi par des démons familiaux, et cherchant à comprendre le destin de Franz et Elena, ses grands parents inconnus, Pierre décide d'assumer l'histoire familiale, de l'endosser presque. Il part brusquement, quitte Paris pour Grozny, comme s'il cherchait à faire l'expérience ultime de la désolation. Il y découvre la guerre, la peur et l'horreur de l'arbitraire, mais la vie, malgré tout, poursuit son cours tant bien que mal.

"A Grozny, la collecte des ordures avait depuis longtemps cessé, du moins de manière régulière. de nombreux détritus s'entassaient à l'extrémité des boulevards, sur la plupart des places, et même dans certaines cours d'école qui n'avaient plus connu d'élèves depuis les trois dernières rentrées. Ce désordre constituait pour les habitants une préoccupation mineure. Si leurs déchets empestaient l'air de manière continue, ils s'y étaient habitués. Un peu partout des remugles les suivaient, c'était le parfum ordinaire de la ville. Il y avait aussi ça et là des odeurs de gaz, d'incendie et de poudre noire, des odeurs de pétrole, d'essence frelatée, des odeurs d'urine et de déjections, des odeurs d'égout (car le réseau avait été en grande partie détruit), des odeurs de poussière et de fange, et puis des odeurs de mort" (page 335)

En partant de cette trame, Thierry Hesse nous balade à travers tout le XXe siècle (avec même des incursions plus anciennes), de la mort de Staline aux attentats du 11 septembre 2001, de la famine d'Ukraine à l'opération Barbarossa, de la guerre de Tchétchénie à la prise d'otages du théâtre de Moscou, des guerres caucasiennes de l'époque tsariste à la rafle du Vel d'Hiv'. Cet aspect du livre n'est d'ailleurs pas sans rappeler Waltenberg d'Hédi Kaddour. Par d'autres aspects, en particulier en ce qui concerne la quête personnelle de l'auteur sur les traces de ses grands-parents, le roman évoque Les disparus (un bijou de Mendelsohn, un des meilleurs livres que j'ai lu ces dernières années).

Ces promenades dans le temps et dans l'espace participent à une construction très spécifique ; malheureusement pour moi, j'ai lu ce livre en septembre, c'est-à-dire au milieu de moult soucis de rentrée, et donc de manière décousue (j'ai rarement mis un mois entier à lire à livre relativement court !), ce qui ne m'a pas vraiment permis d'entrer dans le rythme propre du livre. Je suis persuadée qu'une lecture plus resserrée est plus intéressante à mener. Prenant la forme d'un véritable voyage en enfer, le livre gagne sa force dans le rapprochement du génocide juif et de la guerre en Tchétchénie - c'est d'ailleurs, à ma connaissance, l'un des rares livres traitant de cette question tchétchène, hélas bien oubliée.

Un roman grave et très beau, dont mon petit doigt me dit qu'il pourrait plaire à Vincent D. !
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Pierre Rotko est un grand reporter français dépêché aux quatre coins du globe pour couvrir les guerres, les zones en crises. Il s'intéresse également de près à toutes les catastrophes naturelles. Agé de 40 ans, célibataire, il rend quelquefois visite à son père ancien avocat du barreau qui ne sort guère plus depuis la mort de sa femme. de son père, Pierre connait ses racines Russes, son arrivée en France en 1953. Quinze jours avant de se suicider, son père Lev Rotko va lui raconter son l'histoire de ses parents Franz et Elena, victimes des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces révélations bouleversent la vie de Pierre : il veut comprendre et surtout en savoir d'avantage. Mais ses lectures ne lui suffisent pas, comme pour mieux coller au plus près à la vérité, il se rend en Tchétchénie à la recherche de son histoire, de ses origines.

En entamant cette lecture, j'étais loin, très loin de m'imaginer la densité de ce livre et le voyage que j'allais parcourir. Plongée dans la l'histoire la Russie, j'ai suivi l'histoire, les contextes politiques et leurs conséquences depuis 1920 à nos jours. Thierry Hesse revient en particulier sur la politique de Staline, le massacre juif de Babi Yar, …
A aucun moment, je n'ai eu l'impression de lire un livre ou manuel d'histoire car à travers la grande Histoire se joue celle de Franz et Helena. Leurs origines juives les conduiront à la mort, le père de Pierre échappera à ce destin en étant placé chez un couple qui s'en occupera.
Une fois arrivé en France, Lev, hanté par ses démons, changera son prénom comme pour enrayer le passé et se dédouaner de la culpabilité d'être vivant. En se rendant à Grozny plongé dans la guerre, Pierre va vivre au plus près les revendications d'un peuple opprimé.

Un pèlerinage nécessaire pour comprendre ce qui a pu arriver à ses grands-parents et s'approprier son identité qui découle de l'histoire de sa famille.

Bien plus qu'une fresque familiale, à travers ce livre foisonnant, Thierry Hesse soulève de nombreuses interrogations d'ordre géopolitiques et humaines.

Un roman magistral sur la quête de l'identité et la mémoire qui amène le lecteur à se poser de nombreuses questions. J'ai compris la démarche de Pierre car s'approprier nos origines nous permet de nous construire et d'avancer…

Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Mon père en s'enfuyant d'URSS et en recommençant sa vie en France - c'est-à-dire habitant Paris, apprenant le français, veillant la nuit dans des hôtels du XIVe et du XIIIe arrondissement pour payer ses études, passant ses examens en France, y obtenant son diplôme d'avocat, faisant ses armes de plaideur dans un cabinet parisien (maîtres Moreau et Kemp, dans le VIIe arrondissement), tombant amoureux d'une Française, catholique pratiquante et petite-nièce d'évêque par sa branche alsacienne, se mariant avec elle, ayant un fils français et des amis français, ouvrant son propre cabinet au milieu des années soixante dans un immeuble rue Miollis, XVe arrondissement (à côté de l'UNESCO), avec une secrétaire française se prénommant Jocelyne, lisant régulièrement le Figaro, buvant le dimanche du bourgogne, appréciant le gigot pommes dauphine, fumant des Gitanes brunes, conduisant une Aronde, une DS, une CX, portant des complets à rayures d'un tailleur de la rue du Bac, séjournant chaque mois d'août, en automne et quelques journées au printemps dans un village nommé Vancé, en bord de Loir, où il avait acheté une maisonnette collée d'une grange, dont les racines plongeaient au plus profond de la ruralité française - était-il encore Lev Rotko? Ce Lev Rotko, enfant de Franz et Elena Rotko, leur fils unique qu'ils avaient pris la décision d'abandonner en juillet 1942 devant l'arrivée des Allemands, et qu'avait accueilli Rissa Pilnaritzka, épouse Koubova, non seulement accueilli mais, entre juillet 1942 et octobre 1950, soit huit années complètes, nourri, vêtu, logé et éduqué aux côtés de ses propres enfants.
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Le «Juif», au-delà d'un destin historique, est aussi une idée, un nom universel pour désigner celui dont l'existence est nue, soumise à tout, soumise à pire.
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J’étais venu pour les toucher, pour le sentir en moi. Mais pas seulement sentir, penser aussi. Penser : c’est une partie de ce qu’ils ont vécu, même infime, même lointaine.
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le "juif" c'est l'homme abandonné. Les Tchétchènes sont les juifs d'aujourd'hui parce qu'on les abandonne.
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la preuve que le mal n'est pas l'apanage du diable, d'une intelligence supérieure et maligne, mais le lot d'hommes communs et insignifiants.
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Vidéo de Thierry Hesse
Thierry Hesse - L'inconscience .Thierry Hesse vous présente son ouvrage "L'inconscience". Parution le 23 août 2012 aux éditions de l'Olivier. Rentrée littéraire automne 2012.Notes de Musique : 1 La Cre?ation du monde, Op.81a (2006 - Remaster)
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